Alors que des historiens et éditorialistes s’attendaient à ce qu’elles soient plus engagées sur la piste de la « repentance », les préconisations du rapport de Benjamin Stora sont loin d’avoir fait l’unanimité. Et dire que des esprits crédules avaient cru en la parole du Président Emmanuel Macron à vouloir confirmer par écrit attesté, les propos de sa déclaration d’Alger de 2017, où il avait pourtant, « osé »qualifier sans ambages, la colonisation comme « crime contre l’humanité ». Cette position jugée courageuse et audacieuse, avait soulevé au passage, un tollé de protestations dans les milieux « ultras » des nostalgiques de l’Algérie française.
Quelle déception chez celles et ceux qui après avoir lu l’écrit de Benjamin Stora, se sont rendus compte que ce rapport est tout simplement un non évènement, pour ne pas dire : « une montagne qui accouche d’une souris » !Ce document derrière lequel Emmanuel Macron cherche à gagner les bonnes grâces de celles et ceux qui ne lui ont jamais pardonné sa sortie hasardeuse d’Alger, a laissé plutôt paraître du scepticisme voire de l’amertume chez bon nombre d’observateurs des deux rives de la Méditerranée, bien au fait des relations circonstancielles. Ces rapports d’État à État faut-il le préciser, pour s’en convaincre définitivement, sont faits d’amour et de désamour, en fonction des jeux d’intérêts qui les motivent. Il faut croire que rien n’est fait au hasard !Si le Président en exercice n’a pas tenu sa promesse en se déjugeant, c’est qu’il risquait gros, face aux partis de droite et d’extrême droite qui le tiennent à l’œil en suspendant au-dessus de sa tête, cette épée Damoclès qui lui sera fatale au prochain rendez-vous électoral. Circulez ! Il n’y a rien à voir !, semble nous dire la plume de service qui cherche à concilier le président avec l’électorat de la droite et son extrême. Nous avons compris qu’il s’agit là, d’une pièce théâtrale « poudre aux yeux » en monologue jouée à guichet fermé.
Sans aucun doute, tout le monde aura noté que de manière cyclique et épisodique, tel un feuilleton de télé à la veille d’évènements politiques (campagnes électorales), problèmes sociétaux et sécuritaires (chômage, agressions…) terrorisme islamique, l’épineuse question mémorielle portant sur la guerre d’Algérie dont le règlement tient à cœur au peuple algérien libre et souverain, est convoquée par le pouvoir politique, puis livrée à des débats passionnés et sans fin. On en use et abuse et le peuple algérien est bien loin d’être dupe pour y croire!
Pour rappel ; la commande d’un rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie a été passée en juillet 2020, soit quelques jours seulement au lendemain de la restitution tout au plus symbolique, de crânes de résistants algériens stockés outrageusement comme de vulgaires objets au musée en France. Avec la polémique qui s’en est suivi où la journaliste Véronique Jacquier en direct sur CNEWS le 1 6 juillet 2020, à vanté « les bienfaits » de la colonisation de l’Algérie par la France avait ouvert le bal en affirmant : « Il faut rappeler que si la France a colonisé l’Algérie en 1830, c’était pour mettre fin à la piraterie barbaresque et à l’esclavage en Méditerranée, pratiqué à l’époque par les Musulmans ». Pour elle, en 1830,« l’Algérie n’était rien du tout. Et d’ajouter…
Il faudrait qu’Emmanuel Macron tienne un peu ce discours, au lieu d’être dans l’auto-flagellation et la repentance. Un chemin avec frilosité qu’avait commencé à emprunter Jacques Chirac et François Hollande.» Par la même, elle eut l’outrecuidance de dresser un lourd réquisitoire contre les présidents français qui ont osé dire à demi-mot, que la colonisation n’était pas finalement un « machin » positif pour les indigènes que nous étions, cela s’entend, et d’adresser au président en exercice une sévère mise en garde de ne pas franchir le Rubicon, ce qui pourrait lui coûter très cher, électoralement. Lui qui avait osé déclarer à Alger d’où il avait lancé sa campagne électorale pour la présidentielle de 2017 que la colonisation est un crime contre l’humanité ; une déclaration qui certes, lui avait rapporté quelques points mais, qu’il a vite régurgitée en présentant ses excuses à tous ceux qu’il aurait blessés. La sévère mise en garde qui lui a été adressée pour ne pas présenter au nom du peuple français au peuple algérien, les excuses de la France coloniale à l’Algérie colonisée, n’est pas à mettre sur le compte d’un dérapage ou d’un acte irréfléchi d’une journaliste fougueuse. C’est là tout au contraire, une ligne rouge que nulle autorité ne saurait transgresser sans conséquence désastreuse, fusse-t-elle, celle du président de la République en personne. Oser affirmer en filigrane et soutenir que la colonisation a été positive pour l’Algérie et passer sous silence l’arsenal juridique et règlementaire, particulièrement le code de l’indigénat (à lire absolument pour comprendre l’ignoble projet colonial français) élaboré par l’administration coloniale pour : spolier, tuer, déporter, détruire, mettre en esclavage tout un peuple plongé volontairement dans la misère, et surtout empêcher pendant plus d’un siècle les indigènes d’aller à l’école et de se former, est pour les colonisés, tout simplement inadmissible. Ce sont aussi, les valeurs prônées par la Révolution française de 1789 qui sont bafouées par de tels propos et c’est dommage pour l’autre France se disant civilisatrice. Vient ensuite, la cérémonie de remise du rapport tant attendu qui naturellement avait bénéficié d’une large publicité à la mesure de l’évènement. S’agissant d’un événement qui ne laisse personne indifférent, il nous est apparu utile à travers cette contribution dont le but n’est certainement pas de répondre, encore moins d’invectiver, de condamner cet historien de service, ni de juger son travail destiné principalement à l’opinion publique française, mais de rappeler pour les compatriotes et les français pétris de valeurs portées par la Révolution de 1789, certaines réalités à ne pas occulter et d’attirer leur attention sur certains points que comportent ce catalogue de préconisations d’un mauvais goût que son auteur a formulé dans son rapport de mission.
Tout d’abord, il faut admettre que les nostalgiques de l’Algérie française, ces esprits revanchards, qui pensent toujours que l’Algérie a été bradée, n’a pas été libérée et que le général de Gaulle fut un traître, peinent encore à accepter la perte de l’Algérie. Pour eux, l’indépendance de l’Algérie est vécue et perçue comme une trahison (la création de l’OAS pour faire avorter les négociations d’Evian en est la confirmation). D’ailleurs, ils n’avaient pas hésité un seul instant de promouvoir et de voter en février 2005, la loi rappelant le « rôle positif de la colonisation ».
Il faut aussi se rappeler que la France impérialiste ayant muté en France néocolonialiste (ça coûte moins cher financièrement et, accessoirement, en vies humaines de civilisées qu’il ne faut pas gaspiller inutilement) avait, avant de se replier tactiquement, pris toutes les dispositions pour maintenir sous son emprise les anciennes colonies.
Pour ce faire, elle avait pris le soin de préparer toute une armée de personnes soumises, corvéables, prêtes à tout entreprendre, avec zèle, pour servir les intérêts de leurs maîtres.N’est-ce pas là, une des raisons qui fait que la France tient à garder les archives ? Pour réaliser ses objectifs stratégiques, principalement politiques et économiques qui sont pour l’essentiel : l’alignement des ex colonies sur les positions de l’ex colonisateur à l’international, la garantie des approvisionnements en matières premières, la fourniture de la main d’œuvre pour le développement de la métropole, la constitution d’un marché pour les surplus de produits français, elle engagea des réseaux connus sous le vocable de « France-Afrique » qui utilise les relais infiltrés dans les différents rouages des États et les machines à corruption que constituent les entreprises cotées en bourses et quelques mercenaires.
Quant aux pays rebelles, insoumis, l’ex puissance impérialiste n’a pas lésiné sur les moyens mis en œuvre pour, sans état d’âme, les : empêcher, freiner et saborder leurs efforts de reconstruction de leurs pays pour enfin jouir des bienfaits de la souveraineté retrouvée. C’est dire que l’impérialisme en général et français en particulier en mauvais élève frustré, humilié et assoiffé de vengeance, reste cramponné sur ses pratiques d’un autre âge pour imposer son hégémonie à « ses » anciennes colonies auxquelles il s’arroge le droit de dicter ses volontés. Basta !, sommes-nous tentés de dire.
À l’évidence, la désignation par le pouvoir français de deux intellectuels de service les plus médiatisés (à telle enseigne qu’ils semblent faire partie des armoiries de la République française), en l’occurrence Bernard Henri Lévy et Benjamin Stora chargés de mener pour le compte des autorités des missions ponctuelles et sensibles, à priori différentes mais complémentaires dans les faits, s’inscrit en droite ligne de la politique néocoloniale mise en œuvre, en ce qui nous concerne, par le pouvoir français. Ces rappels historiques sont de notre point de vue, incontournables pour saisir le sens de la commande d’un « rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie en ce moment précis qui obéit, à ne pas douter, à cette façon de considérer les rapports avec les ex colonies. La remise, par la France, au goût du jour de la question de la repentance (un terme connoté religieux pour un pays qui se revendique de la laïcité?), des excuses à présenter (trop tardivement ?) à notre peuple, pour se soulager, voire se dédouaner de ses responsabilités historiques de la charge des crimes imprescriptibles qu’elle a commis durant 132 horribles années de colonisation barbare à l’endroit de notre pays, reste le fait unilatéral des autorités françaises.
Il faut admettre que le travail de l’historien Benjamin Stora qui a fait de l’histoire douloureuse de la guerre d’Algérie son juteux fonds de commerce, répond de toute évidence à des termes de références dûment définis par le commanditaire, est destiné en premier lieu à son opinion publique et particulièrement, en clin œil à l’électorat de droite et son extrême, pour le rassurer sur ses véritables intentions et par ricochet, signifier aux Algériens les limites de sa « généreuse » offre. N’est-ce pas là, une partie de billard jouée maladroitement par Macron ? Ce jeu pervers, n’est-il pas destiné à faire de nous « les indigènes » d’hier, les dindons de la farce ? Il est aussi important de retenir que le choix de la date de remise de ce catalogue de préconisations très controversé, intervient à la veille de la très prochaine commémoration le 19 Mars 2021 de la fête de la victoire. Faut-il considérer cela comme un hasard, surtout si l’on prend en compte l’emballement des débats qu’il a suscités ? On a même eu droit a une envolée lyrique de Mr APATHIE qui dit sur les plateaux d’une émission télé du 23 janvier2021 n’avoir toujours pas compris, pourquoi le pouvoir impérialiste de son pays avait envahi notre pays mais affirme, comme pour rassurer les auditeurs, de manière péremptoire que l’Algérie est une création française et qu’elle n’existait pas avant, rejoignant ainsi les déclarations de sa congénère et consœur sus nommée.
La cérémonie de remise du rapport commandé en juillet 2020 par et pour le chef de l’État français qui a eu lieu le 20 janvier 2021 et la publicité dont il a largement bénéficié semble, faire d’une pierre deux coups : répondre à des impératifs liés à un agenda dicté par la prochaine échéance électorale dont l’issue reste incertaine (les derniers sondages donnent le RN en tête des intentions de vote à la prochaine présidentielle) et surtout, permettre au locataire actuel de l’Elysée d’enterrer la déclaration qu’il avait faite à Alger. Ne dit-on pas que, en politique rien ne se fait au hasard !?
Dès la remise du rapport tant attendu, les medias avaient titré à la une en gras « ni excuses ni repentance ». Un immense ouf de soulagement est poussé ! Le rapport de l’historien de service a répondu aux attentes. La campagne pour la présidentielle de 2022 peut enfin démarrer sous de meilleurs auspices. Les médias ont du grain à moudre pour quelques mois surtout à l’approche du 19 MARS, fête de la victoire en Algérie, que les nostalgiques de l’Algérie française qui se recrutent à droite, à l’extrême droite et chez les socialistes style Mitterrand, refusent de célébrer. Pour ces derniers, cette date représente la NAKBA.
Il convient de relever que l’auteur n’a pas hésité de traiter dans son rapport tant attendu de part et d’autre de la mer méditerranée, la guerre d’Algérie comme s’il s’agissait d’une querelle de voisinage qui porterait sur le cocorico matinal d’un coq fougueux. Dans ce qui semble être destiné aux Algériens, il fait carrément dans la provocation en proposant à son commanditaire, une sorte de vente concomitante qui consisterait à restituer au peuple algérien le burnous de l’Émir Abdelkader et de reconnaitre l’assassinat du grand Ali Boumendjel en contrepartie de la libre circulation des harkis et pourquoi pas… de la réhabilitation du général Belounis et de Bachagha Boualem ? Faut-il rappeler à l’auteur que de cette préconisation qui a tout l’air d’un marchandage que la question des harkis ayant fait le choix (ils savent ce qu’ils avaient fait subir aux indigènes) de se replier en France, reste et restera un problème franco-français et que contrairement à ce qui est colporté par les esprits revanchards et autres nostalgiques de l’Algérie française, les harkis qui ont fait le choix contraire, la population, malgré tout ce qu’elle avait subi, a su faire preuve de discernement et n’avait pas appliqué la loi du Talion à leur encontre. Faut-il aussi dire à l’auteur que le choix unilatéral porté sur la reconnaissance de l’assassinat du Grand Ali Boumendjel (60 ANS après) n’est pas dénué d’arrières pensées et que cette méthode qui relève du fait du prince est inacceptable. Ignore-t-il que le peuple algérien considère tous les combattants (femmes et hommes) tombés au champ d’honneur depuis le premier coup de feu tiré en 1830 jusqu’au dernier coup de feu de l’OAS, sont élevés au rang de martyrs ? Chaque martyr compte ! Notre grand Ali Boumendjel n’a certainement pas besoin des honneurs de la France officielle qu’il a combattue ! En conclusion et pour rester constructif, en tant qu’algérien porteur du virus du patriotisme que d’aucuns pensaient voir disparaitre de nos djebels (ils tablaient sur la culture de l’oubli, et le HIRAK leur a apporté de manière magistrale la preuve s’il en est besoin, que le patriotisme et le rejet du néocolonialisme font partie de notre ADN) et ex colonisé qui a échappé miraculeusement à l’analphabétisme imposé aux indigènes par le code de l’indigénat grâce aux sacrifices consentis par notre peuple, vivant et aimant ce magnifique et doux pays, je voudrais soumettre à débat, les propositions qui me paraissent essentielles pouvant constituer une première étape pour avancer dans la construction d’un avenir pour tous.
La France officielle doit nécessairement reconnaitre et condamner de manière la plus solennelle, les crimes imprescriptibles que la France coloniale avait commis durant les 132 années de colonisation de notre Algérie. Ces deux crimes contre l’humanité et contre la nature impardonnables et imprescriptibles ont causé :
l la mort par les armes, la torture, la famine, les maladies… de quelque cinq millions et demi d’algériens, morts pour avoir refusé la soumission et la vie dans l’indignité. Quant aux survivants de ces massacres, ils ont été discriminés et empêchés d’aller à l’école pendant plus d’un siècle ce qui n’est pas sans conséquences sur le développement post-indépendance du pays.
l la destruction de millions d’hectares de forêts et de parcours incendiés, brulés irrémédiablement par le largage de napalm et les labours.
Les conséquences directes de ce désastre écologique et de la destruction de la fertilité des sols, ont fait que l’Algérie réputée être le grenier de Rome et de l’empire Français, est réduite à importer son alimentation de base.
Les excuses ou la demande de pardon ? Pourquoi pas les deux, pour favoriser les relations apaisées ? Ce qui est sûr et certain c’est qu’elles ne ramèneront pas à la vie, ni ne consoleront les familles des morts et disparus, les hommes et les femmes indigènes morts pour avoir signifié clairement, souvent par les armes en leur possession, à ces envahisseurs qu’ils ne sont pas les bienvenus et qu’ils doivent repartir. De même qu’elles ne rétabliront pas les écosystèmes dramatiquement détruits par l’action des bûcherons, du napalm et de la monoculture.
Il convient de se rappeler que nos sages nous ont enseigné que des excuses dites après avoir reconnu les faits, avec une charge émotionnelle transpirant la sincérité présentées à la victime, grandit et honore son auteur (une faute avouée est à moitié pardonnée)…
En outre il faut admettre que des excuses arrachées et chargées lourdement d’hypocrisie feront plus de mal que de bien et n’aideront certainement pas le pays à réparer les dégâts causés par la colonisation barbare et prédatrice qu’a connue notre pays.
Commencer par aider le pays à reconstituer le patrimoine sylvicole et arboricole détruit sur plusieurs millions d’hectares, durant les 132 ans de colonisation. Cette action si elle venait à être mise en œuvre, outre le fait qu’elle serait une première mondiale et constituerait un modèle de coopération exemplaire, sera saluée par la communauté internationale d’autant plus qu’elle cadre parfaitement avec le plan de lutte contre le réchauffement climatique parrainé par l’ONU.
En outre, le nombre d’emplois directs et indirects que cette action générerait constituera sans nul doute une réponse appropriée au problème de chômage endémique dans les zones visées et un moyen agronomique de réinstaller à long terme, les écosystèmes détruits par les actions irresponsables de l’administration coloniale et de freiner l’exode rural ainsi que la dégradation des sols.
Engager sans tarder un programme de décontamination des périmètres d’expérimentation des essais nucléaires, de prise en charge médicale des populations exposées aux radiations qui connaissent des malformations et autres maladies reconnues liées aux essais nucléaires, indemniser les victimes. Déjà la loi française le prévoit pour d’autres sites d’essais nucléaires. Restituer au peuple algérien tous les trésors culturels dont il a été dépossédé arbitrairement, qui garnissent et enrichissent présentement les musées français.
Continuer de détenir ces trésors appartenant à un pays présenté comme peuplé de sauvages à civiliser constitue un non-sens. Continuer à soutenir que l’Algérie était « rien avant la colonisation française » et spolier son trésor culturel est tout simplement incohérent, insoutenable et inadmissible.
Concernant les amis de l’Algérie combattante (les porteurs de valises, les hébergeurs, les travailleurs, les médecins, les journalistes…..) le peuple algérien reconnaissant ne manquera pas de leur dédier le moment venu un mémorial qui symbolisera de manière durable sa reconnaissance à ces justes qui avaient fait le choix de servir sa juste cause. C’est dans ce sens qu’une lettre ouverte initiée en septembre dernier par des intellectuels algériens a été adressée à Mr le Président de le République.
Hélas ! Force est de relever à la lecture du catalogue de préconisations formulées par Mr Stora sur la question mémorielle dont il s’agit, que les ténors et les nostalgiques de l’Algérie française refusent toujours d’emprunter cette voie de la sagesse et de la raison, convaincus qu’ils sont déjà grands. Alors que par ailleurs la France officielle a reconnu, ce qui est une bonne chose, sa responsabilité dans un certain nombre de tragédies, avait présenté au nom du peuple français des excuses, elle continue de tergiverser dans le cas Algérien.
À ne pas douter, quand la volonté politique était là, elle avait amené la France officielle à , à titre d’exemple, reconnaitre la responsabilité de la France dans la rafle du « Vel’Dhiv ». Cette reconnaissance à géométrie variable fait que la France officielle continue de tergiverser quand il s’agit reconnaître les effroyables enfumades des grottes du Dahra (500 morts asphyxiés), les massacres du 08 mai 1945 (45.000 morts) et les fours à chaux de Guelma.
Encore une fois hélas ! Nous devons cesser de nous illusionner et de voir la réalité en face et de nous dire comment les décideurs de la France qui tergiversent à restituer les crânes de résistants indigènes envoyés en métropole pour y être étudiés par des « scientifiques » en vue de caractériser les indigènes et les classer suivant des critères prédéfinis , comme s’il s’agissait de bestioles, trouveront-ils un jour (il ne faut pas désespérer) la sagesse et le courage politique pour enfin reconnaître les méfaits de la colonisation ?
Fort heureusement pour notre peuple, nos aïeules, par amour pour leur Algérie et grâce à leur bon sens paysan, avaient engagé à leur manière, la résistance biologique à l’indésirable envahisseur en consentant de faire des enfants, beaucoup d’enfants, sachant qu’une partie sera emportée par les maladies introduites par ces étrangers, une partie décèdera de misère à laquelle le peuple était réduit, l’autre partie qu’elles espéraient plus grande, grandira pour peupler le pays et continuer le combat pour chasser l’intrus. Sans ce combat qui s’inscrivait dans la durée, le peuple algérien condamné pourtant par le rouleau compresseur colonial, à disparaître, aurait connu le même sort réservé par les « civilisés » de la vieille Europe aux peuples dits indiens, et parqué dans les réserves. Sans le sacrifice incommensurable de ces douces mamans aimantes, les algériens d’aujourd’hui (et de demain) n’auraient pas connu l’indépendance et goûté aux délices de la liberté chèrement payée.
L’histoire de l’Algérie expliquée à Benjamin Stora : les massacres du 8 Mai 45 et les milices juives
Le 8 mai 1945, la France métropolitaine était absente de l’Algérie. Ce jour-là et au cours des semaines qui suivirent, 45 000 Algériens furent assassinés non pas par la France, mais au nom de la France. Un crime contre l’humanité dont la trame peine à révéler ses secrets jusqu’à présent.
Pour comprendre, il faut revisiter l’histoire de l’Algérie, mais pas celle écrite par Benjamin Store et consorts.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), l’Allemagne occupa la France en lui laissant une partie de son territoire en administration sous l’autorité du maréchal Pétain et supervisée par le commandement allemand.
Quant à l’empire colonial français de l’époque et l’Algérie en particulier, l’Allemagne en relégua la gestion à Vichy. Avec l’abrogation du décret Crémieux, le 7 octobre 1940, les juifs d’Algérie perdirent la nationalité française.
Dans les grandes villes algériennes, la fin de l’année 1940 vit, dans le grand secret, la constitution de milices armées recrutant essentiellement parmi les civils de la communauté juive algéroise. Fédérées autour des tristement notoires André Achiary(1), Roger Carcassonne(2) et José Aboulker(3), elles rejoignirent le 8 novembre 1942, sous le nom de code «Opération torch», le débarquement des troupes américaines en Algérie, à Sidi Ferruch(4).
Le débarquement fut aussitôt suivi par un putsch organisé par ces mêmes milices armées sous le sinistrement funeste Groupe Géo-Gras. Leur action fut décisive dans le renversement des responsables militaires et civils locaux de Vichy suite à la prise de points névralgiques de la capitale Alger(5).
Mettant fin à la fiction d’une zone «libre», et en représailles, les Allemands occupèrent la totalité du territoire français le 11 novembre 1942. Le régime de Vichy s’est maintenu en France jusqu’au mois d’août 1944. En Algérie, une confusion générale y régna durant.
La France, qui n’existait que par un gouvernement provisoire dirigé par le général De Gaulle, n’avait aucune prise sur ce qui se passait réellement en Algérie.
Le 22 octobre 1943, le décret Crémieux fut rétabli. A partir de ce moment-là, l’Algérie n’était plus dirigée par la France métropolitaine, mais par des milices armées au nom de la France, dont les chefs y régnèrent en maîtres absolus.
Messali Hadj était en résidence surveillée au Congo-Brazzaville. Des militants du PPA organisèrent le 1er mai et le 8 mai 1945 des manifestations pour demander sa libération.
Il faut rappeler que Messali revendiquait, dans son programme, l’indépendance de l’Algérie. C’est pourquoi les manifestations du PPA ne pouvaient être tolérées, ni par les colons ni par les milices juives armées qui avaient organisé le putsch pour se séparer de l’Etat français.
Le prétexte fut tout trouvé, et André Achiary, l’un des chefs du putsch d’Alger, se chargea de «rétablir» l’ordre dans l’Algérie «française». Le groupe pris alors le soin de s’éloigner d’Alger pour agir loin des regards et éviter les témoignages pour s’en aller organiser son génocide dans l’Est algérien.
On sait aujourd’hui que ce trio de conjurés, constitué d’André Achiary, de Roger Carcassonne et de José Aboulker, ne faisait nullement confiance au général De Gaulle quant au sort à réserver au territoire algérien. D’où l’idée de lui forcer la main et le mettre devant le fait accompli lorsque, fier de lui, le général Raymond Duval à qui avait été confiée la mission de «maintien de l’ordre» par le trio génocidaire, aidé par les milices juives, a déclaré à l’adresse des pieds-noirs : «Je vous ai donné la paix pour dix ans !»
Toute la longue période de la colonisation de l’Algérie fut gérée de la même manière, c’est-à-dire par les colons qui y faisaient la pluie et le beau temps au nom de la France. D’une part, cet état de fait trouve, dans une certaine façon, une explication au silence assassin suite à l’appel du FLN à la communauté israélite durant la Guerre de libération. D’autre part, tout le monde se rappelle la tentative de putsch du général Salan en avril 1961. Il était calqué sur le même mode opératoire que le putsch de 1942 organisé par les milices juives de José Aboulker.
Sauf qu’en 1961 De Gaulle ne dirigeait plus la France de façon «provisoire», comme en 1945, mais d’une main de fer et avec toute l’autorité d’un chef d’Etat. C’est pourquoi l’aventure de Salan échoua.
Ceci pour dire que fort de tous ces éléments de l’histoire, Emmanuel Macron a pu, à juste titre, qualifier la colonisation de «crime contre l’humanité». Mais il s’est abstenu de nommer ouvertement les milices armées essentiellement juives qui agirent au nom de la France, et furent pleinement engagées dans les massacres du 8 mai 1945 à l’est du pays.
D’ailleurs, bien plus tard, un personnage de la politique française, dans un autre contexte, a nuancé cette différence par cette phrase devenue célèbre : «Responsable mais pas coupable.» Comme ce n’était pas la première fois que la France devait endosser des actions «empruntées».
Pour la nation algérienne, dans tous les cas, la responsabilité de l’Etat français reste pleinement engagée et entière.
En 1830, la prise d’Alger et ensuite la colonisation de l’Algérie étaient l’œuvre de Bacri et de Bouchnaq, deux associés juifs dans le négoce au profit de banques israélites, qui ont induit en erreur le dey d’Alger, avec la complicité de Talleyrand.
C’est exactement avec la même perfidie et le même écran de fumée que les massacres des 45 000 Algériens le 8 mai 1945 furent organisés et exécutés.
Ce qui ne dédouane en rien l’Etat français. Mais pour les Algériens, cela permet une plus grande maîtrise dans l’étude de l’histoire de la colonisation de l’Algérie afin de cerner les responsabilités de tous les belligérants, chose essentielle pour démêler la trame des cabales actuelles contre notre nation.
Ces cabales sont inscrites dans une logique haineuse et meurtrière de l’ennemi d’hier, l’ennemi d’aujourd’hui, c’est-à-dire l’ennemi de toujours.
K. B./K. Z.
1- https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Achiary
2- https://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Carcassonne_(r%C3%A9sistant)#Le_putsch_manqu%C3%A9_et_l’assistance_au_d%C3%A9barquement
3- https://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9_Aboulker
4- First Blood in North Africa: Operation Torch and the US Campaign in Africa in WWII.
Jon Diamond
5- https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_G%C3%A9o-Gras#Camps_d%E2%80%99internement_vichystes_et_assassinats_du_FLN
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