L’engagement de l’Algérie dans l’accord de Paris sur le climat

       

Par Nadjib Drouiche


Le changement climatique est devenu l’un des problèmes les plus importants auxquels l’humanité est confrontée au XXIe siècle. Les engagements climatiques des pays en vue de l’accord de Paris ou les contributions déterminées au niveau national (CDN) fournissent un cadre pour guider l’action nationale en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Ils sont censés être dynamiques et représentent l’élément central de l’accord de Paris de 2015, qui vise à assurer un affinement progressif des objectifs climatiques nationaux par une mise à jour tous les cinq ans afin de renforcer l’action climatique, reflétant les progrès de la science et l’expérience de la mise en œuvre.
Le but principal est d’atteindre l’objectif de température à long terme de l’accord de Paris. Ainsi, après la première série de projets de CDN en 2015 et en 2016, plus de 70 pays ont présenté leurs nouvelles soumissions ou leurs mises à jour en 2020.
En ratifiant l’accord de Paris en octobre 2016, le gouvernement algérien a souligné l’importance d’atténuer le changement climatique et s’est engagé dans une contribution volontaire déterminée au niveau national (INDC). Cette contribution provisoire prend en compte les deux piliers d’égale importance de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC), à savoir l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’adaptation aux effets du changement climatique. La CDN met en avant la nécessité d’élaborer un plan national d’adaptation et de prévoir une réduction de 22 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030 par rapport à un scénario de référence (Business As Usual – BAU) : 7 % de cette réduction devrait être financée par des ressources nationales, le reste subordonné aux soutiens en matière de financements extérieurs, de développement et de transfert technologique et de renforcement des capacités.
En outre, pour assurer la mise en œuvre efficace de la contribution prévue déterminée au niveau national entre 2021 et 2030, l’Algérie entend améliorer sa gouvernance climatique aux niveaux national et local.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs actions touchant différents secteurs sont ciblées, elles consistent en outre en ce qui concerne l’atténuation :
Dans le secteur de l’énergie, ces réductions proviendront de l’utilisation de sources d’énergie renouvelables, de l’amélioration de l’efficacité énergétique, d’une plus grande utilisation du gaz naturel et du pétrole liquéfié, de la réduction de 1% du torchage des gaz, de l’solation thermique des bâtiments. La valorisation des déchets, le compostage et la récupération d’énergie dans les décharges seront utilisés pour réduire les émissions dans le secteur des déchets. Le boisement et le reboisement seront également poursuivis pour augmenter le potentiel de puits de carbone en Algérie. Enfin, l’éducation et la sensibilisation du public seront utilisées pour faire face au changement climatique au niveau national.

 En ce qui concerne les mesures d’adaptation, elles se déclinent comme suit :
La priorité de l’Algérie en matière d’adaptation est la création d’une économie résistante au climat, ce qui implique notamment de protéger la population contre les évènements extrêmes. Plus précisément, l’Algérie entend renforcer la résilience des écosystèmes aux inondations et à la sécheresse, réhabiliter les zones dégradées dans le cadre de la lutte contre la désertification, intégrer la planification des impacts du changement climatique dans tous les secteurs, en particulier les secteurs de l’agriculture, de la santé publique, des transports et de la gestion de l’eau, et prendre en compte les impacts du changement climatique dans la planification de la sécurité nationale.
Ces activités nécessiteront un soutien international pour améliorer les capacités institutionnelles et humaines nationales et locales de l’Algérie, ainsi que sa capacité technique de surveillance et d’alerte précoce et renforcement des capacités en matière de gestion des événements climatiques extrêmes et élaborer des plans régionaux et locaux d’adaptation au changement climatique.
En outre, la CDN de l’Algérie mentionne l’Agence nationale des changements climatiques (ANCC) comme le principal «outil institutionnel» de sa mise en œuvre. L’ANCC est une entité préexistante qui est chargée de vastes responsabilités, notamment la réalisation d’évaluations de la recherche climatique, le renforcement des capacités, ainsi que la préparation d’inventaires de GES et de rapports périodiques.
L’Algérie s’efforce de relever ces défis, bien qu’elle dépende largement du soutien international pour y parvenir. Actuellement, un soutien pertinent est fourni en mettant l’accent sur le renforcement des capacités en matière d’inventaire des GES et sur la création d’un groupe d’experts issus de différents ministères afin d’actualiser le plan climatique national et de l’aligner sur les nouvelles exigences en matière de mesure, de notification et de vérification (MRV) dans le cadre de l’accord de Paris ; le renforcement de la coopération intersectorielle et le soutien à la réforme de la politique de gestion budgétaire par une intégration accrue du climat et une plus grande transparence.
Avec l’entrée en vigueur de l’accord de Paris, l’action climatique mondiale se concentre désormais sur sa mise en œuvre et la progression de réaliser ses objectifs à long terme.
Comme recommandations, en ce qui concerne l’alignement des CDN sur les objectifs de développement durable (ODD), l’Algérie n’inclut aucune référence au processus des ODD dans sa CDN. Cela peut s’expliquer par les différents calendriers politiques et cadres institutionnels qui caractérisent les deux processus. Nous recommandons que le pays utilise sa CDN comme une plateforme pour indiquer également comment il prévoit de réaliser les ODD. Cela nécessitera toutefois d’identifier les synergies et les compromis entre les deux agendas afin de déterminer quelles actions peuvent fournir des résultats mutuellement bénéfiques et rentables. D’autre part, un besoin de communiquer sur les efforts d’adaptation et utiliser les plans nationaux d’adaptation (PAN) pour atteindre les objectifs des NDC.
Il serait aussi souhaitable de mettre à jour la CDN en intégrant les nouvelles possibilités en matière de politiques et de technologies d’atténuation des GES comme l’hydrogène vert. En effet, en plus des mesures directes de réduction des GES présentées dans la CDN, l’hydrogène vert peut potentiellement fournir des programmes prometteurs de réduction des émissions de GES qui peuvent être mis en œuvre au cours des prochaines années et viendront s’ajouter à ce qui a déjà été identifié dans la contribution nationale. Grâce à son énorme potentiel de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, l’Algérie pourrait jouer un rôle important sur le marché mondial émergent de l’hydrogène.
L’intensification de la production d’hydrogène n’ouvrira pas seulement un nouveau marché d’exportation pour l’Algérie mais contribuera aussi à la création de nouvelles opportunités économiques, elle aidera également le pays à atteindre ses objectifs en termes de réduction de gaz à effet de serre. En outre, l’hydrogène, ayant des propriétés similaires à celles du gaz naturel, sera particulièrement utile pour remplacer les carburants à forte teneur en carbone dans les secteurs difficiles à électrifier, tels que le transport maritime, l’industrie de l’acier, la production d’ammoniaque vert et les transports terrestres lourds.
Toutefois, sa production devra néanmoins répondre aux critères de durabilité en ce qui concerne la production d’électricité pour le dessalement et l’électrolyse, ainsi que la demande en eau et l’impact écologique.
D’autres actions d’atténuation comme l’adoption du nexus eau-énergie dans les usines de dessalement pourraient substantiellement contribuer à réduire l’empreinte carbone dans ce secteur.
La réussite de la mise en œuvre des CDN nécessitera des efforts de la part de toutes les parties prenantes, notamment les acteurs infranationaux qui sont les plus proches du contexte local.
N. D.


 

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