France / Zemmour président ? Oh mon Dieu !

           

 

  Par Ali Chérif Deroua

M. Zemmour, la star des médias français, a dépassé les bornes. Il faut lui sonner les cloches.
1- M. Zemmour, piètre homme politique et minable «futur président de la République française» si les Français en décident ainsi en 2022

En parlant de la France de race blanche, M. Zemmour a déjà implosé la République française, oubliant que la France, légalement, juridiquement est composée de la Métropole et des Départements d’outre-mer (DOM). Jusqu’à preuve du contraire, les citoyens français de ces départements ne sont pas et ne se revendiquent pas de la race blanche ? Alors, M. Zemmour semble oublier qu’iIs sont plus de deux millions de citoyens français avec un droit de vote légalement, juridiquement acquis pour ceux qui sont en âge de voter.
Dans la Métropole, il y a plus de six millions de citoyens français originaires des continents africain et asien qui ne sont pas de race blanche. Ce sont des Africains de race noire ou sémite ou des Asiatiques de race jaune. Mais pour ceux qui sont légalement, juridiquement français, futurs électeurs, ils vont voter, n’en déplaise à M. Zemmour. D’autre part, M. Zemmour semble oublier que lui-même d’origine berbéro-algérienne, est, normalement, logiquement, racialement, ADNement sémite. Donc il n’est pas de race blanche. Le comble de la contradiction!!!

2 – M. Zemmour, drôle d’historien
Il donne une interview à YouTube. Le journaliste lui pose la question suivante : «La France a profité de l’Afrique.» II répond : «Non, la France n’en a pas profité. L’Afrique et la colonisation nous ont coûté. Les pays africains nous vendent des matières premières que nous payons.» Quel culot, quel fieffé menteur ! Alors il faut lui rafraîchir la mémoire. Il semble oublier les horreurs de la colonisation. Un seul exemple, il a oublié que la traite négrière a été légalisée en 1642 par Louis XIII et que Louis XIV avait encouragé la traite négrière en donnant des subventions pour chaque esclave capturé en 1672. Elle a duré jusqu’en 1848. D’après l’historien français Jean Mettas, la France a réalisé  3 317 expéditions négrières (2 000 000 d’esclaves) à partir des ports de Nantes, Le Havre, la Rochelle et Bordeaux. Du seul port de Nantes, il y a eu le départ de six cent mille (600 000) esclaves vers les Amériques. Si M. Zemmour doute, il n’a qu’à aller visiter le musée de l’esclavage de Nantes.
Si vendre des êtres humains n’est pas un crime contre l’humanité, alors bonjour les dégâts pour le pays des droits de l’Homme qui se serait choisi M. Eric Zemmour comme président de la République.
D’autre part, M. Zemmour, historien autoproclamé, déclare : «Le Général de Gaulle a donné l’indépendance à l’Algérie.» Quelle monstruosité !!! Voici l’historique chronologique de notre lutte de libération.
Le 1er novembre 1954, le peuple algérien, par la voix du Front de libération nationale, déclenche la Révolution algérienne avec un appel où il fixe les objectifs, les conditions et la finalité de son combat :
A – la reconnaissance de la nationalité algérienne par une déclaration officielle de la France, abrogeant les édits et lois faisant de l’Algérie une terre française en déni de l’histoire, de la géographie, de la langue, de la religion et des mœurs du peuple algérien.
B – l’ouverture des négociations avec les porte-parole autorisés du peuple algérien sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté algérienne, une et indivisible.
C – la création d’un climat de confiance par la libération de tous les détenus politiques, la levée de toutes les mesures d’exception et l’arrêt de toute poursuite contre les forces combattantes.
Ces conditions ont été confirmées par le Congrès de la Soummam en août 1956, celui du Caire en août 1957, par le Gouvernement provisoire de la République algérienne en septembre 1958 lors de sa formation, par les Congrès de Tripoli de janvier 1960 et août 1961 et ce, malgré les propositions françaises de la loi-cadre par Guy Mollet, la paix des braves de De Gaulle, de plusieurs tentatives de division de nos rangs, un cessez-le-feu unilatéral, les opérations Challe approuvées par de Gaulle. dont le but était d’anéantir nos maquis, et bien d’autres.
De Gaulle, le dernier géant de l’histoire de France, de Gaulle l’incarnation de la France, de Gaulle la fierté et l’orgueil dans toute leur splendeur, a été obligé de négocier sur la base du contenu de l’appel du 1er Novembre 1954. Notre position n’avait pas changé d’un iota. Nous avons obtenu notre indépendance grâce à la volonté de notre peuple, au sacrifice de nos martyrs (1 500 000). Alors, laissez-le fantasmer.

3 – Zemmour, redoutable polémiste et débatteur présenté à tort comme tel
Le 6 février 2010, il y eut une séquence qui lui rafraîchira la mémoire ainsi qu’à ceux qui le trouvent polémiste et débatteur redoutable.
Permettez-moi de vous la raconter. Ce jour, il a critiqué à outrance l’adaptation théâtrale de Je l’aimais de M. Patrice Leconte. Pour réponse, M. Leconte lui a dédié l’histoire de la fable du corbeau et du rossignol. Monsieur Zemmour écoutait sagement. Il n’a pas pipé mot. Traité de cochon, il s’est fait rabattre le caquet sans souffler mot.
À ceux qui veulent visionner cette séquence, ils la trouveront sur les réseaux du web. Voici le véritable Zemmour. Depuis le début de la campagne électorale, il ne cesse d’insulter, d’humilier les journalistes, les hommes et les femmes politiques, les traitant de menteurs, d’imbéciles, d’idiots et j’en passe, sans qu’aucune de ses victimes ose se révolter et le remettre à  sa place. Alors, un peu de respect pour soi-même au moins, à défaut de faire leur travail et le pousser dans ses retranchements.

4 – Zemmour terminator
Lors d’une visite au Salon de l’armement, il prend un fusil mitrailleur qu’il a des difficultés à soulever (8 kg maximum) et braque un journaliste, faisant fi de tous les us et coutumes du port d’une arme et surtout de mettre en joue une personne.
Imaginez les dégâts psychologiques sur des enfants français qui voient ces séquences sur leur écran.
En fin de compte, il s’en fout royalement d’autant plus que certains commentateurs et analystes minimisent volontairement cette bourde. N’est pas Arnold Schwarzenegger qui veut.
Comme toujours, je vous propose une histoire merveilleuse sur le devenir de la France au cas où les Français l’élisent comme président de la République.
Dans une contrée se posait un problème difficile à résoudre.
Les différentes tribus n’arrivaient pas à s’entendre sur la désignation d’un chef. Alors qu’elles se chamaillent à la recherche d’un chef passe un étranger. Un homme de l’une des tribus remarque cet étranger et propose aux tribus : pourquoi ne pas demander à cet étranger d’être notre chef puisque nous n’arrivons pas à nous entendre.
Toutes les tribus tombent d’accord. Ils interpellent l’étranger et lui font la proposition en lui expliquant la situation. L’étranger accepte le poste et pose une condition : le respect de tout le monde de ses décisions. Il est désigné sur-le-champ et une fête est organisée pour la circonstance. Le lendemain, il convoque les leaders de toutes les tribus et les insulte sans aucun motif valable.
Ces derniers lui demandent les raisons de ce comportement bizarre et irrespectueux. Sa réponse est magnifique : vous m’avez choisi sans me connaître, donc vous êtes des incapables à la tête de vos tribus. Vous m’avez juré obéissance sans me connaître, donc vous ne méritez aucun respect et vos tribus respectives doivent avoir le même avis que moi. Donc je fais ce que je veux. Il régna longtemps sur cette contrée en tyran !!! A bon entendeur… Pauvre France, au cas où…
A. C. D.


            Eric Zemmour : Marionnette ou Epouvantail

Eric Zemmour, présent depuis plus de 20 ans dans les médias français, a eu le temps d’affûter ses armes comme chroniqueur au Figaro, pamphlétaire et polémiste quotidien sur CNews, chaîne télévisée appartenant à Vincent Bolloré, milliardaire, devenu magnat des médias. Depuis plus de deux mois, il sillonne le pays, menant une campagne électorale toujours pas officielle, et ses thèses inquiétantes notamment sur les Musulmans, les Noirs et les femmes sont propagées dans quasi tous les médias. Et pourtant il se présente et est présenté comme un personnage antisystème, s’attribuant une aura d’opposant subversif. En réalité, il courtise le monde politique, financier et médiatique dont il maîtrise les codes.

D’aucuns disent qu’il ne s’agit que d’un phénomène éphémère, un feu de paille, dont il ne faudrait pas amplifier l’importance, d’autres le considèrent comme une menace. Quoi qu’il en soit, ses positions racistes ont permis d’enfoncer certaines digues et de renforcer et radicaliser le discours dominant préexistant autour du triptyque obsessionnel de la droite et de l’extrême droite : l’immigration, l’insécurité et l’Islam. Entre-temps presque toute la classe politique reprend avec une certaine délectation ces thèmes déclinés dans toute leur laideur, au prix d’une compromission coupable. On se souvient du fameux rassemblement organisé en mai 2021 par des syndicats de police devant le Parlement où fascistes étaient réunis avec des communistes en passant par des sociaux-démocrates et des verts autour du thème de l’insécurité.

Une idéologie source de graves menaces

L’idéologie raciste de Zemmour est aussi primitive qu’opérante d’autant plus qu’elle se construit sur un fond vieux de plus d’un siècle de propagande antisémite. Le cœur de son discours s’articule autour du mythe d’un complot islamique (il y a cent ans c’était le complot juif) qui menacerait la France. Le « grand remplacement », théorisé par Renaud Camus, viserait à assujettir la France et à détruire la civilisation européenne. Ainsi, Zemmour affirme dans l’émission C à vous en septembre 2016 : « Nous vivons depuis trente ans une invasion, une colonisation, qui entraîne une conflagration », anticipant ni plus ni moins une « guerre civile ». Le tueur de Christchurch en Nouvelle-Zélande, lui aussi adepte du « grand remplacement », a franchi le pas en mettant en pratique cette idéologie meurtrière : le 15 mars 2019, Brenton Tarrant, terroriste australien, massacre 51 personnes dans une mosquée.

Zemmour persiste dans ses divagations paranoïaques quand en septembre 2019 lors de la Convention de la droite, il martèle qu’« En France, comme dans toute l’Europe, tous nos problèmes sont aggravés par l’immigration : école, logement, chômage, déficits sociaux, dette publique, ordre public, prisons, qualifications professionnelles, urgences aux hôpitaux, drogue. Et tous nos problèmes aggravés par l’immigration, sont aggravés par l’islam. C’est la double peine. » Voilà qui, en guise de programme politique, est tranché : Zéro immigration, zéro Islam et tous les problèmes des Français seraient résolus !

Le non-candidat ressasse que l’Islam ne serait « pas compatible avec la République » car « en Islam il n’y a pas de musulmans modérés ». Alors, faut-il les déporter ? lui demande le journaliste du Corriere della Sera le 30 octobre 2014Il répond : « Je sais, c’est irréaliste mais l’Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de Pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d’Algérie pour revenir en France ? Ou bien qu’après la guerre, 5 ou 6 millions d’Allemands auraient abandonné l’Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? ».

Quoi faire, si ce n’est d’organiser la déportation des « intrus » qu’il appelle « remigration ». En janvier 2021, il explique sur C News : « Vouloir la remigration, ce n’est pas être raciste. C’est considérer qu’il y a trop d’immigrés en France, ça pose un vrai problème d’équilibre de démographie et identitaire (…). La France est en danger. » Le décor est planté, la réponse clairement exprimée.

Zemmour a bien d’autres obsessions dont celle des femmes n’est pas des moindres. Ses propos se suffisent à eux-mêmes. Dans son livre Le Premier sexe (2006), il affirme que « la virilité va de pair avec la violence, que l’homme est un prédateur sexuel, un conquérant ». Et décrivant un film des années 1970, il regrette amèrement cette époque où les femmes étaient plus complaisantes. « Quand le jeune chauffeur de bus glisse une main concupiscente sur un charmant fessier féminin, la jeune femme ne porte pas plainte pour harcèlement sexuel. La confiance règne. » Zemmour, machiste proclamé, est ainsi confronté à plusieurs plaintes de femmes pour harcèlement sexuel.

Des réseaux de soutien importants

Zemmour qui semblait agir en électron libre en tant que polémiste et pamphlétaire dispose de fait de puissants réseaux de soutien. Non seulement il provoque d’importants clivages au sein du Rassemblement national mais également du parti Les Républicains, lui permettant ainsi de siphonner de plus en plus de cadres et de militants, d’autant plus qu’il peut compter sur de nombreux groupes fascistes, en particulier les monarchistes de l’Action française.

Selon les enquêtes de Médiapart, ses comités de soutien locaux sont composés d’anciens du mouvement de Bruno Mégret, de membres de l’Action française, de la Ligue du Midi ou de Génération identitaire qui assurent notamment le service d’ordre, sans oublier des catholiques ultra-conservateurs, des anciens de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) et d’autres nostalgiques de l’Algérie française. Les réseaux de la Manif pour tous lui seraient également d’une grande utilité. Et l’agitateur néo-libéral tenterait à présent une jonction avec des Gilets jaunes pour parer à sa réputation de représentant des riches.

Ces comités s’activent frénétiquement alors même que sa candidature n’est pas encore annoncée. Ils organisent ses tournées en France, les meetings et les déambulations, les rencontres de personnalités politiques, arrangent des levées de fonds et récoltent des parrainages d’élus. Les réseaux sociaux sont un outil auquel ont très largement recours ses lieutenants qui se recrutent souvent parmi des jeunes de Génération Z.

Si la vente des livres de Zemmour et ses conférences payantes lui rapporte des revenus substantiels, elles ne suffisent pas à financer la machine de propagande nécessaire pour le propulser au-devant de la scène. Mais surtout sans soutien d’hommes d’affaires influents, point de candidature. Charles Gave, financier, gestionnaire de fonds, serait prêt selon Médiapart à le soutenir financièrement mais surtout à lui ouvrir son carnet d’adresses, notamment dans les milieux financiers londoniens, tandis que plusieurs jeunes banquiers l’accompagnent déjà dans sa conquête de l’électorat.

Pour accéder à cette notoriété, Zemmour, contrairement à l’image de victime de la censure qu’il renvoie et sur laquelle il s’auto-apitoie volontiers, peut compter sur une grande partie des médias. Tout d’abord ceux de Vincent Bolloré, homme d’affaires associé à la françafrique ayant racheté journaux et chaînes de TV pour servir la cause de l’extrême droite notamment à l’occasion de la campagne électorale. Cet oligarque l’a propulsé en lui ouvrant les plateaux de sa chaîne Cnews. Mais il n’est pas le seul, tout le spectre des médias d’extrême droite se repaît de ses propos fascistes, racistes et misogynes tandis que les autres courent après lui pour ramasser quelques miettes d’audimat supplémentaires.

Marionnette de Macron ?

Penser que cette propagande est marginale et ne serait que le produit d’un cerveau retors, ne prend pas la mesure de l’effondrement sociétal et de la crise du capitalisme. Zemmour n’est pas isolé dans ses égarements, la classe politique dans sa quasi-totalité l’accompagne dans cette dérive. Si un gouvernement Macron sous couvert de lutte contre le séparatisme fait la chasse aux Musulmans et interdit des associations de lutte contre l’islamophobie, si un Darmanin tire sur tout ce qui ne fait pas allégeance à une notion tronquée et étriquée de la République, ne préparent-ils pas le terrain d’un régime autoritaire ? Zemmour pourrait facilement être exclu du champ politique d’autant plus qu’il a déjà été condamné pour provocation à la haine raciale. Pour le moment il semble servir les desseins d’Emmanuel Macron. Mais ces calculs électoraux biaisés qui consistent à autoriser le durcissement de l’extrême droite pour qu’elle s’étripe et emporte la droite dans ses divisions afin de ramasser la mise électorale est un jeu dangereux.

La configuration à laquelle nous faisons face aujourd’hui évoque celle des années 1930 lorsque des riches industriels et financiers, ainsi que les médias et les politiques qui les servaient, brandissaient le complot juif pour installer un pouvoir fasciste et instrumentaliser les mouvements populaires. Comme le constate l’historien Enzo Traverso, la représentation de l’islam en tant que menace pour la culture européenne et les identités nationales sert à souder par la peur une communauté nationale socialement et économiquement fracturée. Cette stratégie politique réactionnaire a été développée aux XIXe et XXe siècles avec l’antisémitisme pour détourner l’opinion des thématiques autour de la précarisation des couches défavorisées et du creusement des inégalités. L’analogie avec l’actualité est frappante…

La montée du fascisme dans les années 1930 sur fond de crise systémique du capitalisme a exacerbé la propagande antisémite jusqu’à considérer les juifs responsables du marasme européen et justifier leur extermination. Ne l’oublions pas.

Tissa

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