MAURITANIE

REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE

Quelques indicateurs et Chiffres du bilan-programme gouvernemental (à partir du discours du premier ministre mauritanien ce jeudi devant le parlement).

♦ La réserve de la BCM a atteint fin octobre 900 millions de dollars, suffisamment pour couvrir 6 mois d’importations et de services du pays 
♦ L’inspection générale d’état a réalisé 107 missions au cours des 4 dernières années, 27 en 2018 dont 18 ont été achevées. Ces différentes inspections ont révélé des préjudices financiers pour l’état de l’ordre de  719 millions MRU. 
♦ La caisse de dépôts et de crédits a octroyé plus d’un milliard de prêts à 400 petits et moyens promoteurs, créant ainsi 300 emplois. 
♦ 7600 projets d’auto emplois pour une enveloppe globale de 713 millions MRU dans le cadre du fonds d’appui à l’emploi. 
♦ Le programme national intégré pour l’appui de la décentralisation, le développement local et l’emploi des jeunes a financé 563 projets pour la construction d’infrastructures économiques au profit de 100 municipalités pour une enveloppe de 10,4 milliards anciennes ouguiyas dans les secteurs de l’enseignement, la santé, les routes, les réseaux d’eau potable, l’électricité, les marchés municipaux, des sièges municipaux etc… 
♦ Le gouvernement a pris les dispositions nécessaires pour organiser dans les meilleures conditions les prochaines échéances électorales. les moyens nécessaires à cette fin ont été programmés dans le projet de budget initial pour 2019. 
♦ L’état a investi 1 milliard MRO afin de permettre aux dockers du port autonome de Nouakchott de bénéficier des services de la caisse nationale de sécurité sociale. 
♦ Dès2019 la gestion de l’aéroport international de Nouakchott, Oumtounsi sera confiée à un promoteur international spécialisé afin de préserver cette infrastructure et en assurer le rendement. 
♦ Le chiffre d’affaires du secteur de la pêche pour 2018 a été estimé à 900 millions de dollars contre 450 millions en 2014 et le secteur offre actuellement près de 60.000 opportunités d’emplois. 
♦ La prise en charge des malades indigents et les aides qui leur ont été consenties ont coûté à l’état 336 millions MRU et ont bénéficié à 32.853 malades évacués à l’étranger. 

Loi de finances 2019 : hausse de 4 % du budget initial de l’ État

12 novembre 2018

Le budget initial  de l’état mauritanien pour l’année 2019 va s’équilibrer en ressources en  dépenses d’un montant de  68,87 milliards d’Ouguiya (MRU) contre 66,34 milliards (MRU), précédemment, soit une hausse de 4% en valeur relative et de 2,53 milliards en valeur absolue.

C’est à l’issue des réunions, tenues, les 10 et 11  novembre  à l’assemblée nationale entre la commission des finances de l’institution et  le ministre de l’économie et des finances, Mokhtar Ould Diaye  que ces chiffres ont été avancés.

Au cours de ces séances plénières, la commission ainsi que le ministre ont également passé en revue les grandes lignes du projet de loi, relevant les changements intervenus dans ce budget par rapport à celui de 2018. Dans le même sillage, l’argentier  de l’État a apporté  des éclaircissements sur le budget de 2018 mais également  celui de  2019.

Rappelons que l’assemblée nationale avait adopté l’année dernière un budget  de 51,8 milliards ouguiyas (MRU), soit environ 1,4 milliard de dollars. □   IbrahimaJunior Dia

Le Premier ministre: Nous avons obtenu des résultats dans le domaine de l’éducation et des problèmes se posent

Le Premier ministre mauritanien, Mohamed Salem Ould Beshir, a déclaré samedi qu’il existait des « problèmes en matière d’éducation », soulignant  que le gouvernement cherchait des « solutions », tout en soulignant que « de nombreux progrès » avaient été réalisés dans ce secteur.


Articles connexes & commentaires

Mensuel d’informations générales sur la Mauritanie 9 juillet 2018

Migration en Mauritanie, du sécuritaire vers une vision de développement  

Jusque-là parents pauvres des politiques migratoires, notamment dans la Stratégie nationale de gestion de la migration de 2010 taxée de trop sécuritaire, la diaspora mauritanienne à l’étranger et les étrangers résidant en Mauritanie prennent de l’intérêt pour les autorités, grâce à leur apport dans le développement socio-économique du pays. Une réflexion qui a mobilisé, du 4 au 6 juillet 2018, experts nationaux et internationaux, sur la base d’une recherche-action sur les mobilités ouest-africaines initiée par le Groupe de Recherche et de Réalisations pour le Développement Rural (GRDR), l’Union européenne, Alianza Por la Solidaridad et l’Université Al Asriya de Nouakchott.

Entre une journée de visite à l’Université Al Asriya et deux jours de débats à la Chambre de Commerce, les invités du « Forum sur les migrations au service du développement des territoires » ont abordé la question de la mobilité humaine dans l’espace ouest-africaine.

M. Boubou Camara, président du Conseil Représentatif des Mauritaniens en Espagne (CRME) et Mme Haya Diarra, membre de l’association ont fait entendre la voix de leurs concitoyens confrontés à de multiples problèmes, au Maroc avec un visa de transit de trois jours au lieu de sept, la double nationalité, la confiscation des cartes de séjour aux frontières, la question du transfert des pensions et allocations familiales des émigrés, les taxes de douane sur lesbiens des retraités et migrants de retour définitif au pays.

L’Europe ne reçoit que 0,07% de la migration mondiale
Les problèmes liés à la migration ont été abordés au cours du forum où les experts conviés à la réflexion ont tenté de trouver des réponses, sur labase de l’étude menée par le GRDR, l’Union européenne, AlianzaPor la Solidaridad et l’Université Al Asriya.

PourM.Christophe Christodoulides de l’OIM, la migration n’a pas seulement des aspects négatifs. Il trouve par ailleurs que la nature humaine du migrant devrait primer sur son statut, avant de mettre l’accent sur l’importance de l’intégration entre pays d’origine et pays d’accueil.

M. Pierre Kamdem, Chercheur, a pour sa part, mis en exergue les apports positifs de la migration dans le développement socio-économique des pays d’accueil et d’origine. Selon lui, la migration inter-africaine représente plus de 75% de la migration africaine, et la part vers l’Europe de 9 %, s’étonnant des discours alarmistes face au phénomène.

M. Mohamed Bouguidou du Maroc et Pape Demba Fall de l’Université Cheikh AntaDiop, qui a fait le parallèle entre migration et ressources, ont chacun donné leur propre expérience et celui de leur pays.

M. Serge Maraite est revenu quant à lui sur les projets européens en Mauritanie dans le domaine de la migration, citant la Stratégie nationale dont le volet sécuritaire a connu, selon lui, plus de succès que les autres aspects, la gouvernance, le genre, la radicalisation, la protection des enfants. La question migratoire, avouera-t-il, est par sa sensibilité confinée dans sa dimension politique, rappelant le débat qu’elle suscite en Europe, bien que la part des migrants n’y représente que 0,07% sur la migration mondiale. Il a souligné que les autres aspects sur les causes profondes de la migration, sur la protection de l’enfance ou encore la lutte contre la migration clandestine financés sur le Fonds fiduciaire pour le Sahel à hauteur de 50 millions d’Euros pour la Mauritanie, entre dans le cadre d’une nouvelle orientation des politiques migratoires en Mauritanie..

Diaspora et territoires d’origine
Le maire de Sélibaby, M.Hadrami Weddad, a présenté sa commune, évoquant l’historique d’un peuplement né de la migration en provenance des autres communes proches. Il a mis en exergue la position stratégique de Sélibaby, plaque tournante d’un commerce transfrontalier avec le Mali et le Sénégal, et les importants flux financiers drainés par mois, environ 300 millions UM, qui ne profiteraient qu’aux huit banques commerciales. Evoquant le rôle de la diaspora basée en Europe, il a souligné qu’elles’investit depuis des générations dans la construction d’écoles, de structures de santé, de forages, de bâtiments publics, dont la »Maison du Guidimagha » qui comble un vide sur le plan de l’accueil. Il a également évoqué la présence de communautés étrangères à Sélibaby, Ivoiriens, Burkinabés, Sénégalais et Maliens, et leur apport dans l’économie locale. Le maire de Riadh, M. Cheikh Ould Maata, s’est livré au même exercice.

A noter quel’ouverture officielle de ce forum, qui s’inscrit dans le cadre du projet Migration et Développement en Mauritanie (MIDRIM) a été marqué par le discours du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, M. Sidi Salem qui a mis l’accent sur le leadership de la Mauritanie sur les questions migratoires en Afrique, soulignant que ce pays a toujours été une terre d’accueil, de transit et de brassage, et que le nombre d’étrangers en Mauritanie représente 2,5% de la population.

Auparavant,l’Ambassadeur de l’Union européenne en Mauritanie, SEM. Giacomo Durazzo, avait salué un projet MIDRIM lancé en 2016 pour un budget de 750.000 euros et qui arrive à son terme, soulignant qu’il s’inscrivait dans le cadre de la Stratégie nationale de la migration, en tant que projet pilote dans une thématique peu connue,à savoir les enjeux entre les formes de migration et le développement local. Il visait, selon lui, à valoriser l’apport des migrants dans le développement du pays, grâce à une cartographie de la diaspora mauritanienne en Europe (Belgique, France, Espagne) basée sur les compétences et la production de profils migratoires dans 4 communes pilotes (Kaédi, Nouadhibou, Sélibaby et Riadh)

A son tour,  le Président de l’Université de Nouakchott, M. Ahmedou Ould Haouba avait évoqué la position géographique de la Mauritanie, aux portes de l’espace Euro-méditerranéen, ce qui en faisait pendant des années un territoire de passage avant le maillage territorial par un verrouillage frontalier qui a permis de freiner les flux migratoires vers l’Europe.    Cheikh Aïdara

/SaharaMedia/

12.09.2017

Bouamatou/ Aziz : Origines et perspectives d’un conflit personnel aux retombées nationales

Plus d’un observateur non averti, peut trouver paradoxal, disproportionné,socialement inexplicable, historiquement sans précèdent–exception faite du différend qui a opposé il y a trente-six ans l’homme d’affaires Haba a l’ancien président Haidalla- l‘actuel conflit qui oppose M. Bouamatou à son cousin de président. La particularité de ce nouveau duel est qu’il est en train de prendre la forme d’une métastase  aux développements si rapides et si dramatiques, qu’elle s’étend à des domaines socio-politiques aussi différents que la représentation nationale (sénateurs), la presse, les syndicats et, probablement bientôt, des partis politiques dans une incompréhension totale de l’opinion quant aux véritables enjeux de ce duel de Titans.
 En effet, il est difficile pour le mauritanien moyen, se référant aux seuls outils traditionnels d’analyse : appartenance tribale, défense del’intérêt personnel immédiat, occupation d’un espace politique donnant un accès facile à la manne de l’Etat, de comprendre comment un homme aussi intelligent que Bouamatou et un président si aussi soucieux de la défense de ses intérêts personnels qu’Aziz, n’aient pas réussi à trouver un compromis mutuellement avantageux, donnant à chacun la possibilité  de se mouvoir et d’être seul  maître dans son domaine « naturel » : le business pour l’un, le politique et  le sécuritaire pour l’autre.
 

Le but de ces lignes est de donner quelques clefs d’analyse permettant de comprendre les origines et les perspectives de ce conflit. Avec l’ambition, de susciter un débat dans les milieux de la presse qui, à travers des contributions individuelles permettra de disposer d’une boite à outils conférant la possibilité de suivre objectivement ce conflit et surtout d’en anticiper les développements futurs. Car, à n’en pas douter, ce différend, s’il n’est pas contenu dans des proportions raisonnables, peut à terme menacer la stabilité du pays.

Un conflit né à la suite du coup d’Etat de 2008.

Beaucoup de Mauritaniens en sont conscients : Monsieur Bouamatou a apporté un soutien décisif à la réussite du coup d’Etat contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Mais peu ont une idée précise de la forme que cesoutien a pu prendre. Mais surtout, ils ignorent combien la facture payée par l’homme d’affaires pour la réussite du putsch a été à la fois extrêmement lourde et multiforme. 
 Avant d’énumérer les éléments constitutifs de la douloureuse payée par le Président de la GBM, et qui explique la haine froide qu’il nourrit à l’égard d’Aziz, Il importe de rappeler qu’il n’était pas dans l’intention profonde de ce dernier en 2008, de faire un coup d’Etat. Tout comme il n’était personnellement pas préparé à occuper les hautes sphères de l’Etat comme il le fait aujourd’hui. 
 Se sentant marginalisé par un Président dont il n’avait pas parrainé la candidature, mais auquel il avait apporté un soutien décisif, Aziz que sa nature porte peu à pardonner « l’ingratitude », a décidé de jouer un jeu dangereux : tordre le bras au marabout et lui montrer que la majorité dont il dispose n’était pas la sienne. Et montrer à Sidi Ould Cheikh Abdallahi qu’il était, certes, un président démocratiquement élu, mais qu’il avait des obligations et des devoirs à l’égard de  partenaires qui avaient été les véritables artisans de son élection, et qui, de ce fait, entendaient s’arroger une sorte de « régence démocratique ». 
 

C’est cette stratégie qui a abouti à la naissance des députés frondeurs, agissant sous l’ordre des généraux et ne reconnaissant comme autorité que celle du général commandant du BASEP. Une situation que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne pouvait tolérer,sauf à accepter l’infamie d’être un président par procuration.Jaloux de ses prérogatives et poussé par des conseillers ignorant que la légitimité politique n’a d’effet qu’adossée à un rapport de force militaire favorable, Ould Cheikh Abdallahi commit l’irréparable en destituant les généraux. 
 Le tourbillon ainsi créé mettait Ould Abdel Aziz dans une position des plus inconfortables. Pris entre les deux termes d’une alternative tout aussi douloureux l’un que l’autre, il n’avait le choix qu’entre se faire évincer du centre de décision d’un pouvoir qu’il a arraché pas de haute lutte, ou faire le ‘’le coup d’Etat de trop’’ comme il le reconnaitra lui-même, mettant ainsi fin à la jeune et prometteuse démocratie Mauritanienne. 
 

Mais le plus difficile n’était pas d’accomplir une forfaiture aussi énorme, mais plutôt de la faire avaler à l’opinion publique nationale et, surtout, triompher des réticences d’une communauté internationale devenue intransigeante vis-à-vis des changements antidémocratiques. La tache paraissait d’autant plus grande, que le général et ses compères de l’armée étaient inconnus sur le plan international. De plus, l’image que l’opinion nationale avait de certains des officiers les plus déterminés dans la réussite du putsch, lescolonels Ould Hadi et Ould Baye, notamment, était tout sauf glorieuse.  
 Dans un tel contexte, et face à l’enjeu crucial qu’était la vie ou la mort d’une jeune démocratie défendue par un front politique alliant la légitimité démocratique et une exceptionnelle (et inhabituelle) capacité de mobilisation, l’attelage putschiste semblait peser d’un poids bien léger, et peu se seraient risqués à parier une ouguiya sur la réussite du coup d’Etat. 
  Et c’est en cela que l’engagement de l’homme d’affaires sera déterminant comme le montrera la suite. 
 

Bouamatouou le Superman du coup d’Etat
 Disons le tout de suite et le plus clairement du monde : Aucun démocrate digne de ce nom, ne saurait pardonner à Monsieur Bouamatou d’avoir contribué aussi efficacement, à l’assassinat de cette expérience politique,fruit d’un débat démocratique sans précèdent dans l’histoire de notre pays, les fameuses journées de concertation. 
 Bouamatoua initié de nombreuses actions de bienfaisance, intelligentes, bien ciblées et réellement désintéressées. La plus emblématique et la plus noble d’entre elles est l’hôpital ophtalmique qui portes on nom. Une idée de génie que tout le monde lui envie. Rien de tout cela, pourtant ne pourra atténuer la responsabilité historiquequi est la sienne dans le succès de la forfaiture d’Aziz.

Pour la réussite du coup d’Etat, Bouamatou a agi sur plusieurs plans.
 

– 1/ En direction de l’Elysée : C’est là l’action la plus déterminante. En effet, on se rappelle que le Quai d’Orsay avait publié, dès les premières heures du putsch, un communiqué condamnant fermement le coup d’Etat. Une réaction d’autant plus inquiétante pour les généraux, qu’ils ne disposaient ni individuellement ni collectivement d’entrée significative auprès du Président de l’époque M. Sarkozy. Ould Abdel Aziz avait certes entrepris quelques semaines auparavant, un voyage ‘’explicatif’’au Maroc et en France, pour entre autres, donner sa version du différend qui l’opposait à son président, faisant valoir le prétendu laxisme de ce dernier quant à la lutte contre le terrorisme. Mais il n’a été reçu que par un responsable de la cellule Afrique au Quai d’Orsay. Rien qui puisse servir de cautionna un acte aussi grave qu’un coup d’Etat.
 

Bouamatou, lui, agira à des niveaux beaucoup plus élevés, et donc plus efficaces. Il ira activer son réseau d’affaires par l’intermédiaire d’une personnalité connue dans les milieux de la France-Afrique de ces dernières décennies, en l’occurrence l’avocat franco-libano-Sénégalais Robert Bourgi. Né au Sénégal, ayant fait ses armes sous l’aile de Jacques Foccart, l’homme des louches ‘’affaires africaines’’ de De Gaulle, Bourgi, était en 2008 bien introduit dans les hautes sphères de l’exécutif français. Il se vantait d’être ‘’un ami très écouté de Nicolas Sarkozy », comme il le dira au quotidien le Monde un an plus tard, en 2009. Une assertion difficile à démentir quand on sait que le président Français l’avait décoré en 2007 de la prestigieuse légion d’honneur. L’avocat d’affaires et ami de Bouamatou avait aussi un intime dans le sérail présidentiel en la personne de Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, et de fait patron du Quai d’Orsay, Bernard Kouchner, ministre d’ouverture, ne jouissant que modérément de la confiance de Sarkozy.
 

Une amitié assumée par Claude Guéant, même aux plus mauvais moments de sa carrière. Apres la défaite de Sarkozy, et mis en examen pour corruption , Bourgi avoue a la justice française avoir livré, de la part de chefs d’Etats africains, des valises remplies de billets de banque, destinées aux hauts responsables politiques français et cite son ami Claude Guéant. Ce dernier, tout en niant être impliqué, concède aux juges ‘’Oui, je le voyais quand j’étais à l’Elysée comme secrétaire général (entre 2007 et février 2011), parce que c’était un bon connaisseur de l’Afrique’’.De là à penser que, parmi ces valises, on puisse compter une ou deux qui viennent de la Mauritanie, il n y a qu’un pas, si l’on tient compte de l’enjeu, la réussite d’un putsch contre une jeune démocratie.
 

En plus du réseau Bourgi, on parle même de l’engagement d’un autre homme,Vincent Bolloré. Á la tête d’un empire de logistique et de transport dont il est propriétaire, gérant de dizaines de terminaux dans les ports africains les plus actifs, propriétaire du groupe de presse CANAL+, Bolloré est aussi l’ami intime du président Sarkozy dont il a financé en grande partie la campagne. On se rappelle en France, que la nuit de l’élection du président Français, c’est sur le Yacht de Bolloré que la fête fut célébrée; en dépit de l’indignation de l’opinion publique française contre ce qui peut être considéré comme un ‘’inceste politique’’ entre le milliardaire à l’empire tentaculaire et le nouveau président.
 

Quoi qu’il en soit, l’action de lobbying mise en place par le réseau Bouamatou, inhiba toute volonté internationale de revenir sur le fait accompli du coup d’Etat et s’attèlera à la gestion de l’après putsch. Ce fut un tournant décisif dans la réussite du projet mal préparé d’Aziz.
 

– 2/ Sur le plan continental : Le réseau français sera aussi mis en branle pour obtenir la bénédiction du dirigeant libyen, Kadhafi avec lequel les relations françaises étaient alors au beau fixe. Lui aussi, avait contribué au financement de la campagne de Sarkozy. Le guide libyen s’apprêtait à prendre la tête de l’Union Africaine (février 2009) et comptait de nombreux appuis sur le continent, en particulier chez nos amis Maliens. On se rappelle son cri « six, six » au Palais des congrès de Nouakchott. 
 

De l’autre côté du fleuve, le réseau Bourgi/Bouamatou qui s’étend jusqu’à la famille du Président Wade, (Bourgi est un intime de KarimWade, le fils du président sénégalais de l’époque) a lui aussi été mis à contribution, en dépit de la vielle amitié qui lie ce dernier à Sidi Ould Cheikh Abdallahi. 
 

 A ce propos, les négociateurs des accords de Dakar se rappellent l’évolution lente mais inexorable de la position de Cheikh Tidiane Gadio, ministre sénégalais des Affaires étrangères vers un soutien au fait accompli du putsch, entrainant dans son inclination l’Algérien et tout puissant commissaire pour la Paix et  la Sécurité de l’Union Africaine,  le très habile Ramtane Lamamra, futur ministre des Affaires étrangères de son pays, envoyé comme médiateur dans le conflit Mauritanien.. 
 

 S’agissant du soutien du Maroc, WikiLeaks en donna une version détaillée. Il a permis de neutraliser la farouche hostilité américaine au coup d’Etat, matérialisée par les relations exécrables qui existaient entre l’ambassadeur américain à Nouakchott, Mr Brown et le président putschiste Aziz. Selon l’organisation internationale, la diplomatie marocaine, par l’intermédiaire de son groupe de lobbying aux USA, aurait convaincu le Département d’Etat de ne plus exiger le retour du Président renversé et de donner leur chance aux négociations de Dakar. Mieux encore et plus difficile, la diplomatie Marocaine a obtenu du Département d’Etat que ce soit l’Ambassadrice américaine dans la capitale sénégalaise qui représentera son pays dans les négociations de Dakar en place et lieu de Mr Brown auquel revenait ce rôle. En effet, la question étant mauritanienne, ce sont les ambassadeurs accrédités à Nouakchott qui devaient représenter leurs pays aux négociations,même si celles-ci avaient lieu à Dakar. Mr Brown fut le seul absent, sans doute en raison de son hostilité au putsch. A ce propos, il importe de noter que le Président de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud , qui négociait au nom du front soutenant Sidi OuldCheikh Abdallahi, dira plus tard à certains de ses proches, que tout au long des négociations, l’opposition la plus farouche et la plus déterminée qu’il eut à rencontrer fut celle de l’ambassadrice américaine à Dakar. ‘’Cette dame s’est appliquée à déjouer tous les scénarios que j’ai élaborés, elle agissait avec une détermination et une vigilance qui m’ont paru suspectes’’ se rappelle Ould Maouloud. 
 

Si on peut supposer que le Maroc ait pu apporter son soutien pour des raisons qui lui soient propres : les principaux auteurs du putsch, Aziz et Ghazwany sont des anciens des écoles militaires marocaines. Aziz aen plus eu la délicatesse de venir quelques semaines avant le coup d’Etat plaider sa cause à Rabat, reconnaissant par ce fait ‘’un droit d’ingérence du Maroc dans les affaires mauritaniennes’’.Le général est aussi, matrimonialement parlant, le beau-fils du royaume. Autant d’atomes crochus auront-ils été suffisants pour obtenir la bénédiction des diplomates marocains ? On ne saurait le dire. Mais même dans ce cas, l’engagement de Bouamatou, ses nombreuses relations dans le milieu des affaires à Rabat ont sans doute constitué une opportune cerise sur le gâteau.
 

– 3/ Au plan national : Bouamatou a agi au moins sur trois fronts :                 (a) Eteindre des foyers de tension sociale créé par le putsch,                          (b) empêcher la création d’un large front politique anti-putsch,                     (c) financer la campagne. 
 

– S’agissant des fronts sociaux, il s’est attelé dansl’immédiat à traiter le problème de la première dame : Khatou Mint Elboukhary. Cette dernière dont le mari a été enlevé de ses  bureaux de la présidence, est restée avec sa famille dans un palais encerclé. N’étant pas du genre à se faire malmener sans réagir, elle commençait à téléphoner aux médias internationaux criant à la séquestration et à la prise d’otage. Il a fallu toute la diplomatie de Bouamatou pour (1) convaincre Aziz de le laisser gérer cette sensible question (2) persuader cette tigresse en furie de Khatou de se faire extraire du palais en emportant tous ses effets  personnels. Ce qu’elle fit en étant large sur l’inventaire, selon certaines rumeurs. 
 

 Ce ne fut pas là le seul foyer duquel il fallut s’occuper : Au lendemain du coup d’Etat, Aziz avait mis aux arrêts quelques cadres qu’il accusait d’hostilité à son égard. La finesse n’étant pas sa qualité première, cette chasse aux sorcières a pris une tournure tribale du plus négatif effet pour le nouveau régime. Bouamatou, à l’époque président du patronat, engagea son organisation dans le conflit, et entreprit de payer les cautions réclamées, cautions que les détenus refusaient, à juste titre, d’honorer. Tout comme il se démènera pour qu’une solution à l’amiable soit trouvée aux problèmes des hommes d’affaires proches de l’ancien régime, eux aussi mis aux arrêts dans le sillage du coup d’Etat. 
 

–             Sur le front politique, Bouamatou entreprit des démarches au sein des différents partis pour les convaincre que la page Sidi Ould Cheikh Abdallahi appartenait au passé. Une tâche d’autant plus facile pour lui que lors de l’élection présidentielle précédente, les largesses du milliardaire avait profité à tous les candidats, indépendamment deleur positionnement politique. A ce propos, il est permis de penser que les profondes amitiés qui lient l’homme d’affaires à plusieurs cadres influents du RFD, n’ont pas été de nul effet sur la position de ce parti qui a pris acte du putsch et a refusé de se joindre au front mobilisé pour la restauration de la légalité. 
 

– Le soutien à la campagne, prit quant à lui trois formes :                                 (a) un soutien moral : on se rappelle son cri de désespoir, au cours du meeting d’Arafat clôturant la campagne,  quand il supplia ceux qui lui étaient redevables de quelque effet que ce soit, de voter pour Aziz. Ce faisant, Bouamatou demandait aux Mauritaniens un retour d’ascenseur pour ses actions sociales.                                                                                         (b) Un soutien logistique : on se rappelle les voitures de la Fondation en campagne, l’hôtel servant de siège de la campagne présidentielle. (c) Un soutien financier, sans doute le plus déterminant. Pour ce faire, Bouamatou a non seulement mobilisé des soutiens financiers internationaux, on parle ainsi de plusieurs centaines de millions de dollars obtenus des libyens, mais Bouamatou a été aussi généreux de son argent personnel. Je me rappelle ce jour, à la veille du premier tour,  ou un proche parent parti retirer de l’argent à la GBM, me raconta que l’un des directeurs de la banque lui a gentiment demandé de surseoir à son retrait parce que, lui a-t-il expliqué sur le ton de la confidence, nous sommes en train débloquer deux milliards d’ouguiyas en liquide dans nos caisses !!! En perspective d’un second tour. Aussi, nous demandons à tous nos clients, qui ne sont pas dans l’urgence, de passer la semaine prochaine. C’est dire à quel point le Groupe Bouamatou s’était mobilisé dans la campagne, parfois aux dépens des intérêts de ses propres clients.

 Toutcela pour quoi ? 
 L’engagement de M. Bouamatou, qui passait pour être un démocrate, en faveur d’un projet aussi funeste, et de surcroit aux côtés d’un homme comme Aziz, était pour moi un mystère. Et cela, d’autant plus qu’ils n’avaient jamais été intimes, évoluant dans des sphères professionnelles très différentes. J’étais curieux de savoir quelles motivations profondes expliquaient cet engagement et, surtout, pourquoi le riche homme d’affaires n’avait pas choisi de s’allier à son vieil ami et longtemps soutien dans le système Taya, à savoir Ely Ould Mohamed Vall. 
 Ne connaissant pas personnellement le milliardaire (on ne s’était rencontrés qu’une seule fois –sans avoir été présentés- au chevet d’un ami commun, victime d’un accident de la circulation-) il m’était difficile de trouver l’occasion de satisfaire ma curiosité. 
 Aussi, ai-je demandé à une connaissance commune de se faire mon porte-voix auprès du patron des patrons mauritaniens, et de lui poser lui-même la question. La réponse fut aussi claire que bien argumentée,teintée certes d’un léger voile d’opportunisme. 
‘’S’agissant du coup d’Etat, je n’ai fait que prendre un train en marche, je ne suis pour rien dans son déclenchement. Mon intervention a consisté à en limiter les effets négatifs pour la collectivité nationale. Quant au soutien à Aziz plutôt que Ely, il est motivé par mon positionnement professionnel. Le pire qui puisse arriver à un homme d’affaires est d’avoir à la tête de l’Etat un président intéressé par l’accumulation de la fortune. Entre les deux hommes, le choix était pour moi tout fait : par expérience, Ely Ould Med Vall est dans l’âme un homme d’affaires averti et intéressé. A l’inverse, mon intuition me dit que Aziz est plutôt intéressé exclusivement par l’exercice du pouvoir politique’’. 
 Monumentale et dramatique erreur de jugement ! Qui illustre plus que tout autre fait cette réalité désormais évidente : les deux hommes n’avaient jamais été dans l’intimité l’un de l’autre, voire ne se connaissaient qu’à peine. Autrement, il aurait été impossible à un esprit aussi aiguisé que Bouamatou, spécialiste de la psychologie humaine, de se tromper à ce point sur les motivations profondes d’Ould AbdelAziz. En exagérant à peine, on peut dire que les problèmes dans lesquels la Mauritanie se débat depuis une décennie, ont pour origine cette monumentale erreur d’appréciation. 
 On pourrait penser, si l’on veut être généreux, que c’est d’avoir pris conscience de sa responsabilité historique dans le sort actuel de son pays, qui pousse, depuis lors, l’homme d’affaires à courir derrière les évènements, et à multiplier les fronts d’attaque, indéfiniment, inlassablement. 
 Dès les premiers mois d’exercice du pouvoir par Ould Abdel Aziz, Ould Bouamatou fut édifié sur un point crucial : Ould Abdel Aziz al’inverse de ce qui était supposé, ne lui reconnaissait aucun statut particulier. Et surtout pas celui de partenaire que lui aurait conféré sa   contribution majeure à son élection. 
 Enclair, Aziz refuse à Bouamatou ce que lui-même avait exigé de Sidi Ould Cheikh Abdallahi à savoir la fameuse ’régence démocratique’’, faisant ainsi preuve à son tour ‘’d’ingratitude politique’’. Comme quoi, chez nous, l’histoire a l’art de bégayer, à une périodicité d’à peine un an. 
 Ould Bouamatou était d’autant plus contrarié et furieux, qu’il avaitdû prendre de multiples engagements nationaux et  internationaux devant tous être honorés au terme de l’élection de son poulain de général président. 
 Sur le plan national, Bouamatou rêvait d’un patronat reconnu comme partenaire à part entière par les autorités publiques et ce  sur tous les plans: Élaboration des politiques d’investissement, assise au niveau de la Commission centrale des marchés, pour assurer la transparence desdécisions, participation au conseil d’administration de la BCM, pour agir sur la politique monétaire, implication dans les négociations avec les partenaires au développement et les institutions de Brettons Wood. Autant de rêves vite envolés. 
 Mais Bouamatou a aussi, très probablement, pris des engagements vis-à-vis de ses soutiens étrangers. C’est un secret de polichinelle, que Bolloré était intéressé par la cession du port de Nouakchott,après avoir perdu, pour vingt-cinq ans, celle du port de Dakar devant le géant Emirati Doubaï Port. On savait Tunis Air intéressée par l’acquisition d’Air Mauritanie. On savait les Marocains irrités par une position de la diplomatie Mauritanienne plutôt favorable aux thèses Algériennes sur le conflit du Sahara Occidental. 
 Désespérant de voir ses multiples doléances satisfaites, il ne restait plus à l’homme d’affaires qu’à apporter à ses multiples partenaires la preuve de sa bonne foi quant aux promesses et engagements qu’il avait pris, en rompant tout lien avec Ould Abdel Aziz. C’est ainsi qu’il quitta le pays,laissant en jachère son patrimoine national, pour se positionner dans le camp anti-Aziz. C’était assurément la seule attitude lui permettant de sauver, auprès de ses partenaires internationaux, une crédibilité mise à mal, et si fondamentale pour la bonne marche de son business à l’international. Une façon de dire à Bolloré et autres ‘ je suis aussi victime que vous’’.

 Où va-t-on. ? 
 Bouamatou n’étant pas particulièrement un disciple du Christ, n’est pas du genre à tendre l’autre joue pour recevoir une seconde claque. S’il est resté en hibernation la première année suivant l’élection d’Aziz, c’était probablement pour concocter un plan minutieux ayant pour objectif de faire rendre gorge à Aziz. Autant quel’observateur averti mais non impliqué peut en juger, ce plan a  suivi deux phases :  

– Dans un premier temps, il s’agissait de collecter et diffuser le maximum de faits avérés, attestant que la lutte contre la gabegie, fusée de lancement de la campagne électorale d’Aziz et principal justificatif de sa prise de pouvoir, n’était autre chose que de la poudre aux yeux. Il faut avouer que la voracité et la boulimie de certaines proches du Président, l’absence de respect d’un minimum de forme dans leurs agissements, la course folle qu’ils ont engagée pour occuper des rentes juteuses dans le tissu économique national, ont fourni une matière première inestimable aux détracteurs du Président. Telles des feuilles mortes, les scandales se ramassaient à la pelle. Le travail de sape mené par le patron de BSA et ses relais internes sur ce plan, est tel qu’aucun Mauritanien, de quelque niveau qu’il soit, et quel que soit son positionnement politique, n’a aujourd’hui de doute sur le fait que, mesuré à l’aune de la gestion de la chose publique, le régime de Aziz est semblable, voire pire que ceux qui l’ont précédé. La spécificité de ce pouvoir  étant que la gabegie n’est autorisée que dans certains cercles restreints, mais dont l’appétit est insatiable. 

– Soutenir la mise en place d’un réseau au niveau de la représentation nationale, qui compenserait l’absence de l’opposition traditionnelle dans le parlement. En clair, retourner des élus du parti au pouvoir contre Aziz. Là aussi, la stupidité et la myopie politique du pouvoir en place ont été d’un inestimable secours.Sauf que, sur ce plan, la responsabilité personnelle d’Aziz a été entière. La naïveté politique qui frise l’arrogance suicidaire, dont a fait preuve le Président dans le discours de Néma, a constitué une aubaine pour les marionnettistes de la fronde des sénateurs. Le résultat d’une telle bourde fut lourd de conséquences pour la suite des évènements. 
 

En refusant de voter les amendements de la constitution, les sénateurs ont contraint le pouvoir en place à aller braconner à la lisière de la légalité constitutionnelle, se référant à un article 38 hors propos. Ce faisant, Aziz perdait  un atout essentiel, la légitimité juridique qui, seule, fonde son pouvoir, après que la multiplication des affaires lui ont fait perdre sa légitimité morale. 
 Le recours au bourrage des urnes dans cette mauvaise farce du referendum, la convocation cette semaine par la police de certains journalistes, syndicalistes, élus locaux, la séquestration du sénateur Ould Ghadde, la flagrante pression mise sur les juges, sont l’expression révélatrice du vertige qui s’est saisi de l’Etat, au plus haut sommet. 
 Par son harcèlement, ses coups de boutoirs continus et bien ciblés, Ould Bouamatou est train de pousser Aziz à la faute, faisant tomber le dernier masque qui lui restait, celui d’un président démocrate respectueux des libertés individuelles. A ce rythme, la fière proclamation « zéro prisonnier politique » dans les geôles ne sera plus qu’un slogan mensonger.

 Un homme seul et fragilisé.

Constitutionnellement parlant, il reste à Ould Abdel Aziz deux ans pour prendre congé des Mauritaniens. Le respect de cette échéance qui, dans tout pays normal, ne devrait faire l’objet d’aucun doute, est pourtant le sujet le plus débattu dans le nôtre, suscitant controverse et passion. 
 La question en filigrane est la suivante : ‘’Qu’est ce qui pourrait inciter Ould Abdel Aziz à rempiler, et comment s’y prendrait-il ?’’

Reconnaissons-le, d’emblée : nombre de ceux qui ont de l’estime pour lui excluent cette possibilité, faisant valoir son sens de l’honneur, son souhait d’inscrire son nom dans les livres de l’histoire comme le premier président Mauritanien à quitter le pouvoir sans autre contrainte que celle du respect du serment. Lui-même a répété à plusieurs reprises qu’il respecterait cette échéance, mais qu’il resterait un acteur agissant sur la scène politique. 
 Sans être un spécialiste de maniement de la boule à cristal, il est permis de penser que la réalité sera probablement plus compliquée.Notre président n’étant pas particulièrement un homme de concept, ni d’attachement au formalisme juridique, sa décision finale dépendra du rapport de force politique à la veille de l’échéance présidentielle. Si à cette date, le climat politique se serait apaisé, l’actuelle hostilité à son endroit tassée, etque la possibilité lui est offerte de se choisir un dauphin à moindre coût, il est alors presque certain que l’esprit chevaleresque l’emportera. Et le président sera plus enclin à prendre sa retraite. 
  Si, à l’inverse, le climat politique délétère persistait ou empirait, alimenté qu’il serait par les sénateurs, le FNDD, le G8, certains milieux de la presse, une morosité économique persistante, et que l’exilé de Marrakech continuait à souffler sur les braises, alors Aziz pourra redouter une alternance tournant à un catastrophique règlement de comptes, pour lui et ses proches : jugement, saisie des biens,prison. Bref un scenario à la Gbagbo. 
 Dans ce cas, la réaction d’Aziz serait plus que prévisible. Ses antécédents en témoignent. Á chaque fois que son statut ou ses intérêts personnels ont été menacés, il n’a pas hésité à renverser la table, faisant passer à la trappe les intérêts supérieurs de la nation. 
 Son coup d’Etat contre Ould Taya a été motivé par la décision de ce dernier de l’envoyer sur le front de la lutte contre le terrorisme, le privant ainsi du confortable fauteuil de commandant du BASEP. Tout comme il n’a pas hésité, en une matinée, à mettre la Mauritanie sens dessus dessous quand OuldCheikh Abdallahi l’a limogé. 
 Un autre facteur de pesanteur peut plomber l’empressement d’Aziz à quitter le pouvoir : la perspective, dans l’échéance de deux à quatre ans,d’une Mauritanie riche, parce que devenue un pays gazier,rivalisant avec le Qatar. 
 Les courtisans, qui tournent autour du président, doivent le lui répéter à longueur de journée: Les dirigeants des pays riches d’Afrique, ne sont pas soumis àla clause de respect de la démocratie. Les exemples pullulent :Teodoro Nguema, 38 ans de pouvoir, Paul Biya, 35 ans, la dynastie Bongo, un demi-siècle, Sassou N’Guesso, 25 ans. 
 Le cas de ce dernier est particulièrement instructif. Apres avoir épuisé ses deux mandats légaux, le Congolais a demandé à ses juristes de rédiger une nouvelle constitution et a pu ainsi rempiler cette année dans un silence total de la communauté internationale. 
 Les choses étant envisagées sous cet angle, les adversaires du Président Aziz dont, au premier chef,l’exilé du Maroc, sont ainsi engagés avec lui dans une course avec le temps. Un croc-en-jambe dans les deux années qui suiventn’est pas improbable. □  Ahmed Beddi

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ETATS UNIS D’AMERIQUE

L’ambassadeur des Etats Unis en Mauritanie, dans un entretien à cœur ouvert avec Sahara Media : Il évoque le refoulement des activistes américains, la suppression du sénat et les rapports avec la société civile.

12.09.2017

Dans un entretien accordé lundi à Sahara Media, l’ambassadeur américain en Mauritanie Larry André, dont l’accréditation vient de prendrefin, a affirmé que les relations de son pays avec la Mauritanie ne seront pas affectées par la décision des autorités mauritaniennes de refouler des militants américains des droits de l’homme à leur arrivée à l’aéroport de Nouakchott.

L’ambassadeur a déclaré que des contacts avaient été pris avec les autorités mauritaniennes depuis le mois de juin à propos de la visite de cette délégation et qu’un programme de la visite leur a été remis officiellement.

« Nous ressentons, a dit le diplomate américain une certaine inquiétude car toutes les mesures avaient été prises avent l’arrivée de la délégation ».

Le diplomate considère que la délégation, en arrivant en Mauritanie, voulait apprendre de l’expérience mauritanienne en matière de lutte contre l’esclavage.

Cette délégation répondait à une invitation du président de « SOS esclaves » Boubacar O. Messaoud qui s’était rendu aux USA et qui souhaitait un échange d’expériences entre les deux parties.

L’ambassadeur s’est longuement apaisanti sur cette question et a notamment déclaré que ces personnes avaient de nobles intentions en venant en Mauritanie car elles voulaient en toute honnêteté connaître la Mauritanie.

« Elles me l’avaient confirmé, a ajouté le diplomate et m’ont révélé qu’elles souhaitaient apprendre de la Mauritanie, loin de vouloir donner des leçons ».

Elles ont un grand respect pour la Mauritanie et pour son peuple et quand on leur avait demandé de quitter le territoire mauritanien, elles s’étaient exécutées et avaient tenu des propos positifs à cet égard.

Interrogé sur un éventuel changement de la politique américaine en Mauritanie, Larry André a réaffirmé que les objectifs des Etats-Unis en Mauritanie demeuraient les mêmes, la sécurité, la prospérité et les droits de l’homme et que l’assurance d’unetelle volonté lui avait été affirmé par le secrétaire d’état américain Tillerson lors d’une rencontre à Washington.

Il a ajouté que les USA respectaient l’organisation « SOS esclaves »,« car elle représente l’exemple d’une organisation de la société civile qui travaille avec le gouvernement et qui consent des aides aux personnes.

L’ambassadeur estime que l’action du mouvement IRA est portée sur le plan international et qu’il n’a pu en rencontrer les responsables qui étaient à chaque fois à l’étranger ou dans les prisons.

Il a salué le rôle joué par la Mauritanie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le pays n’ayant connu aucun attentat depuis 2011 mais aussi le dialogue engagé avec les anciens extrémistes, « une approche, ajoute l’ambassadeur dont doivent s’inspirer les pays de la région».

Interrogé sur la suppression du sénat, l’ambassadeur a tenu plutôt à rappeler des points importants à propos de la politique américaine.

« Nous avons changé 27 fois la constitution, car à chaque fois qu’un nouvel état faisait son entrée dans l’union, nous étions tenus d’ajouter une étoile au drapeau ».

Le diplomate trouve normal qu’un pays choisisse un système bicaméral ou un système à une seule chambre, le monde étant partagé entre ces deux choix.

Normal également pour l’ambassadeur que tout diplomate, accrédité dans un pays, puisse nouer des relations avec les populations locales, sans que cela ne soit considéré comme une immixtion dans les affaires intérieures du pays.

L’ambassadeur a confirmé la fin de son accréditation en Mauritanie.

Il représentera les USA à Djibouti et a révélé le nom de son successeur à Nouakchott, Mike Dadmen, des nominations encore assujetties à l’approbation du sénat américain.


Question : 
Excellence,quelle évaluation faites-vous de la coopération entre la Mauritanieet les Etats Unis sous la présidence de Donald Trump ? 
Est-ceque quelque chose a changé ou est ce qu’il est prévu qu’ilchange ? 
Réponse : 
Nos relationssont excellentes et portées même au degré de partenariat. Ellessont basées sur des intérêts communs. 
En me nommant à ceposte, le président Obama m’a défini 3 objectifs : lasécurité, la prospérité et enfin les droits de l’homme et labonne gouvernance. Assurer la sécurité et la prospérité pour lespeuples américain et mauritanien. 
Récemment j’aiséjourné pendant quelques mois à Washington et j’ai rencontréle secrétaire d’état américain Tillerson mais aussi mescollègues à la maison blanche qui m’avaient confirmé que lesobjectifs qui m’avaient été fixés demeuraient les mêmes. 
Nosrelations avec la Mauritanie et son peuple demeureront excellentes àtous les niveaux. 
Question : 
Excellence,les autorités mauritaniennes avaient refoulé, il y a quelques joursdes américains, militants des droits de l’homme et vous avezpublié un communiqué qui critiquait cette décision. 
Cettemesure aura-t-elle des incidences sur les relations entre les deuxpays ? 
Réponse : 
Merci pour cettequestion, car je me dois d’évoquer ce fait. Ma réponse à votrequestion est toute simple : non. 
Nos relationsn’en pâtiront pas car elles servent les intérêts des deuxpeuples, mauritanien et américain. 
Dans notre vie privéedeux amis intimes peuvent avoir des points de vue divergents, maiscela n’affecte en rien leur relation. Nous nous avons un pointde vue différent à propos de cette délégation américaine, maiscela n’a aucune incidence sur nos relations, des relationsancestrales, basées sur des priorités communes. 
A proposde la visite de cette délégation je voudrais apporter certainesprécisions. 
D’abord la Mauritanie a tout le droit dedéterminer qui doit entrer sur son territoire ou qui ne le doit pas,tout comme les Etats Unis également qui ont ce droit. 
Ilarrive qu’aux Etats Unis nous autorisons l’entrée sur notreterritoire de personnes qui n’ont pas forcément de bonnesintentions et nous refusons les mêmes faveurs à d’autres qui sonttout à l’opposé. 
J’évoque ici le cas des Etats Unisd’Amérique. 
Pour être clairs à propos de lasouveraineté nationale et les décisions des dirigeants nous nousdevons de les respecter. 
Quand on avait commencé lapréparation de cette visite, mes collègues ont eu des entretiensavec les autorités mauritaniennes. Ils avaient rencontré lecommissaire aux droits de l’homme au mois de juin dernier. 
Ilsont par ailleurs rencontré d’autres responsables au niveau del’agence « Tadamoun », des ministres et d’autresinstitutions gouvernementales. 
Nous avons élaboré unprogramme officiel dans lequel nous avons cité toutes les personnesque cette délégation devait rencontrer. 
Nous l’avonstransmis par une note verbale en date du 30 août. 
Nousavons annoncé dans notre communiqué que nous étions inquiets àjuste raison alors que nous étions en contact permanent avec lesautorités à propos de cette mission. 
J’ai servi enMauritanie pendant 3 ans au cours desquels j’ai n’ai cessé derappeler à chaque fois les importantes réalisations à l’actif dece gouvernement dans le domaine des droits de l’homme et notammentdans celui de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles. 
En2015 a été votée une loi contre l’esclavage, des tribunaux pourlutter contre le phénomène. 
Il s’agit là d’importantesréalisations et nous estimons que ce gouvernement a fait mieux quetous ceux qui l’ont précédé mais le chemin est encore long pourfaire davantage. 
Dans mon pays il existe différentescommunautés et nous faisons face à des défis dans le domaine desdroits de l’homme et tout le monde sait l’ampleur de cesdéfis. 
Ce que nous voulons c’est partager nos expérienceset c’est dans ce cadre que se situait la visite de cettedélégation. 
Cette délégation est composée de dirigeantsafro-américains, de dirigeants de la communauté musulmane aux EtatsUnis, tous occupent des rangs importants dans la société américaineet des responsabilités aussi. 
Ils avaient rencontré en2015 le président de « SOS esclave » et ont discutéavec lui ce qu’ils devaient faire en tant que militants des droitsde l’homme aux Etats Unis pour faire face aux problèmes aigusauquel fait face la société américaine, comme par exemple lesdétenus esclaves et  chômeurs. 
Ceux-ci défendent lesdroits de l’homme et œuvrent à réaliser la paix et la fraternitépour un meilleur devenir de la société américaine. 
Al’issue de son séjour aux Etats Unis, Boubacar O. Messaoud avaitinvité ces personnes à visiter la Mauritanie, d’abord dans lalogique de l’hospitalité mauritanienne et pour s’imprégner desréalisations de la Mauritanie dans le domaine de la lutte contrel’esclavage et ses séquelles. 
Ils voulaient voir de visuces réalisations et c’est pourquoi la majorité de leursentretiens étaient prévus avec des responsables gouvernementaux etcertaines structures qui en sont proches. 
Dans la noteverbale nous avons détaillé toutes les rencontres prévues dans leprogramme. 
J’ai été long dans ma réponse à cettequestion, afin que les mauritaniens sachent que ces personnes étaientanimées de bonnes intentions, et ont voulu, en toute honnêteté,connaître la Mauritanie, apprendre auprès d’elle, loin d’euxl’idée d’être des donneurs de leçon. 
Ils vouent unrespect absolu pour l’état et le peuple mauritaniens et quand onleur avait demandé de quitter le territoire mauritanien, ils se sontexécutés, non sans avoir tenus des propos positifs en cesens. 
Question : 
Quelle évaluationfaites-vous des droits de l’homme dans le pays et quel est votrepoint de vue sur l’action des organisations de défense des droitsde l’homme en Mauritanie ? 
Réponse : 
Enarrivant il ya trois ans, j’ai encouragé le gouvernement et lasociété civile à travailler en commun. 
En décembre 2014, j’ai longuement discuté avec les responsables du parti au pouvoir et mes collègues et moi au niveau de l’ambassade avons entrepris d’importantes actions, soucieux que le gouvernement et la société civile puissent réaliser pour la Mauritanie un avenir radieux. 
Quant à savoir s’il y a certains problèmes de droit de l’homme en Mauritanie, la réponse est oui. 
Y-a-t-il des problèmes relatifs aux droits de l’homme aux Etats Unis ? La réponse est aussi oui. 
Nous sommes deux peuples qui partagent beaucoup de spécificités et nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. 
Question : 
Est-ce que vous soutenez certaines organisations des droits de l’homme en Mauritanie, comme par exemple « SOS esclaves » ou IRA ? 
Réponse : 
Nous avons beaucoup de respect pour « SOS esclaves » car elle constitue un modèle parfait de la coopération entre le gouvernement et une organisation de la société civile. 
Elle collabore avec le tribunal pour les délits d’esclavage, prépare les dossiers pour la cause et apporte par ailleurs son appui aux nécessiteux en les formant à des emplois et c’est là des faits réels. 
Le mouvement IRA a fait de sa priorité l’action au plan international et le temps où je suis resté en Mauritanie,ses dirigeants étaient soit à l’étranger ou en prison. 
N’ayant pas eu la même opportunité qu’avec SOS esclaves pour évaluer son action, je pense qu’il est du devoir de tous les acteurs de la société civile de témoigner le respect pour le gouvernement mauritanien et je crois aussi qu’il est de l’intelligence pour le gouvernement mauritanien de trouver la voie pour travailler avec la société civile. 
Question : 
Pour revenir à la question des relations entre les deux pays notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier quelle évaluation faites-vous des efforts de la Mauritanie dans ce domaine ? 
L’appui américain à l’armée mauritanienne va-t-il se poursuivre ? 
Réponse : 
La Mauritanie a une histoire qu’elle doit porter à la connaissance dumonde. 
Beaucoup d’états ont été malheureusement les cibles d’attaques terroristes, comme ce fut le cas pour la Mauritanie entre 2005 et 2011. 
Le gouvernement et les forces armées ont pu mettre fin à cette situation, comparée aux pays de la région la situation de la Mauritanie, Dieu Merci, est meilleure. 
Il n’ ya pas eu d’attaques depuis 2011 et les autres pays se doivent d’apprendre de l’expérience mauritanienne, tant sur le plan sécuritaire que sur celui de l’instauration d’un dialogue avec d’anciens extrémistes religieux à travers des chefs religieux. 
Une histoire passionnante pour beaucoup de pays qui ont souffert du terrorisme. 
La coopération militaire se poursuit. 
Des instructeurs américains continuent de venir en Mauritanie pour entraîner les soldats mauritaniens et des soldats américains s’entraînent eux aussi auprès de soldats mauritaniens pour se familiariser avec les réalités du Sahara. 
Certains encadreurs américains m’ont vanté les mérites des soldats mauritaniens prompts à se perfectionner. 
La coopération touche aussi le domaine des équipements mais aussi d’autres voies qui permettent de garantir les intérêts des deux pays. 
Question : 
Quel jugement portez-vous sur la force mise sur pied récemment par les pays du Sahel lors d’un sommet qui a réunit les chefs d’état de cespays avec le président français Emmanuel Macron ? 
Réponse : 
Le mérite de la constitution de cet ensemble revient à ce gouvernement qui a reçu à Nouakchott les chefs d’état de ces pays et les a encouragé à créer un pôle régional pour servir les intérêts sécuritaires et économiques des peuples de la région. 
Chose louable, la Mauritanie est à 100% maghrébine mais aussi à 100%sahélienne, ce qui place la Mauritanie dans une position stratégique qui lui permet d’avoir une influence fondamentale dans la région. 
La création d’une force commune est importante car les extrémistes ne respectent pas de frontières, des gens qui vénèrent la violence et ne croient en rien d’autre. 
La coopération entre les 5 pays de la région est une idéeintelligente et nous observons toutes les voies à même de permettre d’apporter notre aide. 
Question : 
La scène politique connaît des remous après le récent référendum, l’arrestation d’un sénateur et l’interpellation d’autres. 
Quel est votre point de vue relativement à ce qui se passe sur la scène politique ? 
Réponse : 
Plutôt qu’évoquer les affaires intérieures de la Mauritanie, je mettrais l’accent sur des aspects importants de la politique américaine. 
Nous avons modifié 27 fois la constitution du pays, car à chaque adhésion d’un nouvel état à l’union, nous devons ajouter une nouvelle étoile au drapeau. 
A propos de la promulgation des lois, les pays font l’un des deux choix. 
Certains adoptent le système bicaméral et d’autres celui d’une chambre unique, il n’ y a donc rien d’inhabituel. 
A propos du programme du gouvernement pour la lutte contre la gabegie nous nous attendons à ce que la loi soit appliquée de façon juste et je crois, comme me l’avait dit le président de la république,que quand il s’agit de justice il n’ y a point de place pour la politique. 
Question : 
Excellence Monsieur l’ambassadeur vous êtes apparus plus d’une fois dans des cérémonies mondaines, ce que certains ont considéré une infiltration suspecte au sein de la société et que par conséquent il ne fait pas partie de votre mission diplomatique. 
Quelle réponse de votre part ? 
Réponse : 
Je crois que me serais senti coupable si je ne m’étais pas fait des amis en Mauritanie. 
J’ai été épaté par beaucoup de mauritaniens que j’ai rencontré et qui ont fait preuve d’une incroyable hospitalité. 
Ils m’ont reçu chez eux et moi aussi j’en ai fait autant. 
Mon ami l’ambassadeur Daddah (ambassadeur de Mauritanie à Washington) m’a révélé qu’il avait de nombreux amis américains avec lesquels il échange les visites, chose tout à fait normale. 
Moi je n’ai pas accusé l’ambassadeur Daddah de s’immiscer dans les affaires intérieures américaines parce qu’il a accepté l’hospitalité américaine. 
Question : 
Enfin, à la fin de votre mission en Mauritanie, qu’avez-vous apporté au pays pendant votre accréditation et quelle est votre nouvelle destination ? 
Réponse : 
Je m’attends à ce départ dans les prochains mois et je n’ai rien de précis à ce propos. 
Je dois quitter la Mauritanie avec beaucoup de tristesse et j’ai eu l’occasion de rencontrer Mike Dadman qui a été désigné par le président Trump pour me succéder et j’ai été désigné ambassadeur à Djibouti. 
Seulement rien encore de sûr, quant à ces désignations, car dans le système américain le président désigne les ambassadeurs mais le dernier mot revient au sénat qui accepte ou qui rejette les propositions formulées. 
A propos des réalisations j’évoquerai lestrois objectifs principaux qui m’ont été fixés, à savoir lasécurité, la prospérité et les droits de l’homme. 
Notrepartenariat est encore plus forte aujourd’hui qu’auparavant, tantau niveau de la coopération militaire, l’application des lois etune action commune avec les autorités pour améliorer les conditionsdes prisonniers et celles des prisons et nous avons contribué à laformation des magistrats. 
Dans le domaine militaire nousavons approfondi notre coopération et dans le domaine commercial onnote un accroissement des exportations américaines et mauritanienneset nous en sommes fiers. 
Nous poursuivrons nos importantsprogrammes en faveur des jeunes, notamment dans le domaine de laformation professionnelle pour favoriser les opportunitésd’emplois. 
S’agissant de nos rapports avec legouvernement et la société civile nous continuerons de partager lesidées qui nous ont permis de régler les problèmes aux Etats Uniset à écouter les idées mauritaniennes qui peuvent contribuer à lasolution des problèmes aux USA mais aussi celles qui peuventprofiter aux mauritaniens dans le respect. □ Ahmed BEDDI

SputnikNews 27.07.2018

Le Département d’Etat US passe au crible le climat des affaires en Algérie et au Maroc

Le département d’État américain a dévoilé les possibilités et les difficultés d’investissement dans les économies algérienne et marocaine. C’est ce qui ressort de son rapport 2018 sur le climat d’investissement dans le monde publié le 19 juillet sur son site officiel.

Dans son rapport 2018 sur le climat d’investissement dans le monde publié le 19 juillet sur son site officiel, le département d’État américain donne les conclusions de son examen des économies des deux principaux pays du Maghreb, à savoir l’Algérie et le Maroc. Le rapport souligne les efforts du Maroc pour améliorer le climat des affaires dans le pays bien que des insuffisances restent à éliminer. Concernant l’Algérie, bien qu’ils aient évoqué «des opportunités considérables» d’investissement dans le pays à long terme, les experts du département d’État relèvent de sérieux obstacles qui entravent la participation d’investisseurs étrangers à l’économie.

Dans le cas du Maroc, le département d’État juge positivement les mesures mises en place par le gouvernement «destinées à développer l’emploi, attirer des investissements étrangers et accroître les volumes produits et la performance économique des secteurs générant des revenus, tels que l’automobile ou l’aéronautique».

Rabat a effectivement ratifié, dans le cadre de sa politique d’ouverture à l’égard des États-Unis et de la majorité des pays européens, 68 traités bilatéraux de promotion et de protection de l’investissement, et 60 accords économiques destinés à éliminer les taxes sur les revenus des plus-values. «L’accord de libre-échange avec les États-Unis est entré en force en 2006, éliminant immédiatement les tarifs [douaniers, ndlr] pour plus de 95% des biens industriels et de consommation», ont souligné les experts américains.

Concernant le transfert vers l’étranger des dividendes des entreprises étrangères opérant sur le sol marocain, l’institution américaine s’est félicité du fait que la «charte d’investissement a mis en place la convertibilité du dirham [la monnaie marocaine, ndlr] pour les investisseurs étrangers, et donne la liberté de transférer les bénéfices».

En conclusion, le département d’État a néanmoins noté quelques défis que doit relever le gouvernement marocain. «Malgré une amélioration significative de l’environnement des affaires, le manque de travailleurs qualifiés, la faible protection des droits de propriétés intellectuelles, la bureaucratie inefficace et le lent rythme de la réforme de la réglementation reste des difficultés pour le Maroc», a indiqué le rapport.

À propos de l’Algérie, le rapport de l’administration américaine note que «plusieurs secteurs offrent potentiellement des opportunités considérables de croissance à long terme pour les entreprises américaines».

Dans son rôle de conseiller des investisseurs américains, le département d’État affirme que, concernant les opportunités d’investissement en Algérie, «les secteurs ciblés […] comprennent l’agriculture, le tourisme, les technologies de l’information et de la communication, l’industrie, l’énergie [fossile et renouvelable, ndlr], la construction et la santé».

Dans le cadre du programme de diversification de l’économie mis en œuvre par le gouvernement algérien pour doper la croissance hors hydrocarbures, le rapport a mis en avant le nouveau code de l’investissement qui a institué des «exonérations fiscales lucratives» ainsi que d’autres incitations à l’investissement.

Bien que «de nombreuses entreprises [américaines, ndlr] ont signalé avoir enregistré des bénéfices annuels à deux chiffres», les rédacteurs du rapport ont néanmoins fait savoir qu’il existait des obstacles qui entravaient sérieusement le développement des investissements des PME étrangères en Algérie.

Le plus important est la règle dite de «51/49%» (coentreprise où sont accordés 51% pour un opérateur algérien contre 49% pour un opérateur étranger), régissant l’investissement étranger. Le rapport indique que cette dernière «pose des défis» aux investisseurs américains, en particulier l’accès des PME au marché algérien, vu que ces petites et moyennes entreprises ne disposent pas de ressources humaines et financières qui leur permettent de répondre aux exigences de l’investissement.

Le département d’État relève que le gouvernement algérien est d’accord sur le fait que l’institution «de mesures adaptées peut atténuer l’effet» de cette disposition. Ceci permettra d’encourager le partenaire étranger qui pourrait assurer le management de la coentreprise et même en devenir le plus grand actionnaire.

Le rapport a soulevé les lourdeurs bureaucratiques en particulier en matière de transfert de dividendes. «Il y a peu de restrictions légales à la conversion, au transfert et au rapatriement des fonds», a-t-il souligné, précisant que les difficultés constatées «résultent plutôt des procédures que de limites imposées par la loi».

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