Certaines grandes puissances aiment souvent donner des leçons de démocratie à des pays en développement, notamment africains. Or, cette formidable alternance démocratique, qui vient d’avoir lieu au Sénégal pour la troisième fois dans l’histoire de ce pays, tombe à point nommé pour bien montrer que ces puissances sont mal placées pour faire la leçon aux pays africains.
Il y a quatre ans, aux Etats-Unis, Donald Trump a contesté sa défaite usant de moyens loin d’être démocratiques. Au Sénégal, qui vient de connaître une nouvelle séquence républicaine, le candidat qui vient de perdre l’élection présidentielle a félicité le vainqueur. Le président sénégalais sortant Macky Sall et le candidat de la coalition au pouvoir à la présidentielle, Amadou Ba, ont félicité la victoire de Bassirou Diomaye Faye.
La démocratie est ainsi profondément enracinée au Sénégal qui vient de vivre sa troisième alternance démocratique de son histoire. Bassirou Diomaye Faye a remporté, dès le premier tour, le scrutin présidentiel sénégalais avec près de 55% des suffrages exprimés, en battant le candidat du pouvoir Amadou Ba. Bassirou Diomay Faye, 44 ans, est un jeune président du pays ouest-africain de 18 millions d’habitants. Ses adversaires ont reconnu sa victoire. L’événement est aussi un exemple sur un continent dont l’image est parfois ternie par des putschs. Ce pays confirme ainsi son profond attachement au processus démocratique.
Pourtant, rien n’a été facile. Ce scrutin a été précédé de trois ans de turbulences. L’opposant qui était en prison, une dizaine de jours avant le scrutin, Bassirou Diomay Faye et son mentor Ousmane Sonko ont été codétenus pendant des mois, avant leur libération en pleine campagne électorale à la mi-mars.
Des violences ont émaillé la vie politique depuis deux ans avec leur lot de morts, le tout ponctué par un report du scrutin qui a fait craindre le spectre du chaos. La victoire sans appel de Bassirou Diomaye Faye et la reconnaissance par l’ex-Premier ministre Amadou Ba de sa défaite confirment que le Sénégal est l’un des pays résolument démocratiques d’Afrique. L’élection s’est déroulée dans un climat empreint de sérénité.
L’Union africaine a salué ce qu’elle reconnaît être comme «une maturité démocratique du peuple sénégalais». En 2000, le Sénégal a vécu sa première alternance démocratique qui a mis fin au règne sans partage du Parti socialiste depuis l’indépendance du pays, en 1960. Battu, le président sortant Abdou Diouf a félicité le vainqueur Abdoulaye Wade.
Ce dernier sera, à son tour, battu 12 ans plus tard par Macky Sall dont l’accession à la magistrature suprême a mis fin à douze années de pouvoir de Wade. Ce dernier a reconnu sa défaite et a appelé le vainqueur pour le féliciter. Ainsi, c’est la troisième passation de pouvoir qui se déroule dans la convivialité entre un président sortant vaincu et un nouvel élu à la magistrature suprême de ce pays.
Le nouveau président Bassirou Diomay Faye se présente comme un «panafricaniste de gauche» qui veut rétablir une «souveraineté» nationale parasitée, selon lui, à l’étranger. Le Sénégal «demeurera un Etat ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui aspire à une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement bénéfique», a-t-il assuré.
Qu’attendre des nouveaux dirigeants du Sénégal sur le plan africain et mondial?
Voici ce que propose le nouveau Président du Sénégal pour lutter contre la cherté de la vie
« Dans la quête d’un Sénégal meilleur au bénéfice de tous, j’entends instaurer une gouvernance vertueuse, fondée sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte », a dit M. Faye, promettant également d’engager « sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière ».
« Mon rôle (…) est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier afin de conforter la paix, la sécurité et la stabilité indispensables au développement économique et social de notre cher pays », a-t-il affirmé.
Bassirou Diomaye Faye a prêté serment mardi comme cinquième président du Sénégal depuis l’indépendance du pays en 1960. Quelques heures après son investiture, il a nommé Ousmane Sonko au poste de Premier ministre.