« Le Maroc a recouru à une politique de troc »

      Hasni Abidi, Directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève 

Liberté : Le président américain, Donald Trump, a annoncé, jeudi, un accord de normalisation des relations entre Israël et le Maroc. Comment expliquez-vous cette annonce qui intervient dans un contexte de tension dans la région ?
Hasni Abidi : À suivre la diplomatie américaine, j’ai le sentiment qu’elle s’est alignée sur celle d’Israël. Elle fait même mieux ! Le président Trump veut marquer son départ. En deux mois, il a réalisé un grand exploit : normaliser les relations entre Israël et quatre Etats arabes ! Les tractations ont commencé très tôt, et le royaume marocain fait figure de favori depuis la désignation du gendre de Trump, Jared Kouchner, comme conseiller en chef pour le Moyen-Orient.
La dernière visite de Kouchner a scellé l’accord annoncé jeudi. Trump veut une cérémonie avant son départ de la Maison-Blanche, et à l’instar des cérémonies précédentes, il veut avoir à sa table le roi du Maroc. Ce qui me semble, toutefois, difficile. Un scénario ressemblant à celui des Emirats est à l’étude. Dépêcher son ministre des Affaires étrangères. Biden sera face à un héritage encombrant.
D’aucuns voient dans cette normalisation une espèce de vente concomitante, entre d’un côté, la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et, de l’autre, la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël. Est-ce le cas, selon vous ?
Nous sommes loin d’un accord de paix historique comme clamé haut et fort par le président Trump. La retenue marocaine en témoigne. Il s’agit d’une transaction entre trois Etats. Pour Rabat, le prix d’une normalisation avec Israël est la reconnaissance américaine de la « marocanité » du Sahara occidental.
Le Maroc redoute l’arrivée d’une nouvelle administration démocrate moins enthousiaste au projet de l’autonomie du Sahara occidental et plutôt critique à l’égard de la monarchie. C’est pourquoi, il n’a pas hésité à conclure ce marché. D’autant plus que la situation internationale s’y prête.
Plusieurs monarchies du Golfe et le Soudan ont initié des relations avec Tel-Aviv sans provoquer de grandes réactions populaires. S’ajoutent à cela les promesses de financement et d’investissement miroitées par les Emirats. La tentation était forte, et la monarchie a sauté le pas.
La cause du peuple sahraoui sera-t-elle affaiblie, selon vous ?
Les options se réduisent devant les Sahraouis. L’ouverture de plusieurs consulats à Al-Ayoun dénote la difficulté de sortir de l’impasse du statu quo.
La non-nomination d’un envoyé spécial et le soutien massif de la France à la proposition marocaine sont les préludes à un arrangement entre les grandes puissances pour solder la cause des Sahraouis.
En revanche, le deal entre Rabat et Washington montre que les éléments juridiques et politiques marocains n’ont pas convaincu. Sinon, pourquoi recourir à une politique de troc !?
Quelles seront les conséquences de cette nouvelle entente sur la région ?
Désormais, Israël est le voisin de tous les Etats arabes. Le Maghreb a échappé aux turbulences du Moyen-Orient et à la politique des alliances entretenue par Trump pour contrer l’Iran. Aujourd’hui, c’est la normalisation avec Israël qui va rythmer l’actualité politique et qui risque de cliver davantage les positions au sein du Maghreb.
Comment l’Algérie va-t-elle évoluer dans cette nouvelle configuration ?
La paralysie de l’appareil diplomatique algérien et l’absence du Président sont perçues à l’étranger comme une défaite de l’Algérie. Les Etats qui ont ouvert des missions consulaires à Al-Ayoun le font aussi contre un Etat absent qu’ils jugent comme un Etat malade, à l’instar de la Sublime porte dans ses derniers jours.
La normalisation entre Tel-Aviv et Rabat s’accompagne d’une vente d’armement américain sophistiqué et d’une collaboration étroite avec des militaires israéliens qui survoleront l’espace aérien marocain.
Rabat aspire à la position de première puissance militaire dans la région. Une configuration qui fait rêver les marchands d’armes, puisqu’elle relance une course à l’armement dans une région exténuée par les ravages du Covid et risque de mettre à mal le destin rêvé des pères de l’indépendance : le Grand Maghreb.


Propos recueillis par : KARIM BENAMAR


      Conflit du Sahara Occidental : L’odieux marchandage entre Trump et Mohammed VI

– 
par ZINE CHERFAOUI

Le président américain, Donald Trump, et le roi du Maroc, Mohammed VI, ont conclu jeudi un deal ignominieux. En contrepartie de la normalisation par Rabat de ses relations diplomatiques avec Israël, les Etats-Unis ont accepté de faire fi du droit international et de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental occupé. «Le Maroc a reconnu les Etats-Unis en 1777.

Il convient donc de reconnaître sa souveraineté sur le Sahara occidental», a tweeté Donald Trump qui a ajouté peu de temps après dans un autre tweet : «Aujourd’hui, j’ai signé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. La proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc est la ‘‘seule’’ base d’une solution juste et durable pour une paix et une prospérité durables !»

La transaction inclurait, par ailleurs, la vente au Maroc d’au moins quatre drones sophistiqués. Les responsables du département d’Etat américain devraient discuter de l’accord avec les membres du Congrès dans les prochains jours, a rapporté hier l’agence de presse Reuters, citant trois sources américaines familières avec les négociations.

Ces drones, des MQ-9B Sea Guardian fabriqués par General Atomics, ont une portée de 11 100 km et peuvent inspecter d’immenses étendues en mer et dans le désert. L’accord doit être approuvé par les membres du Congrès. Le Congrès peut en théorie bloquer un accord final, mais cela n’est pas envisagé, selon Reuters qui cite deux autres sources.

La légalité internationale bafouée

Survenue à la suite d’un échange téléphonique entre le roi Mohammed VI et le président américain, la décision du locataire de la Maison-Blanche de soutenir l’entreprise coloniale marocaine au Sahara occidental est une violation de la légalité internationale et des nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le dossier du conflit du Sahara occidental. Dernière colonie en Afrique, le Sahara occidental, qui est occupé illégalement depuis 1975 par le Maroc, est inscrit depuis 1966 à la liste des territoires non autonomes. Il est donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux.

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a d’ailleurs déclaré à ce propos, peu après l’annonce par Donald Trump et Mohammed VI de leur odieux marchandage, qu’Antonio Guterres a «une position inchangée» sur le dossier du conflit sahraoui. «M. Guterres pense (…) que la solution à cette question peut toujours être trouvée sur la base des résolutions du Conseil de sécurité», a ajouté Stéphane Dujarric lors de son point de presse quotidien. La résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, a chargé la Minurso d’organiser un référendum libre et équitable au Sahara occidental et en proclamer les résultats.

Ainsi qu’il fallait s’y attendre, le gouvernement sahraoui et le Front Polisario condamnent fermement la décision du président américain sortant, la qualifiant de «violation flagrante de la Charte de l’ONU et de la légalité internationale». «La position annoncée par Trump, qui constitue une violation flagrante de la Charte de l’ONU et de la légalité internationale, entrave les efforts de la communauté internationale visant à trouver une solution pacifique au conflit entre la République sahraouie et le royaume du Maroc», a indiqué jeudi un communiqué du ministère sahraoui de l’Information. «Ce pas intervient à un moment où l’occupant marocain a violé le cessez-le-feu après son agression le 13 novembre dernier», a ajouté la même source.

Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario ont souligné en outre que «la décision du président Trump ne change en aucun cas le statut de la cause sahraouie et que la communauté internationale ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, étant la propriété du peuple sahraoui». Dans la foulée, le gouvernement sahraoui et le Front Polisario ont appelé «les Nations unies et l’UA à condamner cette décision irréfléchie et à faire pression sur le Maroc pour mettre un terme à la colonisation du Sahara occidental». «Le peuple sahraoui poursuivra sa lutte armée afin de recouvrer sa souveraineté avec tous les moyens et les sacrifices possibles.» Le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne (UE), Abi Bouchraya El Bachir, a affirmé de son côté que l’autonomie revendiquée par le Maroc «ne constituera jamais un cadre pour le règlement du conflit au Sahara occidental», car étant contraire au cadre légal de la cause sahraouie.

Moscou dénonce une décision unilatérale

La décision de Trump a suscité des réactions de réprobation dans les plus hautes sphères du pouvoir législatif américain. L’actuel président de la Commission défense du Sénat américain, James Inhofe, et le sénateur Patrick Leahy ont ainsi déploré la démarche de Donald Trump, affirmant qu’il «ne pouvait ignorer le droit international et celui des Sahraouis à l’autodétermination». «L’annonce de la Maison-Blanche (…) alléguant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est choquante et profondément décevante. Je suis attristé que les droits du peuple du Sahara occidental aient été troqués», regrette l’influent sénateur républicain James Inhofe dans un communiqué.

Le président de la Commission défense du Sénat américain s’est toutefois dit «convaincu que les Etats-Unis seront en mesure de revenir à la politique qu’ils ont menée depuis 1966».

A l’étranger, la Russie est le premier pays à avoir condamné sans ambages l’inique marchandage entre Trump et Mohammed VI. Moscou a estimé que la décision du locataire de la Maison-Blanche «sort complètement du cadre du droit international». «Ce que les Américains ont fait ici, c’est une décision unilatérale qui sort complètement du cadre du droit international», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, cité par les agences de presse Ria Novosti et TASS. Il a ajouté que cette décision ne respectait pas non plus «les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, avec lesquelles les Américains eux-mêmes étaient d’accord».


     Le deal et le droit international / Sahara occidental : La nouvelle partie d’échecs

L’annonce de l’administration du président américain sortant Donald Trump de reconnaitre la marocanité des territoires du Sahara occidental – un dossier inscrit à l’ONU au titre des derniers dossiers de décolonisation à régler dans le monde – augure d’une nouvelle et redoutable partie d’échecs à laquelle est conviée en premier le Polisario en tant que mouvement indépendantiste et premier concerné par les conséquences à venir du séisme géopolitique que vient de provoquer dans l’ensemble nord-africain et au-delà dans le continent tout entier l’actuel chef de la Maison-Blanche.

L’Algérie, qui s’est rangée depuis le milieu des années 1970 derrière la légalité internationale et le droit des Sahraouis à l’autodétermination avec un effort politique et diplomatique sans précédent, n’en est pas moins impliquée et se retrouve soudain confrontée à une nouvelle donne qui n’est pas en faveur de la solution qu’elle a toujours défendue. Si elle craint pour sa sécurité nationale en raison de la contrepartie de la reconnaissance américaine de la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, c’est-à-dire la normalisation entre le Maroc et Israël, sa relation dite «privilégiée» avec les Etats-Unis se révèle être une historiette pour des naïfs et bascule sous le sceau de la mésentente, voire davantage… Pour Alger, l’avenir immédiat et celui à moyen terme ne seront pas une promenade de santé.
En effet, l’Algérie n’est pas une île isolée. Une réalité oubliée par plus d’un, surtout ces dernières années, et que les derniers rebondissements dans la région sont venus rappeler aux aveugles et aux myopes. Le deal Rabat-Washington-Tel-Aviv annoncé le 10 décembre dernier a surtout catapulté la question du Sahara occidental au-devant de la scène mondiale. La dimension maghrébine, même si elle ne l’était pas vraiment, de la décolonisation des territoires occupés par le Maroc a finalement volé en éclats, mais cela est loin d’être une surprise. Elle l’est que pour ceux qui se sont contentés, durant des lustres, des discours creux, sans se soucier des suites de leur inconséquence.

Le statu quo sur la question du Sahara occidental remonte à plus de 29 années, 29 années de trop. Une période durant laquelle presque aucune lueur d’espoir n’est venue éclaircir l’avenir de la région. Fatalement, cette situation ne pouvait pas perdurer. Le Maroc a donc profité de la conjoncture internationale actuelle pour s’impliquer dans une stratégie américaine, dans laquelle Tel-Aviv est totalement impliquée, et qu’appliquent plusieurs pays arabes, les monarchies du Golfe en premier.

Toutefois, le plus important des paramètres semble être oublié, ou sciemment mis de côté. Tout ce tintamarre diplomatique est fait essentiellement autour de la question du Sahara occidental, mais sans que les concernés eux-mêmes ne soient entendus. Leurs voix semblent inaudibles, pourtant elles ne peuvent qu’être importantes.
Il y a eu ainsi, depuis jeudi, les interventions médiatiques de deux officiels sahraouis. Celle de l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, Abdelkader Taleb Omar, et surtout celle du chef de la diplomatie, Mohamed Salem Ould Salek. Ce dernier s’est attardé essentiellement sur l’«aspect» US de la nouvelle donne. Le ministre des Affaires étrangères a qualifié la décision du président Trump (de reconnaitre la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental) de «position irréfléchie contraire aux principes et à la morale». Il n’omettra pas de préciser que le «troc» réalisé signe «la défaite du régime marocain dans sa guerre contre le peuple sahraoui». Un discours attendu dans un langage usuel.
C’est que la conjoncture actuelle demande d’autres mécanismes de ripostes, qui elles-mêmes sont élaborées, ou devraient l’être, bien en amont. Le monde d’avant n’est pas en train de disparaitre, mais il n’existe plus. Le temps des réactions est révolu et les postures liées au verbe «subir» sont les premiers signes d’un revers annoncé. Les faits sont là, la crise mondiale, multiforme, est trop grande pour se contenter des rafistolages et des reflexes épidermiques. Il y va de l’existence même des Etats.

MAE : «Une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international»

D’où l’importance de ce qui va se passer dorénavant, sur la scène diplomatique au moins. L’Algérie ne pouvait rester muette. Evidemment, il y a eu les «ripostes» (sic) de quelques partis politiques dont le contenu des communiqués est quasiment identique à celui des Kasmas du FLN des années 60 et 70 quand elles dénonçaient, et menaçaient même, «l’impérialisme et ses relais». Mais les plus importantes des réactions sont survenues hier. En l’absence du Président Tebboune, le Premier ministre Abdelaziz Djerad est monté au créneau, hier, en soulignant l’impératif de «ne pas occulter les périls au niveau de notre environnement immédiat en raison de l’instabilité de la région». Il n’omettra pas d’ajouter que «l’Algérie est particulièrement visée». Une réalité palpable avec tout ce qui trame aux frontières, et surtout qui donne toute l’importance à donner à un impératif, celui d’un solide front interne. D’ailleurs l’ex-ministre de la Communication Abdelaziz Rahabi l’a bien mentionné jeudi passé lors de son intervention dans «LSA Direct», l’émission web du quotidien «Le Soir d’Algérie». D’ailleurs la lecture de l’ex-diplomate est des plus intéressantes, et ses éclairages pertinents apportés lors de cet entretien, devraient être des orientations à prendre au sérieux par le gouvernement.

À noter également l’autre réaction officielle, celle du ministère des Affaires étrangères, dont le communiqué précis et clair, est venu remettre le conflit du Sahara occidental dans sa véritable dimension, celle d’une «question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international».
Et dans ce cadre, est-il ajouté dans le communiqué, la proclamation du 4 décembre, annoncée le 10, est «sans effet juridique, car elle contrevient à l’ensemble des résolutions des Nations Unies et notamment à celles du Conseil de Sécurité sur la question du Sahara occidental, la dernière étant la résolution 2548 du 30 octobre 2020, rédigées et défendues par le «porte-plume» américain.» Et le MAE de prévenir qu’elle (la proclamation) «pourrait porter atteinte aux efforts de désescalade déployés tous azimuts en vue de préparer le terrain au lancement d’un véritable processus politique et de convaincre les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, de la nécessité de s’engager, sans conditions, sur la voie du dialogue, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, appuyée par l’Union Africaine». L’Algérie, dont la position s’adosse à la «légalité internationale contre la logique de la force et des marchés douteux», réitère son «appui indéfectible à la cause juste du peuple sahraoui».


  ALGER- Le ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement, Amar Belhimer a affirmé que le choix de la normalisation des relations avec l’entité sioniste, moyennant l’occupation du Sahara Occidental était un choix « stérile » face à la volonté invincible des peuples.

Dans un entretien accordé au journal électronique « El-Khabar Press », M. Belhimer a indiqué que « l’initiative du président américain sortant Donald Trump de plébisciter l’occupation du Sahara occidental en lui reconnaissant une pseudo marocanité, moyennant la reconnaissance par le Makhzen de l’occupation des territoires palestiniens par l’entité sioniste, est un choix stérile et vain face à la volonté invincible des peuples contre l’occupation et la tyrannie ».

Concernant l’ouverture par les Emirats arabes unis d’un consulat à Laayoune occupée, le ministre a déclaré que « l’Algérie ne s’ingère pas dans les affaires internes des pays, c’est là une position de principe. Mais, par principe aussi, l’Algérie ne cessera d’apporter son soutien au droit des peuples à l’autodétermination, la cause sahraouie étant une question de décolonisation et la République arabe sahraouie démocratique étant membre fondateur de l’Union africaine (UA). De ce fait, les villes sahraouies dont Laayoune sont des villes occupées par le Royaume du Maroc ».

Par ailleurs, le ministre a fait savoir que les « acquis par lesquels la nouvelle Constitution a consolidé la liberté de la presse, y compris la presse électronique, constituent une concrétisation du projet du Président de la République visant à asseoir les fondements d’une nouvelle réalité médiatique basée sur le professionnalisme, le pluralisme, la numérisation et la créativité ».

« Pour concrétiser cette politique, le programme d’action du secteur adopté par le Gouvernement tend à consacrer la nouvelle vision de la presse nationale et à assainir le secteur des intrus et des pratiques non professionnelles ayant impacté négativement sa rentabilité ainsi que la performance de la presse en général », a-t-il ajouté.

Le ministre a également affirmé que « la réforme globale et participative du secteur constitue le point de départ du plan d’action du ministère de la Communication. Ce plan d’action déjà entamé tend principalement à revoir les cadres et lois régissant le secteur de la Communication et généraliser l’usage du numérique, notamment à travers la création de contenus cybernétiques nationaux et la qualification de la ressource humaine exerçant dans le secteur de l’information et les métiers de la presse ».

Après avoir mis l’accent sur l’importance de « la contribution positive des journalistes et assimilés aux métiers de la presse en vue de promouvoir la scène médiatique dans notre pays, sachant que cet objectif ne saurait être atteint uniquement par la réforme du système juridique mais exige de la part des parties concernées l’accomplissement de leur devoir avec un sens élevé de nationalisme et de responsabilité morale et professionnalisme », a poursuivi le ministre.


Lire aussi : L’Algérie réaffirme que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation


A une question sur le décret exécutif fixant les modalités d’exercice de l’activité d’information en ligne et la diffusion de mise au point ou de rectification sur le site électronique, publié le 25 novembre 2020, il a souligné que ce dernier avait « constitué une priorités du plan d’action du secteur en vue de prendre en charge ce nouveau type de média, en l’occurrence la presse électronique qui a facilité la communication et les transactions dans dives domaines. Néanmoins, il est aussi devenu un terreau favorable aux campagnes de stigmatisation, de diffamation et le chantage, voire d’atteinte à la réputation et la stabilité des institutions ».

« Le ministère de la Communication œuvre dans le cadre de ses prérogatives à finaliser les textes réglementaires autorisant les opérations d’hébergement », a relevé le ministre citant l’élaboration d’un projet d’arrêté portant lancement d’un appel à candidature pour l’octroi d’autorisations de création de services de diffusion télévisuelle thématiques ».

Il a estimé que cette opération contribuera au renforcement des trois textes réglementaires déjà existants relatifs à la loi sur l’audiovisuel sous forme de décrets exécutifs ».

L’opération d’hébergement dans le domaine (.dz) qui est une disposition technique et pratique « relève des prérogatives des institutions et organes nationaux habilités, à l’instar du Centre de Recherche sur l’Information Scientifique et Technique (CERIST), tandis que d’autres institutions sont chargées de l’hébergement des sites électroniques dont l’Agence presse service (APS), l’Etablissement Public de Télédiffusion d’Algérie (TDA) et Algérie Télécom ainsi que des opérateurs privés.

M.Belhimer a expliqué que l’APS « dispose d’un Data Center répondant à tous les besoins d’hébergement des sites électroniques et de stockage des contenus informatisés (stockés en cloud), tout en garantissant une sécurité maximale aux données, autant en termes d’accès qu’en matière de contenus ininterrompus 24/24H et 7/7J ».


     Ministère des Affaires étrangères: «Le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation»

par R.N.

  L’Algérie réaffirme que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’ à travers l’application du droit international, a indiqué hier un communiqué du ministère des Affaires étrangères (MAE).

«Le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international et de la doctrine bien établie des Nations Unies et de l’Union Africaine en la matière, c’est-à-dire l’exercice authentique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux dispositions de la résolution 1514 (XV) portant octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, dont la communauté internationale célèbre, cette année, le 60ème anniversaire», précise le communiqué.

Dans ce cadre, est-il ajouté, la proclamation du 4 décembre, annoncée le 10, est «sans effet juridique, car elle contrevient à l’ensemble des résolutions des Nations Unies et notamment à celles du Conseil de Sécurité sur la question du Sahara occidental, la dernière étant la résolution 2548 du 30 octobre 2020, rédigées et défendues par le «porte-plume» américain. Et le MAE de prévenir qu’elle (la proclamation) «pourrait porter atteinte aux efforts de désescalade déployés tous azimuts en vue de préparer le terrain au lancement d’un véritable processus politique et de convaincre les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, de la nécessité de s’engager, sans conditions, sur la voie du dialogue, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, appuyée par l’Union Africaine». L’Algérie, dont la position s’adosse à la légalité internationale contre la logique de la force et des marchés douteux, réitère son appui indéfectible à la cause juste du peuple sahraoui, conclut le communiqué du MAE.


Normalisation des relations entre le Maroc et Israël: Manifestations et colère au Maroc

par El-Houari Dilmi

La normalisation des relations entre Rabat et Israël continue de susciter moult réactions à travers le monde, y compris dans le royaume chérifien, avec un premier enseignement : la question du Sahara occidental côtoie, désormais, la question palestinienne.

En effet, pour tenter d’étouffer dans l’œuf toute velléité de dénonciation de cet «accord entre deux colons» selon la propre expression de la députée européenne Marie Arena, les autorités marocaines ont violemment réprimé, vendredi à Fès, des manifestants rassemblés devant la mosquée ‘El Imam Malem’, pour dénoncer la normalisation des relations avec l’entité sioniste, selon des médias locaux. Cette manifestation, à laquelle ont participé plusieurs fidèles après la prière du vendredi, intervient en réponse à l’annonce officielle de la Normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Toujours selon plusieurs médias locaux, «les autorités marocaines se sont attaquées à des fidèles pacifiques et les ont fait sortir de force de la mosquée, faisant plusieurs blessés». Les autorités marocaines ont saisi également des banderoles et des pancartes brandies par des fidèles portant des messages de solidarité avec le peuple palestinien.Un «compromis cynique», selon James Baker

Au niveau international les réactions se multiplient, dénonçant une «violation du Droit international» au sujet de la prétendue marocanité du Sahara Occidental. L’ancien secrétaire d’Etat américain, James Baker, a déclaré vendredi que la normalisation des relations entre le Maroc et Israël représentait un «compromis cynique» qui a «sacrifié» le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Réagissant vivement à l’annonce du président américain sortant, Donald Trump sur la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, James Baker a indiqué que l’accord de normalisation devait être conclu de «manière appropriée (…) et non pas en sacrifiant cyniquement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination», a encore estimé l’ancien émissaire de l’ONU pour le Sahara Occidental.

Ce dernier, a également indiqué «être d’accord « avec James Inhofe, le président de la Commission défense du Sénat américain, lorsqu’il a qualifié cette évolution de «choquante et profondément décevante». «Il semblerait que les Etats-Unis d’Amérique, qui ont été fondés avant tout sur le principe de l’autodétermination, ont abandonné ce principe s’agissant du peuple du Sahara Occidental» s’est indigné James Baker avant de conclure que cette situation était «très regrettable». Faut-il rappeler que le Maroc a eu déjà à saborder les efforts de cet ancien émissaire américain, en 2004, lorsqu’il a rejeté son plan de paix qui maintenait le principe d’autodétermination, en exigeant la tenue d’un référendum au terme de cinq années de la mise en œuvre de l’accord de paix.

«Une humiliation au peuple marocain»

L’Organisation marocaine de soutien aux causes de la nation a annoncé son rejet à l’accord de normalisation entre le Maroc et l’entité sioniste, en contrepartie de la reconnaissance du président américain sortant, Donald Trump, de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental et l’ouverture d’un consulat à la ville occupée Dakhla, affirmant que «le peuple marocain n’acceptera point cet accord».

Dans un communiqué publié jeudi, l’Organisation marocaine a rejeté catégoriquement cette «démarche unilatérale et irréfléchie qui aura des incidences négatives sur la Cause palestinienne ainsi que sur l’histoire, la stabilité, l’avenir et les relations régionales du Maroc». La même organisation a estimé que «l’accord de normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste constitue un coup asséné à la Cause et au peuple palestinien ainsi qu’une humiliation au peuple marocain qui a toujours refusé toute normalisation et soutenu le droit des Palestiniens». Répondant aux justifications du régime marocain concernant l’accord de normalisation, ladite organisation a fait savoir que «tous les pays ayant conclu un accord de normalisation ne dévoilent pas les clauses humiliantes et abjectes de cet accord et annoncent des objectifs imaginaires à leurs peuples».

Saluant la position des Marocains «qui rejettent l’accord de normalisation et soutiennent le droit des Palestiniens», l’Organisation a appelé «toutes les instances décisionnelles des partis et les organisations syndicales à condamner cet accord et à lancer une action collective afin de faire face à toutes ses formes».

Elle a également lancé un appel au peuple marocain afin d’ «organiser des manifestations pacifiques pour exprimer sa position vis-à-vis de cet accord, tout en respectant les mesures sanitaires», affirmant que la Cause palestinienne est également celle du peuple marocain.

Les droits des Sahraouis troqués contre 3 milliards de dollars

Pour convaincre le Maroc d’accepter de normaliser ses relations avec Israël, Trump a reconnu la souveraineté du royaume sur le Sahara Occidental et promis «trois milliards de dollars» d’investissements, relate le «New York Times», qui précise qu’une société du roi Mohamed VI en est bénéficiaire. «Le Maroc n’a pas commenté ces informations», selon l’Agence de presse ‘Sputnik’ qui a relayé cette information.

En 2017, alors que les États-Unis étaient en négociations avec le royaume chérifien sur la question de la normalisation des relations avec Israël, en contrepartie de la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, l’administration Trump « a promis trois milliards de dollars d’investissements directs au gouvernement marocain», rapporte le ‘New York Times’ (NYT). Selon ce même média, un sénateur républicain a indiqué que les négociations ont eu lieu entre les deux parties «par l’intermédiaire de l’homme d’affaires Yariv Elbaz». «Lors de discussions datant de 2017, les responsables ont discuté de la promesse de la reconnaissance américaine du Sahara Occidental comme condition du réchauffement des relations avec Israël», écrit le NYT. «Par la suite, M. Elbaz a informé le gouvernement marocain que l’administration Trump était disposée à aider le royaume en investissant jusqu’à trois milliards de dollars dans le pays». Indiquant que cette opération sera parrainée par la Société américaine de financement du développement international, le média précise qu’« une bonne partie de ces fonds sera investie dans des banques marocaines, des hôtels et une société spécialisée dans l’énergie renouvelable appartenant au roi Mohamed VI». Par ailleurs, le journal cite le sénateur républicain de l’Oklahoma, James Mountain Inhofe, président du Comité des forces armées du Sénat des États-Unis, qui a adressé une missive à l’administration Trump sur ce sujet, affirmant que «les droits du peuple du Sahara Occidental avaient été troqués».

Des drones américains pour le Maroc

Le 10 décembre, quelques heures après l’annonce par Trump de l’accord de normalisation des relations entre le Maroc et Israël, ‘Reuters’ rapportait que «les États-Unis négociaient la vente d’au moins quatre gros drones avancés, à Rabat et que des discussions avec les membres du Congrès auront lieu dans les prochains jours, à ce propos». Selon la même source, il s’agirait de quatre drones de type ‘MQ-9B Skyguardian’ d’un rayon d’action de 11.000 km, ce qui permettra au Maroc de balayer de vastes territoires en mer et dans le désert. Dans un entretien accordé à ‘Sputnik’, Oubi Bouchraya Bachir, membre de la direction du Front Polisario chargé de l’Europe et de l’Union européenne, affirme que la « démarche du Maroc n’est pas du tout surprenante et a le mérite, enfin, de démasquer auprès des peuples marocain, arabes et musulmans l’hypocrisie de 60 ans de fausse solidarité du royaume avec le peuple palestinien et sa cause juste contre l’occupant israélien».


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