Crise au Niger : Initiative algérienne de sortie de crise

   

par Ghania Oukazi

«A la lumière des multiples consultations politiques et diplomatiques, du dialogue et de la concertation menés par l’Algérie avec les dirigeants et hauts responsables de pays africains, du Niger et des pays membres de la CEDEAO, le président de la République a décidé de proposer une initiative de ¬6 axes pour un règlement politique de la crise au Niger sur une période de transition qui ne devra pas dépasser les 6 mois».

L’annonce en a été faite, hier, par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger (MAECNA), Ahmed Attaf, qui a animé à ce sujet une longue conférence de presse au Centre international des conférences (CIC) Abdelatif Rahal, de Club des pins, à Alger. C’est à partir d’un rappel détaillé de toutes les consultations politiques que le président de la République a eu notamment avec certains de ses homologues africains et celles diplomatiques entreprises par Attaf en particulier lors de son périple africain qui l’a mené au Nigéria, au Benin et au Ghana et avant aux Etats-Unis, ainsi que le déplacement de son secrétaire général, Lounes Magramene, au Niger, que l’initiative en question a pris forme. Basée sur «la construction d’un consensus régional autour d’une solution politique et pacifique pour le règlement de la crise au Niger élargi au cadre du Sahel», l’initiative s’axe sur 6 points et la période de transition qu’elle propose pour sa mise en œuvre ne devra pas dépasser 6 mois», a-t-il noté.

Evoquant le principe qu’«il n’y a jamais de bonne guerre ni de mauvaise paix», ce qui oblige «à éviter le recours à la violence parce que les conséquences en sont désastreuses», Attaf a expliqué que «l’initiative politique du président de la République est pour éviter le recours à la solution militaire, donc résoudre la crise loin de la violence parce que nous avons tiré les leçons de la guerre en Irak, en Libye et au Mali (…)». Pour l’Algérie, «il faut de la patience et de la prudence pour arriver à une solution politique consensuelle», dit-il. Il a affirmé ainsi que «toutes nos réserves, nos préoccupations et nos craintes sur les conséquences désastreuses de la solution militaire sont largement partagées par les Etats membres de la CEDEAO et d’autres hors continent». Ce qui, précise-t-il, «nous encourage à proposer cette solution politique qui nous évitera la guerre». Il estime que «le président a décidé d’en faire part à la communauté africaine et internationale au titre de la transparence et de la recherche d’une large adhésion et d’un consensus».

L’initiative politique du président de la République se décline, selon lui, en 6 axes «rejet de tout changement anticonstitutionnel, un principe que l’Algérie a consacré lors du sommet de l’UA tenu en 2019 à Alger, et tient à ce qu’il soit renforcé lors du prochain sommet et appliqué sur le terrain, fixer une période de transition de 6 mois (au lieu des 3 ans annoncés par les putschistes ndlr) pour adopter une solution politique à la crise au Niger, initier des arrangements politiques pour cette sortie de crise avec la participation de toutes les parties concernées au Niger sous le contrôle d’une instance politique qui œuvrera au retour à l’ordre démocratique, constitutionnel et institutionnel, l’initiative se chargera de donner toutes les garanties pour une approche participative, l’Algérie entreprendra tous les contacts qu’il faut avec nos partenaires, avec toutes les parties qui peuvent et veulent participer à cette solution politique».

Le chef de la diplomatie algérienne fait savoir que «l’Algérie entreprendra à cet effet de nouvelles consultations politiques et diplomatiques dans trois directions à savoir à l’intérieur du Niger, auprès des Etats membres de la CEDEAO notamment le Nigeria qui en assure la présidence et au niveau international avec nos partenaires et les pays qui veulent que la crise au Niger soit résolue d’une manière politique et pacifique, qui sont pour une solution multilatérale et non unilatérale s’étalant au cadre large du Sahel». Attaf ajoute à propos de la 3ème direction et au titre des nouvelles consultations que «nous allons en parler avec nos amis américains, nous allons faire œuvre d’explication de l’initiative du président aussi à l’Italie, au Canada…». Pour lui, «la recherche de solution politique pour le Niger et le Sahel n’est pas orpheline, il y a des acteurs africains et hors Afrique prêts à travailler…». Le MAECN a soutenu que «le processus politique de règlement de la crise au Niger et dans le Sahel sera couronné par la tenue d’une Sommet sur le développement en Afrique, une idée de l’ONU, que l’Algérie veut réactiver pour en sortir avec des programmes basés sur une approche intégrée et globale qui assure un développement durable pour la région».

Sur le chapitre des Brics, Attaf affirme que «l’Algérie garde ses grands choix et ses principes et les cadres pour les préserver, le fait de ne pas être intégrée aux Brics ne changera rien à ses choix, elle continuera de travailler avec les cinq pays qui en sont membres, qui sont nos partenaires et nos amis». L’Algérie plaide en ce moment, a-t-il dit, «pour se tourner vers l’Asie et l’Asie centrale, elle intégrera la banque de développement des Brics et la banque de Shanghai».


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