Mélenchon accuse le «régime islamiste» turc de vouloir «réinstaller Daesh» en Syrie

Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale le 24 février © Ludovic MARIN / AFP

Le chef de file de LFI a eu des mots durs contre le «détestable régime turc», qu’il a accusé de soutenir le terrorisme en Syrie. Le député a, en outre, appelé à «accueillir raisonnablement et correctement» les migrants venus de Turquie. Commentant l’actualité internationale sur France Inter le 2 mars, le président de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a tiré à boulets rouges contre la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan, qualifiée de «régime islamiste».

«Alors d’abord on commence par condamner le détestable régime turc qui ne fait pas la lutte contre le régime de Bachar al-Assad, tout ça ce sont des histoires», a déclaré le député, alors qu’il était invité à donner son point de vue sur la décision du président turc de ne plus retenir les migrants et réfugiés de guerre syriens aux portes de l’Europe.  «Les Turcs ont envahi la Syrie et frappent qui ils ont envie, où ils veulent et essaient de nous réinstaller Daesh dans le paysage – parce que c’est ça le régime turc, c’est un régime islamiste», a-t-il asséné. Quant à l’usage des flux migratoires pour menacer l’Europe, Jean-Luc Mélenchon a qualifié le procédé de «mode de pression le plus détestable et le plus haïssable qui soit». Après des semaines d’escalade, la Turquie a annoncé le 1er mars qu’elle avait lancé une offensive d’envergure contre l’armée syrienne, abattant dans ce contexte deux avions syriens. Damas, de son côté, a affirmé sa détermination à repousser l’offensive turque. «Accueillir raisonnablement et correctement» les réfugiés de guerre syriens Lors de ce même entretien, Jean-Luc Mélenchon a en outre appelé à «accueillir raisonnablement et correctement» les réfugiés de guerre syrien, qualifiés de  «pauvres gens qu’on a lâchés comme des animaux dans la campagne en espérant ou qu’ils meurent ou qu’ils disparaissent ou créent un problème tel que ça disloque tout».  Dans la foulée, le président de la France insoumise a reproché à la Turquie et à la France d’avoir contribué à l’envenimement du conflit syrien.  «Je vous rappelle que Laurent Fabius disait que al-Nosra [groupe terroriste lié à al-Qaïda] faisait du « bon boulot » et il invitait à l’assassinat de Bachar el-Assad, ce qui n’était quand même pas la trouvaille la plus intelligente qu’on pouvait faire à ce moment là […] Nous sommes responsables nous aussi les Français, je veux dire les gouvernements français, de cette situation abominable», a conclu le chef de file de la France insoumise.

«Depuis que nous avons ouvert nos frontières vers l’Europe, des centaines de milliers de réfugiés s’y sont orientés. Ce nombre atteindra rapidement les millions», a tonné de son côté le président turc depuis Ankara, où il donnait un long discours devant des membres de son parti, l’AKP. La décision de Recep Tayyip Erdogan de laisser ouvert le passage migratoire a notamment généré de nouveaux troubles sur l’île grecque de Lesbos, où une partie des habitants excédée par des années de débarquements de demandeurs d’asile et effrayé à l’idée d’une nouvelle vague migratoire, a entre autres incendié un ancien camp d’accueil de migrants de l’ONU. 


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«millions» de migrants

par Gokan Gunes  (Afp)  Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi que « des millions » de migrants se rendraient en Europe après l’ouverture des frontières, accentuant la pression sur l’Occident dont il attend davantage d’appui pour obtenir une trêve en Syrie.

Depuis que la Turquie a ouvert vendredi ses frontières avec l’Europe, plusieurs milliers de personnes se sont ruées vers la Grèce, une situation préoccupante pour l’Europe qui redoute une nouvelle crise migratoire majeure semblable à celle de 2015. Ankara, qui est de facto devenu le gardien de l’Europe après avoir conclu un pacte migratoire en 2016 avec Bruxelles, a ouvert les portes pour obtenir davantage de soutien en Syrie où la Turquie a annoncé dimanche le lancement d’une offensive contre le régime. Alors que la Turquie multiplie depuis plusieurs jours les frappes de drones dans la région d’Idleb (Nord-Ouest), M. Erdogan a dit qu’il espérait arracher une trêve lors de discussions à Moscou jeudi avec le président russe Vladimir Poutine, soutien de Damas. A la frontière entre la Turquie et la Grèce, des milliers de migrants continuaient d’affluer dans l’espoir de traverser, en dépit des mesures draconiennes prises par Athènes, dont les forces tirent des grenades lacrymogènes et utilisent des canons à eau. « Depuis que nous avons ouvert nos frontières (vendredi), le nombre de ceux qui se sont dirigés vers l’Europe a atteint les centaines de milliers. Bientôt, ce nombre s’exprimera en millions », a affirmé M. Erdogan lors d’un discours à Ankara. Ces chiffres semblent largement surévalués par rapport à la réalité observée sur le terrain par l’AFP. Samedi soir, l’ONU avait compté 13.000 personnes à la frontière gréco-turque.

Arrivées sur les îles

Selon les autorités grecques, 1.300 demandeurs d’asile ont réussi à gagner les îles égéennes entre dimanche matin et lundi matin. Un petit garçon est mort lundi au large de Lesbos lors du naufrage d’une embarcation chargée d’une cinquantaine de migrants.

Se faisant menaçant, M. Erdogan a affirmé qu’il maintiendrait les « portes de l’Europe ouvertes. Maintenant, vous allez prendre votre part du fardeau+ », a-t-il dit lundi lors d’un discours à Ankara. Face à cette situation et pour montrer leur solidarité, les dirigeants des institutions européennes vont se rendre mardi dans la zone frontalière côté grec, a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Et la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué qu’elle attendait que cet accord soit « respecté ». Elle doit s’entretenir lundi soir au téléphone avec M. Erdogan, selon ce dernier. Mme Merkel avait piloté, côté européen, les négociations qui avaient abouti en mars 2016 à un accord migratoire controversé aux termes duquel Ankara s’engageait notamment à lutter contre les traversées illégales vers la Grèce en échange d’une aide financière. Le chef de l’Etat turc devait par ailleurs recevoir lundi le Premier ministre bulgare Boïko Borissov, dont le pays est frontalier de la Turquie.

La Turquie accueille sur son sol plus de quatre millions de réfugiés et migrants, en majorité des Syriens. Ankara a aussi justifié l’ouverture des frontières avec l’Europe par son incapacité à faire face à une nouvelle vague migratoire, alors que près d’un million de personnes déplacées par une offensive du régime syrien à Idleb sont massées à la frontière turque.

Rencontre Erdogan-Poutine

Après des semaines d’escalade, la Turquie a annoncé dimanche qu’elle avait lancé une offensive d’envergure baptisée « Bouclier du Printemps » contre le régime de Bachar al-Assad, soutenu par Moscou. Les forces turques ont abattu deux avions syriens et tué plusieurs dizaines de soldats. « Ce n’est que le début », a prévenu lundi M. Erdogan. De son côté, le régime syrien a affirmé sa détermination à repousser l’offensive menée par Ankara, qui sera au cœur de la rencontre entre MM. Erdogan et Poutine jeudi à Moscou. « Je vais discuter de ces développements avec M. Poutine. J’espère qu’il prendra les mesures nécessaires comme un cessez-le-feu et que nous trouverons une solution », a affirmé lundi M. Erdogan. Alors que la rencontre entre MM. Erdogan et Poutine s’annonce tendue, le Kremlin a souligné lundi la « grande importance » de la coopération entre Ankara et Moscou en Syrie, où le conflit a fait plus de 380.000 morts depuis 2011. La Turquie appuie certains groupes rebelles et la Russie soutient le régime d’Assad. En dépit de leurs intérêts divergents, les deux pays ont renforcé leur partenariat ces dernières années. Mais cette relation s’est dégradée depuis que plus de 30 militaires turcs ont été tués la semaine dernière dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime, qui se dit déterminé à reprendre la région d’Idleb, dernier bastion rebelle et terroriste en Syrie. Au sol, les combats faisaient rage autour de la ville stratégique de Saraqeb, qui a plusieurs fois changé de mains ces dernières semaines. Selon l’agence de presse officielle syrienne SANA, les troupes du régime sont entrées lundi dans cette ville.



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