Quand les PDG touchent de gros bonus juste avant la faillite

    26.06.2020

  Sur le point d’entamer leur procédure de sauvegarde, J.C. Penney et Hertz ont offert des millions à leurs cadres.

La pandémie de Covid-19 a profondément perturbé l’économie mondiale. L’arrêt ou le ralentissement de l’activité pendant plusieurs mois a été fatal à un certain nombre d’entreprises.

Incapables de rembourser leurs dettes et de s’acquitter des factures de leurs fournisseurs, beaucoup de sociétés ont été contraintes de se déclarer en cessation de paiements. Mais pour quelques-unes, la banqueroute n’a pas empêché de verser de généreux bonus à leurs dirigeant·es.

Jill Soltau, directrice générale de J.C. Penney, une marque de grands magasins qui s’apprête à fermer 154 boutiques, a reçu 4,5 millions de dollars [4 millions d’euros]. En prévision de son dépôt de bilan, Whiting Petroleum a distribué 14,6 millions de dollars à sa direction [13 millions d’euros], dont 6,4 à son PDG Brad Holly. Un scénario similaire s’est produit chez Hertz.

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Pour les conseils d’administration de ces entreprises, l’objectif affiché est de maintenir en poste des cadres dirigeant·es compétent·es pendant la procédure de redressement. Suivant leur logique, le coronavirus a rendu la faillite inévitable, hors du contrôle des PDG, qui n’ont a priori pas démérité.

Habituellement, les personnes au sommet de la hiérarchie interne sont rémunérées par des parts dans l’entreprise qu’elles dirigent. Mais un dépôt de bilan risque fort de faire perdre toute leur valeur à ces actions –d’où l’intérêt d’un bonus en cash.

Certaines sociétés fixent un objectif de résultats, sans lesquels une partie du bonus ne peut être touché. D’autres en revanche, c’est le cas de Hertz, ne posent pas ces conditions chiffrées.

Indignation publique

Quelles que soient les procédures propres à chacune des entreprises concernées, le fait qu’elles offrent des cadeaux de plusieurs millions au moment où des milliers de personnes sont en passe de perdre leur emploi passe mal.

«Ça me met en colère, parce qu’ils ne prennent pas soin des personnes qui gagnent réellement l’argent», s’indigne Liz Marin, membre de United for Respect, une association de défense des employé·es du commerce de détail.

Marin est une ancienne salariée de la chaîne de magasins de jouets Toys’R’Us, qui avait versé un bonus à sa direction après avoir déclaré sa faillite en 2017. Le paiement avait du être autorisé par un juge ad hoc, car une loi de 2005 impose une surveillance sur la question.

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Aujourd’hui, les instances judiciaires ne peuvent pas revenir sur des bonus touchés avant la déclaration de cessation de paiements. Il serait néanmoins opportun que la situation change, indique au New York Times Jared Ellias, professeur à l’École de droit Hastings.

Le spécialiste propose que le Congrès américain autorise les juges à revenir sur les décisions pré-banqueroute. À défaut, le risque serait selon lui de perdre «la confiance du public dans la procédure de sauvegarde».


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