Dossier : Les partis islamistes ont-ils vraiment changé ?

L’Année du Maghreb 

22 | 2020      La « modération » au crible des sciences sociales

Sous la direction de Alia Gana et Myriam Aït Aoudia

Rédacteur en chef : Vincent Geisser

Les lecteurs peuvent avoir le sentiment que tout a été dit et écrit sur les mouvements islamistes au Maghreb. Le sujet serait désormais épuisé et saturé. Ce n’est pas complètement faux au regard de l’abondante littérature scientifique et grand public traitant de l’islam politique. Pourtant, les événements intervenus ces dix dernières années dans les sociétés maghrébines ont en partie changé la donne : les mouvements protestataires, les réformes institutionnelles et l’ouverture partielle ou totale des champs politiques aux opposants historiques ont été suivis par l’accession de certaines organisations islamistes aux arènes parlementaires et gouvernementales. D’où l’émergence de nouveaux questionnements sociologiques sur la réelle capacité des islamistes à intégrer les instances du pouvoir, à développer des politiques publiques, à gérer l’économie et à faire face aux défis sociétaux et sécuritaires. Les islamistes seront-ils d’aussi « bons gouvernants » qu’ils ont été de « virulents opposants » aux régimes autoritaires, finissant par se « modérer » et accepter les principes et les valeurs des démocraties pluralistes ?
Au-delà d’une posture normative stimulante sur le plan intellectuel, mais relativement pauvre d’un point de vue heuristique, l’objectif de ce dossier est précisément de dépasser la représentation binaire « islamo-démocrates » versus « agenda islamiste caché », en privilégiant des enquêtes inédites et in situ sur la trajectoire des mouvements islamistes au Maghreb. Dans cette perspective, les auteur.e.s entendent jouer sur les différents échelles et registres d’analyse : local/central/transnational, idéologie/religion/praxis, organisations partisanes/mouvement social, en prenant en compte les interactions avec les autres forces politiques séculières ou islamistes « radicales », et en réintroduisant une perspective à la fois historique et comparative.

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