Le poids des BRICS+ au sein de la nouvelle reconfiguration géostratégique mondiale

         Par Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités, expert international

Comme l’a souligné le président de la République, pour consolider sa position stratégique et être un acteur actif au sein des BRICS , l’Algérie doit doubler son PIB de 350/400 milliards de dollars entre 2023/2025, étant en 2022 selon le FMI à 193 milliards de dollars. Les données de cette présente contribution reprennent les données internationales officielles dont celles du FMI et de la Banque mondiale, devant préciser que pour avoir une appréciation plus fine , il faut diviser le PIB par la population totale, structurer le PIB en différentes activité et quantifier la répartition du revenu national par couches socles en tenant compte de l’indicateur du développement humain du PNUD.

Le PIB des Brics en 2021 est le suivant par ordre décroissant :

– la Chine a un PIB de 18460 milliards de dollars pour une population de 1,4 milliard, et des réserves de plus de 3300 milliards de dollars

– l’ Inde a un PIB de 3250 milliards de dollars , pour une population de 1,4 milliard ;

– la Russie a un PIB de 1750 milliards de dollars pour une population de 143 millions ;

– le Brésil, a un PIB de 1608 milliards de dollars pour une population de 214 millions ;

– l’ Afrique du Sud a un PIB de 420 milliards de dollars, pour une population de 59 millions

Nous avons au total pour 2021 un PIB des Brics de 25.498 milliards de dollars, la Chine représentant 72,54% du PIB des BRICS, étant largement leader au sei de cette organisation. Au total, les BRICS représentent 45% de la population de la planète et près du quart de sa richesse . Paradoxe, ayant été à l’origine de plus de 50% de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années, les BRICS sont faiblement représentés dans les organisations internationales.

Le groupe compte s’élargir avec les nouvelles candidatures 2023 selon la formule proposée par la Chine, le Brics+. Il est prévu de nouvelles adhésions lors de la prochaine réunion des BRICS en Afrique du Sud , cette dernière assumant la présidence depuis le 1er janvier 2023, succédant à la Chine. Selon le volume du PIB et par ordre décroissant, les candidats se présentent comme suit :

– le Mexique a un PIB de 1273 milliards de dollars et une population de 127 millions

-l’Arabie Saoudite a un PIB de 844 milliards de dollars et une population de 36 millions ;

– l’Argentine a un PIB de 487 milliards de dollars et une population de 46 millions ;

– le Nigéria a un PIB de 441 milliards de dollars et une population de 213 millions;

– les Emirats arabes unis a un PIB de 415 milliards de dollars pour une population de 10 millions ;

– l’Egypte a un PIB de 404 milliards de dollars et une population de 110 millions ;

.- l’Iran a un PIB de 360 milliards de dollars et une population de 88 millions ;

-l’Algérie a un PIB de 163 milliards de dollars et une population de 44 millions d’habitants :

Avec les nouvelles adhésions, nous aurons un accroissement de population de 674 millions d’habitants qui s ‘ajoutent à ceux des BRICS et un rajout au PIB de 6.551 milliards de dollars passant de 25% en 2022 à environ 30% du PIB mondial. Mais pour l’instant entre 2022/2023, les USA , et l’Europe y compris la Grande Bretagne, pour moins d’un milliard d’habitants accaparent, sur un PIB mondial de 100.000 milliards de dollars en 2022, environ 40%.du total ( voir contributions Pr A. Mebtoul- American Herald Tribune US aout 2019, en anglais , l’Algérie face aux les nouveaux enjeux géostratégiques mondiaux et mars 2023 Finantial –Afrik Paris/ Dakar, l’impact sur les relations internationales des Brics).

Quelle conclusion en tirer ? Il faut être réaliste, dans la pratique des relations internationales et surtout économiques, il n’existe pas de sentiments, mais que des intérêts, l’impact au sein d’une organisation d’un pays étant fonction de sa puissance économique. Avec les impacts du conflit en Ukraine, le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et les nouvelles adhésions aux Brics, nous devrions assister à une nouvelle configuration des relations internationales, loin du modèle européo –centriste , et s’orientet vers un monde multipolaire . La stratégie des BRICS est de favoriser le co-développement, se fondant sur le respect du choix souverain du système politique et économique de chaque nation et en tenant compte de son histoire et de son anthropologie culturelle . L’action des BRICS a permis de soulever des problèmes jusque-là ignorés par les pays développés dans un esprit dépassé de domination, comme le déséquilibre de l’économie mondiale. Elle permis de favoriser l’idée selon laquelle il ne peut y avoir de développement global sans le développent et de prospérité de la majorité des pays en voie de développement, proposant de créer un partenariat global fondé sur le dialogue productif par une compréhension mutuelle et une coordination des efforts entre le Nord le Sud afin de résoudre les nombreux défis de notre monde C’est pour échapper à la dépendance de l’hégémonie du dollar que les BRICS ont décidé de créer une nouvelle banque de développement à travers la contribution des banques centrales des BRICS, une partie des réserves de devises étrangères pourrait être concentrée, de même, par l’émission d’emprunts sur le marché financier international, pour servir au développement des BRICS.


           Les BRICS et nous

BRICS Alg

La stratégie des BRICS est de favoriser le codéveloppement. D. R.

Par Abderrahmane Mebtoul –

Le poids des BRICS remet en cause l’architecture actuelle des relations internationales. D’une manière générale, l’action des BRICS a permis de soulever des problèmes jusque-là ignorés par les pays développés dans un esprit dépassé de domination, comme le déséquilibre de l’économie mondiale, qu’il ne peut y avoir de développement global sans le développent et de prospérité de la majorité des pays en voie de développement, proposant de créer un partenariat global, fondé sur le dialogue productif par une compréhension mutuelle et une coordination des efforts entre le Nord le Sud afin de résoudre les nombreux défis de notre monde.

C’est sous l’impulsion des BRICS que le G20 a transformé le forum de stabilité financière en conseil de stabilité financière, les BRICS ayant soutenu le rapport sur les G-SIFI pour réduire les risques moraux des institutions financières systématiquement et globalement importants, les fonds de couverture, le shadow banking, les produits dérivés financiers des marchés offshore et les agences de notation ayant été ramenés pour la première fois sous la supervision. Mais c’est pour échapper à la dépendance de l’hégémonie du dollar que les BRICS ont décidé de créer une nouvelle banque de développement à travers la contribution des Banques centrales des Etats membres des BRICS, une partie des réserves de devises étrangères pourrait être concentrée, de même, par l’émission d’emprunts sur le marché financier international, ce qui permettra de concentrer des fonds pour servir à la construction des infrastructures dans les BRICS.

Les avantages de la nouvelle Banque de développement tournerait autour de trois axes directeurs : mieux utiliser leurs devises étrangères afin de réduire le risque d’inflation et de rétrécissement de leur réserve de devises étrangères et de mieux servir leurs économies réelles ; les bénéfices que la Banque de développement pourraient tirer de l’investissement dans les économies réelles et dépasseraient largement ceux que les Banques centrales pourraient tirer de l’achat de bons du Trésor des pays développés et l’investissement dans les infrastructures pourrait stimuler la demande intérieure de ces pays, entraînant la croissance économique ; la nouvelle Banque de développement ferait la promotion de l’usage des monnaies nationales des pays membres, ce qui pourrait promouvoir le commerce intérieur et l’investissement réciproque de ces pays, réduisant ainsi la dépendance au dollar, bien qu’en baisse mais dominant dans les transactions internationales suivi de l’euro.

En somme, la création de la nouvelle Banque de développement traduit la volonté des BRICS d’une rénovation de leur gouvernance interne.

La stratégie des BRICS est de favoriser le codéveloppement, notamment en Afrique, se fondant sur le respect du choix souverain du système politique et économique de chaque nation, tenant compte de son histoire et de son anthropologie culturelle. L’Algérie, et cela est reconnu par la majorité de la communauté internationale, est un acteur stratégique sur le plan énergétique et de la stabilité de la région, en ce qu’elle détient tous les atouts pour servir de pont pour le développement de l’Afrique qui possède des richesses importantes dont la population, en 2022, avoisinait 1,4 milliard d’habitants. Ce qui explique les rivalités entre les grandes puissances, notamment entre les Etats-Unis et la Chine, dont le projet de la route de la Soie.

A. M.


                               Adhésion de l’Algérie aux BRICS : avantages, risques et défis

Algérie BRICS
Bientôt, le drapeau de l’Algérie flottera aux côtés de ces cinq. D. R.

Une contribution de Ben Youcef Bedouani (*) – «Les BRICS sont une force motrice pour l’économie mondiale et constituent un potentiel de croissance immense pour les années à venir.» (Jim O’Neill.) L’Algérie a noué depuis plusieurs années des liens économiques solides avec les pays des BRICS, en particulier la Chine et la Russie, comme elle le fait au sein de l’Union africaine (UA) et de la Ligue arabe (LA), ce qui offre au pays des opportunités de coopération économique et politique avec toutes les nations concernées. En tant que membre de ces différentes organisations, l’Algérie peut bénéficier de diverses initiatives et programmes visant à promouvoir l’intégration régionale, le commerce et l’investissement. Par ailleurs, de par sa doctrine centriste et non alignée, l’Algérie entend intensifier ses relations économiques avec les Etats-Unis, l’Italie, l’Allemagne, la Turquie, la France, le Royaume-Uni et l’Union européenne dans son ensemble.

Avec le bouleversement géopolitique mondial actuel et l’avènement de la nouvelle Algérie, avec ses ambitions, ses défis et ses attributs, l’Algérie a officiellement demandé son adhésion au groupe des BRICS. Dans l’ensemble, devenir membre des BRICS pourrait potentiellement apporter à l’Algérie plusieurs avantages qui pourraient contribuer à promouvoir la croissance économique, la stabilité politique et la coopération régionale. Cependant, cette adhésion s’accompagne également de certaines obligations et responsabilités, de même que des risques et défis potentiels, et l’Algérie devrait peser soigneusement les avantages et les coûts potentiels de son adhésion et prendre des mesures pour atténuer les risques.

Qu’est-ce que les BRICS ? Un survol

Les BRICS sont un groupe de grandes économies émergentes qui jouent de plus en plus un rôle important dans les affaires mondiales. Les pays membres fondateurs ont mis en place plusieurs institutions de financement, dont la Nouvelle Banque de Développement (NBD) et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), leur permettant d’accéder à des sources de financement supplémentaires pour des projets d’infrastructure et d’autres investissements. Ils disposent, en outre, d’une expertise importante dans des domaines tels que la technologie, l’énergie et le développement des infrastructures. Les pays BRICS représentent 40% de la population mondiale, 31% du PIB mondial (1) mais ses membres ne disposent que de 15% des droits de vote à la Banque mondiale et au FMI. Une revue succincte des attributs de chaque pays du groupe BRICS nous démontre que le Brésil a de profonds problèmes économiques et des scandales de corruption récurrents et présents.

L’économie russe, principalement captée par ses immenses réserves énergétiques et son industrie militaire, est en bonne santé avec une croissance annuelle comprise entre 6 et 7%, mais le pays présente un manque important d’infrastructures bancaires et fait face à un crucial défi démographique. Pour l’Inde, bien que possédant une croissance de PIB considérable, autour de 7%, elle aurait l’un des revenus par habitant les plus bas au monde. Quant à la Chine, la deuxième plus grande économie du monde, elle a un très bas revenu par habitant et une dette publique colossale. Enfin, l’Afrique du Sud possède d’importantes richesses naturelles mais a aussi l’un des taux d’inégalité les plus élevés au monde.

De par leur décentralisation et leurs différents niveaux économiques, plusieurs défis attendent les BRICS. Un des plus cruciaux reste celui de la création de leur monnaie de réserve commune, tel qu’annoncé lors du 14e sommet des BRICS à Moscou en 2022 (2). Une monnaie commune décentralisée qui serait composée des monnaies des cinq pays du BRICS et, pour ce faire, les cinq pays ont considérablement augmenté leurs réserves d’or (3). Ce qui fera de cette monnaie, adossée à l’étalon or, une monnaie non manipulable et non dévaluable. En clair, pas une monnaie-dette comme c’est le cas aujourd’hui avec le dollar américain depuis 1971 (4). Un véritable virage névralgique dans le fonctionnement de l’économie mondiale. Par contre, comme ce fut le cas avec l’euro, chaque pays devrait avoir des régulations, des structures bancaires adéquates et des organisations monétaires, de même que rendre des comptes sur ses finances publiques. La question est de savoir si les pays, hors Russie-Chine, vont adhérer et participer. De plus, est-ce que les pays occidentaux, particulièrement les Etats-Unis, vont rester sans rien faire ? Verra-t-on une multiplicité de conflits de type soft-power des Etats-Unis ?

Flairant le grand potentiel d’une adhésion aux BRICS, une occasion rêvée à saisir, plusieurs pays tapent à la porte des BRICS dont l’Egypte, l’Argentine, l’Arabie Saoudite, l’Indonésie, la Turquie, de même que l’Algérie. L’adhésion de l’Algérie aux BRICS s’accompagne également de certaines obligations et responsabilités, de même que des risques et défis potentiels, et elle devrait peser soigneusement les avantages et les coûts potentiels de son adhésion et prendre des mesures pour atténuer les risques potentiels.

L’Algérie dans les BRICS, un potentiel conséquent

L’Algérie dispose d’un emplacement stratégique et d’importantes ressources naturelles, notamment des réserves de pétrole et de gaz, qui pourraient en faire un partenaire attractif pour les pays du BRICS. Cependant, l’Algérie est également confrontée à plusieurs défis, notamment un manque de diversification de son économie et une politique en mutation «positive» mais pas encore optimale qui pourraient entraver sa capacité à tirer pleinement parti des avantages de liens plus étroits avec les BRICS. Bien que l’Algérie ait fait des progrès notables ces dernières années, surtout sa position de pays sans dette extérieure, il lui reste encore du chemin à parcourir pour assainir son économie, asseoir sa stabilité politique et atteindre ses objectifs.

Diversification du potentiel énergétique

L’Algérie a un grand potentiel pour diversifier son économie en utilisant ses ressources pétrolières et gazières, en persévérant dans le développement des industries en aval qui peuvent produire divers sous-produits destinés à l’exportation. L’Algérie pourrait intensifier la construction des usines pétrochimiques pour produire une gamme de produits chimiques et de plastiques, qui sont utilisés dans une variété d’applications industrielles. Ces produits peuvent être exportés vers l’Europe et d’autres marchés. Les usines d’engrais spécialisés produisant de l’ammoniac, de l’urée et d’autres engrais, sont très demandés en Europe et sur d’autres marchés. Ces produits peuvent être fabriqués à partir de gaz naturel, abondant en Algérie. De plus, l’Algérie pourrait intensifier le raffinage de son pétrole brut pour produire des produits à plus forte valeur ajoutée tels que le diesel, l’essence et le carburéacteur.

L’Algérie est déjà un important exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe. Le pays pourrait accroître sa capacité de production et d’exportation de GNL, ce qui lui permettrait de capter une plus grande partie de la valeur ajoutée de ses ressources en gaz naturel. Le pays dispose d’un important potentiel d’énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, mais aussi l’hydrogène, et devrait accroitre son investissement dans le développement de projets d’énergie renouvelable, ce qui réduirait sa dépendance aux combustibles fossiles et offrirait de nouvelles opportunités d’exportation. L’Algérie s’oriente positivement vers le développement des industries lourdes telles que la production d’acier, ce qui nécessiterait d’importants apports énergétiques. En utilisant ses propres ressources en gaz naturel pour alimenter ces industries, l’Algérie produirait des produits sidérurgiques destinés à l’exportation.

Dans l’ensemble, en diversifiant son économie par le biais d’industries en aval, l’Algérie pourrait capter une plus grande partie de la valeur ajoutée de ses ressources pétrolières et gazières, créer de nouveaux emplois et de nouvelles sources de revenus et réduire sa dépendance à l’égard des exportations de matières premières. Cela contribuerait à rendre l’économie algérienne plus résiliente et durable à long terme. Les investissements directs des pays du BRICS seraient un ajout considérable.

L’Algérie, un pays pivot non-aligné

L’Algérie a traditionnellement poursuivi une politique de non-alignement dans les affaires internationales, ce qui signifie qu’elle cherche à maintenir de bonnes relations avec tous les pays et à éviter de s’aligner sur un bloc ou une alliance en particulier. En tant que tel, devenir membre des BRICS ne serait pas nécessairement incompatible avec la position non alignée de l’Algérie, car cela n’obligerait pas l’Algérie à prendre parti dans des conflits ou des problèmes géopolitiques particuliers. Cependant, les liens plus étroits de l’Algérie avec les pays BRICS, en particulier la Chine et la Russie, pourraient potentiellement tendre ses relations avec les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux. En effet, les Etats-Unis et de nombreux pays occidentaux considèrent la Chine et la Russie comme des concurrents stratégiques et cherchent à contenir leur influence de diverses manières, notamment par des sanctions économiques et des pressions diplomatiques.

L’Algérie devrait soigneusement équilibrer ses relations avec les pays BRICS et ses liens avec les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux. En fin de compte, la décision de poursuivre des liens plus étroits avec les BRICS dépendra des priorités stratégiques de l’Algérie et des risques et avantages potentiels associés à une telle démarche. Bien qu’il puisse y avoir certains risques associés à des liens plus étroits avec les BRICS, il peut également y avoir d’importantes opportunités de croissance économique et de coopération régionale qui pourraient profiter à l’Algérie à long terme.

Avantages et défis économiques de l’adhésion de l’Algérie aux BRICS

En tant que membre des BRICS, l’Algérie pourrait accéder à de nouveaux marchés pour ses exportations et accroître son volume d’échanges avec les autres pays membres. En 2021, le PIB combiné des BRICS dépassait 24,73 trillions de dollars (5) et le groupe représentait environ 40% de la population mondiale, ce qui en faisait un marché important pour les biens et services algériens. L’intensification des échanges pourrait contribuer à stimuler la croissance économique de l’Algérie et à réduire sa dépendance à l’égard des exportations de pétrole et de gaz. De plus, les pays BRICS sont connus pour leurs économies importantes et en croissance, et l’Algérie pourrait potentiellement bénéficier d’investissements accrus des pays membres. Par exemple, la Chine a investi massivement dans les pays africains ces dernières années, y compris l’Algérie, et a fourni un financement important pour des projets d’infrastructure. Les investissements russes dans le secteur pétrolier et gazier pourraient également être bénéfiques pour l’Algérie, qui est un important producteur de ces matières premières.

Par ailleurs, les pays BRICS sont connus pour leurs avancées scientifiques et technologiques, et l’Algérie pourrait bénéficier d’échanges technologiques accrus avec les pays membres. Cela pourrait inclure le partage d’expertise dans des domaines tels que les énergies renouvelables, les télécommunications et la biotechnologie, ce qui pourrait aider l’Algérie à moderniser son économie et à accroître sa compétitivité sur les marchés mondiaux. En tant que membre des BRICS, l’Algérie pourrait potentiellement bénéficier d’une intégration et d’une coopération régionales accrues avec d’autres pays africains. Les pays BRICS ont été actifs dans la promotion de liens économiques et politiques plus étroits en Afrique, et l’Algérie pourrait jouer un rôle clé dans la promotion de ces efforts. Cela pourrait inclure des initiatives telles que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).

Dans l’ensemble, l’adhésion aux BRICS pourrait potentiellement offrir à l’Algérie de nouvelles opportunités de croissance économique et de diversification, tout en contribuant à réduire sa dépendance aux exportations de pétrole et de gaz. Cependant, il est important de noter que les avantages de l’adhésion aux BRICS dépendraient de la capacité de l’Algérie à s’engager efficacement avec d’autres pays membres et à tirer parti de sa position au sein du groupe pour atteindre ses objectifs stratégiques.

Néanmoins, en ce qui concerne les énormes dettes publiques des pays des BRICS, l’Algérie devrait examiner attentivement les risques potentiels associés à des liens économiques plus étroits avec les pays BRICS et l’impact que leurs niveaux élevés de dette publique pourraient avoir sur sa propre économie. Alors que les pays BRICS comptent parmi les économies à la croissance la plus rapide au monde, plusieurs d’entre eux, dont le Brésil, l’Afrique du Sud et la Russie, ont lutté avec des niveaux élevés de dette publique ces dernières années. La Chine, qui possède la plus grande économie des BRICS, a également un niveau de dette publique important. Cependant, il convient de noter que l’Algérie a des niveaux de dette publique relativement faibles par rapport à de nombreux autres pays en développement, ce qui pourrait l’aider à atténuer certains des risques associés aux économies endettées. En outre, l’adhésion potentielle de l’Algérie aux BRICS n’impliquerait pas nécessairement des engagements financiers directs ou la prise en charge d’une dette.

Avantages et défis politiques de l’adhésion de l’Algérie aux BRICS

En tant que membre des BRICS, l’Algérie aurait une plus grande voix dans les forums internationaux, telles que les Nations unies, où les pays BRICS coordonnent souvent leurs positions sur diverses questions. Cela pourrait aider l’Algérie à faire avancer ses objectifs de politique étrangère et à gagner plus d’influence sur la scène mondiale. Notons aussi le rôle actif des BRICS dans la promotion de liens économiques et politiques plus étroits en Afrique, et l’adhésion de l’Algérie au groupe pourrait contribuer à renforcer ses relations avec d’autres pays africains. En tant que pays leader du monde arabe, l’appartenance de l’Algérie aux BRICS pourrait également contribuer à promouvoir des liens plus étroits entre le groupe et d’autres pays arabes. Elle jouerait un rôle médian, tout en bénéficiant d’un soutien diplomatique accru des autres pays membres dans les affaires internationales. Par exemple, la Chine et la Russie ont traditionnellement soutenu la position de l’Algérie sur le Sahara Occidental, et leur soutien pourrait être précieux pour faire avancer la position de l’Algérie sur cette question.

Dans l’ensemble, l’adhésion de l’Algérie aux BRICS pourrait lui conférer une plus grande influence dans les forums internationaux et renforcer ses relations avec d’autres pays africains et arabes. Cependant, il est important de noter que les BRICS ne sont pas une alliance formelle et que les pays membres peuvent avoir des priorités et des intérêts différents qui pourraient limiter l’étendue de leur coopération avec l’Algérie sur certaines questions. «Le commerce qui, sans force ni autorité, soumet naturellement les nations les unes aux autres au bénéfice du plus fort, renforce les liens d’amitié et les relations mutuelles entre les différents gouvernements.» (Adam Smith.)

Conclusion

L’adhésion de l’Algérie aux BRICS pourrait lui offrir des opportunités accrues de commerce, d’investissement et d’échange technologique avec les pays membres, ce qui pourrait conduire à une plus grande croissance et diversification économiques. Cependant, les pays BRICS ont des niveaux élevés de dette publique, ce qui pourrait aussi constituer un risque pour l’Algérie si les pays membres connaissaient une instabilité économique. En outre, bien que minime et connaissant la position diplomatique inébranlable de l’Algérie, il existe un risque que les liens étroits de l’Algérie avec les pays occidentaux, en particulier les Etats-Unis, soient tendus si elle devenait membre des BRICS. Par contre, elle pourrait accroître son influence dans les forums internationaux, renforcer ses relations avec d’autres pays africains et arabes et lui donner accès à un soutien diplomatique et à des partenariats stratégiques. Cependant, il est important de noter que les BRICS ne sont pas une alliance formelle et que les pays membres peuvent avoir des priorités et des intérêts différents qui pourraient limiter l’étendue de leur coopération avec l’Algérie sur certaines questions.

En conclusion, les avantages et les risques potentiels de l’adhésion aux BRICS pour l’Algérie sont complexes et multiformes. Bien que rejoindre le groupe puisse offrir à l’Algérie de nouvelles opportunités de croissance économique et d’influence politique, il est important d’examiner attentivement les risques potentiels et de les peser par rapport aux avantages potentiels. En fin de compte, la décision de l’Algérie d’adhérer ou non aux BRICS dépendra de ses objectifs stratégiques et de son évaluation des avantages et des risques potentiels associés à l’adhésion.

Pour équilibrer son appartenance aux BRICS et maintenir ses relations avec les pays occidentaux, en particulier les Etats-Unis, l’Algérie pourrait poursuivre une stratégie de «multi-alignement», qui consiste à diversifier ses relations extérieures et à entretenir des relations amicales avec une variété de pays et de groupes. Cette approche permettrait à l’Algérie de poursuivre ses intérêts stratégiques, tout en minimisant le risque d’être considérée comme alignée sur une puissance ou un groupe en particulier. A l’Algérie de clairement signifier que son appartenance aux BRICS est principalement de nature économique et ne représente pas un changement politique loin des pays occidentaux. Maintenir un rôle actif et constructif dans les organisations et forums internationaux où les BRICS et les pays occidentaux sont représentés, comme les Nations unies. Poursuivre la coopération économique et diplomatique avec les pays occidentaux, tout en explorant de nouvelles opportunités de coopération avec les BRICS. Etre transparent et ouvert dans sa communication avec les pays occidentaux sur sa relation avec les BRICS et ses objectifs stratégiques.

En fin de compte, la clé pour démontrer son non-alignement sur une superpuissance sera pour l’Algérie de poursuivre une politique étrangère guidée par ses propres intérêts et priorités stratégiques plutôt que d’être guidée par des pressions ou des alliances extérieures. En mettant l’accent sur son engagement en faveur du non-alignement et en adoptant une approche équilibrée et stratégique de sa politique étrangère, l’Algérie peut établir des relations solides avec les BRICS et les pays occidentaux, tout en préservant son indépendance et sa souveraineté en tant que nation.

B.-Y. B.

(*) Analyste financier senior et économiste

1- https://www.letemps.ch/economie/reunis-pekin-brics-refusent-un-monde-unipolaire

2- https://lesfrancais.press/les-brics-veulent-creer-leur-monnaie-de-reserve/

3- https://fr.tradingeconomics.com/country-list/gold-reserves

4- https://www.federalreservehistory.org/essays/gold-convertibility-ends

5- https://www.statista.com/statistics/254281/gdp-of-the-bric-countries/


 

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