Algérie – France : ce que dévoile le débat au Parlement sur l’accord de 1968

photo : LP / Olivier Corsan

 

Lors du vote sur le projet de résolution portant révocation de l’accord de 1968 ce jeudi 7 décembre au Parlement français, la guerre d’Algérie a ressurgi dans les débats. Le débat sur le texte a dévoilé les véritables intentions des pourfendeurs du texte.

Finalement, la proposition du parti Les Républicains n’a pas été adoptée, 114 députés ont voté pour et 151 ont dit non.

D’un côté la droite et l’extrême-droite. De l’autre le parti présidentiel et la gauche. Sans surprise, le vote du Parlement illustre les divisions en France sur la question, et au-delà, sur la relation avec l’Algérie.

Ce jeudi, l’Algérie a été au cœur des débats, parfois plus que l’objet de la résolution lui-même. « Vous rejouez à l’infini la guerre d’Algérie », a lancé le député Bastien Lachaud (LFI) à l’adresse des Républicains. « Vous flattez le vent mauvais de la xénophobie et du racisme, en espérant en tirer on ne sait quel bénéfice électoral inavouable », a-t-il fustigé.

La députée d’origine algérienne Sabrina Sebaihi n’y est pas allée de main morte en dénonçant avec des mots forts les partisans de l’Algérie française au sein du Parlement français. « Il est impensable de voter un texte défendu par une descendante de l’OAS, et applaudi par les héritiers des tortionnaires de l’Algérie », a-t-elle dénoncé.

La descendante de l’OAS, cette organisation terroriste qui a semé la mort en Algérie entre 1961 et 1962, est Michèle Tabarot, fille de Robert Tabarot, ancien responsable de l’organisation de sinistre mémoire.

Famille de Pieds Noirs installés en Algérie, les Tabarot se sont réfugiés en Espagne à l’indépendance et ils n’ont pu regagner la France qu’en 1969 à la faveur de l’amnistie générale décrétée par le général De Gaulle un an plus tôt. Michèle Tabarot est née à Alicante en octobre 1962.

De l’aveu de nombreux responsables politiques français, l’accord de 1968 n’est pas déterminant pour la mobilité et l’installation des Algériens en France comme tentent de le présenter ses pourfendeurs. Il n’est plus « opérationnel », le juge-t-on.

Déjà que cette mobilité est largement déterminée par le visa, dont l’octroi demeure une attribution souveraine de l’État français sans aucune contrainte dictée par l’accord de 1968 qui n’en fait même pas référence, le visa n’étant pas encore imposé à l’époque aux ressortissants algériens.

Les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur démentent en outre le caractère prétendument avantageux du texte pour les Algériens. Sans être couverts par un accord similaire, les Marocains représentent à peu près la même proportion, soit environ 12%, que les Algériens dans le total des étrangers installés sur le territoire français.

Débat sur l’accord de 1968 : Sabrina Sebaihi déplore la réhabilitation de l’OAS à l’Assemblée française

Quoi qu’il en soit, les avantages dont on parle sont insignifiants et l’accord est même désavantageux pour certaines catégories d’Algériens, comme les étudiants.

La levée de boucliers à laquelle on assiste depuis plusieurs mois a bien des visées politiques comme le montre la tournure prise par les débats au Parlement ce jeudi.

Depuis son élection en 2017, le président Emmanuel  Macron a affiché une ferme volonté de construire quelque chose de nouveau et de solide avec l’Algérie et rien ne permet de douter de sa sincérité.

Une volonté partagée avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune qui, régulièrement, a dénoncé l’action néfaste de certains lobbies en France qui ne verraient pas d’un bon œil la nouvelle orientation d’Emmanuel Macron.

Ce jeudi, on a peut-être assisté à une autre action nocive, du moins une tentative, de ces mêmes lobbies.

« Aujourd’hui, avec des sous-entendus racistes insupportables, vous stigmatisez toute une population », s’est écrié à la face des élus de la droite et de l’extrême-droite, le député LFI Léo Walter, qui a précisé être issu d’une famille de Pieds Noirs restée en Algérie après l’indépendance.

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Acculés par les députés de gauche, les initiateurs de la proposition ont fini par jouer franc jeu lorsque Michèle Tabarot s’est dite « fière de (son) histoire familiale », donc de ce qu’a pu faire son père, donc l’OAS, en Algérie.

Elle a aussi fait le parallèle entre « le FLN qui a tué des Français en Algérie » et « le Hamas qui a été d’une barbarie incroyable avec les Israéliens ».

Alors que le débat était censé porter sur l’incidence « technique » d’un texte sur un aspect de la vie nationale française, en l’occurrence le contrôle de l’immigration, c’est l’aspect de la relation avec l’Algérie qui a prévalu. Le député Bastian Lachaud a bien résumé la situation.

L’histoire retient que l’OAS a tué plus de 2.200 personnes en Algérie et en France, dont beaucoup de Français, et a attenté à la vie du général De Gaulle. « Il est assez savoureux de voir les LR aujourd’hui réhabiliter l’OAS au sein de cet hémicycle », a ironisé la députée Sabrina Sebaihi.

Tout le problème est peut-être là, dans ce triomphe des idées de l’extrême-droite calquées désormais sans complexe par la droite républicaine, du moins par certains de ses représentants, jusqu’à se réclamer de l’héritage de l’OAS.


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Avant l’entame des débats sur le nouveau projet de loi sur l’immigration  à l’Assemblée nationale française prévus le 11 décembre prochain , les députés français ont échoué ce jeudi 7 décembre à faire tomber l’accord de coopération signé avec l’Algérie 27 décembre 1968 suite à une proposition de loi des Républicains .

Une proposition soutenue par des députés d’Horizons, le parti de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. Avec 151 voix contre 114, l’Assemblée nationale française a rejeté ce 7 décembre, en fin de matinée, une proposition de loi de la niche LR portant sur la fin de l’accord franco-algérien de 1968. Aux élus républicains se sont ajoutées des voix du Rassemblement national, mais aussi du parti Horizons, pourtant membre de la majorité. L’accord bilatéral en question existe depuis 55 ans et a été l’objet de trois révisions mineures en 1985, 1994 et 2001.


 

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