Algérie / FACE AUX TENSIONS RÉGIONALES : Les conditions d’un front interne

     Les  menaces  découlant  de  l’exacerbation  des  tensions  aux  frontières reposent la question de la consolidation d’un front interne permettant au pays d’affronter d’éventuelles menaces externes.

Les autorités semblent de plus en plus prendre conscience de l’importance de ce facteur pour préserver l’intégrité du territoire. Lors d’une sortie publique, samedi dernier, le Premier ministre avait exhorté les Algériens à “s’unir et à résoudre nos problèmes internes entre nous”.

“Le peuple algérien doit prendre conscience de l’importance des efforts de solidarité et de fraternité pour trouver les meilleures voies à même de sortir de cette crise”, a expliqué Abdelaziz Djerad qui s’exprimait sur les risques qui menacent l’Algérie après le rétablissement des relations entre le Maroc et Israël. Il a également exhorté les citoyens, la classe politique et les élites à “rester vigilants et à œuvrer pour la préservation de la stabilité du pays et la protection des citoyens”.

Mais l’appel du Premier ministre, qui rejoint d’autres avant lui, peut-il être entendu ? Pour le politologue Mohamed Hennad, cela ne passe pas. S’il admet que “pour faire face aux menaces extérieures, il faut effectivement un front interne fort”, il conditionne cela à l’existence de “conditions” qui “n’existent pas”.

“Est-ce que le système a répondu aux revendications du Hirak ? A-t-il répondu aux aspirations des Algériens, libéré les détenus ? Non !”, indique l’universitaire qui insiste sur le fait que “nous avons besoin d’un front interne face aux défis auxquels fait face le pays”, a-t-il dit, et d’enchaîner : “Le seul moyen de créer un front interne fort est la réponse aux revendications du Hirak.”

Le sociologue Nacer Djabi abonde dans le même sens. “Il y a un consensus entre les Algériens, celui de réellement renforcer le front interne, mais il faut en préciser les procédures, or, cela n’est pas clair”, indique l’universitaire qui rappelle que les procédures “sont pourtant connues”.

“La libération des détenus, l’ouverture du champ politique et médiatique”, résume l’universitaire qui se réfère aux revendications du Hirak. Mais, se désole-t-il, “rien n’a changé, malgré les promesses du pouvoir”.

Puis, “qu’est-ce qui empêche l’ouverture du champ médiatique, du champ politique ?”, s’interroge Nacer Djabi qui pense, qu’au contraire, c’est cette stratégie “du pouvoir qui limite les libertés et divise les Algériens” qui “affaiblit l’Algérie” à l’extérieur.

Le discours portant sur le renforcement du “front intérieur” n’est pas nouveau. Il a été longtemps utilisé par le régime d’Abdelaziz Bouteflika lors du dernier mandat de son long règne.

À chaque fois qu’il se sentait menacé, il faisait miroiter la menace extérieure et appelait les Algériens à l’unité. Cet argument a même été mis en avant pour faire passer l’option d’un quatrième mandat présidentiel en 2014.

Comme à cette époque, ce sont les mêmes partis politiques, personnalités et organisations qui lancent un appel au “renforcement du front interne”.

Paradoxalement, cet appel à l’édification d’un “front interne fort” s’accompagne par la répression de l’opposition, des pressions sur les médias et les partis politiques, et une gestion unilatérale des affaires du pays.

Ali BOUKHLEF

           Le front interne en rempart

Face aux menaces externes, les Algériens sont appelés à resserrer les rangs en vue de déjouer ce complot contre leur unité et leur cohésion sociale.

«Tout comme la libération de la patrie et le recouvrement de sa souveraineté et de son indépendance du joug du colonialisme tyrannique et tout comme la défaite du terrorisme barbare et sanguinaire était une cause pour laquelle se sont mobilisés les plus nobles des fils de l’Algérie, la défense de notre pays et la préservation de sa souveraineté aujourd’hui sont également l’affaire de tous.

Ce qui nous interpelle à l’effet d’intensifier et de fédérer les efforts pour faire face à toutes les menaces et tous les dangers qui guettent notre pays, quelles que soient leur nature et leur origine» affirmait le général de corps d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP, à l’ouverture des travaux du séminaire intitulé «Le rôle des médias nationaux dans le renforcement du front interne et faire face aux plans hostiles visant l’Algérie.» Simple prémonition diront certains. Déduction d’une analyse géostratégique basée sur la veille intelligente axée sur l’analyse des besoins, la collecte et l’exploitation de l’information, et sa diffusion, diront d’autres plus au fait des mutations et enjeux géostratégiques. Aussi a-t-il appelé à fédérer les efforts à l’effet de les fusionner dans un même creuset, à savoir servir l’Algérie et son intérêt suprême et préserver sa sécurité et sa stabilité. D’autant a-t-il précisé que «la défense nationale requiert la fédération et la conjugaison des efforts de tout un chacun, individus et institutions (…) afin de contrecarrer toutes les menaces et les dangers qui guettent notre pays.»

En lançant son appel en direction du peuple algérien pour qu’il consolide son front interne, le général de corps d’armée Saïd Chanegriha aura donné tout le sens de son message à l’occasion de la dernière résolution adoptée par le Parlement européen qui en est la meilleure preuve. Qualifiée d’ «ingérence éhontée», plusieurs partis et personnalités politiques ont mis l’accent sur l’impératif de conforter le front interne en tant que ciment entre les Algériens, entre les gouvernants et les gouvernés, et principal garant de la préservation des dangers externes qui guettent l’Algérie.

Intervenant au terme de la séance de vote du projet de loi de finances 2021 et du texte relatif aux enlèvements, présenté par le ministre de la Justice, le président par intérim du Conseil de la Nation Salah Goudjil a indiqué que «certaines trompettes depuis l’étranger exploitent la maladie du président de la République pour mener une guerre contre l’Algérie et échafaudent des scénarii» invitant «les hommes sincères à prendre la mesure de cette campagne et à y faire face comme un seul homme».

Dans un contexte fortement agité par de multiples défis, le peuple algérien est appelé à prendre conscience des véritables menaces tant internes qu’externes qui visent le pays et qui ciblent sa stabilité et l’affaiblissement de son système de défense et de sa Sécurité nationale. Face à cette salve d’attaques, le peuple se doit impérativement de se mobiliser et de resserrer les rangs du fait que l’objectif de ces manoeuvres était de cibler la sécurité et la stabilité de l’Algérie. Convaincu que de telles résolutions tendancieuses ne serviront qu’à renforcer davantage la cohésion et l’unité des Algériens, le peuple algérien est appelé à prendre conscience des véritables menaces qui visent le pays et ciblent sa stabilité et sa sécurité.

En cette période, une prise de conscience des risques est plus que nécessaire afin d’oeuvrer à raffermir le front interne du pays. Un «front interne» fort à même d’être le rempart contre toute atteinte à la paix et à la stabilité de l’Algérie. De ce fait, la cohésion nationale et la fortification du front interne constituent la soupape de sécurité pour l’Algérie, alors que la voie du dialogue et la convergence d’opinions sur les objectifs et les priorités restent seuls susceptibles de protéger le pays et enrichir la démocratie. D’autant qu’il semble que la France voit toujours l’Algérie comme une colonie d’outre-mer.

Smaïl ROUHA

     La politique du président Tebboune permettra l’édification d’un « front interne solide »


       Le front interne et l’adhésion de la population


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *