Sahel et lac Tchad : Les groupes terroristes sévissent

Les attaques terroristes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4000 morts en 2019Rien qu’au Mali, 277 enfants ont été tués ou mutilés au cours des neuf premiers mois de 2019, le double du nombre total de 2018.

Des pays du Sahel et du Lac Tchad ont connu, ces derniers jours, de nouvelles attaques terroristes. Membre du groupe 5 Sahel (G5) avec le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, le Burkina Faso a été ciblé par une nouvelle attaque terroriste samedi dernier.

Soldats burkinabès

Dans un marché du village de Silgadji, au nord du pays, des hommes ont été «exécutés» après avoir été séparés des femmes, ont rapporté hier des médias citant des sources locales. Le bilan de cette attaque est impossible à établir dans l’immédiat, mais plusieurs témoignages mentionnent «près de 50 morts». Une source sécuritaire a évoqué une «attaque djihadiste» qui a fait «10 à 30 morts». Le 20 janvier, 36 personnes ont péri lors d’une attaque contre des villages de la province du Sanmatenga, dans le Nord.

Lundi, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), la principale alliance terroriste du Sahel, liée à Al Qaîda, a revendiqué l’attaque de dimanche contre un camp de l’armée malienne proche de la frontière avec la Mauritanie. Opération où 20 militaires maliens ont été tués, selon le dernier bilan gouvernemental diffusé ce même jour. Lundi, six soldats tchadiens ont été tués dans une attaque attribuée au groupe terroriste Boko Haram autour de l’île de Tetewa, située sur le Lac Tchad, étendue qui regroupe outre le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun.

Le 20 janvier, une kamikaze a fait exploser sa ceinture dans le village de Kaiga Kindjiria, à l’ouest du pays, et a provoqué la mort de 9 civils. C’est au Nigeria qu’est née l’insurrection de Boko Haram en 2009, avant de se propager dans les pays voisins. Début janvier, l’ensemble des 1200 Tchadiens de la FMM déployés depuis des mois au Nigeria sont rentrés au Tchad pour être redéployés sur les pourtours du Lac, côté Tchad, où les attaques se sont multipliées.

Catastrophe humanitaire

Par ailleurs, dans un document rendu public hier, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a relevé que les enfants subissent un niveau de violence sans précédent au Sahel central. Rien qu’au Mali, 277 enfants ont été tués ou mutilés au cours des neuf premiers mois de 2019, le double du nombre total de 2018. Mais c’est tout le Sahel central qui connaît une «importante augmentation de la violence contre les enfants».

Le Mali est le seul pays pour lequel l’Unicef dispose de tels chiffres, a affirmé une porte-parole de l’organisation à Dakar, néanmoins au Burkina Faso et au Niger aussi, des enfants ont été victimes de meurtre, d’abus sexuels, d’enlèvement ou d’enrôlement contraint dans les groupes armés. «Des centaines de milliers d’entre eux ont vécu des expériences traumatisantes», a affirmé la directrice régionale de l’Unicef, Marie-Pierre Poirier, citée dans un communiqué.

Entre avril 2017 et décembre 2019, à cause d’attaques récurrentes contre les établissements, les enseignants et les élèves, les fermetures d’école se sont multipliées par six au Sahel central. Plus de huit millions d’enfants de 6 à 14 ans n’y sont pas scolarisés, soit près de 55% de cette tranche d’âge.

Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), les attaques terroristes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4000 morts en 2019. Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés qui fuient les violences. «C’est la crise humanitaire qui grossit la plus vite au monde. En février 2019, il y avait 60 000 déplacés au Burkina. Il doit y en avoir plus de 600 000 aujourd’hui. Les gens ont peur», a indiqué lundi le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) Jan Egeland, en visite à Barsalogho, petite ville du nord du Burkina Faso qui accueille 10 000 déplacés et réfugiés./ AMNAY IDIR


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