Algérie / Le Mouvement Rachad passé au crible : Prêtre à l’extérieur, diable à l’intérieur

   Héritier du Front islamique du salut dissous, le mouvement Rachad s’est forgé une réputation dans la falsification de l’histoire de la décennie noire.

Tel père, tel «FIS». Proclamant la non-violence et la démocratie, l’organisation Rachad, héritière du Front islamique du salut dissous, tente d’avancer à visage masqué. En vain. La neige a fondu. «Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens: ceux qui les font et ceux qui en profitent».
Une citation de Napoléon Bonaparte que le mouvement Rachad veut faire sienne. Constitué à l’étranger des résidus de l’ex-FIS dissous, Rachad veut surfer sur la vague de la contestation populaire pacifique dans le but, loin d’être caché, de servir l’agenda politique de ses «mentors» avec le soutien d’officines étrangères hostiles à l’Algérie. Ne dit-on pas que dans les plus calmes fleuves, les diables pullulent.

Un avis partagé par l’universitaire Ahmed Bensaâda qui a disséqué le discours de Rachad. Dans son analyse, le chercheur et enseignant soutient que le discours «sournois» de Rachad possède «une expertise dans la propagande de guerre» selon «les cinq principes énoncés par le journaliste-essayiste Michel Collon».: cacher les intérêts, cacher l’histoire, diaboliser l’adversaire, se faire passer pour les défenseurs des victimes, monopoliser et empêcher le débat. Dans sa plaidoirie, ce titulaire d’un doctorat en physique de l’université de Montréal (Canada) souligne que Rachad se cache derrière des slogans «pacifiques» (sic!) tels que «nous ne cherchons pas le pouvoir», «Dawla madaniya, machi aaskaria» (Un Etat civil et non militaire), «nous voulons sauver notre pays de la mafia», «nous ne sommes pas des islamistes», «nous sommes ouverts à toutes les idéologies» etc. Des slogans en complète contradiction avec le passé politico-religieux des principales figures de ce mouvement, de leurs relations douteuses avec la nébuleuse islamiste internationale, de leurs sympathies avec les djihadistes libyens et syriens et de leur appartenance à l’organisation islamiste internationaliste «Motamar El Oumma» et son projet de califat «rachidiste», relève cet auteur de plusieurs ouvrages. Qui se fait ange n’est bien souvent qu’un diable qui se cache. Pour ce faire, les membres de Rachad tentent de se mettre dans la peau de la victime.

«Le mouvement Rachad s’est forgé une réputation dans la falsification de l’histoire de la décennie noire», note l’universitaire, affirmant que les militants de ce mouvement «experts dans le ‘‘Qui-tu-quisme » (…) s’évertuent à blanchir les terroristes et à noircir les militaires, à innocenter les djihadistes et incriminer l’armée algérienne». A contrario, les inconditionnels de cette organisation subversive se présentent comme des adeptes de la nature et des défenseurs de l’environnement, précise Ahmed Bensaâda. «Les djihadistes qui ont pris les armes ne sont que des gentils touristes qui aiment la randonnée pédestre dans les maquis algériens, alors que les militaires sont des méchants qui n’aiment pas les randonneurs» se défendent-ils. Même dans l’oeil du diable, il y a des larmes! Une thèse que l’universitaire qualifie de «pitoyable inversion des rôles qui ne fait que remuer le couteau dans la plaie de milliers de familles qui ont perdu des êtres chers».

Pour lui, «occulter l’histoire et la métamorphoser, c’est une spécialité de Rachad». Comme pour les infections cutanées aux urgences, le diable se cache dans les détails. Dans ce sens, «diaboliser l’adversaire», est, selon le docteur Bensaada, «très commun dans le discours de Rachad», expliquant que dans le discours de Rachad «le gouvernement, les militaires, les responsables, tous sentent le soufre de l’enfer» et que «rien de bon n’a été accompli et ne sera jamais accompli par eux» et qu’«ils sont le mal personnifié». En contrepartie «Rachad se place toujours comme le défenseur de la veuve et de l’orphelin…, de l’opprimé et du pauvre» indique le docteur Bensaâda. C’est tenter le diable et jouer avec le feu que de ne proposer que des «palabres.» «Bref, que du vent», a-t-il déploré. Pour parvenir à ses fins, Rachad se veut «omniprésent sur le cyberespace» pour «raconter les mêmes balivernes, mais à des sauces différentes» souligne l’universitaire.

Smaïl ROUHA

Agressions et inquisitions contre ceux qui portent des slogans hostiles aux islamistes

Attention au dérapage!

Les agressions et les menaces ont aussi visé les marcheurs et les manifestants qui ont hissé des pancartes exprimant le rejet de l’Etat islamiste et théocratique.

Les décantations ne cessent de se faire manifester dans la «dynamique» du Mouvement populaire.
La dernière manifestation du «Hirak» a laissé entendre que les manifestants ne sont pas du tout homogènes. L’hétérogénéité a eu le dessus sur les marches et les manifestations du Mouvement populaire historique du 22 février 2019. Est-ce une tournure qui veut en découdre avec le Mouvement populaire initial? S’agit-il d’un détournement du mouvement et de son squat de l’élan populaire et de ses rêves pour le changement pacifique et démocratique et de justice sociale?
De prime abord, il faut revenir à la genèse du Mouvement populaire. C’était un moment de ras-le-bol et de colère contre un cinquième mandat d’une poignée de l’oligarchie qui s’est emparée de la République pour imposer son diktat et ses desiderata. Les slogans étaient tous identiques et ils se faisaient clamer en synergie par la majorité des manifestants qui sont sortis massivement en hissant le mot d’ordre « Non au cinquième mandat.. Djeïch echaâb khawa khawa».
La revendication principale qui revenait dans chaque manifestation hebdomadaire, c’était «Algérie libre et démocratique». Donc, il y avait une symbiose et une harmonie qui s’exprimaient clairement et nettement.

Cette période caractérisée par l’euphorie du changement du régime et de la mise au placard des symboles du système de Bouteflika et de son oligarchie, à commencé petit à petit à céder la place à des slogans et des manifestations où la présence des islamistes radicaux de l’ex-FIS se faisait sentir.
La dernière manifestation du vendredi s’est distinguée par la montée des scènes de violence et des attaques verbales et autres insultes et de noms d’oiseaux. Les journalistes dans leur quasi-majorité ont été la cible de groupes investissant le «Hirak». Les représentants des médias qui ont été tabassés et agressés n’ont pas à cru ce qui est arrivé. C’est pour la première fois depuis la première manifestation historique du Mouvement populaire qu’une telle attitude violente se fait montrer avec une telle synchronisation et organisation. Les agressions et des menaces ont aussi visé les marcheurs et les manifestants qui ont hissé des pancartes exprimant le rejet de l’Etat islamiste et théocratique aux côtés du slogan Etat civil comme une continuité qui remet en cause y compris l’islamisme comme un élément parmi d’autres qui ont contribué dans l’exacerbation de la crise et de la violence dans le pays depuis plusieurs décades.
Les pancartes hostiles aux islamistes radicaux et les sbires du Rachad subissaient des attaques et des agressions et des réactions épidermiques de la part des affidés de la nébuleuse islamiste à telle enseigne que certains d’entre eux ont osé s’attaquer aux manifestants qui scandaient les slogans anti-Rachad et hostiles aux islamistes radicaux et leurs sbires.

La dernière manifestation du vendredi a montré une scène de bipolarisation qui risque dans les prochaines marches se transformer en des affrontements physiques violents. Le syndrome de la décennie noire des années 90 du siècle écoulé risque de se reproduire au vu des agissements dictatoriaux de la nébuleuse islamiste du Rachad au sein du Mouvement populaire.
La dichotomie est en train de prendre de l’ampleur au sein du Mouvement populaire. Cette triste réalité va capoter l’élan qui a tant fait rêver la majorité des Algériens et des Algériennes qui a cru en ce sursaut salvateur pour entamer une nouvelle étape faite de changement fondé sur les valeurs démocratiques et de justice sociale et la tolérance et la vraie pluralité.

L’incursion de la nébuleuse islamiste du Rachad et ses alliés en quête d’une réhabilitation au sein du «Hirak» ont sabordé l’élan populaire et plus grave que ça, Il sont réussi à faire fuir la majorité des algériens et des algériennes qui croyaient en une Algérie nouvelle faite de progrès et d’union nationale et de démocratie.
Ce rêve vient d’être écorné par les obscurantistes totalitaires qui veulent imposer un seul son de cloche, celui d’un projet nihiliste et mortifère où les autres voix et les autres sons n’ont pas le droit au chapitre.

Hocine NEFFAH

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