L’impasse iranienne met en lumière un fossé croissant entre l’UE et les Etats-Unis (interview)

VARSOVIE – Le bras de fer entre les Etats-Unis et l’Europe au sujet du programme nucléaire iranien n’a montré aucun signe de relâchement après que le président iranien Hassan Rohani a rejeté une initiative française qui visait à lui faire rencontrer le président américain Donald Trump.

Mardi, à Téhéran, M. Rohani a souligné qu’aucun dialogue ne pourrait avoir lieu tant que Washington n’aurait pas levé ses sanctions contre l’Iran.

Ses propos ont fortement réduit l’éventualité d’un réchauffement des relations entre l’Iran et les Etats-Unis.

Lundi, après que le président français Emmanuel Macron a déclaré que d’intenses efforts diplomatiques avaient permis de réunir les conditions nécessaires à une rencontre entre les dirigeants des deux pays, le président Trump avait en effet déclaré qu’il était prêt à rencontrer M. Rohani.

Ce nouveau revers met une fois de plus en lumière une situation de plus en plus complexe, qui a généré de profondes divergences entre l’Europe et les Etats-Unis au sujet de l’Iran.

« En Occident, il existe de fait des approches très différentes au sujet de l’Iran. Ces différences existent depuis longtemps », a indiqué Robert Czulda, professeur assistant spécialisé dans la politique du Moyen-Orient à l’Université de Lodz, en Pologne.

« Comme je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises, l’accord sur le nucléaire qu’est le JCPOA (Plan d’action global conjoint) était censé être un des accomplissements phare de la politique étrangère commune de l’UE, ainsi qu’un symbole de la puissance croissante de l’Union », a déclaré M. Czulda à Xinhua lors d’une interview.

Les relations entre Washington et l’Union européenne se sont refroidies l’an dernier après que Donald Trump a intensifié ses pressions sur le gouvernement iranien en décrétant des sanctions économiques sévères contre Téhéran. Ces sanctions ont également contribué à élargir le désaccord entre Washington et Bruxelles sur le JCPOA, un accord historique dont les Etats-Unis se sont retirés en mai 2018.

A l’époque, Washington avait accusé Téhéran de continuer à essayer de se doter de l’arme nucléaire – une accusation catégoriquement démentie par l’Iran. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France s’étaient quant à eux opposés M. Trump, et avaient promis de maintenir l’accord sur le nucléaire avec ou sans la participation des Etats-Unis.

Sans surprise, une telle situation empêche à présent l’Occident de se montrer cohérent sur plusieurs questions stratégiques, dont l’Iran, a indiqué M. Czulda.

« Bien qu’il existe de nombreuses différences de positions entre M. Macron et (la chancelière allemande) Angela Merkel, ils souhaitent tous les deux renforcer la position de l’Union européenne », a-t-il souligné, ajoutant qu’un effondrement de l’accord sur le nucléaire iranien constituerait un revers majeur pour Paris et Berlin.


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