Le mouvement de protestation contre le passé colonial du pays s’est poursuivi hier en Belgique, rapporte l’AFP. Cette manifestation intervient à quelques jours du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo.
En effet, un groupe d’activistes a déboulonné, dans la nuit de jeudi à vendredi, une statue de Léopold II dans la commune bruxelloise d’Audhergem.
D’autres manifestants ont recouvert de peinture les plaques de l’avenue Léopold II et le buste du roi Baudouin installé devant la cathédrale, en plein cœur de la capitale, a été recouvert de peinture rouge.
Le débat sur la décolonisation a redoublé d’intensité en Belgique depuis les manifestations contre le racisme et les violences policières organisées dans plusieurs villes du royaume samedi et dimanche derniers. Un groupe baptisé «Réparons l’Histoire» exige le retrait de toutes les statues de Léopold II, accusant l’ancien souverain d’avoir «exterminé» des millions de Congolais.
Plusieurs monuments ont été depuis vandalisés à Bruxelles, Anvers, Ostende. Les statues sont recouvertes de peinture rouge pour symboliser le sang des Congolais tués pendant la période de la colonisation belge. Symbole de la colonisation, Léopold II régna de 1865 à 1909. L’actuelle République Démocratique du Congo (RDC) fut longtemps sa propriété privée. Surnommé «le roi bâtisseur», il est «un héros pour certains, mais aussi un bourreau.
Il a tué 10 millions de Congolais», accuse le groupe Réparons l’Histoire. Baudouin, oncle du roi Philippe, est le dernier roi des Belges à avoir évoqué Léopold II de façon positive, dans un discours en juin 1960.
Dans un entretien au groupe Sudpresse, le prince Laurent (frère du roi Philippe, 13e dans l’ordre de succession), a déclaré que le roi Léopold II n’est «jamais allé au Congo lui-même». «Je ne vois pas comment il a pu faire souffrir des gens sur place», a-t-il ajouté.
En 1876, Léopold fixa d’abord son attention sur le bassin du Congo. Le Congrès de Berlin (1884-1885) accepta la prépondérance de Léopold dans le bassin du Congo. En 1908, ce dernier cède l’Etat libre du Congo à la Belgique qui en fait une colonie, après en avoir fait sa propriété privée.
De Lumumba à Tshisekedi
La RDC a proclamé son indépendance le 30 juin 1960. Journée qui a marqué aussi le début d’une période de troubles et d’instabilité et de violences au point où plusieurs provinces demandent leur indépendance (Katanga, Sud-Kasaï). En décembre 1960, le chef du gouvernement, Patrice Lumumba, est mis en détention. Le 17 janvier 1961, il est assassiné au Katanga.
Le 16 novembre 2001, la commission d’enquête de la Chambre belge des députés a adopté la version finale de son rapport sur l’implication de l’ancienne puissance coloniale dans l’assassinat de ce dernier. Elle démontre, après avoir eu accès à des documents officiels ou privés, jusque-là non divulgués, que le meurtre de 1961 a été prémédité et méthodiquement organisé.
Aux yeux du gouvernement belge de 1960, Lumumba était coupable d’avoir publiquement évoqué, le jour même de l’indépendance de son pays, «l’esclavage» imposé à son peuple.
Comme il constitue une menace aux intérêts économiques de Bruxelles, qui a soutenu la sécession katangaise de Moïse Tschombé. En novembre 1961, le général Mobutu s’empare du pouvoir puis fonde la RDC, qui devient, le 21 octobre 1971, la République du Zaïre. En 1991, une Conférence nationale est chargée d’organiser la transition démocratique.
De violentes émeutes, suivies de pillages, éclatent dans la capitale. La France et la Belgique prennent leurs distances avec Mobutu, et évacuent leurs ressortissants. En 1992, la Conférence nationale désigne Etienne Tshisekedi comme Premier ministre. L’année d’après, il est révoqué par Mobutu. En mai 1997, Mobutu fuit Kinshasa. Le lendemain, les rebelles entrent dans la capitale.
Le Zaïre est rebaptisé République démocratique du Congo (RDC). Les activités des partis politiques sont suspendues. Laurent-Désiré Kabila s’attribue pratiquement tous les pouvoirs.
En janvier 2001, Laurent-Désiré Kabila est assassiné par l’un de ses gardes du corps. Le lendemain, la direction du gouvernement et le haut commandement militaire sont confiés au général-major Joseph Kabila, son fils. Lui succède après la présidentielle de décembre 2018 Félix Tshisekedi. Mais les pro-Kabila gardent la majorité à l’Assemblée nationale./
AMNAY IDIR