
Par Kamal Louadj
«À la lumière du rejet des élites corrompues et en déconfiture, la seule option qui reste pour le peuple libanais est la révolte civile», écrit le prince marocain Moulay Hicham sur Facebook. En réaction, Lebanon Press rappelle que les problèmes internes «concernent uniquement le Liban».
Dans un message publié sur son compte Facebook, le prince Moulay Hicham, cousin du roi du Maroc Mohammed VI, appelle les Libanais «à la révolte civile», seul moyen selon lui de changer la donne politique dans le pays. L’appel a provoqué une vive réaction auprès de la presse libanaise qui crie au scandale, rappelant au prince ce qui se passe en Syrie, en Libye et au Yémen.
Une photo de sa grand-mère d’origine libanaise Faiza Al-Jabri accompagnée de quatre de ses filles et un message. C’est ainsi que le prince a voulu dire que «le Liban est confronté à de grands défis, dont le plus important est de savoir comment passer d’un régime sectaire qui a affaibli le pays à un régime civil garantissant les droits de tous et l’égalité».
Dans le contexte des manifestations populaires qui ont suivi l’explosion du port de Beyrouth, le prince Moulay Hicham estime qu’«à la lumière du rejet des élites corrompues et en déconfiture, et le rejet de la polarisation régionale [de la société] sur laquelle ces élites s’appuient, la seule option qui reste pour le peuple libanais est la révolte civile, comme il le fait actuellement». «Le chemin vers la réalisation de la transition politique sera long et difficile», prévient-il.
«Pourquoi ces appels à la rébellion»?
En réaction aux propos du prince marocain, Lebanon Press se demande «Pourquoi ces appels à la rébellion?».
«Ce qui se passe en Syrie, en Libye et au Yémen» ne suffit-il pas, ajoute le média qui lance à l’adresse de Moulay Hicham: «Quel est votre souci avec les problèmes internes qui concernent uniquement le Liban?!».Puis de s’interroger: «Vos mots peuvent-ils contribuer à guérir les blessures des milliers de blessés, d’orphelins et d’enfants ayant perdu leur famille? Ce doux discours pourrait-il abriter des milliers de familles libanaises déplacées en raison de l’effondrement de leurs maisons?!».
Ainsi, Lebanon Press suggère au prince de suivre l’exemple de son cousin, le roi Mohammed VI, qui a mobilisé les Forces royales de l’air pour acheminer une importante aide humanitaire d’urgence pour les habitants de Beyrouth, ville sinistrée suite l’explosion de son port.
Le dernier bilan officiel en date du 4 août fait état de 158 morts, 6.000 blessés et près de 300.000 sans-abris.
Vidéo : Quelles conséquences économiques après les explosions du 4 août 2020 à Beyrouth ?
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Lundi 10 août, en fin de journée, le gouvernement de Hassan Diab a donné sa démission, une semaine après l’explosion ayant dévasté Beyrouth. Le gouvernement avait été rendu responsable de la catastrophe, qui a fait au moins 170 morts et 6000 blessés dans la capitale libanaise. Le 8 août, des milliers de Libanais s’étaient rassemblés dans les rues pour demander sa chute. Une enquête pour déterminer la cause de l’explosion est en cours, mais la piste accidentelle est privilégiée. A l’heure actuelle, une partie de la classe politique libanaise plaide pour la constitution d’un cabinet d’union nationale pour faire face à la crise dans le pays.
Ines Gil revient dans cette vidéo sur les conséquences économiques liées aux destructions, les problématiques de la reconstruction de Beyrouth notamment, dans le contexte de la crise économique et monétaire qui touche le pays, mais également les problématiques d’approvisionnement. Elle revient également sur les mouvements de populations, avant la démission du gouvernement le 10 août.
INES GIL
Ines Gil est journaliste freelance en Israël et Territoires palestiniens.
Elle est diplômée d’un Master 2 Journalisme et enjeux internationaux, à Sciences Po Aix et à l’EJCAM et a effectué 6 mois de stage à LCI.
Auparavant, elle a travaillé en Irak comme journaliste freelance et a réalisé un Master en Relations Internationales à l’Université Saint-Joseph (Beyrouth, Liban).
Elle a également réalisé un stage auprès d’Amnesty International, à Tel Aviv, durant 6 mois et a été Déléguée adjointe Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’Institut Open Diplomacy de 2015 à 2016.