LIVRES / ELLES ! BELLES ET REBELLES

par Belkacem Ahcene-Djaballah 

                                           Livres

Robba, la Berbère donatiste. Roman de Driss Reffas. Casbah Editions, Alger 2023, 143 pages, 850 dinars

Robba est une femme berbère et rebelle, enfant des plaines de Mcid (Sfisef) et de Ghriss (Mascara), née au printemps de l’an 384, dans une petite cité berbéro-romaine adossée au flanc d’une forêt du mont Guetarnia. Donatiste, comme toute sa famille. Donat est un évêque chrétien de Baghai des Nemmenchas (Aurès) ayant développé sa propre Eglise africaine, d’obédience orientale, est, en définitive, un nationaliste avant l’heure. Il s’est opposé à l’église catholique proche des Romains alors dirigée par celui qui deviendra Saint Augustin. Le 12 février 405, le donatisme, assimilé à une hérésie religieuse, suite à un concile des évêques catholiques réuni à Carthage, fut déclaré hors-la-loi. Et ce, jusqu’à l’arrivée des Vandales.

Les adeptes donatistes ont eu comme alliés les circoncellions – des révoltés en armes issus de la population ouvrière agricole algéro-berbère qui s’étaient rebellés contre les colons romains et leurs alliés berbéro-romains. Ce fut une femme qui a marqué de son empreinte le Sud-Est de la Maurétanie césarienne et ce sans armes ni armée, à pied ou sur un équidé.

Elle fut assassinée (par des berbères romanisés…les «harkis» de l’époque) le 25 mars 434. De ce fait, elle fut élevée à la dignité de martyre par les donatistes. Une basilique lui a été consacrée à Benian (Ala Miliaria, cité antique à 30 km de Mascara) et le djebel Robba à Mcid (près de Sfisef) rappelle l’histoire de cette combattante de l’Algérie antique chrétienne.

L’Auteur : Chirurgien -dentiste, l’auteur né à «Mercier Lacombe» (Sfisef aujourd’hui/wilaya de Sidi Bel-Abbès) est d’abord passé par l’Ecole nationale des cadets de la Révolution de Koléa

Table des matières : Préface (de Yasmina Khadra)/ La lettre de l’auteur/ Préambule/ 11 chapitres :- La naissance de Robba (…) -Le chemin de la mort / Postface/Notice d’œuvre complète avec standard de l’épitaphe de Robba/ Index géographique/ Chronologie/ Bibliographie/Sitographie.

Extrait : «Nous sommes un peuple qui a toujours refusé l’oppression étrangère. Nous n’avons ni armes, ni armée régulière. Notre seule arme est notre foi» (p73)

Avis : A la re-découverte d’une de nos héroïnes nationales, de celle aux «mille vertus, qui a imposé sa légende au temps des oracles et qui, aujourd’hui, peine à se faire entendre dans le tumulte des curées»… et, aussi et surtout, d’un pan important de la construction populaire de la nation algérienne.

Citation : «Les peuples oublieux de leur Histoire ne font que nomadiser à travers les âges, sans oasis probantes ni escales véritables» (Yasmina Khadra, p 11), «En pays berbère, l’histoire de la domination romaine est celle de cinq siècles de guerres acharnées pour l’indépendance et la liberté» (Mahfoud Kaddache, in «L’Algérie des Algériens», 2003, cité, p 26).

L’Algérie belle et rebelle de Jughurtha à Novembre. Poèmes de Boualem Bessaïh. Editions Anep, Alger 2004, 177 pages, 500 dinars (Fiche de lecture déjà publiée. Extraits. Pour rappel seulement. Pour lecture complète, voir inwww.almanach-dz.com/histoire/bibliotheque dalmanach)

En près d’une quarantaine de textes poétiques, l’auteur, connu pour sa grande culture historique doublée d’une culture politique vérifiée sur le terrain (durant la guerre de Libération nationale et après, sur d’autres fronts, dont le diplomatique), a su nous plonger – et de quelle manière – dans les profondeurs de la nation…de sa naissance à sa résurrection et sa renaissance, à travers les combats de ses hommes et femmes.

En dehors du poème introductif consacré à «L’Algérie, mon pays», il a respecté la chronologie des faits, mettant en relief , à chaque étape, les images les plus fortes, celles des combattants ou celles des faits, toutes accompagnées de symboles et rythmées aux fracas des armes et aux chocs des idées.

La domination romaine avec Césarée (Cherchell) et ses statues de marbre «témoins gris et muets d’une gloire passée», les Vandales, Byzance (qui mit un terme au règne Vandale) , l’Algérie musulmane, la résistance à l’occupation française (Bonaparte et la Régence d’Alger, l’Emir Abdelkader, Fatma N’Soumer, Mokrani, Bouâmama, Mohamed Belkheir, l’Emir Khaled, Ibn Badis) et , enfin, le combat décisif (du 8 Mai 1945 à l’Indépendance en passant par Novembre, les Août (55 et 56) , les Djemilas, Sakiet, décembre 60, Octobre 61). Il y a, aussi, les lieux et les villes : Alger, Oran, Tlemcen, Constantine, Ghardaia, Biskra, Batna… .Les Aurès, Le Hoggar…

Cependant, la richesse des faits ne peut occulter la puissance du verbe. Des poèmes en vers libres puissants dignes de devenir, non d’être «la légende d’une Nation»

L’Auteur : Officier de l’Aln, docteur ès Lettres et sciences humaines, diplomate, ambassadeur, plusieurs fois ministre (Information et Culture puis Affaires étrangères) (…) auteur de plusieurs ouvrages littéraires et historiques. Il a, aussi, écrit le scénario du film «Cheikh Bouâmama», réalisé par Benamar Bakhti.

Extraits : «Ces noms, Massinissa, Syphax, Jughurta /des monts de l’Ouarsenis à l’Aurès sauvage/du joug de l’oppresseur ont fait sonner le glas/léguant la liberté, au peuple en héritage» (p24) (…)

Avis : Ouvrage publié à l’occasion du cinquantième anniversaire du déclenchement de la Révolution. (…)

Citations : (…) «Mort digne plutôt que vie humiliée» (p 106), «Même rehaussé, le vil demeure vil» (p 107)


Ps : A signaler le récent ouvrage documentaire édité par le Cndpi (ministère de la Communication) : «Les femmes algériennes, le soldat inconnu…» retraçant le rôle majeur de la femme dans la résistance et sa lutte contre le colonisateur français. 159 pages de documents et photos d’archives.


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