Sahara occidental : Il y a 45 ans, la proclamation de la RASD

    Depuis hier, lundi 22 février, des festivités de commémoration du 45e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), à Bir Lahlou, dans les territoires libérés, ont débuté dans la wilaya de Dakhla (camps des réfugiés sahraouis).

C’est ce qu’a fait savoir un membre du secrétariat national du Front Polisario, Khatri Addouh.
Il précise que les festivités commémoratives de cet évènement majeur «porteront sur différentes activités culturelles, sociales, politiques, sportives, voire même militaires et ce, au regard de la conjoncture exceptionnelle que connaît la cause sahraouie depuis le 13 novembre dernier et de la reprise de la lutte armée». Ces festivités seront couronnées par une commémoration officielle, le 27 février courant, dans la wilaya d’Aousserd, a-t-il déclaré.

Selon l’Agence de presse sahraouie (SPS), M. Khatri Addouh a indiqué que les festivités officielles célébrant l’évènement de la proclamation de la RASD dans la wilaya d’Aousserd «verront l’organisation de parades militaires qui refléteront la situation actuelle que traverse la cause, après la reprise de la lutte armée, ainsi que la détermination du peuple sahraoui à poursuivre la lutte jusqu’au parachèvement de sa souveraineté».

Ces festivités verront également l’organisation de défilés centraux des différentes institutions nationales, lesquels mettront en exergue la capacité du Front Polisario et de l’Etat sahraoui à consolider l’édification institutionnelle dans la bataille de la libération et de la construction», a ajouté le responsable sahraoui.
Il a souligné, en outre, «l’importance» de commémorer le 45e anniversaire de la proclamation de la République sahraouie, car, a-t-il ajouté, cette commémoration «intervient en une conjoncture sensible que traverse la cause sahraouie sur différents fronts».

Ainsi, sur le plan militaire, les hauts faits de l’armée sahraouie et ses victoires se poursuivent toujours. Au plan politique, la cause sahraouie jouit d’un intérêt honorable au double plan international et continental», a-t-il expliqué, avant d’ajouter que sur le plan des droits de l’Homme, «les héros de l’Intifadha pour l’indépendance font face, avec bravoure, à la politique de répression marocaine, tout en scandant des slogans appelant à mettre fin à l’occupation».
Par ailleurs, M. Khatri Addouh a indiqué que la manifestation sportive internationale Sahara Marathon sera organisée de manière symbolique, du fait de la conjoncture mondiale marquée par la propagation de l’épidémie de Covid-19.  /

                                                                                                                                      Brahim Taouchichet


    Répression marocaine dans les territoires sahraouis occupés : Aminatou Haidar accuse le secrétaire général de l’ONU

Elle a appelé le secrétaire général onusien, Antonio Guterres, à intervenir immédiatement pour la protection des civils sahraouis contre les violations systématiques des appareils de répression marocains, le tenant, lui, ainsi que le Conseil de sécurité pour responsables de cet acharnement contre les droits sahraouis. 

Aminatou Haidar

Dans une lettre adressée au SG onusien, la présidente de l’Isacom a écrit: «Au vu des représailles et des violations commises par l’Etat occupant contre les civils sahraouis, nous vous appelons et par votre entremise, l’ensemble de la communauté internationale, à accélérer la mise en place de mécanismes de protection internationale, assurant aux Sahraouis l’exercice de leurs droits.»

Evoquant certains dépassements «graves» des forces de l’occupant marocain, avec images et vidéos à l’appui, la présidente de l’Isacom a indiqué que le peuple sahraoui «n’a entendu de l’instance onusienne aucune condamnation, ni l’expression de la moindre préoccupation à cet égard». Elle a cité le cas de la militante sahraouie Sultana Brahim Khaya et sa famille dans la ville de Boujdour occupée, assignées à résidence depuis le 19 novembre 2020 et victimes de tortures et de harcèlements quotidiens, ainsi que les détenus Ghali Bouhela et Nafaa Boutsoufra, accusés à tort de détention de drogue.

Aminatou Haidar a également évoqué l’arrestation de l’activiste Mohamed Selouki dans la ville de Smara occupée, et du détenu civil sahraoui, Mohamed Amine Abdine Hedi, en grève de la faim depuis 40 jours. La présidente de l’Isacom a relevé que «les autorités de l’occupant marocain procèdent à l’arrestation des militants, en les chargeant de fausses accusations dont la détention de drogue», formant le vœu que «l’ONU prenne conscience à travers cette lettre, de l’injustice dont souffrent les Sahraouis.

Le peuple sahraoui n’a reçu aucun soutien, ni protection de la part de l’ONU et des autres organisations internationales spécialisées dans la protection des civils, à l’instar du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)», a-t-elle regretté, citant «l’absence de mécanismes de protection internationale au Sahara Occidental, en dépit du déclenchement de la guerre, le 13 novembre 2020, suite à la violation du cessez-le-feu par le Maroc». Déplorant le blocage du processus onusien et africain de règlement de la question sahraouie, Mme Aminatou Haidar a relevé «l’atermoiement dans l’application des résolutions de la légalité internationale, appelant à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental».

L’Isacom tient le SG de l’ONU personnellement pour responsable des violations continues de l’occupant marocain contre les Sahraouis. Aminatou Haidar a fait observer que «le Maroc n’a fait l’objet d’aucune critique de l’ONU, ce qui constitue un feu vert pour le Maroc en vue de poursuivre ces violations des droits du peuple sahraoui. L’Isacom a tenu le CICR pour responsable des souffrances des civils sahraouis, sous l’occupation marocaine, en l’absence d’une protection internationale, en ce temps de guerre».
B. T.


         Sahara occidental : le sort de la légalité internationale en jeu

Si la nouvelle administration usaméricaine n’accélère pas la réparation des dommages causés aux normes internationales du fait de la politique de « contreparties » suivie par l’administration précédente, il n’y aura pas de consensus international. Une telle inclination insensée sape les aspirations de l’humanité au progrès, à la sécurité et à la stabilité. Au contraire, elle encouragera l’injustice, l’autocratie, la tendance à l’expansion et le terrorisme d’État.

L’annulation par le président Biden d’un certain nombre de décisions de son prédécesseur, immédiatement après sa cérémonie d’investiture, inspire l’optimisme quant à l’annulation de la reconnaissance illégale de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

La reconnaissance par Donald Trump de l’annexion du Sahara occidental par le Royaume du Maroc, le 10 décembre dernier, a porté un coup à la Charte et aux résolutions des Nations unies, qui classent toujours le territoire comme non autonome. Cependant, cette décision constitue un précédent de malmenage et de trahison des valeurs et des principes sur lesquels les Nations unies ont été fondées et de ceux des USA. De nombreux pays arabes, dont le Maroc, se sont empressés de normaliser leurs relations avec Israël, non pas dans une quête de paix, mais en échange de la protection de leurs régimes répressifs et corrompus.

Le Sahara occidental est situé sur une vaste zone de la côte atlantique au nord-ouest de l’Afrique. Il est bordé par le Maroc au nord, l’Algérie à l’est et la Mauritanie au sud et au sud-est. Le territoire était connu, dans le passé, par un système de règles distinguées dans lequel sa composition était basée sur une nomination tribale, et sa présidence était délibérée entre les membres. L’Espagne avait pris le contrôle du territoire depuis la Conférence de Berlin de 1884 jusqu’en 1976. Le Sahara occidental, ou Sahara espagnol comme il était appelé pendant cette domination, figure sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU depuis 1963, suite à la transmission d’informations par l’Espagne au titre de l’article 73 (e) de la Charte des Nations unies. Dans sa première résolution de 1965, l’Assemblée générale des Nations unies a demandé à l’Espagne de décoloniser le territoire. En 1974, l’Espagne a accepté d’organiser un référendum d’autodétermination, mais celui-ci a été retardé car le Maroc revendiquait le territoire. À la demande de l’Assemblée générale des Nations unies, la Cour internationale de justice a émis un avis consultatif le 16 novembre 1975, par lequel elle a rejeté les revendications marocaines sur le territoire. La CIJ a déclaré qu’elle « n’a pas trouvé de liens juridiques de nature à affecter l’application de la résolution 1514 (XV) pour la décolonisation du Sahara occidental et, en particulier, du principe d’autodétermination par l’expression libre et authentique de la volonté des peuples du territoire ».

La résistance locale incessante au colonialisme espagnol a culminé avec la création, en 1973, du mouvement de libération nationale, le Front Polisario (Frente Popular para la Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro), et la proclamation de la lutte armée. Trois ans plus tôt, les habitants ont exigé la fin du colonialisme espagnol lors des manifestations de juin 1970, au cours desquelles les forces espagnoles ont ouvert le feu contre les manifestants et ont arrêté leur chef, dont le sort est encore inconnu à ce jour. Une fois que le colonialisme espagnol est apparu faible face à la pression du Polisario, un sale complot s’est élaboré entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie pour contourner la décision de la CIJ et occuper le Sahara occidental par la force. Les trois pays ont signé un accord, le 14 novembre 1975 à Madrid, par lequel l’Espagne cédait le territoire au Maroc et à la Mauritanie.

Les forces marocaines et mauritaniennes ont envahi le Sahara occidental quelques jours avant que l’Espagne ne se retire du territoire, interrompant ainsi le transfert de pouvoir aux autorités de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), qui a été proclamée par le Front Polisario le 27 février 1976. Ainsi, la guerre a éclaté entre les trois pays, causant de grandes souffrances à la population du territoire. La Mauritanie s’est retirée en 1979, suite à un accord avec le Front Polisario, qui a conduit à la reconnaissance de la RASD.

Un cessez-le-feu a été conclu en 1991 pour mettre fin à 16 ans de guerre, après que le Front Polisario et le Royaume du Maroc, sous la supervision de l’ONU et de l’Organisation de l’unité africaine / maintenant l’Union africaine, eurent accepté un référendum d’autodétermination comme le meilleur compromis pour leur conflit. Mais dès que les Nations unies eurent publié la liste provisoire des électeurs admissibles, le Royaume du Maroc a refusé d’aller de l’avant, ignorant près de 30 ans d’efforts de l’ONU dans lesquels les USA avaient joué un rôle majeur. Des personnalités éminentes telles que James Inhofe, James Baker, John Bolton, Christopher Ross et d’autres, qui ont travaillé de près sur la question du Sahara occidental, ont fortement mis en garde contre les mauvaises conséquences d’un non-respect de la légalité internationale au Sahara occidental. L’adhésion de la RASD à l’Union africaine et le soutien important dont elle bénéficie au sein de ce bloc sont d’une grande importance et ne peuvent être ignorés. De plus, le peuple sahraoui s’accroche à son pays et est prêt à mourir pour lui.

À cet égard, le mépris de Trump pour le statut juridique du Sahara occidental et le droit inaliénable de son peuple à l’autodétermination et à l’indépendance révèle la faiblesse des Nations unies, ce qui entraîne une perte de confiance dans le rôle qu’elles pourraient jouer dans la résolution des conflits. Il y a eu une réaction contre le parti pris de Trump en faveur des ambitions expansionnistes du régime marocain, qui a terni la réputation des USA à l’étranger et a dilapidé leur influence aux Nations unies, en tant que parrain de l’ordre mondial. Au contraire, cela va aggraver les tensions dans toute la région et compliquer le rétablissement de la paix.

Le régime marocain s’est engagé à troquer son allégeance aux USA et à la France en échange de leur silence sur ses violations du droit international au Sahara occidental et à maintenir le dossier gelé. Les Nations unies n’ont pas pu imposer le référendum, parce que le Maroc l’a rejeté. Le Conseil de sécurité ne pouvait pas inclure la surveillance des droits humains dans le mandat de la Mission des Nations Unies (MINURSO), parce que cela révélerait la vérité sur les crimes commis par les forces marocaines contre les civils sahraouis dans le territoire occupé du Sahara occidental. Beaucoup ont fermé les yeux sur le pillage par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental, parce qu’ils en tirent profit. Finalement, c’est le Maroc qui décide sur le Sahara occidental, pas les Nations Unies.

 

Récemment, le 13 novembre dernier, dans la zone tampon de Guerguerat au sud du Sahara occidental, les forces marocaines ont violé le cessez-le-feu en attaquant des civils sahraouis qui manifestaient pour que cesse le pillage de leurs ressources naturelles. La Mission des Nations unies (MINURSO) n’a rien fait, malgré sa présence sur le terrain. Cette violation flagrante des dispositions de l’accord de cessez-le-feu a fait que le Front Polisario et le gouvernement de la RASD ont annoncé la fin de la trêve. Ils avaient averti à plusieurs reprises que l’impasse dans laquelle se trouvait le processus politique entraînerait de telles conséquences. Aujourd’hui, la guerre a éclaté à nouveau et l’escalade pourrait affecter l’ensemble du Maghreb et de la région du Sahel.

Le peuple sahraoui est à bout de patience en raison de sa déception à l’égard des Nations unies après près de trente ans d’attente du mirage d’un plébiscite démocratique juste et libre pour lui permettre de décider de son avenir.  Toute tentative de rapprochement entre les deux parties sera vouée à l’échec si elle ne tient pas compte des conditions sahraouies pour un nouvel accord.

L’Union africaine – lors de son 14ème sommet extraordinaire sur le thème « Faire taire les armes » en décembre dernier – a convenu des grandes lignes d’une nouvelle approche qui conduirait à un nouvel accord entre les deux États membres. Les acteurs internationaux, et en particulier le groupe des amis du Sahara occidental, doivent collaborer avec l’Union africaine pour mettre cette approche sur les rails.

Il est temps que la communauté internationale consolide les valeurs et les principes de démocratie et de justice, en donnant la priorité à la mise en œuvre de l’autodétermination au Sahara occidental car c’est le principe sur lequel tous les pays des Nations unies ont été fondés. Que l’histoire retienne un consensus universel sur la question du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique, qui n’a que trop duré.

par Deich Mohamed Saleh

Traduit par  Fausto Giudice


 

Deich Mohamed a été le chef de cabinet de feu Mohamed Abelaziz, président de la RASD et ambassadeur sahraoui au Zimbabwe.


 

Merci à Tlaxcala
Source: http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=30725

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