mercredi, 16 octobre 2024

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La Turquie renforce sa position dans le scénario complexe de la Libye

    L’Allemagne prévoit d’envoyer une frégate en Méditerranée la semaine prochaine pour participer à la mission navale de l’Irini
Véhicules de la milice fidèles à l'ANG sur la Place des Martyrs au centre de Tripoli, en Libye
Véhicules de la milice fidèles à l’ANG sur la Place des Martyrs au centre de Tripoli, en Libye. AFP/MAHMUD TURKIA

 

L’ambition de la Turquie en Libye ne connaît pas de limites. Ces dernières semaines, la nation eurasienne a poursuivi sa stratégie visant à accroître son influence dans ce pays d’Afrique du Nord, dévasté par la guerre qui a débuté en 2014, en soutenant le gouvernement d’entente nationale (GNA, par son acronyme en anglais), dirigé par Fayez Sarraj ; en même temps, la communauté internationale appelle les parties belligérantes à reprendre le dialogue et à mettre fin à l’escalade de la violence.

Ankara a annoncé mardi sa décision d’arrêter « pour un temps » la recherche de gaz et de pétrole au large de l’île grecque de Meis, donnant ainsi une pause aux relations tendues entre cette nation et l’Union européenne. Cependant, dans le même temps, elle a intensifié sa présence en Libye en envoyant de nouveaux mercenaires et pas seulement de Syrie, comme l’a dénoncé ces dernières semaines un rapport publié par le Pentagone ou l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

L’Armée nationale libyenne (LNA, par son acronyme en anglais) a confirmé ces théories et a assuré ce mardi soir que le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan avait commencé à envoyer des mercenaires provenant de plusieurs nationalités non syriennes, selon Al Arabiya, qui a également indiqué qu’une équipe de renseignement venant de Turquie a atterri aux premières heures de ce mercredi à la base aérienne d’Al-Watiya. Cette délégation a visité cette base pendant plusieurs heures puis est retournée au pays du Bosphore, selon le journal précité.

L’analyste politique libyen Abu Yarub Al-Baraki considère que l’intention d’Erdogan est de transformer cet endroit en « base militaire permanente en Libye » afin d’accroître son influence dans la région, notamment dans des pays comme la Tunisie et l’Algérie, qui prônent le dialogue pour trouver une solution au conflit libyen. « Erdogan aura l’opportunité d’apparaître sur la carte des gaz de la Méditerranée orientale », a-t-il déclaré dans une interview avec Al-Arabiya.

Le président tunisien, Kaïes Said, a reçu mardi le ministre des Affaires étrangères d’Arabie Saoudite pour analyser différentes questions telles que la situation en Libye. Said a réitéré l’intérêt de son pays à essayer de « rapprocher les points de vue » des parties impliquées dans le conflit, réitérant la volonté constante de la nation qu’il préside d’aider à « trouver un accord politique » et à mettre fin à cette crise « qui a affecté les pays voisins, en particulier la Tunisie, de manière très négative ». Lors de cette rencontre, les deux dirigeants ont conclu que la solution à la question libyenne ne peut être que « pacifique et sans aucune ingérence étrangère », rapporte le quotidien Al Marsad.

Des discussions avec d’autres pays – des deux côtés – pour parvenir à la paix dans ce pays ont eu lieu ces dernières semaines. Le président du Parlement à Tobrouk, Aguila Saleh, a rencontré mercredi le ministre jordanien des affaires étrangères pour discuter des derniers développements dans ce pays d’Afrique du Nord. Pour sa part, Bahreïn a réaffirmé son soutien à l’initiative égyptienne pour résoudre la crise libyenne.

Dans cette spirale d’instabilité et d’incertitude, la Turquie a défié l’Union européenne ces dernières semaines avec la violation de l’embargo sur les armes décrété par les Nations Unies (ONU) dans le contexte de la guerre civile en Libye, et l’échange constant de menaces pour le contrôle des eaux de la Méditerranée orientale. L’Allemagne prévoit d’envoyer une frégate en Méditerranée la semaine prochaine pour participer à la mission navale Irini, créée par l’UE pour surveiller l’embargo sur les armes des Nations unies contre la Libye. Plus de 250 soldats allemands pourraient se trouver à bord de la frégate Hamburg qui, selon les médias allemands, arriverait dans la zone d’opérations à la mi-août. Cette mission est habilitée à effectuer des inspections en haute mer au large des côtes libyennes des navires dont on a des raisons de penser qu’ils transportent des armes ou du matériel connexe à destination ou en provenance de la Libye.

L’un des principaux objectifs de cette mission est d’arrêter le flux d’armes vers la Libye, un pays dévasté par la guerre entre le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne (LNA), et Fayez Sarraj, Premier ministre du gouvernement d’entente nationale (GNA). Ankara a joué un rôle décisif dans le conflit qui fait rage dans le pays, suite à l’accord signé en novembre dernier avec le GNA. Dans le cadre de cet accord de sécurité et de coopération économique, le pays présidé par Erdogan a intensifié sa présence en Libye, en envoyant des centaines de mercenaires et des dizaines d’envois de matériel militaire. L’Allemagne enverra cette frégate en Méditerranée dans le cadre de l’opération Irini, environ un mois après que la France se soit temporairement retirée de l’opération de sécurité maritime dirigée par l’OTAN en raison de ses désaccords avec la Turquie, notamment en ce qui concerne le conflit en Libye et l’exploration gazière en Méditerranée orientale.


     Recep Tayyip Erdogan «a choisi la politique du pire» : Jean Lassalle étrille Ankara

Interrogé par RT France au cours d’une manifestation pour l’auto-détermination des peuples, le député des Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle, a estimé que Recep Tayyip Erdogan entretenait une «vision erronée» de ce que fut l’empire ottoman. Le 28 juillet, à l’occasion d’un rassemblement pour la paix à l’initiative du Mouvement international pour la souveraineté des peuples sur la place du Trocadéro à Paris, RT France a interrogé le député Jean Lassalle qui a notamment livré ses vues sur le dirigeant turc, Recep Tayyip Erdogan. L’élu des Pyrénées-Atlantiques a tancé le dirigeant turc à propos de ses choix intérieurs, géopolitiques et militaires : «[Monsieur Erdogan] a choisi la politique du pire. […] Il a une vision erronée, en tout cas qui l’arrange, de ce que fut l’empire ottoman, et il veut le reconstituer aux seules fins de tenir son peuple ; ce grand peuple turc pour qui j’ai tant de respect, parce que la Turquie est un très grand pays et qui ne mérite pas d’être traité de cette manière-là.»

Le président turc «veut remettre du feu partout où la paix revenait», analyse encore celui qui est député depuis plus de 18 ans. «L’attitude [du président turc] est devenue menaçante à l’égard de notre pays. Il a des bateaux qui ont des attitudes qui ne sont pas prévues dans le code la navigation ou dans les codes du bien vivre sur les mers», a-t-il encore estimé, en référence à la manœuvre «extrêmement agressive» de la part de frégates turques en Méditerranée qu’avait dénoncée Paris en juin.


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