Sur M6, un nouveau documentaire sur l’Algérie enflamme les réseaux sociaux

    Pauvres, sans avenir et malmenés par une société islamiste : les mêmes clichés sur l’Algérie, véhiculés cette fois-ci par l’émission « Enquête exclusive », ont de nouveau provoqué de vives réactions dans le pays

Avant même la diffusion du documentaire, sa présentation sur les applications de programmes télé et la bande-annonce avaient déjà provoqué la polémique (Facebook/Enquête exclusive)
Avant même la diffusion du documentaire, sa présentation sur les applications de programmes télé et la bande-annonce avaient déjà provoqué la polémique (Facebook/Enquête exclusive)
Par   MEE

« Aux yeux de la loi, elles [les femmes] sont mineures à vie. Il leur est interdit de voyager ou de travailler sans l’aval d’un tuteur, leur père, leur frère ou leur mari. »

Dix minutes après le début du documentaire Algérie, le pays de toutes les révoltes, diffusé dimanche soir dans l’émission « Enquête Exclusive » sur M6, les réseaux sociaux se déchaînent.

Car si les femmes ne sont, en effet, au regard de la loi, pas les égales des hommes, l’Algérie n’est pas l’Arabie saoudite et elles peuvent se déplacer et travailler librement.

https://www.facebook.com/hassina.hsahraouinour/posts/10218158140367451

Sur Instagram, la Youtubeuse Nour a même publié une « mise au point » pour dénoncer une instrumentalisation de ses propos.

Avant même la diffusion du documentaire, sa présentation sur les applications de programmes télé et la bande-annonce avaient déjà provoqué la polémique.

« Depuis février 2019, les Algériens sont étouffés par un système autoritaire et corrompu… [Une] danseuse comédienne souhaite vivre comme une Occidentale sans se soucier du regard des autres. D’autres veulent que l’Algérie devienne un État islamique », peut-on lire sur le pitch de l’émission.

« Pourquoi résumer le peuple algérien en deux blocs expressément séparés. N’est-ce pas trop simpliste et réducteur, ce type de raccourcis, plaçant d’un côté les ‘’progressistes occidentalisés’’ et de l’autre les militants d’un islam politique ‘’importé d’ailleurs’’ ? », s’interroge le site DzairDaily.

Le documentaire a été à la hauteur des craintes des internautes, insistant sur, d’un côté, les jeunes filles voilées soumises à la loi de « ce pays musulman très conservateur », « cette société très patriarcale », « ce pays dirigé par des hommes », « cette société très machiste », et de l’autre, les jeunes hommes et femmes cherchant la mixité et l’alcool dans « les rares boîtes de nuit d’Alger » où les scènes ont été tournées en caméra cachée.

Le reste du documentaire est à l’avenant. Si certains sujets de société problématiques sont abordés, comme la question du chômage, de l’absence de perspective ou des difficultés d’accès au logement, c’est toujours d’un point de vue misérabiliste qui, pour les internautes en colère, ne correspond pas à la réalité.

La caméra entre ainsi dans l’appartement plutôt spartiate d’un ingénieur que la voix off décrit comme un « trois pièces plutôt confortable pour l’Algérie », comme si tous les logements étaient aussi dénudés.

Mais cette façon d’aborder l’Algérie n’est pas nouvelle. « Depuis l’indépendance, les médias français font des reportages sur le mal-être de la jeunesse algérienne », peut-on lire dans les commentaires.

Le dernier tollé remonte au printemps : en mai 2020, Algérie, mon amour, un documentaire sur le hirak (vaste mouvement populaire contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika) diffusé sur France 5, avait agacé les autorités au point que l’ambassadeur d’Algérie à Paris avait été rappelé pour consultations au sujet « des dépassements médiatiques récurrents ».


  >>> Je n’ai pas voulu regarder le reportage de M6 sur le Hirak


 

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