Dans moins de deux mois, le vaisseau transportant le nouveau grand rover de la Nasa Perseverance et le révolutionnaire Mars Helicopter Ingenuity va entrer dans l’atmosphère de Mars pour les déposer en douceur sur leur site d’exploration. Un moment où toutes les équipes de la mission retiendront leur souffle.
L’arrivée du rover Perseverance à la surface de Mars en quête de traces de vie anciennes ou actuelles sera un des plus grands moments de 2021. Une mission, rappelons-le, très ambitieuse tant sur le plan de la recherche en exobiologie, météorologie, environnement extraterrestre que celui de la préparation de l’installation des premiers êtres humains sur une autre planète.
Pour l’instant, le super-rover à la pointe des technologies (célébré par le Time magazine, on en parle ici), encapsulé dans le vaisseau qui le conduit jusqu’à la Planète rouge, vogue paisiblement dans l’espace interplanétaire à une vitesse de quelque 85.000 km/h ! Les trois quarts de son voyage sont déjà accomplis (77 % ce 24 décembre) et il ne lui reste plus que 56 jours de vol (108 millions de kilomètres) avant d’apercevoir la terre rouge… Comme prévu, ce sera donc le 18 février que la machine va atterrir à l’intérieur du cratère Jezero, une destination bien entendu sciemment choisie par les équipes scientifiques de la mission pour son habitabilité passée, il y a plus de trois milliards et demi d’années, quand il faisait plus chaud à la surface de ce monde.
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Sept minutes de terreur !
Comme tous les engins qui veulent toucher le sol de Mars, Perseverance va devoir atterrir en douceur, et ainsi passer d’une vitesse de croisière supérieure à 50.000 km/h à zéro en très peu de temps. La méthode choisie pour cette séquence nommée EDL (entry, descent, and landing) est pratiquement la même que celle employée pour Curiosity, en août 2012. Elle a fait ses preuves.
La très belle animation ci-dessus présente l’enchaînement des différentes actions qui se dérouleront le jour J. Le moment le plus tendu sera bien sûr celui où la capsule plongera dans l’atmosphère jusqu’au terminus au sol quelques minutes plus tard. Un moment crucial pour la mission que la Nasa appelle, à juste titre, « sept minutes de terreur ! » (ici condensées en trois minutes dans la vidéo). Comme le centre de contrôle de Mars 2020 est sur Terre, à des centaines de millions de kilomètres de là, soit une dizaine de minutes-lumière, toutes les actions ont donc été orchestrées à l’avance et le cerveau du vaisseau n’aura plus qu’à jouer la partition qu’on lui aura transmise.

Les principales étapes de l’atterrissage de Mars 2020
- 0:28 : Mars est en vue ! La capsule se sépare de son enveloppe de panneaux solaires.
- 0:40 : Le vaisseau qui transporte Perseverance entre dans l’atmosphère martienne. Il doit passer de 20.000 km/h à presque zéro en quelques minutes.
- 0:54 : Solidement attaché, le rover et son vaisseau sont conçus pour résister aux vibrations au cours de son voyage et la manœuvre périlleuse de la séquence EDL.
- 1:05 : le cratère Jezero n’est plus très loin. Le parachute supersonique est ouvert. Maintenant, la descente peut se faire à une vitesse réduite.
- 1:26 : la capsule s’ouvre, le rover a les pieds dans le vide. Quelques instants plus tard, l’engin qui va le porter se détache du vaisseau, lequel va aller s’écraser des centaines de mètres plus bas.
- Aussitôt largué, le SkyCrane a allumé ses rétrofusées. C’est parti pour une petite balade au-dessus de la région où doit atterrir Perseverance.
- 2:03 : quand la zone d’atterrissage est en vue, à l’intérieur d’une ellipse de huit kilomètres, l’engin-porteur descend le rover avec les filins.
- 2:08 : quand Perseverance touche le sol, les filins sautent aussitôt. Le SkyCrane s’éloigne pour aller s’échouer dans un endroit qui ne met pas en danger le rover.
- Perseverance est livré. Reste plus ensuite qu’à vérifier que tout est en état de fonctionnement. Puis viendront les premières images de son environnement, mais aussi de lui-même, afin de l’ausculter visuellement. Puis les premiers tours de roue, les premières mesures météo, le déploiement du petit hélicoptère révolutionnaire qui l’accompagne, etc.
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Trois sondes, des Etats-Unis, de Chine et des Emirats arabes unis (EAU) , ont été lancées à peu près au même moment en raison d’un alignement entre Mars et la Terre du même côté du soleil en juillet dernier, pour un voyage plus efficace vers Mars.
La sonde des Emirats arabes et celle de la Chine sont déjà en orbite respectivement depuis le 9 février et 10 février dernier. L’engin américain devrait atterrir sur mars le 18 février vers 21heures. Cependant, les Européens ont été les premiers au monde à découvrir l’élément essentiel à la vie sur Mars.
Le monde arabe sur Mars. C’est un exploit pour le monde arabe avec la sonde Hope (Espoir) qui vient d’être mise en orbite autour de la planète mars ce 9 février. «Le bonheur du peuple émirati aujourd’hui est indescriptible», a déclaré Cheikh Mohamed. «Félicitations à vous et aux Emirats et à notre nation arabe … vous nous avez honorés», a-t-il rajouté. Des ingénieurs émiratis âgés en moyenne de 27 ans ont travaillé sur la sonde Hope. Les femmes représentaient 34% de cette équipe et 80% de l’équipe scientifique était composée de femmes, indique CNN.
L’un des objectifs de la mission est d’aider à bâtir une économie basée sur la connaissance pour les Emirats arabes unis, conduisant à davantage d’investissements dans la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques pour les jeunes émiratis. Son Excellence Sarah bint Yousef Al Amiri n’est pas seulement la chef de projet adjointe de la mission, elle est également ministre d’Etat aux Sciences avancées et présidente de l’Agence spatiale des Emirats arabes unis et du Conseil des scientifiques des Emirats arabes unis. «J’ai commencé à travailler sur ce programme à la fin de 2013, et cela a été une série de défis que nous avons parfois jugés insurmontables du point de vue technique et aussi de le faire pour la toute première fois», a-t-elle déclaré. La sonde Hope a fait des Emirats arabes unis le cinquième pays de l’histoire à atteindre la planète rouge et c’est une première pour le monde arabe.
La Chine sur Mars. La Chine affirme avoir réussi à mettre en orbite sa sonde Tianwen-1 (Questions au Ciel) en orbite autour de Mars ce 10 mars. C’est la première fois que le pays parvient à envoyer un vaisseau spatial sur la planète rouge, un jour après que les Emirats arabes unis aient accompli le même exploit. Tianwen-1 comprend un orbiteur et un rover. Les ingénieurs attendront le bon moment pour envoyer le robot à roues à la surface de la planète rouge. Cela devrait se produire en mai ou juin de cette année. Cette mise en orbite souligne les progrès rapides du programme spatial chinois. Il fait suite à l’impressionnante mission de décembre permettant de récupérer des échantillons de roches et de sols sur la Lune.
Les Etats-Unis sur Mars. Le rover américain Perseverance devrait atterrir sur l’astre rouge le 18 février vers 21h00. Si tout se passe comme prévu, le véhicule d’une tonne examinera une zone qui, selon de nombreux scientifiques, était un vaste lac, il y a des milliards d’années. La recherche de restes moléculaires d’éventuelles formes de vie antérieures et la reconstitution des conditions climatiques sont la mission du robot. «Nous envoyons le robot de recherche le plus sophistiqué à ce jour sur Mars», a déclaré Katie Stack Morgan, assistante scientifique du projet pour le rover au Jet Propulsion Laboratory de la NASA. «Contrairement au rover Curiosity actuellement actif, Perseverance dispose des outils pour rechercher ces »empreintes digitales de la vie »», ajoute la chercheuse sur Mars, Nicole Schmitz de l’Institut de recherche planétaire du Centre aérospatial allemand d’Adlershof.
La France a un rôle très important. Contacté par Observateur Continental, le service communication de l’ESA (l’Agence Spatiale Européenne) a tenu a préciser que la France a un rôle très important dans la mission américaine. «Les Français ont construit une bonne partie de l’instrument principal sur le rover [Perseverance]. Ils travaillent étroitement avec les Américains, aussi avec les Européens. Toute l’exploration de Mars, les analyses scientifiques de Mars par les différentes missions spatiales, sont, en grande partie, complémentaires. Les scientifiques travaillent tous régulièrement ensemble sur l’analyse des données de Mars. C’est une très belle communauté scientifique, philanthropique, humaniste qui essaie d’explorer Mars», explique Bernhard L. von Weyhe, le responsable de la communication avec les média de l’ESA. Il rajoute que «le but est de comprendre pourquoi, il n’y a plus d’eau sur Mars et de savoir si il y a eu de la vie sur Mars?», tout en signalant que l’ESA «envisage de retourner sur Mars avec des robots mais aussi avec des astronautes».
«Toutes ces choses là sont traitées par la communauté internationale». Bernhard L. von Weyhe tient à insister sur la sonde de l’ESA, Mars Express, qui a commencé le 2 juin 2003
son voyage de six mois depuis le site de lancement de Baïkonour au Kazakhstan à bord d’un lanceur russe Soyouz / Fregat et qui a découvert pour la première fois l’eau sur Mars.
«Les Américains ont redécouvert après l’eau sur Mars en clamant haut et fort à travers les média que c’était eux qui avait réalisé cette découverte alors que ce sont les Européens en 2004 qui ont trouvé les premiers de l’eau» sur la planète mythique, insiste-t-il, rappelant ainsi que les trois missions de ce mois sont aussi le résultat du travail de la France et de l’ESA et surtout d’une collaboration étroite et internationale.
Olivier Renault