Dans la guerre en Syrie, tous les facteurs internes et externes ont été étroitement liés et les contradictions internationales et régionales se sont chevauchés en une guerre mondiale devenue la plus terrible guerre du siècle. Quand Bashar Al-Assad est arrivé au pouvoir après la mort de son père, il a insisté sur les constantes syriennes et son adhésion à l’arabisme, à l’importance de la Palestine et à la résistance de l’ennemi israélien, tout en s’ouvrant à l’Ouest. Des responsables du monde entier ont assisté aux funérailles de son père ainsi que la secrétaire d’État américain Albright. Mais les États-Unis se sont retournés contre Assad et ont dirigé l’axe qui exige sa chute. Que s’est-il passé?
La présence d’Assad au pouvoir s’est accompagnée des événements survenus aux États-Unis en septembre 2001, de l’adoption de la résolution 1373 du Conseil de sécurité, de l’occupation de l’Afghanistan et de l’occupation de l’Irak. Ces événements ont marqué le début des changements survenus dans la région arabe en général et en Syrie en particulier. Le chaos au Moyen-Orient s’est étendu sous le drapeau de la démocratie et des droits de l’homme. Dans la plupart des pays arabes, le Printemps arabe s’est transformé en une mer de sang, des combats, une désintégration des pays et une émergence de courants extrémistes terroristes.
Le printemps arabe en Syrie s’est transformé en hiver. Les ennemis de la Syrie avaient pour but de la détruire et de renverser Assad. Tous ces événements et circonstances réunis, ont rendu possible une offensive contre la Syrie avec le soutien américain, européen et de certains pays arabes comme le Qatar et l’Arabie saoudite. De plus, un soutien logistique turque a permis l’entrée de toutes sortes de terrorisme en Syrie.
Huit ans après le déclenchement de la guerre en Syrie et malgré ses conséquences désastreuses -un demi-million de morts et des millions de déplacés et réfugiés- la perspective d’une paix stable semble rester hors de la portée des victorieux, la Russie et ses alliés. La situation à Idlib où se trouve 30000 terroristes armés qui se sont fuis de toutes les régions de la Syrie, impose à l’armée syrienne un grand défi. En effet, la victoire annoncée par la Syrie et ses alliés n’est pas complète sans un contrôle entier sur tout le territoire syrien.
Dans ce contexte et après l’annonce de Donald Trump, le président américain, de retirer les troupes américaines de la Syrie, les enjeux et les conséquences prévisibles de ce retrait pourraient être les suivants :
1-Affrontement entre kurdes et turques et Alliance entre kurdes et syriens: Les troupes américaines stationnées dans le nord de la Syrie, laissent le champs libre à la Turquie influente dans cette zone, pour lancer dans l’avenir proche une attaque contre la principale milice Kurde, considérée comme terroriste par La Turquie. Dans ce contexte et pour parer à une offensive turque, les kurdes peuvent aller jusqu’à demander le retour des troupes syriennes gouvernementales pour se protéger de l’attaque turque. Les chances de cette minorité kurde d’établir un État ou avoir une autonomie comme celle de Kurdistan Irak est réduit à néant.
Il se peut que les syriens et les turques reprennent les combats surtout que la Turquie a massé des troupes déjà dans le nord de la Syrie. Une telle scénario sera catastrophique pour le règlement et la fin de la crise syrienne.
3-Retrait turque du nord de la Syrie: Un éventuel retrait turque du nord de la Syrie, en accord avec la Russie et l’Iran, serait bénéfique à la Syrie pour étendre sa souveraineté dans cette région.
4-Anéantissement des groupes terroristes: La victoire déjà annoncée par le régime syrien et ses alliés, n’est pas complète. En effet, un problème épineux et complexe reste à résoudre: comment et qui va mettre fin aux groupes terroristes de Daech dans Idlib? Les forces démocratiques syriennes alliées de Washington et de la Turquie, ne peuvent pas à elles seules écraser les groupes de l’EI surtout dans la situation actuelle où la Turquie est préoccupée par le problème Kurde. Donc il y aurait une crainte que L’EI profite de ces circonstances pour trouver un nouveau souffle ou refuge en Turquie ou à la frontière irako-syrienne. Donc à notre avis et selon des experts locaux, l’armée syrienne soutenue par ses alliés, doit avancer vers Idlib pour libérer cette région et compléter sa victoire déjà proclamée et anéantir des groupes terroristes.
5-Intervention israélienne: Israël qui s’alarme du retrait américain, craint un retour des iraniens et du Hezbollah vers les régions sud–ouest, et dans ce cas, ils seront en contact militaire direct avec les israéliens au Golan. Israël va à tout prix intervenir pour garder une certaine influence dans la guerre en Syrie, et cherche des soutiens face à l’Iran.
6-Affaiblissement de l’alliance entre la Russie et l’Iran : Certainement la Russie va profiter du retrait américain, car cela va consacrer son rôle déjà très important dans la guerre syrienne sur tous les plans, militaire, politique et diplomatiques. Mais l’Iran cherche aussi à étendre son influence en Syrie, ce qui pourrait créer une concurrence entre les deux pays aboutissant à l’effondrement de leur alliance.
Le problème politique en Syrie est devenu compliqué et les conflits des principaux pays régionaux et internationaux sont inextricablement liés. Malgré, la dernière conférence de Bruxelles sur la Syrie qui a accordé une aide humanitaire de 6,2 milliards d’euros, le retour des réfugiés syriens dans leur pays, reste un défi majeur.
Certes, la résolution de ce problème syrien reste difficile sans un accord entre les deux grandes puissances.
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