par Belkacem Ahcène-Djaballah
1. Cette fois-ci, c’est Djilali Hadjadj (porte-parole de l’«Association algérienne de lutte contre la corruption» qui, il faut le dire, a toujours été à l’avant-garde du combat et de la dénonciation) qui nous fournit le chiffre de 60 Mds Usd «détournés en 15 ans». Un montant auquel «il faut ajouter les chiffres générés par la fuite de capitaux, l’évasion et autres blanchiments d’argent» (Chaîne III de la radio). Hamid la Science en 90 avait parlé de «26 Mds Usd». Récemment, un économiste expert-consultant, bien connu sur la place d’Alger… nous a «révélé» que «pas moins de 160 milliards de dollars ont été volés des caisses de l’Etat et transférés vers l’étranger, ces cinq dernières années »… et «qu’en l’espace de l’année 2018, une somme allant jusqu’à huit milliards de dollars s’est évaporée». Un autre expert, économiste de son état, a parlé de 100 milliards de dollars de surfacturations ayant rempli, en vingt ans de règne de Bouteflika, les comptes des importateurs, comptes domiciliés à l’étranger, en France, en Turquie, en Suisse, en Espagne et dans certains paradis fiscaux. C’est vrai, beaucoup d’argent a été détourné… mais il semble bien qu’on ne sait plus où donner de la tête avec ce «hirakisme monétaire» qui fait se télescoper les dinars, les dollars, les euros, les milliards, les centimes… Mais, tout de même, on note, durant les deux dernières décennies, dans le domaine du «haut vol», du… progrès. Pour info : pour l’indice de perception de la corruption de l’Ong TI, au classement 2018, l’Algérie est à la 105e place (sur 180 pays étudiés), 18e en Afrique et 10e dans le monde arabe. Pas de quoi pavoiser !
2. Citation : «Il nous faut travailler, créer de la richesse, de la propriété, libérer l’entreprise et l’initiative, restaurer la valeur du travail, corriger l’ image mentale de la richesse et en finir avec ce populisme qui nous fait croire que travailler, c’est être idiot et être riche, c’est être voleur et être pauvre, c’est être vertueux. Le pays sera debout lorsqu’il sera riche. C’est-à-dire lorsque l’idée de la richesse ne sera pas définie par une dictature et que l’idée du bonheur ne sera pas définie par les islamistes et leur «paradisme» (Kamel Daoud, Banc public, Le Quotidien d’Oran, mardi 23 avril 2019).
3. Algérie patriotique (de la famille Khaled Nezzar) lancé en février 2012 a annoncé sa fermeture… puis sa re-parution quelques jours après, avec des «révélations» sur des conversations Khaled Nezzar – Saïd Bouteflika. Beaucoup d’interrogations. Pour quelles raisons tout ce va-et-vient en urgence ? On ne le sait et elles ne sont pas indiquées clairement dans le «faire-part» du 24 avril 2019. Peut-être en raison de la situation politique et médiatique confuse ? Des coûts de production de plus en plus élevés de la collecte des infos’ et des collaborations et de la contraction du marché publicitaire ? Des risques autres ? Beaucoup ont oublié ce bon vieux dicton mille et une fois répété par nos anciens : «Pour vivre heureux, vivons cachés». D’autant qu’il est difficile de l’être, de nos jours, avec une justice qui, réveillée brusquement, «tire dans tous les coins».
4/ La nouvelle aérogare de l’aéroport d’Alger Houari-Boumediene a été inaugurée tout récemment après des travaux qui ont débuté en… 2014 et des millions de dollars dépensés. Mais, mais, la presse nous a rapporté une image désolante eu égard aux frais… Un grand écriteau – arabe et français – émaillé de fautes. Sans parler de la non-utilisation de l’anglais, ici, absolument nécessaire. Lorsqu’il s’agit d’une épicerie ou d’une gargote, cela peut passer… mais dans un aéroport international ! Et le contrôle de qualité, b… ?
5. JC Decaux SA ( numéro un mondial de la communication extérieure et du mobilier urbain et n° 1 mondial de la publicité dans les transports avec plus de 210 aéroports et 277 contrats de transport dans les métros, bus, trains et tramways) a quitté récemment le marché algérien estimant que le «cadre réglementaire manquait ainsi que l a transparence» favorisant donc toutes les magouilles… que, certainement, il ne pouvait supporter indéfiniment, les «rapaces» de la pub’ en croissance accélérée (voir Mediatic, 4 avril 2019) . Certainement une histoire de «pression» pour lui faire cracher des sous ? Sa filiale JC Decaux Abu Dhabi vient, par contre, de remporter un contrat publicitaire exclusif du nouveau Midfield Terminal de l’ aéroport international d’Abou Dhabi et ce pour 10 ans. L’aéroport international d’Abou Dhabi, qui a accueilli plus de 21 millions de passagers en 2018, connaît l’une des plus fortes croissances au monde (+29 % au cours des cinq dernières années). Le Midfield Terminal qui deviendra une passerelle emblématique vers la capitale des Émirats, portera la capacité totale de l’aéroport à 45 millions de passagers.
Desservie par la compagnie nationale Etihad Airways, Abou Dhabi bénéficie d’une visibilité croissante parmi les destinations mondiales attirantes par sa culture, ses loisirs et ses divertissements. Ce nouveau contrat vient renforcer la position de numéro un de JC Decaux au Moyen-Orient, avec une plateforme média aéroportuaire unique dans 32 aéroports aux Émirats Arabes Unis, au Royaume d’Arabie Saoudite, au Royaume de Bahrein et au Sultanat d’Oman, permettant aux marques de toucher chaque année plus de 227 millions de passagers premium.
6. Mini-Hirak pacifique dans la presse algérienne… avec le départ, après 29 ans de présence à la barre du journal El Watan, de Omar Belhouchet… remplacé (par la majorité des actionnaires) par un autre ancien Tayeb Belghiche. Omar a fait beaucoup pour le journal, pour l’entreprise et pour la presse nationale. Tayeb est un journaliste très expérimenté et très bien introduit… Mais tout cela va-t-il suffire pour régler les problèmes ? D’abord d’intendance interne (dont la gestion d’un nouveau local à l’utilisation bloquée par une administration tatillonne), ensuite d’environnement médiatique (contraction des ressources publicitaires, stagnation du gisement de lecteurs et concurrence «déloyale» des sites électroniques d’information et des télés off-shore), enfin de ligne éditoriale (qui devrait transcender les engagements politiques ou idéologiques individuels parfois contradictoires) avec la naissance, en Algérie, de «nouveaux» consommateurs d’informations et surtout d’une nouvelle pensée politique, certes encore syncrétique, qui se veut différente par rapport à tout ce qui s’est fait jusqu’ici.
7. Profilage – express de certains «marcheurs» allant au Tm de Blida (images diffusées) :
– Décidé à en finir au plus vite et ne supportant aucune aide ou accompagnement (Mohamed Mediène).
– En dilettante. Une formalité à accomplir… Il en a vu d’autres. (Bachir Tartag).
– Air perdu (sonné ?). Etonné d’être là. Pour susciter la pitié (Saïd Bouteflika).
– Inquiète (Louisa Hanoune).
8. A propos d’une reprise par l’Aps d’une déclaration du ministre français de l’Europe et des AE, il n’y avait pas de quoi en faire tout un «plat». Il est vrai que la diplomatie française est, depuis toujours, à l’affût du moindre «faux-pas» de l’Algérie. Le journaliste a cru bien faire en y ajoutant, le 8 mai, la date du 4 juillet, alors que la déclaration de Le Drian (en date du 6 mars) ne l’évoquait pas «explicitement». Faute professionnelle du journaliste de l’APS qui a cru (vite et bien) faire ? Pas si sûr ! Un peu, peut-être. Et, pourquoi pas celle du MAE français qui aurait dû utiliser un langage plus clair et bien plus précis au lieu de rester dans le vague. Les diplomates, partout les mêmes !