M’hamed BENKHEROUF : « L’Algérie a toujours soutenu les causes justes »

Le consultant et directeur du Centre d’études internationales sur la question du Sahara occidental aborde le volet en rapport avec la rencontre à Genève entre les parties en conflit, à savoir le Maroc et le Front Polisario. Il traite les aspects historiques du conflit et les raisons du blocage des négociations.

L’Expression: Une rencontre qui se déroule à Genève sous les auspices des Nations unies en présence pour la première fois, du Front Polisario, le Maroc, mais aussi l’Algérie et la Mauritanie. Quelle lecture faites-vous de cette rencontre?
Benkherouf M’hamed: Il est recommandé sous l’égide des Nations unies que les parties en conflit, c’est-à-dire le Maroc et le Front Polisario entament une série de pourparlers et de discussions pour préparer prochainement un nouveau round de négociations. Cela se déroule pour la première fois en présence de deux pays en leur qualité d’observateur à savoir l’Algérie et la Mauritanie.
A partir de cette rencontre et les autres qui vont suivre va se dégager un planning, voire une feuille de route pour préparer les prochaines négociations dans le but de mettre en oeuvre le processus l’autodétermination du peuple sahraoui via le référendum.

Comment voyez-vous cette nouvelle dynamique et aussi le processus à suivre pour un règlement définitif de la question sahraouie?
Ce que je constate aujourd’hui, c’est qu’il y a un blocage de la part des pays décideurs, à savoir l’Espagne et la France. Mais il faut dire aussi que la France à révisé sa position concernant le traitement du dossier du Sahara occidental. Ces dernières années, la question du Sahara occidental a connu une véritable sensibilisation au sein de la société civile et de l’opinion française ce qui a permis justement aux politiques de revoir l’approche et leur traitement par rapport à la question du Sahara occidental.
Aujourd’hui, concernant la France, je ne peux pas dire qu’elle se désintéresse complètement, mais je pourrais dire qu’elle est obligée de s’inscrire dans cette dynamique internationale.

Ce sont peut-être les pressions émanant de l’intérieur du pays via la société civile, n’est-ce pas?
Tout à fait, il y a aussi l’image de la France à l’intérieur et la pression venant de sa société civile. Surtout que la France, à travers son image, qui à montré qu’elle était partie prenante dans le blocage du processus d’autodétermination et d’inviter les deux parties d’aller vers une issue qui règlera la question dans le cadre des résolutions internationales, à travers les instances onusiennes.
Je fais allusion à la France, parce que ce pays est un membre permanent au sein du Conseil du sécurité. La France pourrait cette fois ne pas utiliser son droit de veto et s’abstenir par rapport à la question sahraouie.

Et la responsabilité de l’Espagne dans ce dossier?
Du côté de l’Espagne il y avait pareille situation que la France, la mobilisation de la société civile et certains partis politiques espagnols ont pu faire pression sur le gouvernement pour revoir sa copie et d’entamer une démarche qui consiste à s’inscrire dans le processus international du règlement du dossier du Sahara occidental dans le cadre du respect des résolutions de l’ONU et d’oeuvrer à aider les deux parties pour trouver une solution définitive pour leur conflit.

Vous ne trouvez pas que la question du Sahara occidental s’inscrit dans une logique consistant à maintenir la région du Maghreb dans un foyer de tensions par les anciennes puissances coloniales?
Cela ne date pas d’aujourd’hui, cela date depuis le retrait des troupes espagnoles des territoires occupés et pendant ce retrait il y avait un compromis entre le royaume d’Espagne et le roi du Maroc à cette époque. A ce moment-là, le royaume d’Espagne pouvait organiser un référendum, puisque les territoires occupés étaient sous sa responsabilité. Pour ainsi dire, il s’agissait d’un processus qui s’inscrivait dans le cadre de la décolonisation.

Et l’Algérie, quel était son rôle dans le règlement de ce conflit entre le Maroc et le Front Polisario?
L’Algérie a maintenu sa position depuis que ce problème a émergé. Elle a pris sa position dès l’invasion des territoires du Sahara occidental par le Maroc. La position algérienne n’a pas été inventée, elle s’inscrit dans ses principes et sa doctrine, à savoir le soutien des causes justes et pour l’autodéterminations des pays et aussi pour le processus de décolonisation. Il faut insister sur l’idée que l’Algérie n’est pas au partie conflit. L’Algérie soutient les résolutions onusiennes qui ont trait au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui via le référendum.

Hocine Neftah / L’expression 06.12.2018

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