Algérie / Pr. Rachid Belhadj : «Un changement en douceur de notre système de santé»

   par El-Houari Dilmi

Si personne ne peut nier les efforts méritoires accomplis jusque-là pour améliorer le système national de santé et d’aller vers une meilleure qualité des soin, « nous devons maintenant atteindre l’excellence pour réaliser l’objectif de l’accès de tous les Algériens à une meilleure qualité des soins dans leur propre pays et éviter les transferts à l’étranger, qui est un épineux problème ». C’est ce qu’a indiqué hier lundi, le Pr Rachid Belhadj sur les ondes de la Radio nationale.

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Le président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires et directeur des activités médicales et paramédicales au CHU de Mustapha Pacha d’Alger, a expliqué en sa qualité d’hospitalo-universitaire, «l’obligation morale et déontologique de participer à l’amélioration de notre système de santé et d’aller vers une meilleure qualité des soins et les thérapies innovantes dans toutes les spécialités; une nouvelle génération de professeurs est là et commence à donner ses fruits», a-t-il souligné. Le professeur Belhadj a également souligné que les deux années de la pandémie du coronavirus ont été « des moments historiques qui nous ont donné beaucoup de leçons », avant de plaider pour « un changement en douceur pour passer à une meilleure qualité des soins tout en préservant la politique sociale en la matière », a-t-il argumenté. En juin dernier, le professeur Belhadj avait rappelé que l’Algérie vient en tête des pays voisins en matière de dépenses dans le secteur de la santé, avec une enveloppe de 2,3 milliards de dollars pour l’année en cours.

Le président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires a encore estimé que c’est là « une problématique qui se pose à l’échelle mondiale », tout en précisant que « quand on parle de santé, il n’y a pas que les soins, mais la formation, l’infrastructure, les équipements, le cadre juridique, le financement, ainsi que tous les autres acteurs concernés », a-t-il conclu.



«2022 sera l’année d’une révision profonde des lois régissant la santé, nous nous engageons à mettre en œuvre les recommandations des ateliers notamment pour ce qui concerne les statuts particuliers des professionnels ainsi que les financements du secteur».

Ce sont les assurances que le président de la république a donné, hier, à partir de la tribune du palais des nations de club des pins, au secteur de la santé qui venait de clôturer ses assises nationales qu’il a tenues au CIC. Assises dont Abdellmadjid Tebboune a été destinataire, selon le ministre de la santé, des recommandations de leur huit ateliers qui ont planché depuis samedi sur «les objectifs stratégiques pour un nouveau système de santé, le fonctionnement des structures de soins, les financements, les conditions de travail, l’évolution des professionnels du secteur….». Le tout devra, selon Abderrahmane Benbouzid, «constituer une référence et une feuille de route pour notre travail». Entre autres recommandations, il a été retenu la création d’un centre de veille de la santé, la décentralisation de la gestion des services hospitaliers, l’élaboration de la carte sanitaire, la retraite anticipée pour les professionnels de la santé, la création d’une agence de numérisation du secteur, la contractualisation en interne et en externe pour tout ce qui concerne les dépenses du secteur dans son ensemble. Des contrats devraient donc être signés en externe entre le ministère de la santé, le ministère des finances (pour le budget) et les bailleurs de fonds à savoir toutes les caisses de sécurité sociale. La contractualisation en interne devrait se faire entre le ministère de la santé et les différents établissements hospitaliers qui eux, établiraient aussi des contrats avec leurs différents services. «Tous les hôpitaux sont lourdement endettés, il ne sera donc plus question de les laisser dépenser leur budget comme ils l’entendent, ils seront soumis à des contrats avec leur tutelle et leurs différents services, ceci pour les besoins d’une traçabilité de toutes leurs dépenses», nous explique un professionnel de la finance. «Il sera aussi question d’actualiser la nomenclature des actes de soins et leur tarification», a-t-il noté.

«Nous nous engageons à prendre en charge vos revendications légitimes d’ici avant la fin de l’année»

Le président de la république s’est engagé, hier, à mettre en œuvre ces recommandations et beaucoup d’autres retenues par les huit ateliers issus des assises de la santé. Il a réitéré son engagement «notamment pour ce qui est des financements et des statuts particuliers pour les professionnels de la santé et la gestion de leur carrière,» a-t-il noté. Il leur a promis que «la révision de ces statuts, celle des lois régissant le secteur ainsi que la prise en charge des revendications légitimes de ceux qui travaillent dans le secteur auront lieu d’ici avant la fin de l’année en cours».

Avant toute chose, il a déclaré que «j’insiste sur la volonté de l’Etat de venir à bout du coronavirus» tout en «appelant les citoyens à la vaccination». Il a précisé que «les chiffres rendus publics sur la COVID-19, sont nos chiffres et nous avons combattu la pandémie avec nos moyens et nos capacités».

Le président Tebboune a affirmé que «malgré les critiques acerbes sur le secteur, on lui reconnait qu’il a fait ce qui est dans ses pouvoirs de faire, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau de la baignoire», a-t-il dit. Il persiste et signe «le système de santé en Algérie est parmi les meilleurs en Afrique, s’il n’est pas le meilleur, de par sa gratuité et sa prise en charge des citoyens dans les endroits les plus éloignés du pays». Il a indiqué que «sans nos médecins, on n’aurait pas éradiqué les maladies telles que la polio, la tuberculose, la rougeole…, par rapport au reste de l’Afrique, c’est un bon système de santé que nous avons, nous devons aujourd’hui nous occuper de ses ressources humaines, c’est pour cela qu’on doit prendre en charge les statuts particuliers des corps de la santé». Il revient sur «les critiques» pour lancer «l’Etat est plus fort que tout cela, nos médecins sont parmi les meilleurs dans le monde». Il assure encore que «dans notre système de santé et ses personnels comme le Professeur Chaulet qu’on n’oubliera pas, on a des atouts qui nous permettent d’en être fiers». A l’indépendance, a-t-il rappelé «l’espérance de vie était de 54 ans, aujourd’hui elle est de 78 ans pour les femmes et 76 ans pour les hommes, ce qui signifie qu’il y a une grande différence entre avant et aujourd’hui». Il enchaîne «on a nos spécificités, nos points forts et nos points faibles qu’on doit corriger».

«Le citoyen algérien peut passer un scanner quand il veut»

«Tebboune affirme que «dans tous les secteurs, c’est la maintenance qui manque, je suis d’accord, elle n’existe pas, nous avons des accélérateurs linéaires pour la lutte contre le cancer, on en a 7 ou 8, mais pas de maintenance alors que nos équipements sont les meilleurs dans le monde».

Le président de la république conclue son intervention en revenant sur «la prise en charge de la ressource humaine de la santé parce qu’elle en est le pilier». Et dit-il encore «2022 sera l’année de la révision profonde des statuts et des revendications de tous ceux qui appartiennent au corps médical et paramédical et leur assurer ce qu’ils méritent pour ce qu’ils ont donné au pays».

Il s’en prendra «à certains journaux qui montrent des étals vides(…), et ceux qui critiquent sévèrement notre système de santé et le pays, et à l’égard desquels il faut rester vigilant», a-t-il dit. Pour lui «certes, on doit réformer notre système parce que nous avons une forte ambition d’avoir mieux pour le citoyen». Tebboune affirme que «si ailleurs, il y a des difficultés pour passer un scanner, en Algérie il est à la portée de tous les citoyens algériens, il peut le passer quand il veut»…

Il estime qu’ «il faut se pencher sur le gaspillage des médicaments, l’automédication(…), même les antibiotiques, sont un danger pour le système de santé et le pays». Il a donné son accord «pour la création de toutes les institutions de veille qu’on peut et au contrôle stricte de l’alimentation et des médicaments». Le président de la république a assuré qu’ «on commencera ces réformes progressivement selon les capacités financières du pays». Et, a-t-il noté, «on ira avec l’aide de tous vers une autre étape qui se rapprochera de celle de l’Europe du nord en matière de soins».

Notons que les assises nationales de la santé ont été boycottées par 13 syndicats du secteur dont 9 d’entre eux ont refusé toute idée de leur tenue estimant que «tout a été dit dans des assises précédentes et nous avons remis toutes nos propositions à la tutelle». Et 3 parmi les 13 syndicats ont affirmé n’avoir pas été invités officiellement à cette rencontre. «Quand on l’a relevé, on nous a dit, venez, vous êtes chez vous», ont indiqué certains de leurs membres.


                      Santé publique: De vastes chantiers annoncés

par El-Houari Dilmi

«2022 sera une année pour changer tous les statuts du secteur de la santé, sur la base des recommandations de la dernière conférence nationale sur la modernisation du secteur de la santé», a indiqué, hier mardi, le directeur général des services de santé au ministère de la Santé, le Pr Lyes Rahal.

Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, le Pr Lyes Rahal a expliqué qu’une «commission a été installée au niveau du ministère de la Santé en vue de revoir l’ensemble des statuts particuliers du secteur et leur amélioration, notamment en ce qui concerne les salaires et l’échelle des promotions», a-t-il affirmé. «La révision du cadre juridique du secteur de la santé dans son ensemble se fera en étroite collaboration avec les partenaires sociaux», mettant en valeur les dernières recommandations de la conférence nationale sur la modernisation du secteur de la santé. «Cette conférence nationale a été préparée depuis septembre dernier avec des rencontres locales et régionales tenues en présence de tous les acteurs du secteur de la santé et d’autres secteurs, avant de soumettre un rapport détaillé à l’adresse du président de la République», a encore indiqué le membre du comité de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19.

Evoquant les difficultés auxquelles fait face le secteur de la santé, le Pr Lyes Rahal a annoncé que de «nouvelles mesures seront bientôt annoncées, notamment en matière d’amélioration des soins et la promotion de tout le secteur dans son ensemble», a-t-il encore souligné. Il a également expliqué qu’un travail est en train de se faire «pour passer du système de gestion classique au management des ressources humaines et matérielles, en dotant les structures de santé publique du statut d’autonomie, avec un contrôle préventif qui sera exercé sur ces structures», a-t-il souligné. «Nous venons également de lancer un vaste chantier, en particulier en ce qui concerne la formation qui touchera jusqu’à l’agent de sécurité, qui sera dorénavant un agent d’orientation pour faciliter l’orientation des malades, en plus de la numérisation des bureaux des entrées des établissements publics de santé», a-t-il conclu.

One thought on “Algérie / Pr. Rachid Belhadj : «Un changement en douceur de notre système de santé»

  1. Nous les algériens lambada; nous avons assez de leur bla-bla quotidien c’est de la poudre aux yeux .
    En ce début de mois sept 2022; mon épouse a subie une insolation par la canicule évacuer sur l’hôpital de Thénia Boumerdes. le médecin des urgences a demander un scanner. le problème est que le radiologue à 14 H ET ABSENT

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