Présence militaire américaine en Tunisie : Un secret mal gardé !

   Episodiquement, des fuites resurgissent, singulièrement de sources américaines et occidentales, pour signifier à ceux qui n’y croyaient pas encore que les Etats-Unis disposent d’un pied-à-terre militaire en Tunisie. Mais la question est à ce point sensible qu’à chaque fois, les autorités tunisiennes se dressent pour démentir systématiquement ce genre d’information dans ses différentes déclinaisons. Tout juste si elles concédaient qu’il s’agirait tout au plus de quelques instructeurs militaires hébergés dans un coin de caserne pour initier leurs vis-à-vis tunisiens au maniement d’équipements militaires et à la gestion de drones.

Ainsi continuaient à aller les choses jusqu’à ce que Grey Dynamics, « la société à la croissance la plus rapide dans le domaine du renseignement et de l’intelligence artificielle et de terrain » donne un coup de pied dans la fourmilière. Opérant comme elle le souligne « dans 64 Etats différents, principalement en Afrique, en Europe et en Asie à travers des analystes venant d’horizons divers », Grey Dynamics affirme que « malgré le déni des autorités tunisiennes et l’ambiguïté stratégique des autorités américaines, il est presque certain que la Tunisie abrite une base de drones politiquement sensible et des forces spéciales américaines, qui utilisent le pays pour opérer à travers l’Afrique du Nord ».

Elle explique que l’ambiguïté stratégique des Etats-Unis porte sur le stationnement de leurs troupes à travers l’Afrique, alors que « la réticence du gouvernement tunisien à reconnaître la présence militaire américaine active à l’intérieur de ses frontières l’est pour des raisons politiques ». « C’est un secret mal gardé que la Tunisie accueille la plus grande base de drones américains en Afrique du Nord. Les missions des drones sont menées depuis la base aérienne de Bizerte-Sidi Ahmed, dans le nord de la Tunisie », révèle Grey Dynamics. « Les États-Unis et la Tunisie affirment que les drones ne sont pas armés et qu’ils effectuent simplement des reconnaissances, principalement dans le but de sécuriser les frontières et de « coopérer et s’entraîner » avec les forces tunisiennes », précise-t-elle. « La deuxième composante majeure des opérations militaires actives est constituée par les missions en cours des forces d’opérations spéciales, dont on sait relativement peu de choses », indique Grey Dynamics.

Le fait d’armes anti- AQMI de 2017 !

Et la société de renseignement rappelle dans cet ordre d’idées, « l’échange de tirs en 2017 entre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et les forces tunisiennes, soutenues par le Commandement des opérations spéciales de la marine…plusieurs Marines ont été récompensés pour leur bravoure ». « La version officielle américaine de l’histoire ne mentionne pas le pays exact en Afrique du Nord pour des « considérations de classification, de protection des forces et de sensibilité diplomatique », relève-t-elle.

« La base de drones de Bizerte-Sidi Ahmed et la lutte contre les incendies de 2017 illustrent la présence significative de l’AFRICOM en Afrique du Nord et mettent en évidence la façon dont l’AFRICOM aborde sa mission, en préservant la stabilité régionale et en renforçant les capacités et la résilience des pays d’Afrique du Nord », souligne encore Grey Dynamics, qui note que « la mission de l’AFRICOM en Afrique du Nord est de limiter l’instabilité causée par la seconde guerre civile libyenne. Cette mission a connu un certain succès ».

L’AFRICOM, une mission antiterroriste « efficace »

Le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) est la structure de commandement unifiée chargée de gérer toute l’activité militaire américaine en Afrique, à l’exclusion de l’Égypte, qui relève d’un commandement différent. En raison de la nature politiquement chargée et controversée de l’accueil du quartier général américain en Afrique, et pour des raisons de sécurité et financières, l’AFRICOM a son siège à Stuttgart, en Allemagne. L’Africom met également en œuvre une grande variété de projets, notamment le programme ACOTA (African Contingency Operations Training and Assistance).

L’AFRICOM lui-même décrit sa mission en Afrique du Nord comme étant celle de contenir la propagation de l’instabilité provenant de la Libye. Il affirme qu’il accomplira cette mission en renforçant la résilience et la capacité de sécurité des pays de la région pour contrer les menaces provenant de la Libye. Cette mission s’est avérée particulièrement efficace. Les attentats terroristes ont été limités à un nombre relativement faible en Algérie, en Tunisie et au Maroc, avec une coopération transfrontalière particulièrement efficace entre l’Algérie et la Tunisie.

Toutefois, la mission visant à contenir l’instabilité régionale n’a pas été un succès total. Le terrorisme de basse échelle niveau continue de sévir dans les pays d’Afrique du Nord. L’État islamique, bien que fortement affaibli, est toujours présent en Libye, conclut Grey Dynamics.


 

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