Montée de tensions en Afrique du Nord

Qui a intérêt à exacerber les tensions entre le Maroc, le Front Polisario et l’Algérie après l’accalmie de façade en Libye ? Que ce soit à l’est, au sud et maintenant à l’ouest du Maghreb, le timing de certaines décisions unilatérales semblent suspect. Qui souffle sur les braises ?

Le Maroc adopte des textes pour s’attribuer l’espace maritime face au Sahara occidental

Rabat a intégré l’espace maritime faisant face aux îles Canaries, jusqu’alors sans statut, dans son arsenal juridique pour en faire une zone économique exclusive.

Le Maroc a adopté deux textes de loi visant à délimiter son espace maritime au large du Sahara occidental, face aux îles Canaries, et à « cimenter la tutelle » du royaume sur ces eaux au statut toujours indéfini.

Ces textes visent « à inclure l’espace maritime faisant face aux côtes du Sahara dans l’arsenal juridique national », a déclaré le porte-parole du gouvernement Mustapha el-Khalfi, à l’issue d’un conseil gouvernemental, vendredi, qui a vu leur adoption.

L’objectif est de « cimenter la tutelle juridique du Maroc sur ces eaux et barrer la route à toutes les allégations remettant en cause la souveraineté du royaume sur cet espace », a-t-il expliqué, cité par l’agence officielle MAP.

Selon la MAP, le royaume va ainsi procéder « aux opérations techniques de délimitation des lignes de base au large de la mer territoriale du Maroc, de la zone économique exclusive et du plateau continental ».

Le Maroc entend « délimiter ses eaux territoriales de manière plus précise en perspective du dépôt du dossier final de demande d’extension du plateau continental », a détaillé Mustapha el-Khalfi.

L’un des textes adoptés « institue une zone économique exclusive de 200 milles marins [370 km] au large des côtes » du Sahara occidental « pour l’incorporer, clairement, dans l’arsenal juridique national », a souligné le porte-parole.
« Une simple mise à jour du cadre législatif national »

Pour Rabat, il s’agit également « d’abroger le recours à la ligne médiane comme seul repère de la démarcation des frontières maritimes » avec les Canaries.

Interrogée vendredi par l’AFP, une source diplomatique de haut rang a évoqué « une simple mise à jour du cadre législatif national sur le domaine maritime. L’espace terrestre du Sahara a été intégré dans le corpus juridique national, l’espace maritime était resté en décalage », a expliqué cette source.

Les îles Canaries sont un archipel espagnol de l’océan Atlantique situé au large des côtes du Maroc et du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole en grande partie sous contrôle du royaume marocain depuis 1975.

Le Polisario, soutenu par l’Algérie réclame un référendum d’autodétermination alors que Rabat, qui considère le Sahara occidental comme sien, propose une autonomie sous sa souveraineté.

La délimitation de ces eaux, au statut toujours indéfini, avait par le passé suscité des tensions entre le Maroc et l’Espagne, notamment après le démarrage des premières explorations pétrolières dans la zone.

Moins de 100 km séparent Fuerteventura des côtes marocaines, alors que chaque État est en droit de revendiquer un plateau continental allant de 200 à 350 milles marins.

Rabat avait ratifié la convention des Nations unies (Montego Bay) sur le droit de la mer en 2007, disposant alors d’un délai de dix ans maximum pour définir son plateau continental. Le pays avait mis en place en 2012 une commission chargée de délimiter d’ici 2017 ses frontières maritimes.
Réaction du gouvernement sahraoui et du Front Polisario

L’Espagne compte par ailleurs sept enclaves et îlots le long du littoral marocain, dont Ceuta et Melilla, toujours revendiqués par Rabat qui les considère comme des territoires illégalement occupés.

Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario ont dénoncé ce texte, le considérant comme « nul et non avenu », a indiqué vendredi un communiqué du ministère sahraoui de l’Information.

« Une telle décision constitue une violation flagrante du droit international et du statut du Sahara occidental en tant que territoire non-autonome inscrit à l’ordre du jour du comité des Nations unies chargé de la décolonisation et un mépris manifeste de l’arrêt de la Cour internationale de justice de 1975 et de la décision de la Cour européenne de justice de 2016 qui réaffirment que le Sahara occidental et le Maroc sont des territoires différents et séparés, a souligné le communiqué parvenu à l’APS, l’agence de presse officielle algérienne.

« Cette décision sans effet politique ou juridique sur le plan international est une nouvelle fuite en avant qui cache mal les débours ainsi que la situation difficile que traverse actuellement le Maroc tant sur le plan intérieur que sur le plan africain international », a ajouté le même communiqué. (MEE)

Algérie-Maroc: Alger exprime sa colère après l’ouverture des consulats de deux pays africains au Sahara occidental

L’ouverture par la Guinée et le Gabon de représentations consulaires au Sahara occidental «ne peuvent en aucun cas légitimer la colonisation de ces territoires», fait savoir le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Dans un communiqué relayé par l’agence officielle Algérie Presse Service (APS), le ministère algérien des Affaires étrangères dénonce «les graves décisions unilatérales de la Guinée et du Gabon» d’ouvrir des consulats dans les villes de Dakhla et Laâyoune, dans le territoire du Sahara occidental sous autorité marocaine.

«L’Algérie a pris connaissance des décisions unilatérales des gouvernements de la République de Guinée et du Gabon d’ouvrir des représentations consulaires à Dakhla et à Laâyoune, deux villes occupées du Sahara occidental», indique le communiqué.

«Ces décisions graves qui constituent une violation flagrante» des normes du droit international, des décisions et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies relatives à la question du Sahara Occidental «ne peuvent en aucun cas légitimer la colonisation de ces territoires ni remettre en cause le droit inaliénable et imprescriptible du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément à la doctrine et à la pratique consacrées des Nations unies et de l’Union Africaine en la matière», ajoute le ministère.

«Ces actes unilatéraux représentent aussi une atteinte grave au principe de la solidarité qui doit prévaloir entre les pays fondateurs de l’Union Africaine», conclut la note du ministère.
Le Sahara occidental dans les relations algéro-marocaines

Le 19 décembre, lors de la cérémonie de son investiture au poste de Président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que le conflit au Sahara occidental était «une question de décolonisation» inscrite et traitée dans ce cadre aux Nations unies et qui a fait l’objet d’un bon nombre de résolutions du Conseil de sécurité.

Réaffirmant la position algérienne de soutien à l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions de l’Onu, le Président algérien a estimé «que cette question ne devait pas être un obstacle pour la reprise de relations normales entre les deux pays».

Auparavant, le roi Mohammed VI avait proposé aux autorités algériennes la création d’un mécanisme de dialogue bilatéral pour la résolution des problèmes qui entravent les relations de bon voisinage entre les deux pays dans le cadre d’un dialogue «franc et direct».

Polémique entre Alger et Rabat autour de l’organisation de la CAN 2020 de Futsal au Sahara occidental

La décision du Maroc de localiser la CAN 2020 de Futsal dans la ville de Laâyoune, au Sahara occidental, a suscité la réaction de la Fédération de football et du Comité olympique algériens qui dénoncent une «politisation» des compétitions sportives continentales.

Hôte de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2020 de football en salle, le Maroc a choisi d’organiser la compétition continentale dans la ville de Laâyoune, située dans le territoire du Sahara occidental sous autorité marocaine. Une décision dénoncée simultanément par le Comité olympique algérien (COA) et la Fédération algérienne de football (FAF) qui ont interpellé la Confédération africaine de football (CAF).

Ainsi, le COA demande dans un communiqué à la CAF «d’éviter tout acte ou manœuvres d’essence politique […] contraires aux dispositions de la Charte olympique». Dans le même sens, la note accuse directement le président de la CAF, le Malgache Ahmad Ahmad, de «couvrir, sinon être complice d’une politisation outrancière des événements sportifs».

De son côté, dans une lettre adressée au président de la CAF, la FAF déplore une «décision à connotation politique» qui «prône la division au sein de la famille de la CAF». Sur la même lancée, la FAF a annoncé son refus de prendre part aux célébrations du 63 e anniversaire de la CAF prévues dans la même ville de Laâyoune à l’occasion de la CAN 2020 Futsal.

Qu’en est-il du côté de la CAF et du Maroc?

La CAF et la Fédération royale marocaine de football (FRMF) n’ont pas encore réagi aux critiques de la FAF et du COA, tout comme à celles émises par l’Afrique du Sud qui a décidé de se retiré de la compétition pour la même raison.

Le président de la Fédération marocaine de handball a également fait savoir que le Championnat d’Afrique 2022 se déroulera à Laâyoune.

Depuis le début du conflit au Sahara occidental en 1975, le Maroc continue de revendiquer sa souveraineté sur ce territoire. Dans ce sens, Rabat prône un statut d’autonomie du Sahara occidental sous sa souveraineté comme solution au conflit. Pour sa part, le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, revendique l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans le cadre des résolutions du conseil de sécurité de l’Onu.

Le Maroc s’apprêterait à acheter 400 millions d’euros d’armements à la France

La France va vendre au Maroc des systèmes d’artillerie sur camion et leurs munitions ainsi que des missiles VL-Mica terrestre pour un montant total de 400 millions d’euros, ont indiqué des sources au journal La Tribune qui précise que ces contrats seront finalisés lors de la visite d’Emmanuel Macron au royaume chérifien prévue début février.

Le Maroc a conclu avec la France des contrats d’achat d’armements pour un montant complet de 400 millions d’euros, ont confié des sources concordantes au journal français La Tribune. Ces contrats devraient être annoncés lors de la visite d’État du Président Macron les 12 et 13 février au royaume chérifien, précise le quotidien.

Ainsi, ces sources indiquent que le constructeur français Nexter a récemment signé un contrat portant sur la vente de systèmes d’artillerie sur camion Caesar pour un montant de 170 millions d’euros, et de ses munitions pour une somme de 30 millions d’euros, totalisant ainsi 200 millions d’euros de ventes au Maroc. Par ailleurs, le missilier MBDA a vendu en 2019 pour 200 millions d’euros de missiles VL-Mica terrestre, ajoute le média.

Mais en plus de ces deux contrats, le constructeur Naval Group travaillerait également sur un projet de maintenance des navires militaires marocains au port de Casablanca, à savoir trois corvettes Sigma vendues par le néerlandais Schelde en 2011 et 2012 et la frégate multimissions FREMM vendue en 2008 par la France.

En termes statistiques, la France a vendu au Maroc pour 1,8 milliard d’euros de matériel militaire et d’armes entre 2008 et 2018, dont deux satellites espions en 2013 (Airbus et Thales).
L’industrie militaire américaine en pointe au Maroc

Les États-Unis restent de loin le premier fournisseur d’armes du Maroc. En effet, selon La Tribune, Lockheed Martin modernisera pour les Forces armées royales (FAR) 23 F-16V sur les 24 achetés en 2008 pour un montant de près de un milliard de dollars. Le constructeur américain doit également assurer le maintien en condition opérationnelle des F-16V marocain pour un montant de 250 millions de dollars. Ceci en plus du fait que le royaume chérifien a décidé de renforcer son armée de l’air avec 25 F-16C pour un montant de 3,7 milliards de dollars.

Rabat va également acquérir auprès de Boeing 36 hélicoptères d’attaque AH-64E Apache pour un coût estimé à 4,25 milliards de dollars et trois hélicoptères CH-47D Chinook pour une somme de 134 millions de dollars.

Pour les besoins de son armée de terre, le Maroc achètera auprès de Raytheon des missiles antichars filoguidés TOW-2A pour un coût estimé à 776 millions de dollars.

Ainsi, le royaume chérifien achètera pour 10,38 milliards de dollars en 2019 aux États-Unis. Ceci en plus du contrat conclu en 2018 entre les deux parties portant sur la modernisation de 162 chars Abrams pour un coût estimé à 1,25 milliard de dollars.

Lors de la deuxième réunion de la commission bilatérale maroco-saoudienne tenue les 3 et 4 décembre 2019 à Rabat, l’Arabie saoudite a annoncé un plan d’aide militaire pluriannuel de 22 milliards de dollars au profit du Maroc destiné à soutenir la formation, la logistique et l’industrie locale d’armement.

https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/le-maroc-adopte-des-textes-pour-sattribuer-lespace-maritime-face-au-sahara-occidental https://fr.sputniknews.com/maghreb/202001221042946288-alger-denonce-la-legitimation-de-la-colonisation-du-sahara-occidental-par-deux-pays-africains/ https://fr.sputniknews.com/maghreb/202001221042945900-polemique-entre-alger-et-rabat-autour-de-lorganisation-de-la-can-2020-de-futsal-au-sahara/ https://fr.sputniknews.com/maghreb/202001221042943024-la-maroc-sappreterait-a-acheter-400-millions-deuros-darmements-a-la-france/

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