La manipulation des faits : Un savoir faire occidental

         « Je croirais vraiment à la liberté de la presse quand un journaliste pourra écrire ce qu’il pense vraiment de son journal. Dans son journal. » (Guy Bedos

Résumé : 

Encore au nom du droit de la force les pays occidentaux utilisent toutes les options  même les plus répréhensibles pour emporter l’adhésion des citoyens panurgiens à qui on fait absorber ce que l’on  veut grâce à des médias dont on sait  que sur commande  en fonction des circonstances , il  peuvent lécher, puis lâcher et enfin  lyncher sans état d’âme. Avant de condamner sans enquête sérieuse, des boucs émissaires désignés par les politiques occidentaux  la presse anglo-saxonne  et les autres vassaux  dans l’affaire de Boutcha, Il est urgent d’attendre pour condamner au vue du lourd déficit de confiance et de tromperie sans vergogne. Les différents scandales que nous rapportons défient la morale l’éthique Autant de concepts de  plus en plus étrangers à celles et ceux qui pervertissent la  vérité qui triomphe toujours même en différé avec il faut le regretter l’impunité la plus totale de celui sûr de lui et dominateur au nom d’un magister celui de diriger le monde. Nous allons dans un premier temps décrire la réalité de la situation en Ukraine naturellement ignorée par les médias main stream  et qui permet de tromper l’opinion en martelant en boucle des contre vérités    

 La réalité du conflit en Ukraine  

Jacques Baud, ancien Colonel des Services de Renseignements Suisses, livre une analyse intéressante de la situation militaire en Ukraine :

« Essayons d’examiner  écrit il, les racines du conflit. Cela commence par ceux qui durant les huit dernières années nous parlaient de « séparatistes » ou des « indépendantistes » du Donbass. C’est faux. Les référendums menés par les deux républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk en mai 2014, n’étaient pas des référendums d’« indépendance », comme l’ont affirmé certains journalistes peu scrupuleux, mais de référendums d’« auto-détermination » ou d’« autonomie ». Le qualificatif « pro-russes » suggère que la Russie était partie au conflit, ce qui n’était pas le cas, et le terme « russophones » aurait été plus honnête.  En fait, ces Républiques ne cherchaient pas à se séparer de l’Ukraine, mais à avoir un statut d’autonomie leur garantissant l’usage de la langue russe comme langue officielle.   Un peu comme si des putschistes décidaient que le français et l’italien ne seraient désormais plus des langues officielles en Suisse. Cette décision provoque une tempête dans la population russophone. Il en résulte une répression féroce contre les régions russophones (Odessa, Dniepropetrovsk, Kharkov, Lougansk et Donetsk) qui s’exerce dès février 2014 et conduit à une militarisation de la situation et à quelques massacres (à Odessa et à Marioupol, pour les plus importants). À la fin de l’été 2014, ne restent que les Républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk ». (1)

Le colonel poursuit en parlant en connaissance de cause :

« En 2014, je suis à l’OTAN, responsable de la lutte contre la prolifération des armes légères, et nous tentons de détecter des livraisons d’armes russes aux rebelles afin de voir si Moscou est impliqué. (..) Les rebelles sont armés grâce aux défections d’unités ukrainiennes russophones qui passent du côté rebelle.  Il est essentiel de rappeler ici que les Accords de Minsk 1 (septembre 2014) et Minsk 2 (février 2015), ne prévoyaient ni la séparation, ni l’indépendance des Républiques, mais leur autonomie dans le cadre de l’Ukraine  C’est pourquoi depuis 2014, la Russie a systématiquement demandé leur application tout en refusant d’être partie aux négociations, car il s’agissait d’une affaire intérieure à l’Ukraine. De l’autre côté, les Occidentaux – France en tête – ont systématiquement tenté de substituer aux Accords de Minsk le « format Normandie », qui mettait face à face Russes et Ukrainiens. Or, rappelons-le, il n’y a jamais eu de troupes russes dans le Donbass avant le 23-24 février 2022.  

En fait, l’armée est minée par la corruption de ses cadres et ne jouit plus du soutien de la population.   Le ministère de la Défense ukrainien s’adresse alors à l’OTAN pour l’aider à rendre ses forces armées plus « attractives ».   (…) Les pays occidentaux ont donc clairement créé et soutenu des milices d’extrême droite ukrainiennes.  Ces milices, issues des groupes d’extrême-droite qui ont animé la révolution de l’Euromaïdan en 2014, sont composées d’individus fanatisés et brutaux. La plus connue d’entre elles est le régiment Azov, dont l’emblème rappelle celui de la 2e Panzerdivision SS Das Reich (…) Donc, l’Occident soutient et continue d’armer des milices qui se sont rendues coupables de nombreux crimes contre les populations civiles depuis 2014 viols, torture et massacres » (1). 

Le déclenchement de la guerre  

Le 17 février, le président Joe Biden annonce que la Russie va attaquer l’Ukraine dans les prochains jours. Comment le sait-il ? Mystère… Mais depuis le 16, le pilonnage d’artillerie sur les populations du Donbass augmente de manière dramatique, comme le montrent les rapports journaliers des observateurs de l’OSCE.  Simultanément, on signale des actes de sabotages dans le Donbass.

Le 18 janvier, les combattants du Donbass interceptent des saboteurs équipés de matériel occidental et parlant polonais cherchant à créer des incidents chimiques à Gorlivka. Il pourrait s’agir de mercenaires de la CIA,   pour mener des actions de sabotage dans les Républiques du Donbass. En fait, dès le 16 février, Joe Biden sait que les Ukrainiens ont commencé à pilonner les populations civiles du Donbass, mettant Vladimir Poutine devant un choix difficile. C’est d’ailleurs ce qu’il explique lors de son allocution du 21 février. Ce jour-là, il accède à la demande de la Douma et reconnaît l’indépendance des deux Républiques du Donbass. Les bombardements de l’artillerie ukrainienne sur les populations du Donbass se poursuivent et, le 23 février, les deux Républiques demandent l’aide militaire de la Russie.

Le 24, Vladimir Poutine invoque l’article 51 de la Charte des Nations Unies qui prévoit l’entraide militaire dans le cadre d’une alliance défensive. Dans son allocution du 24 février, Vladimir Poutine a énoncé les deux objectifs de son opération : « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine. Il ne s’agit donc pas de s’emparer de l’Ukraine, ni même, vraisemblablement de l’occuper et certainement pas de la détruire ». (1) 

«S’agissant de la maternité de Marioupol, poursuit il, c’est la milice Azov, composée de mercenaires étrangers qui assure la défense de Marioupol, Dans son résumé de la situation du 7 mars 2022, la mission russe de l’ONU à New York déclare que « Les habitants rapportent que les forces armées ukrainiennes ont expulsé le personnel de l’hôpital natal n°1 de la ville de Marioupol et ont installé un poste de tir à l’intérieur de l’établissement. » Ils ont chassé les occupants civils en les menaçant de leurs armes. Ils confirment ainsi les déclarations de l’ambassadeur russe quelques heures plus tôt.  Le 9 mars, les forces russes frappent le bâtiment. Selon CNN, il y aurait 17 blessés, mais les images ne montrent aucune victime dans les locaux et rien ne montre que les victimes dont on parle sont liées à cette frappe. On parle d’enfants, mais en réalité, on ne voit rien.  Ce qui n’empêche pas les dirigeants de l’UE d’y voir un crime de guerre…  Le problème est que les milices paramilitaires qui assurent la défense des villes sont encouragées par la communauté internationale à ne pas respecter les usages de la guerre. Il semble que les Ukrainiens ont rejoué le scénario de la maternité de Koweït City en 1990 (…) Les politiciens occidentaux ont d’ailleurs accepté les frappes contres civils du Donbass pendant huit ans, sans adopter aucune sanction contre le gouvernement ukrainien. Nous sommes depuis longtemps entrés dans une dynamique où les politiques occidentaux ont accepté de sacrifier le droit international à leur objectif d’affaiblir à la Russie. L’Union européenne a été incapable de promouvoir la mise en oeuvre des accords de Minsk, au contraire, elle n’a pas réagi lorsque l’Ukraine bombardait sa propre population dans le Donbass. L’eût-elle fait, Vladimir Poutine n’aurait pas eu besoin de réagir. Absente de la phase diplomatique, l’UE s’est distinguée en alimentant le conflit. Le 27 février, le gouvernement ukrainien est d’accord d’entamer des négociations avec la Russie. Mais quelques heures plus tard, l’Union européenne vote un budget de 450 millions d’euros pour fournir des armes à l’Ukraine, remettant de l’huile sur le feu  En Ukraine, avec la bénédiction des pays occidentaux, ceux qui sont en faveur d’une négociation sont éliminés (…)» (1).  

Le Colonel conclut :

« Vladimir Poutine atteindra vraisemblablement les objectifs qu’il s’était fixés. (…)Les Américains doivent demander du pétrole au Venezuela et à l’Iran pour se sortir de l’impasse énergétique dans laquelle ils se sont mis : (…) La leçon à tirer de ce conflit est notre sens de l’humanité géométrie variable.  Car finalement, qu’est-ce qui rend le conflit en Ukraine plus blâmable que la guerre en Irak, en Afghanistan ou en Libye ? Quelles sanctions avons-nous adopté contre ceux qui ont délibérément menti devant la communauté internationale pour mener des guerres injustes, injustifiées, injustifiables et meurtrières ? Avons-nous seulement adopté une seule sanction contre les pays, qui alimentent en armes le conflit du Yémen, considéré comme la « pire catastrophe humanitaire au monde » ? Avons-nous sanctionné les pays de l’Union européenne qui pratiquent la torture la plus abjecte sur leur territoire au profit des États-Unis ? » (1)

Ce que nous retiendrons de la démocratie aéroportée après  l’invasion illégale  de l’Irak

A défaut de citer tout les crimes dont se sont rendus coupables ( l’empire et les vassaux anciennes puissances coloniales), nous allons citer les crimes les plus abjects. Ainsi  La deuxième guerre d’Irak, qui a commencé le 20 mars 2003 avec l’invasion de l’Irak («opération Iraqi Freedom») par la coalition menée par les États-Unis   s’est terminée le18 décembre 2011.

Quelques faits d’armes: L’horreur de Abou Ghraib  est imprescriptible  même si l’Occident n’est pas jugé Dans le même ordre  le crime d’el Amyrya nous interpelle ! :

« Le 13 février 1991, deux avions  furtifs américains F-117 Nighthawk ont ciblé l’abri d’Amiriya, dans la banlieue de Bagdad et ont largué deux bombes   guidées par laser, la première perforant le plafond en béton armé, et la seconde brûlant instantanément les occupants de l’abri . Selon le rapport publié en 1991 par Human Rights Watch, il y aurait    200 à 300 civils tués  Pour Robert Fisk le  bilan  est plus lourd : au moins 400 morts  âgés de 7 mois à 75 ans . L’odeur de chair brûlée dominait encore quelques mois après le bombardement » (2) 

« La revue scientifique The Lancet a, dans une seconde étude publiée le 11 octobre 2006, estimé que le nombre de morts liés à la guerre était situé entre 426.369 et 793.663. L’organisation National Priorities Project estime à plus de 810 milliards de dollars le coût de la guerre. »

De nombreux centres historiques ont été détruits par les bombardements américains, les combats et les pillages. Le Musée national d’Irak a été pillé au moment de l’entrée des troupes américaines dans Bagdad.   Pour rappel, l’Irak avait un système éducatif et de recherche performant.

« Les livres dit on  étaient rédigés en Egypte, imprimés à Beyrouth et lus en Irak», le taux d’analphabétisme en Irak était le plus bas du Monde arabe » (3),      

Badia Bendjelloun résume le drame du Proche-Orient.

«On peut, écrit -elle, verser parmi les autres bienfaits du remodelage du Proche et Moyen-Orient, les enfants nés avec des malformations congénitales lorsque leurs parents ont été exposés à l’uranium appauvri. Cette guerre, ses effets rémanents adverses, en particulier un million de veuves (de guerre) vivent dans le plus grand dénuement  mais . La séquelle peut-être la plus douloureuse pour la nation irakienne est cette Constitution rédigée par des avocats de New York qui consacre le principe de l’éclatement du pays en trois zones ethniques et confessionnelles avec autonomie politique et économique, singulièrement sur les ressources énergétiques. (…) »  (4)

Ukraine : la grande manipulation de Boutcha 

Une nouvelle manipulation  ukrainienne qui ressemble aux affaires d’enfumage. Il s’agit cette fois de crimes dans le village de Boutcha. Les forces d’invasion russes quittent progressivement la région de Kiev : selon Moscou, elles se retirent de Boutcha le mercredi 30 mars, même si des combats continuent jusqu’au samedi 2 avril. Lorsque les soldats ukrainiens reprennent Boutcha, ils découvrent une vingtaine de corps portant des vêtements civils dans une rue de la ville  les photos et des vidéos prises par des journalistes sur place confirment la présence de cadavres dans les rues. Le 2 avril, une cinquantaine d’autres corps sont identifiés dans une fosse commune, selon les propos du chef des secours locaux, Serhii Kaplytchny, rapportés par l’AFP Le président ukrainien accuse Moscou de « crimes de guerre » et de « génocide ».   

Immédiatement la machine de guerre se met en guerre sans attendre les conclusions d’une enquête indépendante :

« Plus de 145 diplomates russes ont été expulsés les vingt-sept pays membres de l’Union européenne proposent  de nouvelles sanctions. Le président américain, Joe Biden, réclame un « procès pour crimes de guerre. » Selon Moscou, les photos et vidéos publiées de Boutcha ne sont qu’une « nouvelle provocation » de la part de l’Ukraine. Le porte-parole du Kremlin, évoque « une mise en scène bien orchestrée » et « une falsification monstrueuse », ajoutant que Moscou compte « défendre énergiquement » sa propre version. « la Russie n’a commis aucun crime, aucun civil n’a subi de violence. Pendant la présence russe, les civils se déplaçaient librement dans Boutcha ». Moscou assure que les troupes russes se seraient retirées de Boutcha avant que ces corps n’apparaissent, et que ces derniers ne présenteraient pas de trace de raidissement cadavérique. Le Kremlin prétend que ces exactions ont été commises après le départ des Russes » (5). 

Pour la Russie  les corps n’étaient pas dans les rues fin mars au moment du départ des troupes russes de la ville, et ont donc été «installés début avril Dans la soirée du lundi 4 avril, Vassily Nebenzia, le représentant permanent de la Russie à l’ONU, parle de «mensonge éhonté» : «Quatre jours après que l’armée russe a quitté la ville de Boutcha, il n’y avait pas un seul signe d’atrocités commises. Je le répète, pas une seule mention [du massacre]». Et d’ajouter : «Le contenu qui nous est présenté, en particulier à Boutcha   ne nous laisse aucun doute sur le fait qu’il a été mis en scène.»

Comment on fabrique des massacres médiatiques  comme prétexte pour l’invasion  

Au vue de la gravité de l’acte imputée à la Russie, on ne peut pas ne pas être dubitatif concernant les vérité d’Evangile venant de l’Occident qui nous a trop souvent habitué à des manipulations. Nous allons décrire dans ce qui suit des  « manipulations » restées sans mea culpa à défaut de sanction. Le summum de la manipulations  est représenté  par l’intellectuel communautariste  faussaire Bernard Henry Levy  qui à l’oreille des présidents français de gauche et de droite Ainsi à propos de la lapidation de l’iranienne Sakineh, toutes les informations qu’il a  diffusées et confirmées par Nicolas Sarkozy sont fausses. . Ignacio Ramonet ancien directeur du Monde Diplomatique dans une contribution remarquable résume la stratégie de l’Empire et de ses vassaux :

« C’est  l’histoire du voleur qui crie : « Au voleur ! » Comment pensez-vous que M. George W. Bush intitula le célèbre rapport d’accusation contre M. Saddam Hussein qu’il présenta le 12 septembre 2002 devant le Conseil de sécurité de l’ONU.   L’Irak, disait-il en substance, entretient des liens étroits avec le réseau terroriste Al-Qaida et menace la sécurité des Etats-Unis parce qu’il possède des « armes de destruction massive » (ADM)   Trois mois après la victoire des forces américaines (et de leurs supplétifs britanniques) en Mésopotamie, nous savons que ces affirmations, étaient fausses. Selon Mme Jane Harman, représentante démocrate de Californie, nous serions en présence de « la plus grande manœuvre d’intoxication de tous les temps    ».   M. Bush n’a pas hésité à fabriquer l’un des plus grands mensonges d’Etat. En France, par exemple, elles furent reprises sans vergogne par des personnalités comme Pierre Lelouche, Bernard Kouchner, Yves Roucaute, Pascal Bruckner, Guy Millière, André Glucksmann, Alain Finkielkraut, Pierre Rigoulot, etc.  (…) une véritable machine de propagande et d’intoxication pilotée par la secte doctrinaire qui entoure M. Bush a répandu des mensonges d’Etat   Ils s’inscrivent dans une longue tradition de mensonges d’Etat qui jalonne l’histoire des Etats-Unis. L’un des plus cyniques concerne la destruction du cuirassé américain Maine dans la baie de La Havane en 1898, qui servit de prétexte à l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Espagne et à l’annexion de Cuba, Porto Rico, les Philippines et l’île de Guam. (…)  Treize ans plus tard, en 1911, une commission d’enquête sur la destruction du Maine devait conclure à une explosion accidentelle dans la salle des machines  En 1964, deux destroyers déclarent avoir été attaqués par des torpilles nord-vietnamiennes. Le président Lyndon B. Johnson prend prétexte de ces attaques pour lancer des bombardements de représailles contre le Nord-Vietnam.  On apprendra plus tard, de la bouche même des équipages des deux destroyers, que l’attaque dans le golfe du Tonkin était une pure invention »… (6)

Massacres de Timisoara

En décembre 1989, un massacre mis en scène à la télévision  les images du charnier de Timisoara, pendant des semaines  la manipulation a fonctionné Personne n’a douté de leur authenticité ni du nombre de morts : 4630 victimes du dictateur roumain Ceausescu. Saoudi  Abdelziz en parle :

« (..) Rappelons-nous ces événements de décembre 1989 en Roumanie. Des images mondialement diffusées en boucle, montrant des cadavres de Roumains torturés, ont accéléré la fin d’un régime.   Ceausescu abattu, le Figaro révèlait, 30 janvier 1990, que les cadavres étaient ceux de pauvres gens sortis de leur tombes et maquillés pour donner l’impression qu’ils ont été torturés. « Le faux charnier de Timisoara est sans doute la plus importante tromperie depuis l’invention de la télévision commente Ignacio Ramonet dans Le Monde diplomatique de mars 1990. Ces images ont eu un formidable impact sur les téléspectateurs qui suivaient depuis plusieurs jours avec passion les événements de la « révolution roumaine ». Il décrit  la manipulation : « 4 630 » précisait, par ailleurs, un « envoyé spécial » de Libération ; « On a parlé de bennes à ordures transportant d’innombrables cadavres vers des endroits secrets pour y être enterrés ou brûlés », rapportait une journaliste du Nouvel Observateur (28 décembre 1989) ; « Comment savoir le nombre de morts ? Les chauffeurs de camions qui transportaient des mètres cubes de corps étaient abattus d’une balle dans la nuque par la police secrète pour éliminer tout témoin », écrivait l’envoyé spécial de l’AFP   Les esprits s’enflammaient ; Gérard Carreyrou, après avoir vu de telles images, lançait sur TF1 un véritable appel à la formation de brigades internationales pour partir « mourir à Bucarest  (…)    En juin 1990, le penseur Giorgio Agamben commentait ce premier triomphe mondial de la « Société du spectacle »: (..) Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des cadavres à peine enterrés ou alignés sur les tables des morgues, ont été exhumés en vitesse et torturés pour simuler devant les caméras le génocide qui devait légitimer le nouveau régime. Ce que le monde entier voyait en direct sur les écrans de télévision comme la vérité vraie, était la non-vérité absolue.  Ainsi la vérité et le faux devenaient indiscernables et le spectacle se légitimait uniquement à travers le spectacle ».» (7) 

Les faux bébés koweïtiens

Pour faire accepter écrit  Mireille Duteil  la guerre du Golfe, on invente un massacre de nouveau-nés.. Elle rapporte une déclaration :

« Je m’appelle Nayirah et je suis une jeune Koweïtienne. J’ai vu les soldats irakiens entrer avec leurs armes dans la maternité de l’hôpital de Koweit City. Ils ont arraché les bébés des couveuses, les ont emportés et les ont laissés mourir sur le sol froid. » L’assistance est médusée devant cette barbarie gratuite de la soldatesque irakienne  Nul ne demande, ce 10 octobre, à enquêter sur l’identité du témoin. Elle semble si sincère et si bouleversée (…) Les représentants américains ignorent donc que sous le pseudonyme de Nayirah se cache la propre fille de l’ambassadeur du Koweït aux Etats-Unis et qu’elle participe à la machination montée par le Koweït et les Etats-Unis pour faire accepter à l’opinion publique américaine et mondiale une future intervention militaire. Elle aura lieu en janvier 1990 . Le Koweït, soutenu par le Pentagone et la CIA, a fait appel à une agence de relations publiques, Hill and Knowlton, pour préparer les esprits à l’indispensable guerre. Coût du contrat : 10 millions de dollars. Le The New York Times, le premier, rapportera des informations en provenance de l’ambassade américaine au Koweït.» (8)   « L’ambassadeur américain a cité les noms de deux médecins et d’une infirmière qui ont vu des soldats irakiens tuer des prématurés dans un hôpital de Koweit City. le 29 novembre 1990. Les membres permanents du Conseil doivent voter une résolution autorisant un éventuel recours à la force militaire en Irak. Ils entendent eux aussi des témoins d’exactions irakiennes, dont un chirurgien qui affirme avoir enterré lui-même une dizaine de nouveau-nés jetés hors de leur couveuse par les soldats. Lorsque Amnesty International et l’Observatoire des droits de l’homme au Moyen-Orient mettront ces affirmations en doute, faute d’avoir trouvé des témoins fiables pour les corroborer, nul ne les écoutera. Les opinions publiques sont convaincues que Saddam Hussein est le mal absolu et que son armée est coupable de toutes les barbaries. L’opération de désinformation a pleinement réussi » (8).

 

Iran : Ahmadinejad n’a jamais appelé à « rayer Israël de la carte »

On se souvient aussi du tollé entretenu pour avoir déformé les propos du président Ahmadinejad. Nulle part, dans tout le discours d’Ahmadinejad, ne sont prononcés en persan les termes «rayer», «carte», ou «destruction d’Israël». Il avait parler du régime mais pas d’Israël.

« Ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps» (en persan: «een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar mahv shavad»  La fausse citation a été propagée partout dans le monde, répétée des milliers de fois dans les médias internationaux, Associated Press et Reuters, se réfèrent à la citation erronée, mot à mot, et quasi quotidiennement. Le président George W. Bush a dit que les commentaires d’Ahmadinejad représentaient une «menace explicite» de détruire Israël.. Bien plus tard Le ministre israélien du Renseignement admet que le président iranien n’a pas appelé à la destruction de l’État hébreu. Ainsi, dans une interview à Al Jazeera, reprise par le New York Times, le 17 avril 2012 Dan Meridor, ministre israélien du Renseignement et de l’Énergie atomique, a admis que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n’avait jamais prononcé la phrase « Israël doit être rayé de la carte ».   Le mal a duré sept ans… »  (9)

L’affaire Jessica Lynch 

Dans le feu de l’action, tout est permis pour diaboliser l’adversaire par tout les moyens  . L’affaire Jessica  Lynch est un cas d’école.  Non seulement tous ce qui a été écrit était faux, :  L’acte courageux des chirurgiens irakiens qui l’ont sauvés est ignoré. :

« On se souvient écrit Ignacio Ramonet, que, début avril 2003, les grands médias américains diffusèrent avec un luxe impressionnant de détails son histoire. Jessica Lynch faisait partie des dix soldats américains capturés par les forces irakiennes.  (…)  Une semaine plus tard, des unités d’élite américaines parvenaient à la libérer au cours d’une opération surprise. Malgré la résistance des gardes irakiens, les commandos parvinrent à pénétrer dans l’hôpital, à s’emparer de Jessica et à la ramener en hélicoptère au Koweït. Le soir même, le président Bush annonça à la nation, depuis la Maison Blanche, la libération de Jessica Lynch.  Selon les journalistes d’El Pais   ( du 7 mai 2003) leur enquête auprès des médecins irakiens   et confirmée par les docteurs américains l’ayant auscultée après sa délivrance -, les blessures de Jessica (une jambe et un bras fracturés, une cheville déboîtée) n’étaient pas dues à des tirs d’armes à feu, mais simplement provoquées par l’accident du camion dans lequel elle voyageait… » (6) 

Elle n’avait pas non plus été maltraitée. Au contraire, les médecins avaient tout fait pour bien la soigner :

« Elle avait perdu beaucoup de sang, a raconté le docteur Saad Abdul Razak, et nous avons dû lui faire une transfusion. Heureusement des membres de ma famille ont le même groupe sanguin qu’elle : O positif. Et nous avons pu obtenir du sang en quantité suffisante. Son pouls battait à 140 quand elle est arrivée ici. Je pense que nous lui avons sauvé la vie» En assumant des risques insensés, ces médecins tentèrent de prendre contact avec l’armée américaine pour lui restituer Jessica. Deux jours avant  ils avaient même conduit en ambulance leur patiente à proximité des lignes américaines. Mais les Américains ouvrirent le feu sur eux et faillirent tuer leur propre héroïne… L’arrivée avant le lever du jour, le 2 avril, des commandos spéciaux équipés d’une impressionnante panoplie d’armes sophistiquées surprit le personnel de l’hôpital. Depuis deux jours, les médecins avaient informé les forces américaines que l’armée irakienne s’était retirée et que Jessica les attendait… Le docteur Anmar Ouday a raconté la scène à John Kampfner de la BBC : « C’était comme dans un film de Hollywood. Il n’y avait aucun soldat irakien, mais les forces spéciales américaines faisaient usage de leurs armes. Ils tiraient à blanc et on entendait des explosions. Ils criaient : “Go ! Go ! Go !” L’attaque contre l’hôpital, c’était une sorte de show, ou un film d’action avec Sylvester Stallone . »  Dans une entrevue au magazine Time, Jessica elle-même reconnaît que toute l’opération menée contre l’hôpital avait été une mise en scène .L’histoire de la libération de Jessica Lynch restera dans les annales de la propagande de guerre.   Leurs mensonges constituent, selon le professeur Paul Krugman, « le pire scandale de l’histoire politique des Etats-Unis, pire que le Watergate, pire que l’Irangate (6) (11) (12) ».

Conclusion

Au-delà de l’image insoutenable de ces massacres, inacceptables l’affaire de Boutcha est peut être une énième manipulation. Plus que jamais, une enquête indépendante des Nations Unies pourrait faire la lumière. Plus largement, des citoyens souffrent des guerres. Il n’est que de s’apitoyer sur ce qui se passe au Yemen, voire avoir de la compassion pour les milliers de migrants  mal nés agglutinés aux frontières de la forteresse Europe . Sartre a raison d’écrire  que «  Quand  les riches  se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent »  Tout est dit. 

Professeur  Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique  Alger

Notes :

1.Pierre-Alain Depauw http://www.zejournal.mobi/index.php/news/show_detail/25415? 22 03

2.https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_de_l%27abri_d%27Amiriya

3.https://www.lexpressiondz.com/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/que-reste-t-il-de-lirak-171006

4.Badia Benjelloun http://www.dedefensa.org/article Cela_fait_dix_ans_19_03_2013.html

5.https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/04/05/guerre-en-ukraine-ce-que-l-on-sait-du-massacre-de-boutcha_6120745_4355770.html

6. Ignacio Ramonet   Armes d’intoxication massive Mensonges d’Etat https://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/RAMONET/10193  Juillet 2003

7.Saoudi Abdelaziz https://blogs.mediapart.fr/saoudi-abdelaziz/blog/230813/comment-fabrique-des-massacres-mediatiques

8.Duteil https://www.lepoint.fr/societe/les-faux-bebes-koweitiens-16-08-2012-1696502_23.php

9.Armin Arefi https://www.lepoint.fr/monde/iran-ahmadinejad-n-a-jamais-appele-a-rayer-israel-de-la-carte-26-04-2012-1455392_24.php

10.Chems Eddine Chitour https://www.lexpression.dz/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/limposture-scandaleuse-de-bhl-82671 27 09 2010

11 John Kampfner, Saving Private Lynch story ’flawed’, BBC, Londres, 18 mai 2003.

12. The New York Times, 3 juin 2003. Cite dans l’article de I. Ramonet

       Les médias du «monde libre» : ces puissantes machines à manipuler les opinions et à diffuser les mensonges d’État

Par Mourad Benachenhou

 La liberté d’expression est-elle un vrai principe ou un simple slogan dans les «démocraties avancées»? À observer l’état actuel des médias dont l’écrasante présence impose une vision unilatérale du conflit en cours en Europe centrale, on ne peut qu’exprimer des doutes légitimes sur l’existence même de cette liberté, pourtant inscrite dans les Constitutions et les lois des pays «donneurs de leçons de démocratie», prêts à dénoncer toute atteinte à ce droit sacro-saint, qu’ils ne respectent pas eux-mêmes.

La censure, mais auto-imposée, est une violation de la liberté d’expression
Car, qu’on l’accepte ou non, lorsque la censure, qu’elle soit officielle ou auto-imposée par les médias eux-mêmes, porte atteinte au droit des citoyens à une information objective et équilibrée, la liberté d’expression est obérée. Le cynisme et l’hypocrisie, quand il s’agit de ce droit inaliénable et indispensable à l’exercice de la citoyenneté, sont aussi condamnables que la suppression ou la limitation de ce droit dans les Etats non démocratiques.
C’est une hystérie guerrière qui s’est emparée, telle une maladie contagieuse, de tous ces médias, bien financés, et pouvant louer des milliers de bouches pour répéter les mêmes faussetés, et payer des centaines de porteurs d’appareils photos et de caméras pour couvrir par l’image et la parole les mêmes scènes.
Malgré le fait qu’il s’agit d’entités juridiquement indépendantes, leur ligne rédactionnelle directrice est la même : il s’agit tout simplement de déshumaniser et de diaboliser l’adversaire, et de le personnaliser pour que tout ce qui se passe sur le terrain lui soit directement et exclusivement lié, pour créer une atmosphère de haine totale contre lui, tout comme contre son peuple et son pays, et justifiant tous les écarts de langage et toutes les éventuelles évolutions du conflit, encore plus dramatiques que celles qui se jouent devant les yeux des spectateurs.

Le mensonge et la fabrication d’événements dramatiques sont des attaques contre la citoyenneté
La liberté d’expression devient la liberté de mentir effrontément et toute honte bue. Il s’agit de dominer totalement les profonds mécanismes psychiques du spectateur pour détruire en lui toute capacité de jugement et l’amener à adopter le type de sentiment indispensable pour légitimer la finalité politique des évènements en cours.
Le spectateur, habituellement passif, devient un acteur indispensable dans la réussite des desseins de ceux qui le manipulent, car, par son adhésion, acquise par sa manipulation, il donne une base populaire à des politiques dont seule une infime partie lui est révélée.
Il est indispensable de créer, chez lui, un sentiment authentique et profond d’indignation devant «la barbarie de l’ennemi», qui le rend encore plus disposé à accepter sans broncher tous les mensonges qui se déversent sur lui, par «médias libres interposés».
S’il le faut, on ira jusqu’à inventer un évènement si inhumain que l’absence d’indignation contre lui pourrait être assimilée à une complicité avec les préparateurs du crime.

L’effet «pouponnière du Koweït»
On peut citer pour exemple le faux montage du meurtre de bébés par l’armée irakienne, lors de l’invasion du Koweït en août 1990, montage conçu par une firme publicitaire américaine. On se contentera de citer un article d’un hebdomadaire «atlantiste» français : «Je m’appelle Nayirah et je suis une jeune Koweïtienne. J’ai vu les soldats irakiens entrer avec leurs armes dans la maternité de l’hôpital de Koweit City. Ils ont arraché les bébés des couveuses, les ont emportés et les ont laissés mourir sur le sol froid.»
Les représentants du Comité des droits de l’Homme du Congrès américain écoutent ce témoignage terrible dans un silence religieux. L’assistance est médusée devant cette barbarie gratuite de la soldatesque irakienne qui a envahi le Koweït le 2 août 1990. Nul ne demande, ce 10 octobre, à enquêter sur l’identité du témoin. Elle semble si sincère et si bouleversée, et on leur a expliqué qu’il était nécessaire de protéger sa famille restée au Koweït.
Les représentants américains ignorent donc que, sous le pseudonyme de Nayirah, se cache la propre fille de l’ambassadeur du Koweït aux États-Unis et qu’elle participe à la machination montée par le Koweït et les États-Unis pour faire accepter à l’opinion publique américaine et mondiale une future intervention militaire. «Elle aura lieu en janvier 1991. Pour Washington, il ne suffit pas d’obliger le dictateur irakien à retirer ses troupes du Koweït, il faut casser l’Irak, ce pays trop peuplé, trop riche de ses hydrocarbures, à l’armée nombreuse et qui, dix ans auparavant, a eu des velléités de se doter de l’arme nucléaire. Inadmissible ! «Le Koweït, soutenu par le Pentagone et la CIA, a fait appel à une agence de relations publiques, Hill and Knowlton, pour préparer les esprits à l’indispensable guerre. Coût du contrat : 10 000 000 de dollars.
«Lorsque Amnesty International et l’Observatoire des droits de l’Homme au Moyen-Orient mettront ces affirmations en doute, faute d’avoir trouvé des témoins fiables pour les corroborer, nul ne les écoutera. Les opinions publiques sont convaincues que Saddam Hussein est le mal absolu et que son armée est coupable de toutes les barbaries. L’opération de désinformation a pleinement réussi.» (Source hebdomadaire Le Point, «Montage. Pour faire accepter la guerre du Golfe, on invente un massacre de nouveau-nés», par Mireille Duteil, 1er août 2012)

La violence guerrière unilatérale pour changer les régimes politiques récalcitrants
Tous les coups bas sont permis dans les états de guerre totale, et hélas, la règle de base dans les relations internationales contemporaines est de provoquer, si nécessaire avec des complicités intérieures, l’effondrement des États récalcitrants à l’ordre mondial, imposé par une poignée de grandes puissances, baptisée faussement et pompeusement «communauté internationale», et, une fois cet objectif atteint, de laisser les morceaux qui en restent se débrouiller tout seuls !
Tous les acteurs étrangers, qui ont créé le désordre dans les pays voués à la destruction sur décision de ces puissances, disparaissent — une fois leurs objectifs de dislocation atteints — brusquement de la scène de la tragédie dont ils ont écrit et exécuté le scénario, choisi les acteurs principaux, tout comme les dialogues.
Et les exemples tirés de l’actualité, et le drame ukrainien n’en est que le dernier, ne manquent pas pour illustrer le cynisme des grands «moralisateurs» de ce monde chaotique. Le scénario est le même et les slogans pour lui donner une certaine cohérence et une certaine légitimité n’ont rien d’original : c’est le bien contre le mal absolu, la «liberté» contre «l’oppression», la «démocratie» contre le «pouvoir personnel». On ne tente même pas de faire preuve d’originalité.
Et si l’observateur prenait la peine de faire une analyse approfondie du contenu des informations diffusées lors de ces crises provoquées délibérément, il s’apercevrait qu’en fait, les «reporters» dans le feu de l’actualité ne font que reprendre ce qui a été dit mille fois dans d’autres circonstances plus ou moins similaires, sous d’autres cieux et pour d’autres pays !
Pour illustrer cette affirmation, valable également pour le drame ukrainien, on ne peut que reprendre certains évènements tout aussi dramatiques, tout aussi violents, mais qui se sont déroulés dans des continents appartenant au «monde servile», celui où la souffrance humaine serait tellement commune qu’elle ne mériterait pas un excès d’émois et d’outrages de la part de la «communauté internationale».

Les sirènes de la démocratie ne sont que des requins assoiffés de sang déguisés en beautés enchanteresses au sex-appeal irrésistible !
Le Soudan du Sud est-il moins misérable indépendant que sous l’administration de Khartoum ? Il a même disparu des médias, comme par enchantement ! Il n’est remis à l’ordre du jour international, et de temps à autre, que pour prouver combien sont raisonnables et généreux les pays mêmes qui ont concocté la tragédie que vivent ses populations. L’anthropophagie y est même retournée !
L’Irak démocratique, débarrassé de Saddam Hussein, est-il plus heureux, plus prospère, plus sûr ? Le règne brutal de ce dictateur a causé moins de morts innocents et de destruction que l’intervention étrangère violente, qui ne cesse d’inventer de nouveaux prétextes pour entretenir le désordre au nom de principes que contredisent les moyens que les «donneurs de leçons morales armés» utilisent. Et le redressement de ce pays, jadis sur la route du progrès, est loin d’être assuré. Les minorités religieuses qui faisaient de ce pays un musée des religions moyen-orientales ont été décimées et jamais le futur des minorités ethniques, qui y cohabitent depuis des millénaires, n’y a été aussi incertain.
Y a-t-il moins de tueries, de tortures, de souffrances, donc de barbarie dans la Libye débarrassée de Kadhafi ? Et l’Afrique sans lui est-elle plus assurée d’être sur la bonne voie ? La Méditerranée, grâce à la disparition de ce dictateur, si sanguinaire fût-il, est-elle enfin devenue la «mer paisible» qu’annonce son climat ?
La Syrie détruite se reconstruira-t-elle plus vite sans Al Assad ? Rien n’est moins certain, car ceux mêmes qui dépensent des centaines de milliards de dollars pour la faire disparaître de la carte politique seront les premiers à prendre la «poudre d’escampette» quand il s’agira de leur demander de mettre la main à la poche pour reconstruire ce qu’ils ont délibérément détruit directement, ou par comparses et complices interposés. Et que le peuple syrien ne prête pas créance à ceux qui lui promettent monts et merveilles, une fois qu’ils auront atteint leur objectif de contrôler chaque aspect de la vie politique de la Syrie ! Elle restera un grand champ de ruines, attirant de temps à autre, mais seulement quand ça rapporte, les pleurs et lamentations des âmes charitables qui se trouvent être ceux qui l’ont détruite de fond en comble.
Où sont ces défenseurs des droits de l’Homme, si prompts à pleurer sur le sort des peuples opprimés par leurs dictateurs indigènes et si disposés à applaudir, si ce n’est à participer au massacre de ces peuples, lorsque leurs dirigeants, démocratiquement élus, en décident ainsi pour la défense de leurs «intérêts nationaux», intérêts jamais définis, et changeant avec les circonstances pour s’adapter aux décisions du moment ?
Les nations «démocratiques, qui se veulent les phares de la civilisation et les exemples de l’humanisme dans le sens le plus complet du terme, ont tué, au nom de la démocratie, de la liberté d’expression et de la défense des droits de l’Homme, encore plus de monde que les dictateurs, dont ils ont voulu débarrasser les peuples, qui ont eu le malheur d’attirer leur compassion meurtrière.

La banalisation du génocide pour régler les problèmes politiques internationaux
On sait maintenant que la démocratie est un autre mot pour le droit à la barbarie et que les sirènes de la démocratie ne sont que des requins sanguinaires déguisés pour attirer leurs victimes, que le printemps, qui symbolise le retour à la vie, est devenu le vestibule de l’Enfer sur terre, que la promotion de la liberté de la presse n’a d’autre visée que d’imposer à l’humanité entière un monopole unilatéral de l’information, que la défense des droits de l’Homme est un slogan destiné à camoufler la banalisation et la promotion du génocide comme solution finale aux différends internationaux et que, conséquence logique, la barbarie est maintenant la forme suprême de la civilisation.
Un dirigeant de cette «communauté internationale» n’a-t-il pas menacé, il y a encore peu de temps, d’«effacer de la surface de la Terre» un peuple auquel a été imposée, de l’extérieur, une situation de guerre totale qui dure depuis 40 années et qui n’est pas près de finir ?
«La banalisation du génocide» comme solution aux problèmes politiques internationaux n’est pas seulement une phrase choc dans un quotidien local. Seuls les simples d’esprit, quels que soient, par ailleurs, les titres et diplômes dont ils se parent, peuvent croire que le bourreau est l’ami de ses victimes.

La colonie de peuplement d’Israël, cette entité religieuse dédiée au génocide au nom de la «démocratie» et de «l’humanisme anti-nazi»
Il faudrait également rappeler au passage le génocide en cours dans la colonie de peuplement d’Israël, cette «démocratie-apartheid» où rien d’autre ne se passerait, suivant les médias «libres», que la découverte de sites archéologiques antiques ou l’exécution sommaire de «terroristes», et, bien sûr, les «élections libres», dont les candidats changent, mais dont l’idéologie génocidaire est immuable au point où on se demande à quoi servent ces élections sinon à assouvir des ambitions personnelles. Voici, pour mémoire comment a commencé le génocide en cours du peuple palestinien :
«Comme résultat de la campagne… du nettoyage ethnique exécuté en Palestine par les Juifs en 1948, cinq cents villages et onze quartiers urbains palestiniens ont été détruits, sept cent mille Palestiniens ont été expulsés et plusieurs milliers d’entre eux massacrés. Même aujourd’hui, il est difficile de trouver un résumé succinct de l’exécution de ce plan de nettoyage et les répercussions de ces résultats tragiques.» (dans : Naom Chomski et Illan Pappé : Gaza en crise : Réflexions sur la guerre d’Israël contre les Palestiniens, Haymarket Books, Chicago, Illinois, p. 63).
L’invasion de la Palestine a été une suite sans fin de crimes contre l’humanité, comme d’ailleurs son occupation qui, chaque jour, vient avec des exécutions extra-judiciaires faites au vu et au su de la «communauté internationale», si prompte à s’émouvoir de la moindre violation des droits de l’Homme quand il s’agit, évidemment, de régimes déclarés «hostiles».

En conclusion
On se contentera de citer ce qu’a écrit Aimé Césaire sur les guerres européennes contemporaines : «Oui, il vaudrait la peine d’étudier cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXIe siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que, s’il le vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’Homme, ce n’est pas l’humiliation en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique» (dans Aimé Césaire : Discours sur le Colonialisme, éditions Présence Africaine, Paris, 1955, p. 77).
À elle seule, cette citation explique l’hystérie qui s’est emparée actuellement des médias internationaux, qui violent toutes les règles de l’éthique de l’information et ont dévoilé leur vrai visage : des machines à manipuler les opinions publiques et à légitimer les mensonges d’Etat destinés à justifier des politiques de violence et d’agression qui n’ont rien à voir avec les principes moraux ou légaux quels qu’ils soient et qu’ils prétendent incarner et défendre.
M. B.


 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *