–
L’Union européenne «n’a pas demandé le transfert de gaz du Nigeria via le Maroc», a affirmé Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Invité à l’Université euro-méditerranéenne de Fès, dans le cadre de sa visite dans le royaume, M. Borrell indique que «l’Europe ne cherche pas seulement à remplacer le gaz russe mais de se débarrasser (de sa dépendance vis-à-vis) du gaz et des hydrocarbures».
Et d’ajouter : «Oui, nous aimerions avoir une autre ressource de gaz naturel. Mais dans nos plans et d’ici six ou sept ans, nous n’en aurons pas besoin».
Pour M. Borrell, «si le projet est destiné seulement à transporter du gaz vers l’Europe, nous en serons ravis, mais nous ne l’avons pas demandé ».
A contrario du Maroc, l’Algérie, qui a conçu ce projet dans les années 1980, est déjà le premier fournisseur africain et le troisième fournisseur mondial de gaz naturel de l’Europe, dont elle couvre 11 % des besoins par an. Au regard de récentes découvertes gazières, ses approvisionnements pourraient être revus à la hausse.
Courtisée par les dirigeants européens depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Algérie souhaite renforcer son positionnement sur l’échiquier gazier international en acheminant par ailleurs plus de 30 milliards de m3 par an depuis le Nigeria. En juillet, Alger a signé avec le Nigeria et le Niger un mémorandum d’entente.
« Ce projet a rejoint en 2002 ceux du Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), qui vise à renforcer l’unité des pays africains » à travers les infrastructures, dont « la construction de routes et le déploiement de la fibre optique entre Alger, Lagos et l’Afrique du Sud », rappelle Lagha Chegrouche, expert en géopolitique énergétique et directeur du Centre de recherches nord-africaines (Cena) de Paris, cité par le site afriquexxi.info
Par ailleurs, il y a lieu de dire que «l’Union européenne veut cesser d’importer totalement du gaz russe en 2027 au plus tard, explique Francis Perrin.
Les réserves de la Russie – premier fournisseur de l’UE –, estimées à 45 000 milliards de m3, sont difficiles à remplacer. Le Nigeria, argumente -t-il, «sera une partie de la solution aux côtés de l’Algérie».
Dans cette optique, il convient de noter que le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a, dans une interview accordée au magazine allemand “Der Spiegel”, précisé que «notre pipeline est plus sûr et plus viable économiquement. Tandis que l’autre pipeline (Nigéria–Maroc), qui traverse 12 pays sur une distance de plus de 6000 km, est plus complexe et illimité ».
Il ajoutait que «le financement de ce projet (gazoduc Nigéria-Maroc) est également flou», ajoute M. Arkab, soulignant que «l’Algérie possède les ressources et la volonté de financer une grande partie du gazoduc transsaharien (TSGP) ».
Mohamed Ait S