Lutte de l’Afrique au sujet du coronavirus (étude)

Etude du chercheur Ibrahim Bachir Abdoulaye (doctorant à l’université de Bayreuth)…

13.02.2020 ~ 15.02.2020

Lutte de l’Afrique au sujet du coronavirus (étude)

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décrété « une urgence de santé publique de portée internationale » en raison de l’expansion rapide du coronavirus (2019-nCoV) qui est apparu pour la première fois dans un marché à Wuhan, en Chine, au mois de décembre. D’après les dernières déclarations des responsables chinois, le nombre de décès dus au coronavirus s’est élevé à plus d’un millier en Chine tandis que 42.200 personnes ont été infectées. Outre la Chine, deux personnes sont mortes aux Philippines et à Hong-Kong. Par ailleurs, des cas de coronavirus ont été confirmés dans 24 pays.

Bien qu’aucun cas de coronavirus n’ait été détecté sur le continent africain, le risque d’apparition en Afrique est très élevé en raison des liens solides avec la Chine qui est son plus grand partenaire commercial. Le risque s’accroit du fait que les pays africains n’ont pas les moyens de lutter contre le virus avec des technologies de santé développées.

Ces liens commerciaux solides renforcent la dépendance entre la Chine et l’Afrique. Près d’un million de Chinois vivent en Afrique qui compte 1,2 milliard d’habitants et 10.000 compagnies chinoises y mènent leurs activités commerciales. En contrepartie, plus de 80.000 étudiants d’origine africaine étudient en Chine. Près de 5.000 d’entre eux vivent à Wuhan.

Tout comme les autres pays, les pays africains ont émis des restrictions de voyage vers la Chine en raison du coronavirus. Même si certains pays poursuivent intensément leur voyage en Afrique pour des raisons économiques, nombreux sont ceux qui ont apporté des restrictions.

Par exemple, les compagnies aériennes du Kenya, du Rwanda, du Maroc, de l’Egypte, du Madagascar, de l’île Maurice et de la Tanzanie ont suspendu leurs vols vers/depuis la Chine. Certains pays refusent d’accorder des visas aux Chinois. La Mozambique a par exemple, annoncé qu’elle a suspendu l’octroi de visas aux frontières aux voyageurs en provenance de la Chine. Par ailleurs, l’Afrique du Sud a pris des mesures concernant les cargos en provenance de la Chine. En contrepartie, la plus grande compagnie aérienne du continent, Ethiopian Airlines, a déclaré qu’elle poursuivrait ses vols vers la Chine. Les responsables éthiopiens ont indiqué avoir placé sous quarantaine tous les passagers en provenance de la Chine. Selon certaines sources, le nombre de personnes venant en Afrique de Chine pour des affaires ou le tourisme serait toujours de l’ordre de 1.500 voyageurs par jour.

La Chine cherche à empêcher que le coronavirus affecte les relations commerciales avec l’Afrique. D’ailleurs, les diplomates chinois relatent aux responsables des pays dans lesquels ils se trouvent, la « lutte efficace » que la Chine mène contre le virus. En outre, par le biais de conférence de presse relayées dans les médias africains, ils font part des mesures prises par la Chine. Dans ce cadre, l’ambassadeur de la Chine en Afrique du Sud a déclaré que les Africains n’avaient pas à paniquer concernant le coronavirus. Ces derniers jours, le coronavirus a engendré une perception négative vis-à-vis de la Chine. Par conséquent, la Chine tente de résoudre la question aussi bien par les voies médiatiques que diplomatiques. Entre-temps, les pays africains ont exprimé leur soutien à la Chine. Par exemple, la Guinée équatoriale a annoncé qu’elle ferait une aide de 2 millions de dollars à la Chine pour lutter contre le coronavirus.

Le risque de contagion perdure malgré les mesures préventives en Afrique

L’OMS a annoncé que l’Algérie, Angola, la République démocratique du Congo, l’Ethiopie, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Kenya, l’île Maurice, le Nigéria, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie sont les pays à hauts risques du continent africain au sujet du coronavirus, en raison de l’intense trafic aérien avec la Chine.

Le système de suivi des maladies dans les pays africains est très faible. La majorité du continent est dépourvue d’une capacité de diagnostic comme de laboratoires performants bien équipés. Tout cela rend plus difficile l’identification des cas et le contrôle de l’épidémie. C’est le cas surtout des pays ayant de faibles ressources car leur capacité préventive est moindre. Actuellement il n’existe que deux laboratoires sur le continent africain,- un au Sénégal et l’autre en Afrique du Sud,- capables d’effectuer les tests pour le coronavirus et ayant les équipements nécessaires à ce sujet. Toutefois, le Ghana, Madagascar, le Nigéria et Sierra Leone ont déclaré cette semaine avoir les équipements nécessaires pour effectuer les tests.

Cependant, les laboratoires du continent sont insuffisants. Les échantillons pour un cas éventuel de coronavirus en Côte d’Ivoire ont été envoyés au mois de janvier en France pour les tests.  Malgré leurs moyens restreints, les pays africains essaient de lutter contre l’épidémie. La Zambie, un des pays comptant une forte population de Chinois, a élevé au plus haut niveau les mesures de sécurité dans les zones où vivent les Chinois.

L’OMS a annoncé des programmes de soutien pour aider les pays pauvres à se protéger de l’épidémie. Elle a lancé une campagne pour récolter 675 millions de dollars en vue d’assurer un fonds contre l’expansion de l’épidémie. Dans ce cadre, il est prévu que l’OMS apporte un soutien en équipements médicaux à de nombreux pays africains.


>> Le premier cas du coronavirus chinois confirmé en Afrique

>> Virus : en Chine, des billets de banque mis en quarantaine


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *