Libye / Le Qatar dénonce la prise d’assaut d’un port pétrolier par les milices de Haftar

Le Qatar a fortement dénoncé la prise d’assaut du port de l’est libyen «al-Zouitya», par les milices du général à la retraite «Khalifa Haftar», qui avaient, hier samedi, bloqué son exportation pétrolière.

Puits de pétrole

C’est aujourd’hui, dimanche, dès la matinée, que le ministère qatari des Affaires étrangères nota lors d’un communiqué: «Les richesses du pays appartiennent au peuple libyen, aucune des parties n’a le droit de les utiliser comme outils de pression».

Les civils innocents encaissent les frais des conflits armés

Il s’est également intéressé à la situation humanitaire au pays, indiquant: «Dans ce contexte, nous rappelons la souffrance des milliers de réfugiés innocents, touchés par la guerre menée par les groupes armés hors la loi», redoutant une crise dans la région, si la situation ne s’arrange pas au plus vite.

Le communiqué a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité des Nations unis à assumer leurs engagements, «en culpabilisant tous les groupes armés hors la loi, et en conservant l’unité et la sécurité des terres libyennes, à commencer par l’ancrage des normes juridiques et politiques, pour construire un État civil».

Le Qatar insiste sur la voie politique

Et au sujet du conflit au pays, il a insisté sur le dialogue et les choix politiques, signalant: «Le début de la résolution en Libye se concrétisera avec le retour au chemin politique et le travail pour la construction des institutions gouvernementales civiles et militaires, à travers une entente nationale».

Rappelons toutefois que vendredi soir, le port «al-Zouitya» avait été pris d’assaut par des centaines d’hommes armés, alliés à Khalifa Haftar, obligeant les employés de le fermer.

Ils avaient plus tard annoncé, lors d’un communiqué, avoir l’intention de bloquer l’exportation du pétrole brut de tous les ports du centre et de l’est du pays.

Actuellement plusieurs spécialistes économiques redoutent que la suspension des exports pétroliers influe l’économie nationale libyenne, et appellent à ce que des mesures soient prises au plus vite, avant que les citoyens n’en subissent les répercussions.


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Principaux points de la Conférence de Berlin sur la Libye (Encadré)

La Déclaration finale de la Conférence de Berlin appelle également au retour au processus politique et à mettre fin à la période transitoire par le biais d’élections libres et inclusives

Mona Saanounı   |20.01.2020

Les participants à la Conférence de Berlin sur la Libye ont convenu dimanche de prendre des mesures globales pour parvenir à une solution politique au conflit libyen, selon la Déclaration finale signée par 16 pays et organisations, aux côtés des parties de la crise en Libye.

Les participants ont convenu d’œuvrer à renforcer les institutions centrales en Libye et de revenir à un processus politique dirigé par les Nations Unies pour instaurer la paix dans le pays.

Voici les points les plus importants de la Déclaration finale :

-Appel aux parties libyennes et leurs partisans à mettre fin aux activités militaires

-L’engagement à respecter la résolution de l’ONU relative à l’embargo sur les armes en Libye (numéro 1970 de l’année 2011) et à déployer des efforts internationaux pour renforcer la surveillance de l’embargo sur les armes.

-La nécessité de respecter le cessez-le-feu

-La formation d’une «Commission militaire» composée de dix officiers, cinq de chaque côté, avec pour mission de définir sur le terrain les mécanismes de mise en œuvre du cessez-le-feu.

-Appel à l’ONU pour la formation de commissions techniques afin de mettre en oeuvre et de surveiller l’application du cessez-le-feu

-Inviter l’ONU à jouer un rôle dans les négociations pour stabiliser le cessez-le-feu.

-Mettre en place un comité international de suivi, sous les auspices des Nations Unies, pour poursuivre la coordination entre toutes les parties participant à la conférence, qui se réunira tous les mois.

-La formation de commissions pour suivre les processus politique, économique, militaire et humanitaire

-Respecter le droit international humanitaire et les droits de l’Homme et tenir les responsables des attaques contre des civils ou des zones peuplées ou des enlèvements et des assassinats hors du cadre de la loi ou des violences sexuelles, de la torture et du trafic d’êtres humains, pour responsables.

-Il n’y a pas de solution militaire au conflit en Libye, et de telles tentatives ne feront qu’augmenter les souffrances des Libyens.

-Revenir au processus politique pour résoudre la crise.

-La nécessité de résoudre la crise libyenne par les Libyens eux-mêmes sans ingérence extérieure.

-Apeler toutes les parties libyennes à mettre fin à la période de transition par le biais d’élections libres, inclusives et équitables.

-Soutenir la mise en place d’un gouvernement unifié, inclusif et efficace, approuvé par la Chambre des représentants.

-Soutenir la mise en place d’un système de sécurité nationale unifié en Libyen, sous le contrôle de l’autorité centrale et civile, et restreindre le recours à la force à l’État uniquement.

– Répartition équitable et transparente des revenus pétroliers, en plus de s’abstenir d’hostilités contre les installations pétrolières.

Les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, la Chine, l’Allemagne, la Turquie, l’Italie, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Algérie et le Congo, ainsi que les Nations Unies, l’Union européenne, l’Union africaine et la Ligue des Etats arabes ont participé à la conférence.

Le président du Conseil présidentiel du gouvernement libyen d’entente nationale, reconnu par l’ONU, Fayez al-Sarraj, et le général à la retraite Khalifa Haftar, ont également participé à la Conférence de Berlin.

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Conférence internationale pour la paix en Libye: Les armes cèderont-elles la place au dialogue ?

par Ghania OukaziLes représentants de huit pays occidentaux, de trois pays arabes et quatre organisations internationales devaient trouver hier, un compromis qui convainc Fayez Esseraj et Khalifa Haftar d’éliminer la donne militaire pour amorcer une solution politique à la crise libyenne.

C’est vers 15h qu’Angela Merkel, a réuni, hier, au siège de la chancellerie allemande, à Berlin, les présidents russe, turc, français, algérien, égyptien, le chef de la diplomatie des Emirats Arabes Unis, l’envoyé spécial du président chinois, le président du Conseil italien, le secrétaire d’Etat américain que Trump a décidé d’envoyer à la dernière minute, le chef de la diplomatie britannique, le président congolais en tant que président du Comité de Haut niveau de l’Union africaine pour la Libye ainsi que les secrétaires généraux de l’ONU et de la Ligue Arabe et le représentant onusien pour la Libye. Mais avant ce conclave de haut niveau, en présence de son ministre des Affaires étrangères, Merkel s’est entretenue avec le président du Conseil présidentiel libyen du Gouvernement d’Union Nationale (GNA) Fayez Essaraj et le maréchal Khalifa Haftar commandant des importantes forces armées basées dans l’Est libyen, mais chacun à part. L’objectif de ces deux apartés était de faire converger les avis des deux belligérants pour tenter de leur faire accepter l’amorce d’un processus de dialogue inter-libyen et préserver le cessez-le-feu entré en vigueur le 12 janvier dernier. «Nous considérons le sommet de Berlin comme une étape importante pour consolider le cessez-le-feu et aller vers une solution politique», a déclaré samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan. L’on rappelle que les pro-Haftar ont bloqué, la veille de cette conférence, les installations pétrolières et gazières du centre et de l’Est de la Libye qu’ils contrôlent depuis 2016. Haftar a décidé de pousser son frère-ennemi, Essarej dans ses derniers retranchements en le privant des rentrées financières des exportations des hydrocarbures, étant connu que ni la Compagnie pétrolière libyenne (NOC) encore moins la Banque Centrale libyenne n’échappent au diktat politique du GNA. Les responsables des tribus ont décidé de ce blocage des terminaux pétroliers «pour ne pas permettre à Tripoli de payer les mercenaires syriens envoyés par la Turquie,» a déclaré samedi soir El Masmari, le porte-parole de Haftar. Ce dernier s’était déplacé deux jours avant en Grèce pour narguer davantage le président turc.

Ces pays qui s’ingèrent en Libye

Soutenu politiquement, militairement et financièrement par la Russie, la France, les Etats-Unis, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis et l’Arabie saoudite, le maréchal a accaparé depuis l’offensive qu’il a lancée le 4 avril dernier de plus de 80 % des territoires libyens. Il compte faire tomber le GNA par un ultime assaut contre Tripoli qu’il bombarde depuis plusieurs mois. En dehors de l’Algérie, l’on relève que Berlin a accueilli, hier, les pays occidentaux et arabes qui s’ingèrent directement dans le conflit libyen notamment en soutenant Haftar. Des ingérences qui ont provoqué la déflagration de la Libye et aggravé la crise dans laquelle ces mêmes pays l’ont précipitée. S’il est appuyé politiquement par la communauté internationale, Esseraj n’est aidé militairement que par la Turquie. Une aide que les soutiens de Haftar rejettent pour des raisons de leadership et de préservation d’intérêts dans la région. C’est ce qui pousse le président du GNA à demander l’envoi en Libye d’une «force militaire internationale» sous l’égide de l’ONU pour prévenir contre une reprise des combats armés par Haftar. Une demande qui a déjà été exprimée la semaine dernière par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Les hôtes d’Angela Merkel à la Conférence de Berlin devaient aboutir à un consensus autour de plusieurs mesures devant faire taire les armes et lancer le processus d’un dialogue inclusif inter-libyen. Il s’agit entre autres de la cessation des hostilités, de la consécration d’un cessez-le-feu durable, de la réforme des secteurs sécuritaire et économique, du retour au processus politique et de l’application du Droit international humanitaire. C’est pratiquement les points contenus dans le document de formalisation du cessez-le feu qui a été signé la semaine dernière, à Moscou, par Esseraj mais pas par Haftar. Ce qui laisse dire à beaucoup d’observateurs que ce cessez-le-feu reste très fragile et précaire.

L’envoyé spécial de l’ONU a tenté de baliser les choses en annonçant, avant l’ouverture de la conférence, qu’il sera question pour les participants de mettre en place un comité de suivi de mise en œuvre de tout accord susceptible d’être conclu entre les belligérants libyens. Ceci, si ces derniers acceptent de se mettre autour d’une table pour dialoguer. Ghassan Salamé devait présenter à Berlin un plan dans ce sens puisqu’il a déclaré, hier, à la presse qu’il a une liste de 200 responsables libyens de divers horizons, rivaux dans leur ensemble, qui ont déjà donné leur accord pour amorcer un dialogue politique inclusif dont le premier round devrait être lancé très prochainement, à Genève.

Entretiens Tebboune-Erdogan

Salamé pense alors que le comité en question où siégeraient certains pays présents à Berlin, devrait se réunir «régulièrement pour examiner les avancées du dossier libyen sur le terrain». Il est avancé par les médias que deux autres comités devraient être constitués pour suivre tout ce qui devrait être fait au plan militaire et économique en Libye. L’on rappelle que ni la Tunisie ni le Maroc n’étaient présents, hier, à Berlin. La présidence tunisienne a justifié son absence par le fait qu’elle a reçu une invitation tardive. L’on sait cependant qu’au plan politique, le président Kaïs Saïed n’a pas le vent en poupe puisqu’il s’est fait rejeter le 10 janvier dernier le gouvernement de Habib Jemli qu’il avait nommé en novembre dernier. C’est l’Assemblée des représentants du peuple que préside Rached Ghanouchi, chef du parti islamiste Ennahdha qui l’a fait sous la pression des démocrates. La porte-parole du palais de Carthage a eu à déclarer, il y a quelques jours que le président Saïed a prévu d’effectuer sa première visite officielle en Algérie mais il ne le fera pas avant de voir l’installation du gouvernement. Son refus d’aller à Berlin doit être lié à cette condition quand on sait que Habib Jemli avait dix jours devant lui pour en revoir la composante et la présenter encore une fois à l’Assemblée. Le délai qui lui était imparti prend fin aujourd’hui. Pour sa part, le Maroc n’a même pas été convié à Berlin. Le MAE marocain a eu avant-hier à rappeler l’accord inter libyen qui a été signé en 2015 à Skhiret et s’est étonné par cette exclusion de son pays. «La crise libyenne est en premier la souffrance d’un peuple (…), la sécurité d’un pays et celle de toute la région maghrébine (…)», a-t-il dit. Il s’est en outre interrogé sur «qui a le droit d’accorder à un certain pays la décision de choisir qui assiste et qui n’assiste pas à Berlin ?!?»….

Hier dans la matinée, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a rencontré le président turc, Recep Tayyip Erdogan. D’autres entretiens étaient prévus entre Tebboune et des présidents occidentaux et arabes présents à Berlin.


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