L’ONU exige que la France recoure aux statistiques ethniques pour vaincre le «racisme systémique»

   Les Etats dont la France doivent «recueillir et publier des données complètes ventilées selon la race ou l’origine», selon un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU. Une pratique qui serait contraire à la Constitution française.

La Constitution française est-elle obsolète selon l’ONU ? Si le texte qui fonde la Ve République établit que la «France est une République indivisible [et qu’elle] assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion», le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU exige lui des Etats, dont la France, dans un rapport du 28 juin, la mise en place de statistiques ethniques pour lutter contre le «racisme systémique».

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Lorsqu’elles existent, les données à cet égard sont «inquiétantes», estime le Haut-Commissariat, évoquant par exemple le Royaume-Uni où sur une année (d’avril 2019 à mars 2020), il a constaté six interpellations avec fouille pour 1 000 personnes blanches contre 54 pour 1 000 personnes noires. Le rapport indique donc qu’il faut analyser «les effets cumulés des lois, des politiques et des pratiques sur certains groupes raciaux et ethniques en particulier». Le Haut-Commissariat a également examiné 190 cas de décès d’Africains ou de personnes d’ascendance africaine au contact avec les forces de l’ordre.  Il s’est plongé dans le détail sur sept «cas représentatifs», dont celui d’Adama Traoré. «A l’exception du cas de George Floyd, personne n’a été tenu responsable de ces meurtres, et les familles attendent toujours la vérité et la justice», a relevé Mona Rishmawi, chef du Service de l’Etat de droit, de l’égalité et de la non-discrimination au Haut-Commissariat, qui a déploré la lenteur de la justice dans le ce cas de l’affaire Adama Traoré.

La lutte contre le racisme passe par un véritable travail de mémoire, souligne enfin le rapport, pour qui il est «grand temps de regarder en face les séquelles de l’esclavagisme, de la traite transatlantique des Africains et du colonialisme, et de viser à une justice réparatrice». «Je demande à tous les Etats de cesser de nier le racisme et de commencer à le démanteler, de mettre fin à l’impunité et d’instaurer un climat de confiance, d’écouter les voix des personnes d’ascendance africaine, d’affronter les séquelles du passé et d’offrir des réparations», conclut la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet, pour qui «le statu quo est inacceptable».

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