« Tiempo después », comédie politique espagnole et version futuriste du capitalisme

           Par Dominique Martinez

En l’an 9177, la classe moyenne n’existe plus et le monde est divisé en deux : un édifice unique rassemble, sous son toit, le pouvoir royal, politique, de police, ainsi que les pouvoirs institutionnels et autres privilégiés appartenant à l’oligarchie. Et dehors, dans la nature – sorte de banlieue de seconde zone – sont relégués les chômeurs et « crève-la-dalle » de la planète.

Or, voilà que l’un d’entre eux – croyant à la liberté d’entreprendre ainsi qu’à tous les possibles – s’entête à créer son propre emploi en allant vendre sa limonade dans cette tour de Babel. Traînant sa petite buvette derrière lui, ce VRP va forcer les passages et plonger ce monde-là dans un conflit armé sans précédent.

Critique anticapitaliste au vitriol

Servie par une savoureuse brochette de comédiens espagnols connus, cette farce dystopique est une projection futuriste d’un monde vérolé par le capitalisme et l’administration. Très bien écrits, les dialogues sont taillés à la serpe et révèlent la splendeur de la langue espagnole.

Tout le monde en prend pour son grade et, au premier chef, la monarchie espagnole, la Guardia Civil et les représentants de l’Église. Classiquement structuré par une  montée des tensions menant à l’affrontement, le récit s’appuie sur un humour délirant pour livrer une vision désenchantée d’un monde en déclin. On pense au cinéma de Wes Anderson et des Monty Python.

Figure du cinéma espagnol

Décédé en février dernier, José Luis Cuerda était une des grandes figures contemporaines du cinéma espagnol.

Réalisateur, scénariste, acteur et producteur des trois premiers films d’Alejandro Amenábar – TésisOuvre les yeux et Les Autres –, notamment, son film Amanece, que no es poco (Le Jour se lève et ce n’est pas rien) réalisé en 1989 dans la région d’Albacete, d’où il était originaire, est devenu culte et avait fait connaître son humour corrosif et direct. Tiempo después apparaît comme une suite et comme un film testament audacieux, qui en dit long sur sa vision d’un cinéma radicalement politique et républicain.

Tiempo después  Réalisé parJosé Luis Cuerda. 1 h 35. Sortie nationale le 22 juillet.

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