La Tunisie, ce pays qui n’en est pas un,  au regard du … Makhzen.

 

Contribution 

Par : El Kenti Balla

Le Makhzen, cette étrange entité politique plantée au cœur de l’Afrique du Nord pour opprimer d’abord son peuple et pour fonctionner comme source de tension permanente et de conflits au sein de la région, vient de s’en prendre violemment à la Tunisie, à travers un communiqué au vitriol, suivi du rappel de son ambassadeur.

Le crime de cette « insolente république tunisienne » ? Elle a osé accueillir une rencontre multilatérale entre l’Union Africaine au Japon, le Ticad 8. Que ça?! Non ! Elle l’a fait sans faire l’effort de « sauvegarder les intérêts du Makhzen », pis encore: elle déroula le tapis rouge au Président de la RASD.

La Tunisie aurait donc commis le crime de lèse-majesté. Elle aurait dû mettre sous le boisseau les règles établies par l’Organisation continentale, et se soumettre aux caprices de l’entité régionale !  Mais elle ne l’a pas fait. Voilà qui n’a pas manqué de mettre le Makhzen dans tous ses états, devenant hystérique, hors de tout contrôle.

Le crime est impardonnable par le Makhzen d’autant plus que ce n’est pas la première fois que la Tunisie lui « sort de nulle part » et met en péril ses plans chimériques.

En 1960, l’entité, à peine âgée de quatre ans, s’est mise à bondir comme un diable dans un bénitier, trépignant comme une folle, vociférant des menaces en tout genre contre une Mauritanie qui venait d’accéder légitimement à son indépendance nationale.

En toute légalité et en toute souveraineté, la Tunisie a reconnu l’indépendance de la Mauritanie. Il n’en fallait pas plus pour le Makhzen pour ouvrir les hostilités contre une Tunisie, tenu comme quantité négligeable. Celle-ci sera alors accusée de tous les maux de la terre et considérée comme un pays hostile. Le Makhzen mettra fin à ses relations diplomatiques avec elle et ne les rétablira qu’en 1965.

Outragée et humiliée, la brave Tunisie ne se laissa pas intimider et persista dans la défense de la Mauritanie dans les forums internationaux, y compris à l’ONU où elle parraina sa candidature, obtenant pour le nouvel État l’accès définitif aux concerts des nations.

Vous demanderez à n’importe quel mauritanien à propos de la Tunisie, il vous racontera avant tout et dans le menu détail, cette solidarité agissante, inoubliable et impérissable de la Tunisie. Ils en sont encore très fiers, 70 ans après.

Même si la Tunisie n’a fait qu’appliquer les décisions du Conseil exécutif de l’Union Africaine du 14-15 juillet 2022, décisions prises par ailleurs en présence des délégués du Makhzen, et bien que les invitations aux États membres, dont la RASD, avait été envoyées par le président de la Commission de l’UE, cela n’a pas empêché le Makhzen de classer la Tunisie comme pays hostile et décider le retrait de son ambassadeur. Les accusations fantaisistes contenues dans le communiqué marocain seront immédiatement rejetées et démontées en bloc par un communiqué tunisien, limpide, plus  argumenté et plus honnête. La Tunisie rappelle réciproquement son ambassadeur, avec effet immédiat.

On raconte par-ci par-là, notamment en ces temps-ci marqués par la crise ukrainienne, que le crime des crimes serait de s’approprier illégalement un territoire qui n’appartient pas à soi-même. C’est le poison des relations internationales, c’est le début de la fin de l’ordre mondial, dit-on.

On condamne alors dans les termes les plus vigoureuses l’intervention russe en Ukraine, mais on ne souffle mot sur l’invasion marocaine du Sahara occidental, bien au contraire, on agit par des politiques plus ou moins assumées, plus ou moins obscènes et grossières, pour conforter cette occupation et la rendre irréversible.

Jamais personne n’a prêté attention au fait que le Maroc, dans l’article 42 de sa constitution octroyée, se reconnait explicitement comme un « État sans frontières », ayant le « droit naturel » de s’étendre aux dépens de ses voisins?! Imaginons un instant quelle serait la réaction des « gardiens du temple international » si Cuba, l’Iran, la Chine ou le Venezuela faisaient pareil.

Dans ce différend entre le Makhzen et la Tunisie, quand bien même le droit, la raison et le bon sens sont du côté de cette dernière, on lui tombera à bras raccourci, on la mettra sous pression et on lui préférera l’entité makhzenienne, que l’on supportera contre vents et marées, parce que la Tunisie ne devait pas agir en pays souverain, mais en régime assujetti et apprivoisé, tout à fait à l’image du Makhzen.

El Kenti Balla

Représentant du Front POLISARIO. Chargé de mission à la Représentation du Front pour l’Europe et l’UE


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