par Abdelrahmane Mebtoul *
Les exportations de gaz naturel pour l’Algérie se font grâce au GNL qui permet une souplesse dans les approvisionnements et des marchés régionaux par canalisation pour une part respective d’environ 70/30%, avec une extrapolation pour 2030 d’environ 45/48% pour le GNL supposant de lourds investissements. L’Algérie possède trois canalisations, le Transmed vers l’Italie via la Tunisie, le Medgaz vers l’Espagne et le GME vers l’Espagne via le Maroc qui vient d’être suspendu, totalisant une capacité de 52 Gm3 par an.
3. C’est que la concurrence est vivace dans le domaine du gaz, les réserves pour l’Algérie selon les données du ministre de l’Energie en décembre 2020, reprises par l’APS, 2.500 milliards de mètres cubes gazeux, avec une baisse des exportations étant passées de 62/65 milliards de mètres cubes gazeux à 51,5 en 2018, 43 en 2019, 41 en 2020, espérant un niveau de 43/44 pour 2021. Alors que les réserves sont de 45.000 pour la Russie, 30.000 pour l’Iran et plus de 15.000 pour le Qatar sans compter l’entrée du Mozambique en Afrique (4.500 de réserves) dont le cours est passé de plus de 10 dollars le Mbtu en 2009-2013 à moins de 2,70 dinars le cours en 2020, mais avec une remontée depuis fin juin 2021, d’environ 3,5 dollars le Mbtu en juillet et 4,5 dollars le Mbtu le 27 août 2021. Ne pouvant contourner toute la corniche de l’Afrique, outre le coût élevé par rapport à ses concurrents, le fameux gazoduc Sibérie-Chine, le Qatar et l’Iran, proche de l’Asie avec des contrats avantageux pour la Chine et l’Inde, le gazoduc Israël-Europe en activité vers 2025, financé par les Emiratis, les importants gisements de gaz en Méditerranée expliquant les tensions entre la Grèce et la Turquie, et même en Afrique avec l’entrée en Libye, réserves d’environ 2.000 milliards de mètres cubes non exploités, et les grands gisements au Mozambique (plus de 4.500 milliards de mètres cubes gazeux), sans compter le Nigeria avec ses GNL, le marché naturel de l’Algérie, en termes de rentabilité, et l’Europe où entre 2018/2019, selon le rapport de Sonatrach, les destinations sont essentiellement l’Italie (35%), l’Espagne (31%), la Turquie (8.4%) et la France (7.8%) en n’oubliant pas le contrat signé le 11 juin 2019 entre Sonatrach et la Société pétrolière et gazière portugaise Galp Energia qui ont signé des accords portant sur l’approvisionnement en gaz naturel algérien du marché portugais pour un volume de 2,5 milliards m3 par an. Outre les USA, premier producteur mondial avec le pétrole/gaz de schiste, avec de grands terminaux, ayant déjà commencé à exporter vers l’Europe, le plus grand concurrent de l’Algérie sera la Russie avec des coûts bas où la capacité du South Stream de 63 milliards de mètres cubes gazeux, du North Stream1 de 55 et du North Stream2 de 55 milliards de mètres cubes gazeux, ce dernier en voie de régularisation grâce à la pression de l’Allemagne et un assouplissement de la position des USA, soit au total 173 milliards de mètres cubes gazeux en direction de l’Europe dont l’Italie. (Conférence-débats du professeur Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, à l’invitation de la Fondation allemande Friedrich Ebert et de l’Union européenne, 31 mars 2021).
En résumé, l’énergie est au cœur de la sécurité des nations. Les enjeux géostratégiques dépassent souvent les enjeux de gains monétaires à court terme, tant dans la pratique des affaires que dans les relations internationales il n’existe pas de sentiments mais que des intérêts, chaque pays défendant ses intérêts propres.
*Professeur des universités, expert international.