Plan de paix de Trump : ‘vision’ ou démence ?

Moon of Alabama

L’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt a déclaré un jour :

« Ceux qui ont des visions devraient consulter un médecin.« 

Mercredi, le Président américain Donald Trump a publié une « Vision pour la paix, la prospérité et un avenir meilleur pour les peuples palestinien et israélien ». Le projet contient le terme « vision » 28 fois.

Ce projet de paix unilatéral est aussi réaliste que cette « Vision pour la paix » d’un Libanais pour un avenir meilleur des peuples d’Amérique du Nord, qui prévoit une division du territoire entre les indigènes amérindiens et les colons.

Les visions ne créent pas de droits. Elles n’ont aucun fondement juridique. Elles ne donnent de légalité à rien.

Trump, ses donateurs sionistes et les médias américains et occidentaux semblent avoir du mal à comprendre cela. Ils seront rééduqués par ceux qui continuent de défendre les droits du peuple palestinien, et à qui l’Histoire donnera le dernier mot.


Source : Le cri des peuples
https://lecridespeuples.fr/…

https://www.palestine-solidarite.org/analyses.sayed_hasan.310120.htm


>> Pourquoi le plan de Trump ne sauvera pas Israël

par Tim Anderson

Malgré la démonstration de force apparente de Trump avec son plan cynique censé conduire le Proche-Orient « De la Paix à la prospérité », la réalité est qu’il est en train d’aider Netanyahou à détruire Israël, la colonie européenne implantée en Palestine. L’envoyé palestinien en Grande-Bretagne, Husam Zomlot, a déclaré que l’annonce était une « pièce de théâtre politique » et pousserait la situation « dans le gouffre et dans l’Apartheid». Le Hamas a rejeté ce plan comme un « non-sens » (RT 2020). Netanyahu, qui a toujours œuvré à réaliser le projet de « Grand Israël », a déclaré que l’État sioniste devait à Kushner et à Trump « une dette éternelle de gratitude. »

Le plan « De la paix vers la prospérité » de Trump (« Une vision pour améliorer la vie des peuples palestinien et israélien ») est une version révisée du plan Kushner de 2019 (le soi-disant « Accord du siècle »), qui offrait une promesse illusoire de tombereaux d’argent sur le long terme (principalement de l’argent arabe du Golfe) en échange d’une reddition politique totale. La nouvelle version parle d’une « solution réaliste à deux États » – parce que « Israël aurait maintenant accepté les termes d’un futur État palestinien », à savoir un minuscule État fantoche dans lequel s’entasserait la population arabe majoritaire de la Palestine historique, mais ne comprenant que 15% de son territoire. Israël contrôlerait la grande majorité de la Cisjordanie (Maison Blanche 2020). Cet État-croupion, modelé à l’image d’un gruyère, n’aurait aucun pouvoir souverain, si bien que ce plan améliore délibérément le statu quo d’un seul État.

Le dernier plan de Trump fait suite à une série d’initiatives hostiles aux intérêts palestiniens et syriens : violation du droit international pour reconnaître Jérusalem comme une possession sioniste, violation du droit international pour annexer le Golan syrien, tentative de légitimer les multiples colonies israéliennes en Cisjordanie, exigence (dans le plan Kushner) d’une capitulation palestinienne effective sur le statut d’État et l’adoption de l’affirmation de l’IHRA prétendant que toute critique anti-israélienne est « raciste » et donc illégitime (IHRA 2016).

À ce stade de l’histoire de la colonie israélienne, l’illusion d’une « solution à deux États » vieille de 72 ans reste le principal obstacle à une Palestine démocratique. Le plan de Trump semble une « avancée » par rapport au plan Kushner, en ce qu’il essaye de maintenir en vie cette illusion moribonde. Une majorité de Juifs libéraux aux États-Unis, par exemple, tiennent toujours à l’illusion des deux États. Mais Netanyahou et ses collègues ont toujours voulu accaparer l’ensemble de la Palestine.

Le problème pour les sionistes les plus ambitieux est double :

(1) les Palestiniens ont résisté, par la guérilla et le maintien en Palestine où les territoires adjacents où ils ne se sont pas dilués, et sont maintenant légèrement plus nombreux que les Israéliens juifs dans le territoire de la Palestine historique ;

(2) la destruction du mythe des deux États et la reconnaissance généralisée qu’il n’y a qu’un seul État d’Apartheid entraîneraient un effondrement dramatique de la légitimité israélienne à travers le monde.

Les dirigeants sionistes les plus lucides le savent bien. L’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert a reconnu que « si le jour vient où la solution à deux États s’effondre et que nous sommes confrontés à une lutte de style sud-africain pour l’égalité des droits de vote, c’en sera fini de l’État d’Israël » (Olmert 2007).

Historiquement, Israël, en tant que colonie sectaire européenne, a toujours compté sur un nettoyage ethnique substantiel. Le 3 décembre 1947, alors que la campagne de conquête sioniste s’intensifiait, David Ben Gourion a déclaré à ses partisans que « les 40% de non-Juifs présents dans les zones attribuées à l’État juif » par le plan de partage ne permettaient « pas une base solide pour un État juif. Seul un État comptant au moins 80% de Juifs serait un État solide et viable » (Pappe 2006, p. 76).

Pour cette raison, le « Plan Dalet » de Ben Gourion de mars 1948 appelait à des opérations visant à « détruire complètement les villages Palestiniens (en les incendiant, en les faisant exploser et en plantant des mines dans leurs ruines) et surtout les centres de population difficiles à contrôler… [Les opérations requises sont] l’encerclement des villages et les perquisitions à l’intérieur des maisons. En cas de résistance, les forces armées doivent être anéanties et la population expulsée hors des frontières de l’Etat » (Pappe 2006, p. 68 ; Vidal 1997).

Ce plan a été exécuté et comprenait le massacre de Deir Yassine du 9 avril, où 107 villageois ont été tués, et une série d’expulsions dans lesquelles 531 villages et onze quartiers urbains ont été détruits et 800 000 Palestiniens sont devenus des réfugiés (Pappe 2006, chap. XIII ; Vidal 1997).

Pourtant, malgré le nettoyage ethnique, la domination militaire et les annexions, les agences israéliennes confirment que la population arabe actuelle de la Palestine historique (Arabes israéliens plus ceux de Cisjordanie et de Gaza) est à peu près égale ou légèrement supérieure à la population des Israéliens juifs.

Un rapport sur la population de Jérusalem publié en 2011 a montré que la population palestinienne de cette ville était passée de 25,5% en 1967 à 38% en 2009 (AIC 2011, pp. 10, 12). La bibliothèque virtuelle juive montre que les Juifs d’Israël (de la Palestine de 1948) sont passés d’un pic de 88,9% en 1960 à 74,7% en 2017 (JVL 2017). En parallèle, des responsables du Bureau central de statistique d’Israël et de l’administration civile militaire des territoires occupés (COGAT) disent que la population arabe de Gaza, de la Cisjordanie et les citoyens arabes [de deuxième classe] d’Israël, ainsi que les résidents des territoires annexés et de la municipalité de Jérusalem-Est, s’élève à 6,5 millions, soit à peu près le même nombre que « les Juifs vivant entre la vallée du Jourdain et la Méditerranée » (Heller 2018).

Malgré toutes les avancées apparentes de la puissance israélienne, la résistance palestinienne a renforcé à la fois la « menace démographique » pour Israël et l’illégitimité de la colonie sur la scène internationale.

Dans ce contexte, Trump et Netanyahou préparent le terrain à une illégitimité encore plus extrême, en consolidant un État d’Apartheid qui s’affirme toujours plus comme tel. Dans un rapport commandé pour l’ONU il y a plusieurs années, les juristes Richard Falk et Virginia Tilley (2017) ont clairement indiqué qu’Israël était déjà devenu un « Etat d’Apartheid », ce qui est un crime contre l’humanité. « La communauté internationale a la responsabilité de démanteler un tel régime », ont-ils déclaré.

Richard Falk, qui avait été rapporteur spécial sur la Palestine occupée pour l’ONU, a déclaré que la Palestine l’emportait dans la bataille pour la légitimité : « La Palestine gagne ce qui est en fin de compte la guerre la plus importante, la lutte pour la légitimité, qui est le plus susceptible de déterminer le résultat politique ». Dans le contexte des luttes anticoloniales, poursuit-il, citant le Vietnam, l’Algérie et l’Irak, « la partie avec la plus grande persévérance et la plus grande résilience, et non pas celle qui contrôlait le champ de bataille, a finalement gagné » (Falk 2014). [Nous pensons qu’au contraire, le terrain militaire a toujours été, est et sera prééminent, d’autant plus qu’Israël a perdu toute suprématie sur ce terrain ; mais il est évident que la résilience politique et la persistance du sentiment national palestinien à travers les décennies d’occupation et d’exil jouent un rôle décisif.]

Ironiquement, c’est l’Autorité palestinienne (AP), payée et maintenue en vie par les États-Unis et le régime israélien, qui contribue à maintenir l’illusion de deux États. L’AP bloque une stratégie palestinienne claire et unifiée pour démanteler l’Apartheid d’Israël en faveur d’un État démocratique unique.

Mais là où l’AP a échoué, Netanyahou et Trump sont sur le point de réussir. Alors que l’expansion israélienne a été bloquée par la résistance libanaise au nord et la résistance de Gaza au sud, Netanyahou a persisté avec une colonisation constante de la Cisjordanie, sapant tout État palestinien viable.

Maintenant, Trump a surenchéri dans ce sens, n’offrant à la Palestine que la feuille de vigne d’un ghetto impuissant sur une petite partie de la Cisjordanie et à Gaza. Le mépris d’Israël pour le peuple de Gaza, les Arabushim et tous les non-Juifs en général est manifeste. Cela rappelle la solution ratée des Bantoustans proposée par le régime d’Apartheid en Afrique du Sud, juste avant l’effondrement de ce régime (SAHO 2020). Un Apartheid plus explicite encore en Palestine signifiera la mort d’Israël. Merci, Trump et Netanyahu !


Références

AIC (2011) ‘Jerusalem: facts and figures’, Alternative Information Center, December, Jerusalem and Beit Sahour, Palestine

Anderson, Tim (2008) The Future of Palestine, Centre for Counter Hegemonic Studies, 7 August, online: https://counter-hegemonic-studies.net/future-palestine-1/

Falk, Richard (2014) ‘On ‘Lost Causes’ and the Future of Palestine’, The Nation, 16 December, online: https://www.thenation.com/article/lost-causes-and-future-palestine/

Falk, Richard and Virginia Tilley (2017) Palestine – Israel Journal of Politics, Economics, and Culture; East Jerusalem Vol. 22, Issue 2/3, 191-196; also available here: https://counter-hegemonic-studies.net/israeli-apartheid/

Heller, Jeffrey (2018) ‘Jews, Arabs nearing population parity in Holy Land: Israeli officials’, Reuters, 27 march, online: https://www.reuters.com/article/us-israel-palestinians-population/jews-arabs-nearing-population-parity-in-holy-land-israeli-officials-idUSKBN1H222T

IHRA (2016) ‘Working Definition of Antisemitism’, online: https://www.holocaustremembrance.com/working-definition-antisemitism

JVL (2017) ‘Demographics of Israel: Jewish & Non-Jewish Population of Israel/Palestine (1517 – Present), Jewish Virtual Library, online: http://www.jewishvirtuallibrary.org/jewish-and-non-jewish-population-of-israel-palestine-1517-present

Olmert, Ehud (2007) ‘Olmert to Haaretz: Two-state Solution, or Israel Is Done For’, Haaretz, 29 November, online: https://www.haaretz.com/1.4961269

Pappe, Ilan (2006) The Ethnic Cleansing of Palestine, Oneworld Publications, London

Pappe, Ilan (2014) ‘Israel’s incremental genocide in the Gaza ghetto’, Electronic Intifada, 13 July, online: https://electronicintifada.net/content/israels-incremental-genocide-gaza-ghetto/13562

RT (2020) ‘Trump proposes a two-state solution for Israel-Palestine in ‘win-win opportunity’ for both sides’, 28 January, online: https://www.rt.com/news/479412-trump-two-state-solution-israel/

SAHO (2020) ‘The Homelands’, South African History Online, online: https://www.sahistory.org.za/article/homelands

Vidal, Dominique (1997) ‘The expulsion of the Palestinians re-examined’, le Monde Diplomatique, December, online: https://mondediplo.com/1997/12/palestine

White House (2020) ‘President Donald J. Trump’s Vision for Peace, Prosperity, and a Brighter Future for Israel and the Palestinian People’, 28 January, online: https://www.whitehouse.gov/briefings-statements/president-donald-j-trumps-vision-peace-prosperity-brighter-future-israel-palestinian-people/

Source : https://ahtribune.com/world/north-africa-south-west-asia/palestine/3846-trump-cant-save-israel.html

Traduction : lecridespeuples.fr

https://www.palestine-solidarite.org/analyses.sayed_hasan.300120.htm


>> Faisons un rêve : Fatima Karamazov élue Premier ministre d’un nouveau pays, la République de Canaan

L’article de Gideon Levy que j’ai traduit hier (Une personne, une voix pour Israël-Palestine) redonne toute son actualité à la fiction ci-dessous, écrite en 2003.-FG

ceux qui lui disent : « Mais vous rêvez ! », Sami Aldeeb, le « Palestinien planétaire » qui préside l’Association pour un seul État démocratique en Palestine/Israël (ASEDPI) a pris l’habitude de répondre : « Ah! Vous préférez le cauchemar actuel ? »

Il faut rêver. Alors, pour vous encourager à rêver, je vous propose cette petite fiction, écrite le 28 septembre 2003, à la veille du 3ème anniversaire de l’Intifada Al Aqsa, mais toujours actuelle, surtout après le cirque indigne de Genève. À chacune et à chacun de développer selon son imagination cette fiction somme toute réaliste.

Fatima Karamazov Première ministre d’un nouveau pays :
la République de Canaan

Jérusalem/ Al Qods, 30 janvier 2030 – Pour la première fois dans ce siècle et pour la seconde fois dans son histoire, Israël se retrouve avec une Première ministre femme. Mais plus importante que son sexe est l’identité de cette femme jeune – elle n’a que quarante ans – dont la coalition vient de remporter les élections à la Knesset. Fatima Karamazov est en effet de père russe non-juif – il était, en Union soviétique, fonctionnaire du Parti communiste et athée – et de mère palestinienne musulmane. Née en 1990 à Moscou, elle est arrivée à l’âge de 3 ans à Umm El Fahm, dont sa mère était originaire. Ses parents s’étaient connus en 1987 à Léningrad, où sa mère faisait des études de médecine.

Fatima Karamazov, dirigeante de l’Union slave, le principal parti populaire israélien aujourd’hui, avait pris la tête d’une coalition baptisée La Nouvelle Alliance, qui regroupe 127 groupes et mouvements juifs et non-juifs, dont 42 palestiniens et 50 mixtes. Son programme électoral, d’une simplicité révolutionnaire, a séduit 32% des électeurs, mettant la NA loin devant les partis traditionnels sionistes, qui ont recueilli des scores allant de 2 à 15%. Devant l’incapacité de cette myriade de partis à trouver un accord minimal, c’est la Nouvelle alliance qui a été investie de la tâche de constituer le nouveau gouvernement. Son chemin sera semé d’embûches.

Commentant le résultat des élections, le Jerusalem Post a fait une « une » en forme d’annonce de décès, proclamant en grosses lettres noires « La mort du sionisme ». Ha’aretz de son côté a fait une « une » multicolore mélangeant les drapeaux israélien et palestinien et proclamant en hébreu, en arabe et en anglais : «Bienvenue en République de Canaan ! »

Parmi les points les plus controversés du programme de la Nouvelle Alliance, on trouve : le démantèlement du Mur de 800 km qui sépare depuis 25 ans le pays en deux, l’adoption d’un nouveau nom pour le pays, la proclamation d’une Constitution soumise à référendum et l’octroi de tous les droits civiques aux citoyens de la « zone B », c’est-à-dire la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-est, annexés entre 2008 et 2010, mais dont les habitants furent privés de la jouissance de la pleine citoyenneté israélienne. On se souvient que cette annexion fut à l’origine de la « Guerre des six mois » de 2011 contre la Syrie et la République islamique d’Iraq, qui fit 50 000 morts du côté israélien et 600 000 morts du côté syrien et iraqien. Personne ne remporta de victoire militaire dans cette guerre, qui marqua le début du déclin israélien.

La Nouvelle alliance a inscrit dans son programme de gouvernement une réduction de 25% du budget militaire, la réduction du service militaire de 3 ans à 1 an et demi, l’introduction d’un service civil de substitution et l’incorporation des Palestiniens dans l’armée et dans la police. En outre, la Nouvelle Alliance a promis de permettre aux travailleurs immigrés résidant depuis au moins 5 ans dans le pays d’obtenir la nationalité israélienne ou une carte de résident de 10 ans. Mais ce qui a alimenté le plus les débats de la campagne électorale a été le projet qu’on prête à Mme Karamazov de changer le nom du pays et d’inscrire ce changement dans le projet de Constitution soumis à référendum. Le nouveau nom de l’État israélo-palestinien pourrait être : République de Canaan. L’arabe deviendrait langue officielle de l’État aux côtés de l’hébreu et le russe, l’anglais et le français auraient le statut de langues nationales.

La Nouvelle alliance a remporté les élections car elle a su réaliser une véritable alliance entre les trois composantes principales de l’électorat : les immigrés slaves et leurs enfants, les Juifs originaires des pays arabes et africains et les « Arabes israéliens ». Les artisans de la campagne ont été les jeunes nés dans les « villages mixtes » créés par leurs parents en Israël et en Cisjordanie à partir de 2005 et regroupant des Israéliens de naissance, des immigrés slaves et des Palestiniens. Cette initiative était venue des dirigeants de l’Union slave, créée en 2002 par des immigrants de l’ex-Union soviétique. La population de ces « villages mixtes » se monte actuellement à environ 120 000 personnes.

Cette « nouvelle majorité » relative est la première traduction électorale d’une réalité démographique. Elle deviendra une majorité absolue lorsque les 5 millions d’habitants de la « zone B » en âge de voter deviendront des électeurs. Pour donner une place aux nouveaux élus de la « zone B », la Nouvelle alliance envisage d’augmenter le nombre des sièges de la Knesset (Majlis en arabe) de 120 actuellement à 201.

Le « Front du refus sioniste », qui regroupe 17 groupes fondamentalistes, a prévenu qu’en cas de victoire de Karamazov, il mettrait le pays « à feu et à sang plutôt que de le livrer pieds et poings liés aux hordes musulmanes et chrétiennes ». Karamazov, qui a été protégée pendant toute la campagne électorale par une centaine de gardes du corps bénévoles, pour moitié russes et pour moitié palestiniens, a aussi promis une amnistie générale pour tous les détenus politiques et militaires, aussi bien palestiniens que juifs dissidents.

Si le sionisme est mort en ce 30 janvier 2030, tout reste à faire pour que le nouveau pays devienne une réalité stable et tangible. En attendant, le nouveau gouvernement devrait réfléter la composition démographique du pays, avec à peu près autant de ministres juifs que non-juifs. Un chrétien palestinien est pressenti comme ministre de la Justice et une descendante d’Éthiopiens comme ministre des Sports. Les ministres de l’Intérieur et de la défense seraient des Juifs d’origine marocaine et iraquienne. Le ministre des Affaires étrangères serait le numéro 2 de l’Union slave, Konstantin Fédorov, lui aussi né en 1990 de parents émigrés d’Union soviétique et totalement déjudaïsés depuis 3 générations. Il a tout au long de la campagne électorale refusé de répondre à la question : « Êtes-vous juif ? », déclarant : « C’est une affaire privée et non publique. Quand les Israéliens comprendront cela, ils pourront enfin constituer une société humaine normale et banale. »

Jérusalem – Al Qods, capitale d’une nouvelle République universelle ? Avec l’élection de Karamazov, ce rêve devient enfin une réalité. Et la nouvelle Première ministre a une alliée de choix : la présidente US Marta Emilia Hernandez, dirigeante de la Rainbow Coalition (Coalition de l’Arc-en-ciel), actuellement à mi-chemin de son deuxième mandat (elle a été élue en 2024 et rélue en 2028) et qui a été un modèle pour Fatima Karamazov.

Mme Hernandez a été la première à adresser un long télégramme chaleureux de félicitations à Mme Karamazov, dont le premier voyage officiel devrait avoir pour destination Washington. Elle est actuellement en train de mettre au point l’agenda d’une tournée qui la mènera dans les principales capitales de la région et du monde pour faire entendre la voix du « nouveau pays ».

Merci à Fausto Giudice
Date de parution de l’article original: 28/03/2003
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=1726


>> Une personne, une voix pour Israël-Palestine 

Gideon Levy

Le plan de paix au Moyen-Orient de l’administration Trump apporte de bonnes et de mauvaises nouvelles. Il mettra le dernier clou dans le cercueil de ce cadavre ambulant connu sous le nom de solution à deux États – c’est la bonne nouvelle. Il créera également une nouvelle réalité dans laquelle le droit international, les résolutions de la communauté internationale et surtout les institutions internationales n’ont aucun sens.

Remplis de l’espoir que le président usaméricain nous insuffle, dans sa grande miséricorde, commençons par la bonne nouvelle. Une fois sa proposition rendue publique, personne ne pourra plus jamais parler avec sérieux de la solution à deux États. Elle n’a probablement jamais vu le jour, mais maintenant elle est clairement morte. Il n’y a pas d’État palestinien et il n’y en aura jamais.

Le culot de l’USAmérique de soutenir l’annexion israélienne maintenant et la création d’un État palestinien seulement « à l’avenir » – comme si la question brûlante était l’annexion, et non l’occupation – n’est qu’un ornement pour le cercueil. L’Autorité palestinienne, l’Union européenne, les Nations unies, l’establishment juif et la gauche sioniste ne pourront plus évoquer cette option sans se ridiculiser complètement.

Comment les pays européens oseraient-ils mentionner la solution des deux États sans se déshonorer ? Comment la gauche sioniste oserait-elle parler de la création d’un État palestinien ? Où exactement ? Entre Bethléem et Beit Ummar, avec la monstruosité du bloc annexé de Gush Etzion au milieu ? Entre Jérusalem-Est et Jéricho, avec la grande colonie de Ma’aleh Adumim au milieu ? Un Lilliput* palestinien, une Mini-Palestine, un parc miniature avec des maquettes de bâtiments et de personnes à l’échelle réduite dans une démonstration grotesque d’une solution juste.

La vallée du Jourdain et la plupart des colonies de Cisjordanie étant sous souveraineté israélienne, les Palestiniens sont assurés de ne pas avoir d’État, de demi-État, de municipalité ou de quartier à gouverner. Rien d’autre qu’une colonie pénitentiaire. La vallée du Jourdain et la plupart des colonies étant annexées, Donald Trump rend officielle la création de l’État d’apartheid qui sera connu sous le nom d’État d’Israël. Ce que Herzl a commencé à Bâle, Trump l’a terminé à Washington.

Désormais, il sera impossible de laisser la communauté internationale, en particulier le prétentieux et le soi-disant chercheur de bien, continuer à se payer de mots sur la solution des deux États. Cela n’existe pas. Il n’y en a jamais eu. Il n’y en aura jamais. Si la communauté internationale, et avec elle l’Autorité Palestinienne, espèrent un jour résoudre le problème palestinien, elles n’ont qu’une seule voie à suivre : l’établissement d’une démocratie entre la mer Méditerranée et le Jourdain. Il ne reste plus rien d’autre.

L’Europe, qui s’est transformée en muselière des critiques de l’occupation, doit adopter un nouveau langage, celui de l’égalité des droits. Le monde a deux choix : Il peut reconnaître l’apartheid ou il peut soutenir la solution de l’État unique démocratique. L’Europe ne peut pas continuer à donner l’accolade à Israël et à parler de « valeurs communes » avec un État pratiquant officiellement l’apartheid. Elle devra se souvenir, enfin, comment elle s’est comportée avec le prédécesseur de cet État, l’Afrique du Sud, et comment l’Europe et une variante du mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions ont conduit à la chute de ce régime.

Le président palestinien Mahmoud Abbas et l’AP devront également dire adieu au rêve. Il a été mis de côté. Il a été remplacé par un autre rêve, et ils devront l’assumer, parler son langage et travailler pour le réaliser : ce sera ça ou bien céder à l’apartheid en échange de la poignée de dollars promise par les USAméricains. C’est la même chose pour Israël, bien sûr. Leur rêve, un État juif, a également été mis de côté. Le sionisme est terminé. Vous avez gardé le silence, vous avez soutenu, vous avez ignoré. Maintenant, il faut faire avec.

Les nouvelles de Trump et la capitulation du monde, cependant, sont beaucoup plus menaçantes. Trump crée non seulement un nouvel Israël, mais aussi un nouveau monde. Un monde sans droit international, sans respect des résolutions internationales, sans même l’apparence de justice. Un monde dans lequel le gendre du président usaméricain est plus puissant que l’Assemblée générale des Nations unies. Si les colonies sont autorisées, tout est permis.

Ce qui a été gagné avec une force militaire brutale ne sera libéré que par la force. Dans le monde de Trump et de la droite israélienne, il n’y a pas de place pour les faibles. Ils n’ont aucun droit.

Désormais, c’est une personne, une voix : la voix unique de Trump (et Benjamin Netanyahou), ou le vote égal de chaque personne vivant en Israël-Palestine.

Européens, Palestiniens et Israéliens : le temps est venu de choisir entre les deux.

NdT

* Lilliput est une île imaginaire, dans Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, écrit en 1721. Située dans l’océan Indien, au sud de l’Australie, Lilliput est habitée par les Lilliputiens, des hommes de six pouces de haut (moins de quinze centimètres). Lilliput est constamment en guerre contre Blefuscu, une île voisine. Cette île est à l’origine de l’adjectif français lilliputien, défini par le dictionnaire de l’Académie Française dès 1878.

Présentation et commentaires de l’article par Sami Aldeeb, juriste et écrivain palestinien

Traduit par Fausto Giudice
Merci à Tlaxcala
Source: https://cutt.ly/3rE9UCJ
Date de parution de l’article original: 26/01/2020


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