Dossier du Sahara Occidental : Comment le Maroc fait chanter l’Espagne et l’UE

04.07.2020
L’ancien chef de la diplomatie espagnole José Manuel Garcia-Margallo

L’ancien ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel García Margallo, a révélé, le 30 juin dernier lors de sa participation à l’émission de télévision programme En Cerrados, présentée par Alberto Benzaquén, que le Maroc exerce un chantage aux migrants sur son pays et par extension sur l’Union européenne. M. Margallo, qui fut ministre des Affaires étrangères de l’Espagne sous le gouvernement de Mariano Rajoy pendant près de 5 ans, a soutenu que «le royaume chérifien utilisait l’immigration illégale comme une arme pour orienter à son profit la politique étrangère espagnole en Afrique en général et au Sahara occidental en particulier».

C’est la première fois qu’un dirigeant espagnol fait de telles révélations et accuse frontalement le Maroc. «Quand quelque chose dérange le Maroc, ils ouvrent leurs mains et nous nous retrouvons face à une avalanche de bateaux pleins d’immigrants illégaux», a-t-il dit, selon le site diario16.com, qui reprend l’information. Selon l’ancien ministre, «cette stratégie n’est rien d’autre qu’un chantage».

En guise d’exemple, José Manuel García Margallo cite un incident qui s’est produit avec le roi du Maroc lui-même. «Lorsque nos forces ont intercepté un bateau dans lequel se trouvait Mohammed VI, le lendemain il nous a envoyé des dizaines de bateaux en représailles à l’incident. Cet acte a duré au moins trois jours consécutifs», a-t-il indiqué.

L’ancien chef de la diplomatie espagnole nous apprend par ailleurs que le Maroc s’est employé à dynamiter le rapprochement entre le Front Polisario et Podemos, le parti de la gauche espagnole. José Manuel García Margallo explique que dès qu’il a eu connaissance d’échanges entre les deux parties, le Maroc a décidé de fermer ses frontières avec l’enclave espagnole de Ceuta afin de l’asphyxier économiquement. Il s’agissait d’une manière assez singulière pour obliger le gouvernement espagnol à faire pression sur Podemos pour qu’il cesse les rencontres avec le Front Polisario.

Ce chantage que les gouvernements espagnols successifs n’ont jamais osé affronter, préférant plutôt négocier avec Rabat, se poursuit toujours. Des sources révèlent ainsi que Podemos a continué à marquer ses distances avec le Front Polisario. Selon les médias espagnols, Pablo Iglesias, son chef, a même récemment demandé à ses «camarades» du parti de ne pas s’immiscer dans un sujet politique (le dossier du Sahara occidental, ndlr) qui, selon lui, relève des compétences du gouvernement.

La presse marocaine rappelle que «depuis qu’il a endossé la mission de deuxième vice-président de l’exécutif, Pablo Iglesias tient à renvoyer de lui l’image d’un ‘‘homme d’Etat’’». Dit autrement, il est prêt à renier ses valeurs de liberté et à épouser, si nécessaire, les thèses coloniales marocaines. Dans le gouvernement espagnol, il n’y a pas que lui qui s’est fait taper sur les doigts. Le 25 mai dernier, la ministre espagnole des Affaires étrangères a été obligée aussi de supprimer le drapeau de la RASD de l’un de ses tweets posté à l’occasion de la Journée de l’Afrique.

Pour José Manuel García Margallo, le chantage marocain explique clairement «pourquoi l’Espagne est soumise au Maroc et ne défend pas les droits du peuple sahraoui à l’autodétermination, alors que l’ONU spécifie clairement que Madrid est la puissance administrante du Sahara occidental»./

ZINE CHERFAOUI


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