Sahara Occidental – ONU : Vaines tentatives de falsifier l’histoire

par Ghania Oukazi

Le Président du Conseil de Sécurité de l’ONU a fait publier et circuler le 14 juillet dernier, la lettre adressée par le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations-Unies dénonçant les persistantes élucubrations marocaines sur le conflit au Sahara Occidental et sa nature en tant que question historique de décolonisation conformément à la légalité internationale.

L’on a appris vendredi que, comme l’exigent les procédures onusiennes, «les Nations Unies ont publié et fait circuler jeudi dernier, la lettre adressée la veille par l’ambassadeur Nadir Larbaoui, au Président, aux membres du Conseil de Sécurité et au Secrétaire général de l’ONU dans laquelle, il balaye d’un revers de la main, les allégations fallacieuses et mensongères du représentant du Maroc contre notre pays et rappelle les fondamentaux de la question du Sahara Occidental».

C’est une véritable guerre diplomatique et médiatique que mène ainsi sans répit la mission permanente algérienne auprès des Nations-Unies à New York face au Maroc qui tente vainement de falsifier l’histoire de la région pour arrimer le Sahara Occidental à ses territoires au nom de ce qu’il qualifie d’«intégrité territoriale».

Publiée en tant que document officiel du Conseil de Sécurité sous la cote S 2022/555 pour être consignée dans ses annales, la lettre de l’Algérie est une réponse détaillée à celle du 23 juin dernier du représentant permanent du Maroc. Omar Hilale s’efforce constamment à dévoyer des référents onusiens et historiques pour, pense-t-il, «démontrer la responsabilité première de l’Algérie dans ce différend régional», comme écrit dans sa lettre. «L’Algérie, incontestable partie» ou autre, «Blocage condamnable du processus politique par l’Algérie», le responsable marocain a déclaré une véritable guerre de «tranchées» diplomatique contre l’Algérie.

«Le représentant de la puissance occupante au Sahara Occidental, encore une fois et sans surprise, (…) a continué à faire de manière inappropriée, des allégations directes fallacieuses et mensongères contre mon pays accompagnées d’accusations inacceptables. Cette lettre est totalement hors contexte, manifestement trompeuse, comme c’est toujours le cas à chaque fois que l’auteur est acculé par les faits indéniables et les réalités irréfutables sur la situation dans le Territoire occupé du Sahara Occidental», souligne Larbaoui, dans sa lettre.

«Réalité historique irréfragable»

L’ambassadeur déploie un solide plaidoyer pour défaire le contenu de «la lettre incohérente et insensée» de son homologue marocain «sur la réalité historique irréfragable du conflit au Sahara occidental, qui a été et demeure une question de décolonisation conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de Sécurité des Nations Unies, jusqu’à ce que le peuple du Sahara Occidental puisse exercer son droit inaliénable à l’autodétermination». Contenu dont l’objectif, écrit le diplomate algérien, est «de dévoyer ou d’occulter in fine, que l’usure du temps, finira par faire tomber la question sahraouie en désuétude». Il remonte dans le temps, «plus de 50 ans», pour préciser «le statut du Sahara Occidental», depuis que l’ONU l’a inscrit (1963) «sur la liste des territoires à décoloniser(…)». Rappel alors de «toutes les résolutions adoptées par l’Assemblée générale, depuis 1966, dont le dénominateur commun, est la reconnaissance du droit inaliénable du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination, et la nécessité de sa mise en œuvre par le biais d’un référendum libre et juste (…)». L’ambassadeur algérien démontre avec force d’arguments «pourquoi le Maroc est-il une puissance occupante au Sahara Occidental ?» et aussi la nullité de «la déclaration tripartite (Espagne, Maroc, Mauritanie) prévoyant la partition du Sahara Occidental appelée Accord de Madrid que l’ONU n’a ni reconnu, ni approuvé». Il a précisé sur la base de référents internationaux légaux, l’identité des deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, «qui ont déjà signé conjointement des accords(…)». Il rappelle par ailleurs, le document «tellement éloquent» portant création de la MINURSO et détaillant ses missions tout en rappelant le refus du Maroc de lui permettre «de surveiller la situation des droits de l’Homme». Refus dénoncé récemment par une lettre de Larbaoui au Conseil de sécurité.

«Règlement pacifique du conflit», «Rupture du cessez-le-feu et escalade du conflit», «Soi-disant proposition d’autonomie injuste, coloniale et irréaliste», il évoque le tout pour démontrer combien «il est frappant de voir à quel point le Maroc observe le manuel du colonisateur au Sahara Occidental». L’Algérie estime alors par la voix de son représentant onusien, qu’«accorder un quelconque crédit à la puissance occupante et à son soi-disant plan d’autonomie du Sahara Occidental signifierait que, pour la première fois depuis la création de l’ONU, la communauté internationale légitimerait l’occupation et l’annexion d’un territoire et la domination de son peuple par la force»…


        Le Maroc «falsifie» le contenu du briefing de Köhler au Conseil de sécurité

Maroc ONU Sahara Occidental
L’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler. D. R.

 

Par Kamel M. – Algeriepatriotique a appris d’une source proche du dossier sahraoui que, contrairement à la version rapportée par la presse marocaine, les conclusions des consultations menées depuis janvier dernier par l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler, étaient au cœur du briefing présenté mercredi 21 mars devant les quinze membres du Conseil de sécurité.

«Lors de ce briefing, l’émissaire de l’ONU a exprimé très clairement son intention de tenir, au cours de l’année en cours, des pourparlers directs entre le Maroc et le Front Polisario», indique notre source, qui précise que «l’échange a porté également, dans un deuxième temps, sur le rôle important de l’Union africaine dans le règlement du conflit». Cette façon de procéder de l’émissaire onusien n’a pas été du goût de Rabat qui refuse que l’Union africaine ait un quelconque rôle dans le règlement du conflit du Sahara Occidental.

En effet, Rabat, qui a saboté les efforts de Christopher Ross, veut exclusivement maintenir la problématique de traitement de ce dossier au niveau du Conseil de sécurité où il bénéficie du soutien inconditionnel de certains pays et voit déjà d’un mauvais œil l’effort mené par Köhler pour élargir son cercle de médiation.

«Le rapport d’étape de Horst Köhler est très important, car il conditionnera celui que présentera Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, à la fin du mois d’avril au Conseil de sécurité, pour décider du contenu de la nouvelle résolution sur ce dossier de décolonisation, début mai 2018», souligne notre source.

Il y a lieu de noter que depuis janvier 2018, l’ancien président allemand mène des concertations élargies pour faciliter la tenue d’un nouveau round de négociations.

Après sa rencontre avec les parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, et les deux pays voisins, observateurs, l’Algérie et la Mauritanie, Köhler a échangé sur ce dossier avec le président de l’Union africaine, Paul Kagamé, le président de la Commission de l’UA, Moussa Fakki Mahamat, le Commissaire à la paix et la sécurité de l’UA, Smaïl Chergui, et l’émissaire de l’UA pour le Sahara Occidental, l’ancien président du Mozambique, Joachim Chissano. Köhler avait également rencontré en mars la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et s’est rendu dernièrement à Stockholm où il a eu des discussions avec la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström.

Pour rappel, le ministre serbe des Affaires étrangères avait dénoncé la déformation de ses propos par les médias marocains lors de sa récente visite à Rabat, lesquels médias lui avaient attribué le prétendu soutien de son pays à la thèse autonomiste marocaine. Ce n’est donc pas la première fois que le Makhzen use de ces méthodes ignominieuses pour tenter de manipuler l’opinion publique sur fond d’échecs diplomatiques répétitifs, de protestations dans pas moins de onze régions du royaume et de rumeurs persistantes sur le divorce de Mohammed VI dont le palais maintiendrait le secret.

K. M.


   Sahara occidental : le Parti populaire espagnol rejoint la position de Pedro Sánchez

Le leader du Parti populaire, qui était hostile au changement de la position de l’Espagne par rapport à la question du Sahara occidental, s’est rangé du côté du gouvernement. Ce changement surprise de position du parti a conduit au rejet d’un projet de résolution appelant le gouvernement de Pedro Sánchez à revenir sur son soutien à l’initiative d’autonomie pour le Sahara occidental.

En Espagne, le changement de position du gouvernement sur la question du Sahara occidental – qui a conduit à une crise diplomatique avec l’Algérie – continue de faire réagir la classe politique. Une résolution qui appelle le gouvernement à réviser sa position n’a pas abouti. Portée par l’extrême gauche et quelques formations nationalistes, cette résolution a été rejetée par 252 voix opposées, contre 70 voix favorables et 11 abstentions.

Cependant, ce qui a attiré l’attention dans ce rejet est le changement brusque de la position du Parti populaire[1] qui, depuis le soutien du gouvernement au plan d’autonomie présenté par le Maroc, n’a cessé d’appeler au retour à la position initiale et neutre de l’Espagne. En effet, le Parti populaire, leader de l’opposition parlementaire, a surpris tout le monde en votant contre la proposition en signe de soutien à la position du gouvernement socialiste, qui considère que l’initiative d’autonomie est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du conflit au Sahara occidental. Le vote du PP est d’autant plus surprenant que la formation de droite s’est montrée sceptique vis-à-vis de la décision de Pedro Sánchez.

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Les observateurs expliquent ce changement de cap du nouveau patron du parti conservateur Alberto Núñez Feijoo, qui a succédé à Pablo Cassado, par de nouveaux éléments résultants de la récente rencontre avec le Chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch. Par ailleurs, certains observateurs affirment que le rejet de ce texte par le PP répond à des considérations politiciennes.  Les conservateurs ont obtenu en échange que les députés du PSOE (parti socialiste au pouvoir) votent en faveur d’une proposition réclamant le retour à « une politique étrangère et de sécurité d’État, dans laquelle les axes permanents partagés par tous les gouvernements de la démocratie (depuis 1976, NDLR) sur les problèmes du voisinage, de l’Union européenne et de l’Amérique latine, soient récupérés et renforcés ». Des voix au sein du PP estiment que le vote des socialistes en faveur de leur texte est une manifestation de « soutien du PSOE à la politique étrangère de Feijóo (le chef du PP, NDLR), qui corrige la politique étrangère de Pedro Sanchez sur le Sahara », rapportent donc certains médias espagnols.

Il faut dire que cette nouvelle compliquera davantage les relations de l’Espagne avec l’Algérie. C’est un signe que l’Espagne a accepté de sacrifier ses relations avec son fournisseur principal de gaz. Le revirement de la position du parti populaire assombrit donc l’avenir des relations algéro-espagnoles et la crise diplomatique entre les deux pays est partie pour durer avec des conséquences économiques importantes pour les deux pays.

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