Entre les bombes israéliennes et l’implacable machine médiatique occidentale, la Palestine

       

 

 

  par Abdelhak Benelhadj

Les bombardements systématiques d’une extrême violence se succèdent sans interruption contre un réduit de 45 kilomètres carrés d’où plus de deux millions de personnes, enfermés dans une prison à ciel ouvert depuis des décennies, ne peuvent s’échapper.

La colère israélienne est sans bornes aussi bien contre les Palestiniens (Hamas ou pas) que contre les défaillances qui ont rendu possibles leurs actions. Cette «performance palestinienne» a ébranlé les certitudes israéliennes. Une réputation d’inviolabilité a été outragée. La réaction démesurée à cet affront est proportionnelle à la prise de conscience qu’aucun «mur» ne suffit à protéger Israël de ses abus du droit et de la justice.

Les combattants palestiniens, plus que de «sauvagerie» ou d’inqualifiable «barbarie» ont fait preuve d’audace, de créativité et d’efficacité… des termes proches de l’image construite par les mêmes machines propagandistes des résistants ukrainiens face à l’envahisseur russe..

L’objectif est donc à la fois de se venger, de punir ces impudents en leur faisant subir un châtiment à la hauteur de l’outrage et aussi de tenter rétablir une crédibilité irréversiblement écornée, un des piliers de la sécurité d’Israël.

Il ne reste plus qu’à comble le gouffre entre la réalité du crime et la fiction d’une défense légitime qu’il faut absolument créditer aux yeux des opinions qui comptent.

Toute la médiasphère (R. Debray, «Cours de médiologie générale», 1991) est impliquée, dans une confrontation totale. On fera ici référence surtout aux réseaux publics et aux médias qui soufflent le «chaud» et le «froid» (M. Mc Luhan, 1968, pp. 41-52). Une autre guerre tout aussi violente se déroule sur les réseaux sociaux, la blogosphère… que tentent laborieusement de domestiquer les puissants de ce monde. En vain ?

Les techniques (anciennes et éprouvées) ci-après esquissées, sont simples, combinées à un contrôle quantitatif et qualitatif des acteurs, des protocoles et des moyens.

1.- Exagérer la dangerosité du «monstre» pour absoudre les forfaits commis en retour au nom de la justice.

Amplifier, grossir le «crime» de l’ennemi pour lui faire subir et ainsi les justifier, toutes les exactions présentes et à venir.

Insister sur le caractère «terroriste» de l’action de Hamas permet d’effacer par avance tous les crimes de guerre qu’Israël commet et prévoit de commettre contre les Palestiniens entassés dans un espace exigu où il serait difficile de distinguer les combattants armés et les civils inoffensifs. Aucune de ces actions n’a été concevable ni réalisable sans le feu vert de Washington, le seul qui compte. Par-delà les conflits en Palestine, l’état des rapports de forces actuel dans le monde renvoie à un futur indéterminé les comptes que les Etats-Unis devront rendre devant la justice et l’histoire.

La moitié des près de 10 000 morts à Ghaza, recensés fin octobre, du fait des bombardements israéliens, sont des enfants.

2.- Confusion 1. (Au sens étymologique) sciemment échafaudée et entre Hamas et Palestine, avec peu à peu l’idée qu’un soutien à la Palestine revient au soutien au «terrorisme».

Ce genre d’assimilation par contiguïté est fréquent ailleurs avec une égalité commutative qu’on peut commencer par le bout qu’on veut selon les circonstances :

Musulman = étranger = émigré = chômeur = parasite = délinquant = terroriste =…

S’ajoute au désordre civil qui fait les succès électoraux des partis d’extrême droite dans une Europe qui s’abrite derrière des «Murs», le désordre extérieur porteur d’une guerre des civilisations dont l’idée remonte au XIXème siècle, popularisée et réactualisée par Samuel Huntington (1996).

Il ne faut pas être naïf. Une partie importante de la communauté juive en Occident ou en Israël participe du sionisme, une sorte d’ancrage dans une géographie imaginaire et émotionnelle qui, pour certains, allège le poids de la culpabilité.

Le problème est que là aussi les confusions abondent : on parle de juifs, d’hébreux, de sionistes, d’Israéliens… en mélangeant les catégories nationales, religieuses, culturelles, linguistiques, politiques, idéologiques, «ethniques», «raciales»… Naturellement, les débats autour de ces confusions ne datent pas d’aujourd’hui. L’ambiguïté est si commode…

Toutefois, même en Israël pluriculturel, voire plurinational, par-delà la défense d’un Etat et du constat de sa confessionnalisation croissante, les opinions sont diverses et ne parviennent pas à aligner toutes les analyses et tous les projets.

La confusion entre juif, israélien et sioniste brouille les cartes et permet par exemple de traiter d’antisémites tous ceux qui s’opposent politiquement au colonialisme israélien. L’objectif est clair, soustraire à la critique Israël et son exécutif raciste. Les suprémacistes d’extrême droite qui le dirigent ne s’en cachent d’ailleurs pas et le proclament ouvertement.

Pour faire pression sur l’ONU qui a voté en grande majorité des nations représentées (140/193) une résolution contraire aux intérêts israéliens et sa conduite guerrière à Ghaza, les représentants israéliens ont décidé de jouer la carte de la confusion entre antisémitisme et antisionisme avec un même but, culpabiliser.

«‘Antisémite’ se disait habituellement de celui qui n’aime pas les Juifs. Il semble actuellement désigner quelqu’un que les Juifs n’aiment pas» Dr. Hajo Meyer, survivant de l’holocauste (1924-2014)

Cette attitude a été immédiatement dénoncée sur X (ex-Twitter) par Dani Dayan, le directeur de Yad Vashem pour qui le comportement du représentant d’Israël au conseil de sécurité «déshonore les victimes de la Shoah et l’Etat d’Israël».1

Elle le fut aussi par J. Attali, traitant B. Netanyahu de «criminel de guerre dangereux, l’un des pires ennemis pour la survie de l’État d’Israël» (Europe1, V. 20 octobre 2023) et bien avant cela par Norman Finkelstein dans une thèse soutenue à Princeton, publiée en 2000.2

On peut lire ce commentaire de The Nation, 13 novembre 2000 sur la quatrième de couverture de sa version française : «Quand il analyse comment ‘l’Holocauste’ a été exploité pour promouvoir des intérêts politiques, Finkelstein, touche juste. Il montre comment les démagogues de l’Holocauste font le lien entre l’‘unicité’ de l’événement et le caractère ‘élu’ du peuple juif, et utilisent les deux pour justifier la politique israélienne.»

Plus encore que lors de sa sortie, aucune référence à N. Finkelstein n’est faite dans la crise actuelle où ces techniques sont pourtant en oeuvre dans les médias. Précisément parce qu’elles le sont.

L’auteur est hors de portée des kabbales : fils de juifs survivants du ghetto de Varsovie.3

Confusion 2 : le retour des conjurés de la «Crise de Suez»

En 1956, avec l’aide américaine, les intérêts coloniaux israéliens et français convergent vers le Canal de Suez, prétextant sa nationalisation :

– Les uns, pour étendre leur occupation de la Palestine et réaliser leur «Eretz Israël»4 et,

– Les autres, pour conserver l’Algérie en endiguant les aides, transitant via l’Egypte nassérienne, en soutien à la lutte pour l’indépendance.

L’intervention de l’URSS dans le conflit réinitialise les ardeurs atlantistes et sionistes.

En Algérie, les extrémismes fusionnaient. Une part importante de la communauté juive rejoint celle des «Européens» et des grands barons du colonat.

Les «petits blancs» (les «Européens» venus de Malte, de Sicile, d’Espagne…) abusés comme nombre d’Israéliens, ont été convaincus de leur «élection» et se sont retrouvés échoués sur les rives françaises, la grève d’un pays qui n’a jamais été le leur. «Une main devant, une autre derrière».

Car, jamais aucun «papier» n’a décliné l’identité de qui que ce soit.

On retrouve aujourd’hui la même convergence des alliés de naguère combattant pour l’Algérie coloniale et les conquêtes israéliennes, relancée à la faveur du conflit en Palestine.

E. Zemmour en Israël : «Je viens […] dire [aux Israéliens] que leur combat est le nôtre, que c’est un grand combat de civilisations» Il a aussi critiqué le président Emmanuel Macron, à la tête, selon lui, «d’un pays qui a deux peuples, un peuple français de vieille souche et un nouveau peuple islamo-gauchiste». «Le drame de M. Macron et surtout de la France, c’est qu’il y a deux civilisations sur le même sol et il ne peut pas y avoir deux civilisations sur le même sol».5 (AFP, L. 30/10/2023)

Les parents de E. Zemmour, eux, sont de souche sétifienne.

Enrico Macias (natif de Constantine) retrouve de vieux réflexes et qualifie, mardi 10 octobre 2023 sur CNews, les élus insoumis de «complices» du Hamas : «Quand j’entends l’extrême gauche qui se défausse devant cette horreur, vous m’obligez à dire : il faut les dégommer […] Bien sûr, politiquement, mais peut-être même physiquement».

Le député d’extrême droite Julien Odoul se trouvait au rassemblement organisé par le Crif lundi 09 octobre à Paris lorsqu’il a répondu à une personne souhaitant «éradiquer Gaza, mais aussi La France insoumise» en ces termes : «C’est ce qu’on va faire demain à l’Assemblée». (Franceinfo, mercredi 11/10/2023). Seulement à l’Assemblée ?

3.- L’illusoire symétrie : «Israël contre le Hamas»

Il ne s’agit pas ici d’un combat ou d’une guerre entre deux armées de tailles et de moyens équivalents.

Les quelques centaines ou milliers de combattants palestiniens ont en face d’eux l’armée la mieux équipée de la région disposant d’avions, de chars, de vaisseaux de guerre, de satellites et même de têtes nucléaires, bénéficiant de l’assistance de la plus importante armée du monde qui a dépêché sur place pour l’occasion deux immenses porte-avions pour interdire à quiconque d’intervenir dans la boucherie israélienne.

Le président français désormais célèbre par ses maladresses et ses revirements, ne propose rien de moins que la constitution d’une coalition internationale contre Hamas.

Projet aussitôt annoncé aussitôt retiré : déjà exclue de la plupart des tours de table, cette proposition signifierait un suicide diplomatique de la France. Au reste, le poids militaire, économique et politique de la France étant ce qu’il est, cette idée (uniquement et brièvement débattue en France) n’a retenu l’attention ni d’Israël ni d’aucun autre pays concerné.

L’Etat désormais «juif»6 n’a besoin du concours d’aucun autre pays pour s’occuper des Palestiniens.

Outre tous ces moyens militaires, Israël dispose de puissants réseaux sionistes dans le monde (économiques, financiers, médiatiques, politiques…) face auxquels les Palestiniens seraient bien en peine d’offrir le moindre répondant. Tout l’univers médiatique le sait mais n’en dit mot sous peine de ruiner l’image d’un «mal mortellement dangereux et omnipotent».

Les voix en faveur de la Palestine, face à la puissance médiatique contrôlée directement ou indirectement par ces lobbys, sont rendues inaudibles. Par la menace (exhiber un drapeau palestinien relève du terrorisme) ou par l’interdiction tacite de toute voix dissidente.

Objectivement inégal et asymétrique sur le terrain opérationnel, le complexe militaro-médiatique se charge de rétablir l’équilibre dans les représentations et offrir aux opinions les images d’un combat d’égal à égal.

Les Israéliens et leurs «alliés» occidentaux exagèrent considérablement les capacités de Hamas pour rendre acceptables le massacre de millions de civils privé d’abri, d’énergie, de nourriture, d’eau, de médicaments…

Au reste, si Israël avait longtemps soutenu et conforté Hamas pour affaiblir l’Autorité palestinienne qui ne représente plus grand chose aujourd’hui, il ne lui aurait jamais permis de disposer d’une véritable armée : au mieux une milice (sévèrement contrôlée) pour assurer le service d’ordre à Ghaza.

La guerre est possible quand le plus fort écrase le plus faible assuré de ne subir aucun désagrément en retour. La guerre n’est concevable que dans des configurations asymétriques.

Deux forces de puissance mortifère égale, surtout quand elles sont également dotées d’armes de destruction massive, préfèrent négocier un modus vivendi qui s’imposent à elles sous le régime du fameux «équilibre de la terreur».

Ce fut le cas jusqu’en 1990 au cours de la «guerre froide» entre les Etats-Unis et l’URSS et aujourd’hui entre Américains et Russes.

Personne ne peut l’emporter sans dommages graves et irréversibles (cf. «le pouvoir d’une seconde frappe»).

C’est en cela que l’opération palestinienne du 07 octobre est héroïque démontrant les faiblesses d’un adversaire convaincu d’être «absolument» invincible.

C’est la raison pour laquelle la violence militaire israélienne ne se reconnaît aucune limite pour rétablir cette image d’invincibilité en punissant avec une extrême sévérité tous ceux qui oseront l’éprouver.

L’opération des combattants de Hamas a remis en cause une des composantes fondamentales de la sécurité d’Israël.

Pourquoi ce qui est vrai des combattants palestiniens armés de fusils ne le serait-il pas pour les pays voisins convaincus jusque-là de leur infériorité et de leur incapacité à vaincre l’armée israélienne ?

On comprend à quel point l’enjeu dépasse la dimension locale du problème.

4.- Amnésie. Les événements sans cause et sans histoire.

Depuis 1948, pour les Palestiniens, l’histoire d’Israël est une succession de spoliations et de malheurs.

Pour ce qui est de l’histoire récente, les Israéliens ont violé le mirage des Accords d’Oslo à laquelle a succombé Y. Arafat et la colonisation de peuplement de leurs terres n’a jamais cessé.

Médiatiquement, cette HISTOIRE doit être effacée. Et elle l’est.

Pour les Israéliens et leurs soutiens occidentaux tout commence le 07 octobre 2023. Les médias s’appliquent à édifier un mur étanche entre l’avant et l’après entre les effets et les causes.

Mieux, il n’y a pas d’avant.

Le conflit israélo-palestinien n’a pas d’histoire.

Il importe que le «désordre» soit sans cause. Pour deux raisons intimement imbriquées :

1.- Comprendre, c’est établir un lien de causalité qui ouvre la porte au temps irréversible.

2.- Comprendre, c’est excuser. Et le «crime terroriste» ne peut se prévaloir d’aucune excuse.

Mais si les événements commencés le 07 octobre n’ont pas de causes et que le principe de causalité est répudié, il devient alors impossible de les «comprendre» au sens d’en rendre compte rationnellement. Qui songerait une seconde à établir un lien entre médias et raison ?

Il s’ensuit que la seule autre explication reviendrait à ranger Hamas (et tous les Palestiniens) dans la catégorie des acteurs sataniques, le «mal absolu» opérateur politique commode aux Etats-Unis au moins depuis l’époque de R. Reagan.

Mardi 10 octobre, J. Biden assurait Israël de son appui sans réserve face au «mal à l’état pur».

«J’ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz, tout est fermé. Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence» Le ministre de la Défense israélienne, Yoav Gallant. L. 09 octobre 2023.

A la suite de quoi tous les médias de la planète occidentale se coalisent pour diffuser le message et affranchir «Tsahal, la plus morale de toutes les armées du monde», de toute contrainte éthique et politique.

«Nous avons aboli toutes les règles de la guerre. Nos soldats n’assumeront aucune responsabilité. Il n’y aura pas de tribunaux militaires.» Yoav Gallant, mercredi 11 octobre 2023.

Personne ne viendra au secours de la Palestine, pas même la mauvaise conscience du monde civilisé.

Au reste, Ghaza n’est ni un pays, ni un Etat, ni une nation.

Ghaza n’est qu’une «enclave».

Et après ?

Toutefois, si la position israélienne n’est ni morale, ni juste, ni défendable, contrairement à celle des dirigeants arabes, elle a le mérite de la cohérence. Punir collectivement tous les Palestiniens de Ghaza, se venger de leur audace et de leur insolence et donc les soumettre à la dure loi du Talion, correspond à une analyse correcte des faits : il est sans doute exact que tous ces Palestiniens, qu’ils soient ou non membres ou sympathisants de Hamas, applaudissent à la «performance» des combattants du 07 octobre.

Même l’assassinat des milliers d’enfants palestiniens est dans cette logique abominable et inhumaine : les enfants survivants seront demain les futurs combattants palestiniens qu’Israël aura en face de lui. Comme les combattants d’aujourd’hui, naguère enfants, sont ceux qui ont vu leurs parents chassés de leurs terres ou exterminés.

La logique israélienne est de plus en plus claire : les Palestiniens ne sont pas chez eux en Israël. Ne leur reste que deux options : soit ils partent vers d’autres pays arabes comme ils le font depuis 1948, soit ils seront exterminés. Ghaza et la Cisjordanie, camps de concentration provisoires, seront grignotés mètre carré par mètre carré (dixit A. Sharon).

Il reste un problème : aujourd’hui le Hamas est partout. Ses sympathisants se comptent par millions qui défilent dans les rues du monde entier.

Le 31 octobre, la Bolivie rompe ses relations diplomatiques avec Israël l’accusant de commettre des crimes contre l’humanité.

Le lendemain, 1er novembre, la Colombie et le Chili rappellent leurs ambassadeurs en Israël.

A l’évidence, la Doctrine Monroe a vécu.

Le premier ministre israélien a placé son opération sous le signe de l’éradication de Hamas.

Comment va faire Israël pour exterminer tous ces «terroristes» ?

Personne ne lui a dit qu’au tournant du millénaire, peu à peu le monde change et qu’à l’échelle de l’histoire humaine, cinq siècles c’est moins qu’une seconde d’illusoire éternité.

PS : Les princes, les émirs, les rois, les généraux, les maréchaux… sont aux abonnés absents, la Jordanie commande des «Patriot», l’Arabie Saoudite projette l’achat de Rafales… les autres dirigeants «élus», à défaut d’agir, comme d’habitude bruissent, déclament, plastronnent et laissent prudemment à la «rue arabe» le soin de parader et de se consumer dans un désert de pusillanimité collective. Ni les Israéliens, ni leurs alliés n’ont jamais craints quoi que ce soit de ce côté-là.

Notes :

1 «L’étoile jaune symbolise l’impuissance du peuple juif et sa dépendance envers les autres. Nous avons désormais un État indépendant et une armée forte. Nous sommes maîtres de notre propre destin. Aujourd’hui, nous accrocherons à notre boutonnière un drapeau bleu et blanc, pas une étoile jaune», a-t-il ajouté.

2 «L’industrie de l’Holocauste. Réflexion sur l’exploitation de la souffrance des Juifs».

La Fabrique éditions, 2001, 157 p.

3 La postface du livre a été rédigée par Rony Brauman président de Médecins Sans Frontières (MSF) né à Jérusalem dont le père fut un résistant et un militant sioniste. La Fabrique éditions est dirigée par Éric Hazan fils d’une mère d’origine juive roumaine née en Palestine et d’un père juif originaire d’Égypte. Eric s’était engagé en faveur de l’indépendance algérienne. Imaginons, en toute naïveté…, le sort d’un auteur (allons, au hasard, palestinien, bardé d’une ascendance confessionnelle et politique « chargées») qui commettrait un livre similaire…

4 Eretz Israël (Wikipedia) et Maxime Rodinson : «Peuple juif ou problème juif» Maspero, 1981, 361 p. Lire p. 19 sqq «Un peu de clarté au départ».

5 Au premier tour de la présidentielle de 2022, M. Zemmour avait réuni 53% des voix des électeurs français inscrits en Israël, devant M. Macron (30%)

6 Jusque-là « Etat hébreu», le Parlement israélien a adopté une loi le 19 juillet 2018, qui proclame Israël « État-nation du peuple juif», avec l’hébreu comme seule langue officielle et Jérusalem unifiée comme capitale, en opposition au sionisme laïc originel, aux dispositions de la Charte des Nations Unies et aux Résolutions du conseil de sécurité.


             Les mots (français) au service du mal (sioniste)

                                       par Belkacem Ahcène-Djaballah

«La désinformation commence par la mauvaise utilisation de la terminologie » (Malek Khaldi, universitaire tunisien, Inesg/ Alger, 29 octobre 2023)

Il ne faut pas être grand clerc ou sortir de la Sorbonne (Paris), de l’Ensj d’Alger ou de l’Athens School of Journalism (Usa) pour comprendre très vite combien les medias français, tout particulièrement, pour la plupart, avec leurs journalistes et leurs consultants ont, depuis le début du conflit «israélo-palestinien» (un conflit qui rejoint, dans son traitement médiatique, celui ukraino-russe) sont et restent toujours d’un parti-pris flagrant en faveur de l’entité sioniste expansionniste, raciste et éradicatrice sous-couvert de défense et illustration , et non plus seulement de l’être juif ou même de «l’Etat d’Israël» tel que créé en 1948.

Il y a, en France, tout particulièrement, puisque la tendance a été accentuée avec les décisions des Autorités chargées du « maintien de l’ordre», avec l’accord assurément des plus hauts responsables de l’Etat, d’interdire toute manifestation dénonçant le barbarie israélo-sioniste à l’encontre des Palestiniens, de Ghaza mais aussi de Cisjordanie. Et dénonçant le parti-pris médiatico-politique évident, en France même, alors que partout dans le monde les sociétés réellement démocrates et profondément humaines manifestent leur soutien à une « Palestine libre», à une «Free Palestine». Il ne faut pas sortir de la Sorbonne, de Harvard ou de la Fac des sciences Po’ d’Alger pour comprendre que la France et bien de ses français ont des comptes à régler avec leur passé dont ils n’arrivent pas à digérer les déconvenues, voire les défaites humiliantes: l’Indochine et Dien Bien Phu, l’Algérie, les pays du Sahel… et pour les plus anciens (qui ont évidemment contaminé leurs descendants légitimes, «adoptés» et autres bâtards, à l’image de Zemmour, de Messiah, Bardella, Valls…) à oublier la France Vichyste et collaborationniste des nazis, France qui a envoyé aux fours crématoires des millions de juifs . A l’époque, l’Algérie alors colonisée n’avait pas été épargnée et après avoir été déchus de leur nationalité française le 7 octobre 1940, et dépouillés de leurs biens et renvoyés des écoles et de leurs emplois, des dizaines de milliers de juifs Algériens ont été envoyés, entre 1941 et 1944, au Sahara dans des camps de concentration. Beaucoup n’ont échappé à la mort ou au dénuement que grâce à des «justes» Algériens musulmans. En France occupée, aussi !

Un véritable complot médiatico-politique de droite et d’extrême-droite fascisante, cultivant un «syndrome» ou «complexe du refoulé» que l’on retrouve donc quotidiennement dans les discours et dans les emplois détournés de mots: jamais le «Sionisme» n’est évoqué même «Israël» est subtilement évité, mais toujours le «Juif» pour tenter de prouver que la résistance palestinienne et les manifestations en faveur de sa cause sont plus racistes que révolutionnaires. Cela s’est d’ailleurs retrouvé lorsque le sionisme a été assimilé officiellement, en France, à l’antisémitisme et que dans le Larousse 2016 (p1060), alors que les Arabes et les Juifs sont tous les deux classés race «sémite» (car cousins, descendants d’une même lignée, celle de Sem, fils de Noé) plus loin la définition de l’antisémitisme (p89) ne concerne que les Juifs. Les Arabes, exit ! Les mots au service de qui et de quoi ? Réponse élémentaire et point n’est besoin de sortir d’une fac’ des lettres.


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