Après le rapprochement militaire signé hier entre Rabat et Tel-Aviv : Le Maroc, porte-avions d’Israël au Maghreb

       Le Maroc et Israël ont conclu hier un accord-cadre de coopération sécuritaire «sous tous ses aspects (planning opérationnel, achats, recherche et développement, etc.). Ce rapprochement militaire entre les deux parties intervient une année à peine après la normalisation de leurs relations. Il signale de nouveaux développements dans le théâtre de guerre au Sahara occidental. Il annonce surtout une intrusion claire d’Israël dans l’espace stratégique maghrébin et une menace directe pour l’Algérie.

PAR NAZIM BRAHIMI
Après la normalisation de leurs relations diplomatiques, le Maroc et Israël sont passés à un autre niveau dans leur coopération, en signant un «accord sécuritaire sans précédent» qui intervient dans un contexte de tension entre l’Algérie et le royaume chérifien.
Cet accord-cadre, conclu dans le cadre de la coopération sécuritaire «sans précédent», a été paraphé à l’occasion de la visite, qualifiée d’historique, du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, reçu à son arrivée à Rabat par le ministre délégué chargé de l’Administration de la Défense nationale marocaine, Abdellatif Loudiyi.
Visiblement ce rapprochement militaire entre Rabat et Tel-Aviv est à considérer comme une intrusion claire de la présence militaire israélienne dans le Maghreb. Ce qui met l’Algérie sur un double front sécuritaire, mais aussi diplomatique dans la mesure où Alger doit également faire face avec la donne d’Israël comme membre observateur de l’Union africaine.
Le document signé lance formellement la coopération sécuritaire «sous tous ses aspects» (planning opérationnel, achats, recherche et développement, etc. entre les deux pays, un an à peine après la normalisation de leurs relations, face aux «menaces et défis dans la région», selon la partie israélienne.
Il s’agit, pour M. Gantz, qui a déposé une gerbe au mausolée Mohammed V, qui accueille la sépulture du «père de l’indépendance marocaine» et celle de son fils Hassan II, d’une chose «très importante qui nous permettra aussi d’échanger nos opinions, de lancer des projets conjoints et favorisera les exportations israéliennes jusqu’ici».
«Nous sollicitons leur bénédiction et regardons vers notre avenir commun – un moment où le lien entre nos peuples s’approfondit et nos nations s’unissent pour offrir une vision de paix partagée», a écrit le ministre israélien sur le Livre d’or, selon des médias.
Avant son départ de Tel-Aviv, mardi soir, il avait évoqué «un voyage important au Maroc qui a une touche historique car il s’agit de la première visite formelle d’un ministre de la Défense israélien dans ce pays». La signature de cet accord marque ainsi une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays, mais qui auront vraisemblablement un nouvel impact sur les rapports géostratégiques dans toute la région marquée par une succession de tensions.

Nouvel impact sur les rapports géostratégiques

Le Maroc et Israël avaient établi, pour rappel, des relations diplomatiques au début des années 1990 avant que le Maroc n’y mette fin au début de la Seconde intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000.
Désormais alliés dans un contexte régional tendu, ils ont renoué des relations en décembre 2020 dans le cadre des «Accords d’Abraham», processus de normalisation des relations entre l’Etat hébreu et des pays arabes soutenu par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump.
Le 24 août dernier, l’Algérie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc sur fond d’actes hostiles de longue date perpétrés par Rabat contre l’Algérie et qui se poursuivent jusqu’à maintenant».
L’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc à partir d’aujourd’hui», a déclaré M. Lamamra au cours d’une conférence de presse, durant laquelle il a annoncé la décision des autorités algériennes.
Auparavant, c’est le Haut-conseil de sécurité, présidé par le président de la République, qui a souligné que les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l’intensification des contrôles sécuritaires aux frontières Ouest.
Le 31 octobre dernier, le président Tebboune a ordonné à la compagnie nationale Sonatrach de ne pas renouveler le contrat commercial avec l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE).
La tension entre les deux pays franchira, début novembre, un autre seuil avec l’assassinat de trois ressortissants algériens sur la liaison Nouakchott-Ouargla, ce à quoi El Mouradia a réagi en promettant «une riposte».
L’assassinat «ne sera pas impuni», avait annoncé la présidence de la République, qui a relevé que «plusieurs facteurs désignant les forces d’occupation marocaines au Sahara Occidental comme ayant commis, avec un armement sophistiqué, ce lâche assassinat».


      Face aux multiples dangers qui guettent le continent

                          Lamamra prône la digue «panafricaine»

Le président Sassou-Nguesso a fait part du «soutien de son pays aux démarches algériennes en faveur de la paix et de la stabilité» en Afrique.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a fait sienne cette citation de Massinissa le roi numide qui décréta, il y a plus de 2000 ans: «L ‘Afrique aux Africains». Lors de son entretien avec le président Sassou Nguesso, qui l’a reçu au terme de sa visite au Congo Brazzaville, le ministre des Affaires étrangères a prôné la digue «panafricaine» pour «faire face aux maux qui minent le continent. Le terrorisme est l’un des plus grands défis qui se dressent devant la marche du continent noir. Le chef de la diplomatie algérienne a alerté sur « la montée inquiétante» de ce fléau en Afrique insistant à « développer une volonté politique» afin de parvenir à «s’attaquer aux causes sous-jacentes du terrorisme, quelle qu’en soit la nature». Le président congolais et le ministre algérien ont convenu qu’«il est impératif d’agir de concert avec les autres bonnes volontés à travers le continent, pour apporter des solutions justes et durables, à l’ensemble de toutes ces situations».

L’audience a permis aux deux responsables de passer en revue les relations bilatérales privilégiées et solides entre les deux pays. Ils ont également échangé les vues sur les derniers développements sur la scène continentale, notamment les situations prévalant dans nombre de zones de conflit dans le continent africain et le défi imposé par l’élargissement de l’ampleur et la montée de la menace terroriste. Les entretiens ont été couronnés, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, par «l’engagement des deux pays à oeuvrer de concert pour raffermir la solidarité entre les pays africains». Un engagement de taille dans cette conjoncture marquée par de graves perturbations souvent imposées à l’Afrique par des forces étrangères. Une situation qui impose de hisser l’action africaine commune face aux défis, notamment sécuritaires et politiques «dans le respect des principes de l’acte constitutif de l’Union africaine afin de trouver des solutions africaines aux problèmes africains».

Affirmant le soutien de l’Algérie aux efforts consentis par la République du Congo à la tête du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye, Ramtane Lamamra a relevé l’importance d’assurer «l’appui nécessaire aux frères libyens pour la réussite de l’important rendez-vous électoral prévu avant la fin de cette année».

De son côté, le président Sassou-Nguesso a fait part du «soutien de son pays aux démarches algériennes en faveur de la paix et de la stabilité en Libye et dans d’autres régions du continent», saluant «son engagement ferme au profit des causes du continent». Le président congolais a également chargé Lamamra de transmettre ses salutations à son frère, le président Abdelmadjid Tebboune, exprimant sa volonté à oeuvrer avec lui en vue de promouvoir les relations bilatérales, concrétiser les objectifs escomptés à travers les agendas continentaux dans les domaines de la paix, de la sécurité. L’Algérie et la République du Congo sont unies par des liens historiques et politiques forgés par la conviction partagée des principes de dignité humaine et de solidarité africaine. Depuis les deux dernières années, une nouvelle dynamique a marqué les relations entre les deux pays, notamment par les échanges de visites ministérielles et la coordination régulière sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun.

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