Palestine, de la colonisation à l’apartheid

        Près de trente ans après les accords d’Oslo, la solution à deux États n’a plus guère de chances de se concrétiser. Tandis que la bande de Gaza subit un implacable blocus, les difficultés des habitants de la Cisjordanie, soumis à des mesures ségrégatives, ne cessent de s’aggraver. Si la direction politique palestinienne est en plein désarroi, la population, elle, ne plie pas.

De la colonisation à l’apartheid
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Rehaf Al-Batniji, Gaza, 2018-2021.

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«À Jérusalem, [M. Joseph] Biden signe le certificat de décès des Palestiniens. » Sous ce titre, le journaliste israélien Gideon Levy tirait le principal enseignement de la visite du président américain au Proche-Orient en juillet 2022. Celui-ci, du bout des lèvres, avait soutenu la solution à deux États, mais « pas à court terme », précisait-il. Que se passera-t-il à ce moment-là « Les Israéliens le décideront-ils seuls ? Les colons retourneront-ils chez eux volontairement ? Quand leur nombre aura atteint un million au lieu de 700 000, seront-ils satisfaits ? » C’est une page qui se tourne, poursuivait l’éditorialiste de Haaretz, celle où les Palestiniens ont joué la carte de la modération et de l’Occident. Désormais, avec les nouvelles lois contre le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), et les définitions déformées de l’antisionisme qui tendent à l’assimiler à l’antisémitisme, les États-Unis et l’Europe sont perdus pour les Palestiniens, dont « le sort risque de ressembler à celui des peuples indigènes des États-Unis ».

Les Palestiniens seront-ils réduits à s’entasser dans des réserves de « Peaux-Rouges » et à danser le dabkeh pour quelques touristes en mal d’exotisme ? Jamais, depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967, leur situation politique, diplomatique et sociale n’a semblé aussi désespérée. Les Palestiniens avaient déjà connu une traversée du désert après la création d’Israël en 1948, la liquidation de leurs directions politiques, l’expulsion de plusieurs centaines de milliers d’entre eux dispersés à travers les camps de réfugiés. Mais en 1967-1969, les organisations de fedayins avaient créé la surprise et occupé le vide laissé par la défaite des pays arabes ; une nouvelle génération prenait les armes et proclamait que la libération serait l’œuvre des Palestiniens eux-mêmes. La renaissance de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait signé le retour politique d’un peuple qu’Israël s’était promis d’effacer et avait permis à la Palestine de retrouver sa place sur la carte géopolitique. En quelques années, l’OLP s’implantait dans les camps de l’exil, notamment en Jordanie et au Liban, et dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est. Peu à peu, elle sera reconnue comme le «seul représentant du peuple palestinien », ce que confirmera l’intervention de Yasser Arafat devant l’Assemblée générale des Nations unies en 1974


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