Exclusif – PHAM QUOC TRU, Ambassadeur du Vietnam en Algérie : « Le Vietnam, un nouveau membre actif au conseil de Sécurité de l’ONU »

En exclusivité pour La Tribune Diplomatique Internationale, voici un article rédigé par Son Excellence Monsieur PHAM QUOC TRU, Ambassadeur du Vietnam en Algérie au sujet de l’élection du Vietnam au poste de membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour le mandat 2020-2021.

SEM PHAM QUOC TRU, Ambassadeur du Vietnam en Algérie

LE VIETNAM, UN NOUVEAU MEMBRE ACTIF  AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU

Lors de la 73è Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) du 7 juin dernier, le Vietnam a été élu membre non permanent au Conseil de Sécurité pour la période 2020-2021 avec un nombre record de voix: 192 sur 193. Cette élection quasi-unanime reflète le respect et la confiance dont bénéficie le Vietnam sur la scène internationale grâce à  sa politique étrangère ouverte et ses nombreux efforts constructifs déployés dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde durant les années passées.

Une politique extérieure ouverte

Dans la mouvance du Doi Moi, le Vietnam a activement entrepris une politique extérieure ouverte visant à diversifier et multilatéraliser ses relations internationales tout en approfondissant son intégration régionale et mondiale.

Le Vietnam entretient ses relations diplomatiques avec plus de 190 pays et son partenariat économique-commercial avec plus de 200 pays et territoires dans le monde. Il a établi des relations de partenariat global et/ou stratégique avec une trentaine de pays dont surtout les grandes puissances.

Il a aussi adhéré à un grand nombre de forums et d’organisations interrnationaux et régionaux au sein desquels  il joue un rôle  de plus en plus important  tels que les différentes institutions professionnelles de l’ONU (comme l’Organisation Mondiale de la Santé- OMS, l’Organisation internationale du Travail- OIT, l’Organisation internationale de la Métérologie- OMM, l’Union internationale de la Télécommunication-UIT, la Conférence du Désarmement- CD,…), le Fond Monétaire Internationale (FMI), la Banque Mondiale (BM), l’Organisation Mondiale de l’Immigration (OMI), l’ Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE)  et ses diverses structures, le Forum de Coopération Économique Asie-Pacifique (APEC), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la Réunion Asie-Europe (ASEM), la Francophonie, etc… Il a intégré son économie d’une manière de plus en plus profonde dans l’économie mondiale en concluant d’une vingtaine d’accords bilatéraux et multilatéraux de libre échange dont notamment ceux dans le cadre de l’ANASE (ASEAN Free Trade Area-AFTA, ASEAN Economic Community-AEC, ASEAN-China FTA, ASEAN-India FTA, ASEAN-Japan FTA, ASEAN-Korea FTA, ASEAN-Australia-New Zealand FTA…), Asia-Europe FTA, VN-EFTA, CPTPP, Vietnam-EU FTA, Vietnam-US BTA, Vietnam-Chili FTA, … Grâce à ces accords, il a non seulement ouvert son économie et son marché domestique au monde, mais aussi acquis un accès presque libre au marché  d’un grand nombre de pays, ce qui l’a aidé à maintenir le taux annuel de croissance du commerce extérieur plus élevé que 20% pendant ces vingt dernières années avec le ratio volume du commerce extérieur / PIB équivalent à presque 200%, un chiffre qui place le Vietnam parmi les économies les plus ouvertes du monde.

Un membre actif au sein de l’ONU

Durant ces derniers temps, le Vietnam a été élu  membre de plusieurs organes du système onusien, tels que le Conseil de Sécurité (2008-2009), le Conseil Économique et Social (1998-2000 et 2016-2018), le Conseil des Droits de l’Homme (2014-2016), le Conseil Exécutif de l’UNESCO (2015-2019), et la Commission du droit international (2017-2021). Il figure parmi les pays ayant atteint plusieurs des Objectifs du Millénaire pour le développement avant la date fixée, notamment en termes de réduction de la pauvreté. Depuis plusieurs années, il participe à des activités de maintien de la paix entreprises dans le cadre de l’ONU, en envoyant des soldats participer à des opérations onusiennes en Afrique et très récemment en déployant son deuxième hôpital de campagne au Soudan du Sud. Il a aussi préparé l’envoi d’un bataillon d’infanterie qui s’apprête à partir en mission en Afrique cette année.

Tout au long de son mandat au Conseil de Sécurité pour la période 2008-2009, le Vietnam a joué un rôle actif  et constructif dans les consultations, les réunions et les considérations et les prises  de décisions au sein du Conseil sur un large éventail de questions relatives aux conflits régionaux, à la reconstruction post-conflit, à la lutte contre le terrorisme international, à la révision des sanctions, des opérations de maintien de la paix et à l’amélioration de la transparence du Conseil. Parmi les contributions du Vietnam en tant que membre non permanent du Conseil de Sécurité pour cette période, il mérite de mentionner l’adoption, par le Conseil sous la Présidence vietnamienne, de la résolution 1889 sur les femmes, la paix et la sécurité, une résolution fondée sur l’initiative vietnamienne appelant à renforcer la participation des femmes aux processus de paix.  

Un message clair : Promouvoir le partenariat pour une paix durable

Le monde actuel fait face à des défis énormes en termes de paix et de sécurité, lesquels exigent des efforts de coopération de tous les pays pour les relever. Étant le centre  de coopération et de coordination le plus important au niveau  mondial dans la cause de maintien de la paix et de la sécurité aussi bien sur le plan planétaire que sur le plan régional, le Conseil de Sécurité des Nations Unies joue le rôle majeur dans le règlement des conflits régionaux et la recherche des solutions durables à des problèmes qui affectent la paix et la sécurité des pays à travers  la mobilisation et la participation des ressources des nations.

Le Vietnam, un pays qui a beaucoup sacrifié dans la lutte pour l’indépendance, la paix et la sécurité de son peuple ainsi que de ceux de la région, et qui est aussi fort de ses expériences acquises lors de son premier mandat au Conseil de Sécurité, s’apprête à faire des effort dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales, sur la base des principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations unies.

Le message que le Vietnam veut faire passer en devenant un membre du Conseil de Sécurité cette fois est simple et claire : Promouvoir le partenariat pour une  paix durable.  Il cherche également  à promouvoir davantage le multilatéralisme, le respect du droit international, et à contribuer activement au règlement des problèmes soumis à la considération du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont particulièrement ceux auxquels le Vietnam donne une priorité, à savoir, par exemple, la question relative aux femmes et aux enfants dans les conflits, le règlement des bombes et des  autres explosifs restants dans l’après-guerre, etc… dans le but de créer un environnement pacifique, stable et propice au développement./ 




Articles & commentaires connexes


L’économie vietnamienne : un bilan de développement remarquable

De : Nicolas Rodriguez Harispe, analyste en formation,
École de politique appliquée, Faculté des lettres et sciences humaines,
Université de Sherbrooke (Canada) / 24.03.2018 /


En 1986, la réforme économique Doi Moi, signifiant renouveau, a été initiée par le Parti communiste vietnamien. À partir de cette date, l’économie de marché a été autorisée, voire encouragée au Viêt Nam (1). Depuis lors, ce pays a passé de la rigidité d’une économie planifiée et fortement agraire à une économie plus industrielle et basée sur le marché (2). En 2018, cet État a une population jeune, un système politique stable, un engagement en faveur d’une croissance durable, une inflation relativement faible et une monnaie stable (3). La réforme lancée il y a plus de trente ans a stimulé la croissance et le développement économique du Viêt Nam, transformant ainsi l’un des pays les plus pauvres du monde en un pays à revenu intermédiaire (4). 

Une économie forte, stable et positive 

En 2017, le Viêt Nam n’a pas atteint son objectif de croissance annuel en raison de problèmes environnementaux. La sécheresse et la salinisation ont eu des répercussions sur le secteur agricole (5). Cependant, la croissance annuelle du produit intérieur brut (PIB) a atteint 6,3 %, ce qui est au-dessus de la moyenne de 5,0 % des pays d’Asie du Sud-Est (6). Depuis 1990, la croissance du PIB par habitant du Viêt Nam a été parmi les plus rapides du monde. Celui-ci a atteint une moyenne de 6,4 % par an dans les années 2000 (7). De plus, les perspectives à moyen terme du pays restent favorables.

Le secteur des services, qui représente 41,3 % de l’économie, continue à accélérer grâce à la croissance soutenue du commerce de détail (8). La production industrielle, atteignant 32,7 %, reste robuste malgré une réduction significative de la production dans le secteur pétrolier (9). En ce qui concerne l’agriculture, la croissance s’est progressivement redressée, même si la reprise reste fragile (10). L’agriculture représente 15,9 % du PIB du Viêt Nam (11). 

L’expansion du tourisme et des relations économiques internationales 

En 2017, le tourisme a représenté 4,6 % du PIB du Vietnam (12). Il s’agit d’un domaine d’activité en pleine croissance et plusieurs facteurs influencent son développement. Tout d’abord, la présence accrue du Viêt Nam sur Internet augmente l’attrait de ses ressources naturelles (13). De plus, le développement économique continu a conduit à l’expansion des voyages d’affaires (14). En outre, la perception de la sécurité fait également du Viêt Nam une destination de plus en plus attrayante pour le développement de son secteur de voyage et tourisme (15). Le tourisme reflète principalement l’activité économique générée par des industries telles que les hôtels, les agences de voyage, les compagnies aériennes et d’autres services de transport de passagers (16). De 2018 à 2028, il est estimé que les voyages et le tourisme représenteront directement 2 295 000 emplois, soit une augmentation de 1,3 % par année (17). 

Les experts et les analystes vietnamiens cherchent à diversifier le développement économique de leur pays, notamment en poursuivant des relations multilatérales. Dans le but de s’intégrer dans l’économie mondiale, le Viêt Nam a rejoint l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en janvier 2007. De plus, entre 2015 et 2016, il a conclu plusieurs accords de libre-échange, notamment avec l’Union européenne, la Corée et l’Union économique eurasiatique (18). En 2017, le Viêt Nam a présidé avec succès la Conférence de coopération économique Asie-Pacifique (19). 

En outre, le gouvernement vietnamien reconnaît la nécessité de déclencher une nouvelle vague de réformes. Afin de poursuivre avec une forte croissance économique, il croit devoir réformer des entreprises d’État, réduire des formalités administratives, diminuer les prêts improductifs dans le secteur bancaire et accroître la transparence du secteur financier (20). Le gouvernement dit agir rapidement, puisque le ratio de la dette publique du Viêt Nam par rapport au PIB approche le plafond de 65 % imposé par le gouvernement (21). 

Le Viêt Nam réforme présentement son économie en restructurant les investissements publics, les entreprises publiques et le secteur bancaire. Par contre, l’économie vietnamienne a plusieurs défis, notamment en raison de sa haute dette publique. Aussi, les deux objectifs de la croissance du PIB et du contrôle de l’inflation ne se soutiennent souvent pas. Viser une croissance économique signifie que le pays doit accepter un gonflement des prix plus élevé (22). 


Références: 

(1) Vuong, Quan Hoang, « Vietnam’s Political Economy in Transition (1986-2016) », Stratfor Worldview, 2016, https://worldview.stratfor.com/article/vietnams-po… (page consultée le 9 mars 2018) 

(2) CIA World Factbook, « Vietnam », 2018, https://www.cia.gov/library/publications/the-world… (page consultée le 9 mars 2018) 

(3) Loc. Cit. 

(4) The World Bank, « The World Bank in Vietnam », 13 avril 2017, http://www.worldbank.org/en/country/vietnam/overview#1, (page consultée le 9 mars 2018) 

(5) CIA World Factbook, Op. Cit. 

(6) Asian Development Bank, « Southeast Asia : Economy », 2018, https://www.adb.org/data/southeast-asia-economy, (page consultée le 10 mars 2018) 

(7) The World Bank, « GDP growth (annual %) », 2018, https://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.MKTP.K… (page consultée le 10 mars 2018) 

(8) The World Bank, « Vietnam’s Economy Shows Fundamental Strenght, with Stable and Positive Medium Term Outlook », 13 juillet 2017, http://www.worldbank.org/en/news/press-release/201… (page consultée le 10 mars 2018) 

(9) Loc. Cit. 

CIA World Factbook, Op. Cit. 

(10) Loc. Cit. 

(11) CIA World Factbook, Op. Cit. 

(12) Koema, « World Travel and Tourism Council Data », 2017, https://knoema.fr/WTTC2017/world-travel-and-touris… (page consultée le 10 mars 2018) 

(13) World Economic Forum, « Asia Pacific results », 2017, http://reports.weforum.org/travel-and-tourism-comp… (page consultée le 11 mars 2018) 

(14) Loc. Cit. 

(15) Loc. Cit. 

(16) World Travel & Tourism Council, « Travel & Tourism : Economic Impact 2017 Vietnam », 2017, https://www.wttc.org/-/media/files/reports/economi… (page consultée le 11 mars 2018) 

(17) Loc. Cit. 

(18) CIA World Factbook, Op. Cit. 

(19) Loc. Cit. 

(20) Loc. Cit. 

(21) Loc. Cit. 

(22) Vietnam Net, « Big Challenges face Vietnam’s economy », 3 février 2017, http://english.vietnamnet.vn/fms/business/172051/b… (page consultée le 16 mars 2018) 



Du communisme au capitalisme : la longue marche du Vietnam

De : Jonathan Allard, analyste en formation,
École de politique appliquée, Faculté des lettres et sciences humaines,
Université de Sherbrooke (Canada) / 23.11.2009 /

On connait surtout le Vietnam parce qu’il a été le théâtre d’une guerre longue de plus de trente ans entre les camps communiste et capitaliste. Les États-Unis, qui s’y sont impliqués à divers niveaux, supportent le régime anticommuniste et nationaliste du Sud-Vietnam. Ils se désengagent néanmoins progressivement à partir de 1969, plus particulièrement avec le traité de Paris de 1973, laissant éventuellement la marge de manoeuvre nécessaire à une offensive décisive de la part des communistes du Nord-Vietnam. Ces derniers s’emparent finalement du reste du pays en 1975 et procèdent à sa réunification sous le régime du Parti communiste vietnamien (PCV) en juillet 1976 (1). 

L’émoi causé par la victoire est toutefois de courte durée pour les communistes vietnamiens, puisque les années suivantes (1976-1980) sont pour le moins lamentables. Le PCV établit son Plan quinquennal d’après-guerre autour d’objectifs très ambitieux. En réalité, ils sont probablement trop ambitieux pour un pays ravagé par vingt années de guerre totale contre la première puissance militaire du monde. Entre 1976 et 1980, la croissance annuelle moyenne n’est que de 0,4 %, alors que le Plan visait plutôt 13 % à 14 %. L’inflation annuelle frôle quant à elle les 450 % et la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté (2). Durant la même période, 1,3 millions de Vietnamiens quittent ce pays exsangue et frappé de surcroît par une catastrophe alimentaire en 1979-1980 (3).

Devant l’ampleur de la situation, le Vietnam entreprend quelques réformes économiques dès 1979 (4). Cependant, elles ne sont systématisées et annoncées officiellement que sept ans plus tard, lors du VIème congrès du PCV en décembre 1986. Devant l’échec de l’économie planifiée des années précédentes, un important processus de transition économique, baptisé le « Doi moi » (« renouveau »), est mis en branle. Ce nouveau plan a pour objectifs « la libéralisation et la décentralisation économiques », « la restructuration de l’appareil productif » et « l’insertion internationale » (5). Notre texte s’intéresse aux changements que cette transition a apportés afin de paver la voie au Vietnam d’aujourd’hui. 

Libéralisation progressive de l’économie 

En premier lieu, soulignons que l’orientation prise par le Doi moi laisse croire que le Vietnam ne s’est pas appuyé uniquement sur ses propres échecs pour concevoir son plan de transition économique. Le Vietnam lorgnait certainement du coin de l’oeil les succès remportés par son imposant voisin, la Chine, qui avait entrepris des réformes vers une économie de marché depuis 1978. De fait, la nouvelle stratégie économique adoptée par le Vietnam est sensiblement la même que celle déjà déployée par la Chine, soit une stratégie de croissance économique axée sur l’augmentation des exportations et caractérisée par une libéralisation progressive de l’économie (6). 

Le Vietnam libéralise d’abord le secteur agricole en rétablissant la possibilité d’une exploitation des terres sur une base familiale et privée (7). Du même coup, le gouvernement vietnamien retire graduellement les mesures de rationnement et les subventions qui avaient été introduites lors des pénuries alimentaires des années précédentes. Ces nouveaux incitatifs amènent le secteur agricole à se diversifier et à augmenter rapidement sa production, propulsant le Vietnam rapidement à un état d’autosuffisance, voire même à un rôle d’exportateur important en matière d’alimentation (8). 

Aussi, un an après le lancement du Doi moi, en décembre 1987, le Vietnam met en place un pilier important de son cadre légal menant à une économie de marché. Il adopte la Loi sur l’investissement direct étranger (Foreign Direct Investment Law, ou FDI Law), laquelle lui sert pendant plusieurs années à attirer des investisseurs en sol vietnamien et l’aide à se forger une place dans le commerce international (9). 

Croissance et restructuration économiques 

Les années 1990 sont également marquées par l’implantation progressive de réformes visant la libéralisation de l’économie (10). Il s’agit d’une décennie déterminante pour la transition vietnamienne. Elle est caractérisée par un développement économique accéléré et par des mutations structurelles importantes. 

De fait, entre 1992 et 2002, la croissance annuelle moyenne est de 7,4 % pour le PIB et 5,8 % pour le PIB par habitant (11). Par ailleurs, la répartition des fruits de cette croissance soutenue s’est faite de sorte que le pourcentage de personnes sous le seuil de la pauvreté est passé de 51 % durant les années 1976 à 1980 à moins de 20 % en 2006 (12). 

Puis, toujours entre 1992 et 2002, la dépendance envers le secteur agricole s’est amoindrie au profit d’une expansion des secteurs de l’industrie et des services. Le poids moyen du secteur agricole dans le PIB passe de 41 % entre 1986 et 1991, à 23 % en 2002. Quant aux secteurs de l’industrie et des services, leur poids moyen passe respectivement de 25,1 % et 33,9 % entre 1986 et 1991, à 38,5 % chacun en 2002 (13). 

Insistons sur le fait que toutes les mesures de transition ont été introduites avec parcimonie. L’économie vietnamienne est encore à ce jour considérée comme étant en transition, plus de vingt ans après l’introduction du Doi moi. L’État joue encore un rôle dans l’économie, mais ce rôle va en diminuant. 

D’ailleurs, le nombre d’entreprises détenues par l’État a grandement et graduellement diminué avec les années. Il est d’abord passé de 12 000 en 1993 à 5 800 en 2001, puis à environ 3 000 en 2005. Néanmoins, malgré la dénationalisation d’un bon nombre d’entreprises, l’État demeure un détenteur imposant de parts dans l’économie vietnamienne. Désormais il y a en quelque sorte coexistence entre grandes entreprises industrielles d’État et petites unités de production privées. Les firmes privées ont tout de même vu leur nombre croître rapidement jusqu’à atteindre environ 200 000 en 2006. Cette croissance accélérée a été rendue possible notamment par l’adoption en 2 000 de la Loi sur l’entreprise (Enterprise Law), qui offrait un cadre légal rassurant pour le secteur privé (14). 

Insertion dans l’économie internationale 

Parallèlement aux réformes intérieures, le Doi moi met de l’avant un projet d’insertion dans l’économie mondiale, d’abord par l’ouverture aux capitaux étrangers, dont les capitaux occidentaux, puis par l’adhésion à des organisations internationales, notamment à vocation économique. 

Ainsi, d’une part, la libéralisation du commerce et la promotion des investissements directs étrangers permet à la valeur des exportations vietnamiennes de croître de 21.6 % annuellement sur près de vingt ans, passant de 0.9 milliard de dollars US en 1986 à 36.5 milliards de dollars US en 2005 (en dollars US constants de 2005) (15). 

D’autre part, en janvier 1995, le Vietnam dépose une candidature d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il y adhère finalement en janvier 2007. Durant le processus d’admission, des oppositions sont exprimées à l’effet que le pays s’expose ainsi à une « concurrence internationale exacerbée », particulièrement après l’entrée de la Chine à l’OMC en 2001. D’autres intervenants, partisans de l’adhésion du Vietnam ceux-là, y voient plutôt un « moyen d’accélérer la restructuration économique en cours et, par les multiples opportunités d’échanges qu’elle offrira, de permettre une meilleure contribution du commerce au développement du pays » (16). 

En bout de ligne, la prudence, la patience et l’audace qui caractérisent la transition économique du Vietnam ont placé ce pays dans une position qui semble vouloir donner raison aux seconds sur les premiers. 

Références: 

(1) HÉMERY, Daniel, « Le Vietnam au XXe siècle », Encyclopédie de l’état du monde, [en ligne], http://edm.etatdumonde.com/EDMWeb/navigation/pays/… page consultée le 7 novembre 2009. 

(2) CAO, Xuan Dung et TRAN, Thi Anh-Dao, « Transition et ouverture économique au Vietnam : une différenciation sectorielle », Économie internationale, no. 104, 2005, p. 28. 

(3) HÉMERY, Daniel, op. cit. 

(4) Loc. cit. 

(5) CAO, Xuan Dung et TRAN, Thi Anh-Dao, op. cit., pp. 29-30. 

(6) CHU THI TRUNG HAU et DICKIE, Paul M., « Economic Transition in Viet Nam: Doi Moi to WTO », Public Policy Training Program, PPTP Studies Series 1, 2006, p. 7, [en ligne], http://www.adb.org/documents/reports/consultant/ec… page consultée le 7 novembre 2009. 

(7) HÉMERY, Daniel, op. cit. 

(8) CHU THI TRUNG HAU et DICKIE, Paul M., op. cit., p. 7. 

(9) Loc. cit. 

(10) Loc. cit. 

(11) CAO, Xuan Dung et TRAN, Thi Anh-Dao, op. cit., p. 30. 

(12) CHU THI TRUNG HAU et DICKIE, Paul M., op. cit., p. 8. 

(13) CAO, Xuan Dung et TRAN, Thi Anh-Dao, op. cit., p. 30. 

(14) CHU THI TRUNG HAU et DICKIE, Paul M., op. cit., p. 11. 

(15) Loc. cit. 

(16) CAO, Xuan Dung et TRAN, Thi Anh-Dao, op. cit., p. 28. 



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