Troubles au Mali : Les représentants de l’UA, Cédéao, ONU et UE appellent à la «retenue»

   Les représentants de l’Union africaine, de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’ONU et de l’UE  au Mali ont exprimé leur «préoccupation» face aux troubles au Mali et ont appelé à «la retenue».

   Dans un communiqué commun publié dans la nuit de dimanche à lundi, ils se disent «très préoccupés» et «condamnent avec vigueur toute forme de violence comme moyen de règlement de crise» et «invitent toutes les parties prenantes à la retenue et leur demandent de toujours privilégier le dialogue». Les représentants au Mali des quatre organisations se disent «persuadés» que les conclusions d’une récente mission de bons offices de la Cédéao «posent les bases d’une solution appropriée». Cette mission avait évoqué la «nécessité» de mettre en place un «gouvernement consensuel d’union nationale». Elle prônait l’organisation de législatives partielles dans des circonscriptions où la Cour constitutionnelle avait invalidé les résultats après les élections de mars-avril.
Des tensions se sont intensifiées à Bamako depuis les législatives de mars-avril. Une «coalition hétéroclite de leaders religieux, de personnalités du monde politique et de la société civile» s’est agglomérée autour de l’imam Dicko pour «porter la protestation». Le mouvement de contestation réclame «la dissolution du Parlement, la formation d’un gouvernement de transition dont il désignerait le Premier ministre, ainsi que le remplacement des neuf membres de la Cour constitutionnelle», accusée de «collusion avec le pouvoir». Samedi soir, le chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a annoncé la dissolution de la Cour suprême. Certains des neuf membres de la Cour ont déjà démissionné. M. Keïta a aussi ouvert la voie à des législatives partielles là où la Cour a invalidé les résultats, suivant en cela les recommandations de la mission de bons offices des Etats ouest-africains.

L’opposition malienne rejette  les concessions du président Keita
À la croisée des chemins

Les concessions du président malien Ibrahim Boubacar Keita, suffiront elles à faire taire la révolte de la rue ? Le chef de l’Etat a annoncé samedi la dissolution de la Cour constitutionnelle et a promis de mettre en œuvre les recommandations formulées le mois dernier par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui s’est notamment prononcée pour la tenue de nouvelles élections dans certaines circonscriptions, après les législatives contestées de mars.
Une offre qui intervient après les évènements sanglants de vendredi dernier à Bamako et qui ont fait quatre morts et plus d’une vingtaine de blessés parmi les manifestants. Au lendemain de cette annonce, l’opposition malienne a rejeté cette «offre» tout en exigeant la démission d’Ibrahim Boubacar Keita. «Nous n’accepterons pas ces retouches. Nous demandons sa démission pure et simple», a déclaré Nouhoum Togo, porte-parole du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), organisation à l’origine de la contestation entamée il y a un mois, qui réunit des représentants politiques, religieux et de la société civile.
Si le président Ibrahim Boubacar Keïta tente de renouer le dialogue, il semble bien que son rival, l’Imam Mahmoud Dicko, gagne du terrain. Pour bon nombre d’analystes, le Mali est à un tournant décisif de son histoire. Le rôle joué par cet imam dans l’arrêt des affrontements sanglants entre Dogons (sédentaires) et Peuls (nomades), lui a permis d’acquérir une notoriété auprès des populations.
C’est d’ailleurs en s’engouffrant dans cette faille que l’Imam Dicko devenu chef de file du Mouvement du 5-Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques de contestation: M5-RFP, a mobilisé la rue pour exhorter le président à démissionner. Son appel au calme lancé dimanche a fini par faire basculer le rapport de force en sa faveur et isoler de plus en plus un président qui n’a âprement plus rien à offrir. Victime d’un attentisme et d’un immobilisme politique, imposé, à sa décharge certes, par la situation sécuritaire dans la région du Sahel entre autre, le président malien devra composer non seulement avec cette opposition hétéroclite mais surtout faire appel au génie de politique pour maitriser l’homme fort de la rue, l’imam Dicko.
Une vacance du pouvoir précipitera le pays dans l’inconnu. Le geste de décrispation de la situation à travers la libération hier des leaders de la contestation ne semblent apparemment pas faire entendre raison aux manifestants qui continuent à occuper la rue.
Des tirs nourris ont encore été entendus lundi dans le quartier de Badalabougou, fief de la grande figure de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko, et principal foyer de tensions. Des accrochages épars ont opposé des hommes lançant des pierres et des forces de sécurité ripostant à coups de gaz lacrymogènes dans des rues encore jonchées de projectiles. Autant dire, qu’actuellement, le Mali aborde un tournant décisif dans son histoire. Le pays y «joue» même sa survie.
M. T.


 Les manifestations  ont fait 11 morts et 158 blessés

Les manifestations au Mali ont fait 11 morts et 158 blessés ces derniers jours à Bamako, capitale du pays, a annoncé lundi la Primature malienne à l’issue d’une rencontre du Premier ministre avec les secrétaires généraux des ministères, le gouverneur du District de Bamako et plusieurs  responsables des forces de l’ordre. La rencontre a permis de faire le point sur la situation sécuritaire et sanitaire après les débordements qui ont suivi les manifestations de ces derniers jours, suite à l’appel du Mouvement du 5-Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). La Primature a confirmé 11 morts et 158 blessés enregistrés parmi les manifestants et les forces de l’ordre au niveau du CHU, Gabriel Touré, et de plusieurs centres de santé de référence du District. Pour calmer la tension dans le pays, le président Ibrahim Boubacar Kéita a fait plusieurs propositions de sortie de crise. Il a déjà annoncé l’abrogation du décret de nomination des membres de la Cour constitutionnelle du Mali, ce qui permettra d’aboutir à la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).


     Dangereuses confluences régionales 

par Abdelkrim Zerzouri

La paix et la stabilité au Mali, soutenues par l’Algérie depuis des années, sont-elles devenues des vœux pieux ? La situation au Mali, secoué depuis 2012 par les violences, reste, de nos jours, très préoccupante. L’accord de paix et de réconciliation signé en 2015 à Alger n’est qu’une longue marche vers des horizons meilleurs, marquée par le bruit des crépitements des armes et de parties de dialogues discontinues. C’est toujours la même histoire, la paix est plus difficile à enclencher que la guerre. Mais, bon an, mal an, l’Algérie œuvre toujours à l’accompagnement et à l’encouragement des parties maliennes pour la mise en œuvre de toutes les clauses de l’Accord de paix et de réconciliation, considéré comme « cadre idoine » pour le règlement de la crise au Mali. Jusque-là, ce « cadre idoine » pouvait tenir la route difficile de la paix, mais le développement des évènements ces derniers mois, qui a abouti à des affrontements sanglants ces derniers jours, laisse croire que les temps ont changé en profondeur. En premier lieu, la forme du conflit, qui a pris la tournure des aspirations démocratiques des populations, et qui ont conduit à des troubles sanglants les 10 et 11 juillet, causant 11 morts et une centaine de blessés. Et, en second lieu, l’implication dans le dossier de plusieurs organisations, onusienne, africaine et européenne, à savoir les représentants de l’Union africaine, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’ONU et de l’UE, qui ont exprimé dans le sillage des manifestations violentes qui ont secoué le Mali les 10 et 11 juillet derniers, leur «préoccupation» et appelé toutes les parties à «la retenue et au dialogue». Non sans «condamner avec vigueur toute forme de violence comme moyen de règlement de crise». Déjà, on veut trouver une autre voie pour aboutir à la paix et la stabilité dans ce pays, autre que celle de l’accord de paix et de réconciliation signé à Alger en 2015. Car, les représentants au Mali des quatre organisations en question se disent «persuadés» que les conclusions d’une récente mission de bons offices de la Cédéao «posent les bases d’une solution appropriée». Est-ce à dire qu’il existe une volonté d’éloigner l’Algérie du dossier malien ? Il faut en convenir, certains pays œuvrent à parasiter les efforts diplomatiques de l’Algérie, d’une part pour amoindrir son influence régionale et l’installer au centre de dangereuses conditions de confluences régionales, que cela soit au Mali, en Libye et ailleurs, et d’autre part faire persister l’insécurité à ses frontières au Sud et à l’Est.

D’où la nécessité pour l’Algérie de redéployer ses efforts pour contribuer à la stabilité de ce pays. Avec cette nouvelle donne du mouvement de contestation qui fait sienne une aspiration démocratique légitime, dont «la dissolution du Parlement, la formation d’un gouvernement de transition dont il désignerait le Premier ministre, ainsi que le remplacement des neuf membres de la Cour constitutionnelle, accusée de «collusion avec le pouvoir».


        Sept morts dans l’attaque de deux villages au Mali

Le rôle d’une unité d’élite antiterroriste en question dans les troubles

L'insécurité et l'instabilité augmentent de jour en jour


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