L’Inde ferme ses portes aux immigrants musulmans du Cachemire

L’Inde a abrogé une loi de 37 ans au Jammu-et-Cachemire le territoire contesté entre New Delhi et Islamabad sous son contrôle permettant le retour de sa population immigrée qui a fui au Pakistan entre 1947 et 1954.

Depuis l’abolition du statut spécial accordé à la partie indienne du territoire en vertu de l’article 370 de la Constitution indienne le 5 août, le gouvernement a annoncé l’abrogation de 152 autres lois, dont la loi accordant l’autorisation de repeuplement aux immigrants de l’État.

Des motifs religieux pour abroger la loi

Cette loi, qui a été adoptée par le Conseil législatif de l’État en 1982, bien qu’elle n’ait jamais été mise en œuvre, a donné une lueur d’espoir aux migrants du Cachemire pour qu’ils retournent et se réinstallent chez eux.

Depuis 37 ans, de nombreuses familles divisées qui vivent dans la partie du territoire sous administration pakistanaise et au Pakistan attendent que cette loi entre en vigueur pour retourner dans leurs foyers.

« Toutefois, après l’abrogation de la loi, les rêves et les espoirs ont été anéantis », explique Khaled Wassim, journaliste basé à Srinagar, dans l’État de Jammu-et-Cachemire.

Dans une déclaration accordée à Anadolu, Wassim a indiqué que son oncle Khaled Iqbal, qui réside au Pakistan, attendait l’entrée en vigueur de cette loi pour retourner à Srinagar, avant de mourir récemment en tant que migrant.

Pour le journaliste Khaled Wassim, “fermer les portes à des milliers de familles musulmanes, tout en accordant la citoyenneté au Cachemire aux hindous qui ont fui dans des circonstances similaires, indique clairement que l’abrogation de cette loi a des motifs idéologiques et religieux”.

“L’abrogation de la loi est également conforme à leur politique hostile (gouvernement de New Delhi) de saper le caractère du Jammu-et-Cachemire avec une majorité musulmane. L’histoire témoigne du fait que Jammu avait une importante population musulmane chassée par des gangs criminels”, a-t-il fustigé.

L’État de Jammu a connu le plus sanglant bouleversement sectaire peu de temps après l’indépendance de l’Inde et du Pakistan en 1947.

De son côté, l’historien britannique Alex von Tunzelmann avait mentionné le déplacement de la quasi-totalité de la population musulmane de Jammu, alors qu’elle s’élevait à environ un demi-million.

Un conflit juridique

Peu de temps après que le Conseil législatif de l’État ait adopté la loi en 1982, le président indien de l’époque, Giani Zail Singh, l’a renvoyé à la Cour suprême pour être examinée, mais cela a empêché son entrée en vigueur. En 2001, la plus haute juridiction du pays avait refusé d’exprimer son avis.

Lorsque la loi était sur le point d’être mise en application, Harsh Dev Singh, un politicien basé à Jammu, a déposé un appel demandant l’abrogation de la loi. La Cour suprême a suspendu son application en février 2002, jusqu’à la prononciation de la décision finale.

En vertu de la loi, les victimes de discrimination religieuses pouvaient récupérer leurs biens, cependant ils sont encore sous le contrôle du gouvernement, en vertu de la loi sur les personnes déplacées.

“Une partie de ces biens est destinée aux réfugiés hindous qui se sont installés à Jammu. La restauration de cette propriété créera des problèmes d’ordre public”, selon Dave Singh.

Le 13 décembre 2018, quelques mois avant que le Cachemire ne soit privé de son autonomie, la Cour suprême a demandé au gouvernement du Jammu-et-Cachemire de fournir des détails sur le nombre d’immigrants ou de leurs descendants, qui ont demandé un permis de retour au Cachemire.

Un mois plus tard, l’État a répondu que jusqu’à présent, personne n’avait demandé à revenir, la loi n’ayant jamais été notifiée, ce qui était une étape nécessaire avant de solliciter les demandes.

Pour sa part, Abdul Rahim Rather, ancien législateur au Parlement en 1980, a déclaré que la bataille juridique est désormais inutile, car la loi n’est plus dans la revue juridique.

Selon l’accord de Delhi de 1952 adopté par le Premier ministre indien de l’époque, Jawaharlal Nehru et le chef du Jammu-et-Cachemire le cheikh Muhammad Abdullah, les citoyens du Cachemire, qui ont été forcés de migrer vers le Pakistan au lendemain des troubles, ont le droit de demander des droits et des privilèges pour retourner chez eux.

Il est à rappeler que l’Inde a annoncé, le 5 Août dernier, la révocation de l’autonomie constitutionnelle du Jammu-et-Cachemire et a imposé des restrictions sur les communications et le service internet.

En effet, la région du Cachemire est contestée entre l’Inde et le Pakistan, depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1947. Trois guerres ont éclaté en 1948, 1965 et 1971, entre les deux pays faisant environ 70 mille morts des deux côtés.

La zone administrée par l’Inde au Cachemire comporte des groupes de résistance qui luttent depuis 1989 contre ce qu’ils considèrent une “occupation indienne” de leurs régions.

Les habitants revendiquent leur indépendance vis-à-vis de l’Inde pour rejoindre le Pakistan. Depuis leur indépendance du Royaume-Uni en 1947, Islamabad et New Delhi se partagent la région à majorité musulmane.


https://www.aa.com.tr/fr/monde/linde-ferme-ses-portes-aux-immigrants-musulmans-du-cachemire-rapport/1690489


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