La reprise de la contestation politique intervient dans un contexte de reprise des attaques terroristes ciblées contre les forces armées maliennes.
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Les partisans de l’opposition malienne ont relancé hier leur mouvement de désobéissance civile dès minuit, après la fin de la trêve de l’Aïd à laquelle a appelé le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), parallèlement au dialogue politique engagé avec le pouvoir en place et la médiation ouest-africaine, qui s’est soldé par un échec. La section M5-jeunesse a appelé dès dimanche après-midi à reprendre le mouvement de désobéissance civile, en réponse aux menaces de la médiation ouest-africaine de sanctionner tous ceux qui entraveraient le processus politique issu du dernier sommet extraordinaire virtuel des 15 chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de mardi dernier.
Ce sommet a accouché d’une série de conclusions qui rejettent la démission du président malien contesté, Ibrahim Boubacar Keïta, prônent la formation d’un cabinet restreint de six ministres et l’organisation de législatives partielles dans les 31 circonscriptions aux résultats contestés. Mais le M5-RFP a rejeté en bloc ces résolutions, tandis que les 31 députés “mal élus” ont refusé quant à eux de démissionner. Hier, des manifestants ont bloqué les entrées des sièges de certaines institutions publiques, comme les douanes et les impôts à Bamako, ainsi que certains axes routiers dans certains quartiers de la capitale et ses environs, selon des sources locales.
Dans la commune de Kati, à une quinzaine de kilomètres de la capitale, le siège de la mairie et celui de la préfecture ont été fermés dès la matinée, ainsi qu’un péage et le siège de la poste, a-t-on appris. Cette décision avait été prise dimanche, à l’issue d’une assemblée générale du M5-Jeunesse qui a appelé les jeunes à observer ce mouvement de désobéissance civile de manière pacifique. Les employés des administrations ont également été appelés à rejoindre l’action du M5-RFP et ne pas rentrer chez eux jusqu’à ce que leurs revendications aboutissent. Mais IBK, appuyé par la Cédéao et l’ONU, ne compte pas céder à la pression de la rue, ce qui risque de donner lieu à des violences entre les partisans de l’opposition et les forces de maintien de l’ordre si le mouvement de désobéissance civile prend de l’ampleur dans les jours à venir. La reprise de la contestation intervient au lendemain de deux attaques terroristes meurtrières contre les positions de l’armée malienne dans le centre du pays, près de la frontière mauritanienne, faisant au moins cinq morts et des blessés dans les rangs des Fama, selon un bilan officiel. “Entre Goma-Coura et Diabaly, une mission Fama (Forces armées maliennes, ndlr) a été accrochée par des terroristes.
Au même moment le camp de Gomacoura a été attaqué à l’arme lourde”, a précisé l’armée sur twitter. “Au cours de cette attaque, les Fama ont enregistré un bilan provisoire de 5 morts, 5 blessés et des véhicules détruits. Côté ennemi, aucun bilan n’est encore disponible. Un renfort y a été dépêché. Les fouilles sont toujours en cours”, a précisé l’armée. “C’est un convoi militaire quittant Goma-Coura vers Diabaly qui a été visé”, a déclaré à l’AFP sous le couvert de l’anonymat un élu local de Diabaly, localité à environ 300 km au nord-ouest de Bamako, cité par l’AFP. “Il est tombé aux environs de midi dans une embuscade. Il y a quatre pickups et un BRDM (véhicule blindé) portés disparus”, a ajouté cet élu, expliquant que “les habitants de la région vivent la peur au ventre”.
Lyès Menacer