LIVRES / LE LIVRE

                                                                                   par Belkacem Ahcene-Djaballah   

                                                                       Livres

Le noble Coran.Traduction du sens de ses versets et annotations… Recueil de Messaoud Boudjenoun et Kamel Chekat. Al Bayazin Editions, Alger 2023, 595 pages, 3 000 dinars

Le Coran (114 sourates : 86 d’origine mecquoise et 28 d’origine médinoise ; 6236 versets), le livre sacré par excellence des musulmans, a suscité, depuis toujours, certes l’intérêt des non-musulmans mais aussi, hélas, pas mal de curiosité malsaine, emplie d’arrière-pensées. Les toutes premières traductions vers le français, qui furent l’œuvre d’hommes d’église avaient beaucoup plus comme intention non la connaissance du Livre sacré mais surtout une volonté de le réfuter et démontrer qu’il n’est pas une révélation divine.

Bien d’autres traductions suivirent sous la plume d’orientalistes, pour la plupart Occidentaux… certaines assez complètes. Des intellectuels musulmans suivirent (Mohammed Hamidullah, Ahmed Ghedira, Salah Eddine Kechrid…), dont des Algériens (Hamza Boubekeur, Ahmed Laimeche, Malek Chebel, Hachemi Hafiane, Hocine Rais, Mohand Tazrout…).

Aujourd’hui, on a (enfin !) une traduction bien de chez nous, qui, cerise sur le gâteau, est accompagnée d’annotations et de renvois nombreux et précis, fournissant aux croyants, aux sceptiques et… aux simples curieux, les explications et les clarifications nécessaires pour une meilleure compréhension des versets, surtout ceux à connotation scientifique.

Les Auteurs :-Messaoud Boudjenoun est né en 1959 à Alger. Journaliste, écrivain et traducteur, auteur de plusieurs ouvrages sur la pensée islamique et traducteur de plusieurs classiques de la littérature religieuse. Actuellement haut-fonctionnaire au Haut Conseil islamique

-Kamel Chekat est né le 30 janvier 1967 à Alger. Théologien, animateur d’émissions religieuses, en langue française, à la télévision et à la radio nationales. Rédacteur en chef-adjoint au sein de la «Revue des études islamiques» du Hci. Maîtrise de plusieurs langues étrangères. Membre fondateur de la Ligue des Oulémas, Imams et Prêcheurs des pays du Sahel. Plusieurs publications sur la religion et l’Islam.

Sommaire : Quelques règles de transcription de mots et noms en caractères latins/ Biographie des traducteurs /Avant-propos des traducteurs/ L’histoire du corpus coranique/Du caractère et du style inimitables du noble Coran/ Les 114 sourates (titres et pagination) du Coran/ Sourates (textes et annotations)

Extraits : «Le mot Coran dérive de la racine trilitère qa-ra-‘a (lire). Il signifie ce qui doit être lu ou récité oralement» (p 14), «Les Arabes de l’époque ayant plusieurs parlers en fonction des tribus de la péninsule, «‘Othman avait décidé d’unifier les lectures en se basant sur le parler des Qoreïchites qui était celui des habitants de La Mecque, là où fut révélé le Coran» (p 17), «Les versets révélés à La Mecque ont une connotation métaphysique et eschatologique et traitent des données fondamentales de la foi… Quant aux versets révélés durant la période médinoise, ils ont plutôt une connotation juridique, sociale, économique voire même politique, des éléments à la base de la constitution d’un Etat…» (p20), «Pour tout musulman, qu’il soit lettré ou pas, d’origine arabe ou non arabe, le Coran est très clair et très limpide et sa lecture est facile. Il est d’une éloquence incomparable, d’un style particulier qui ne relève ni de la poésie, ni de la prose, ni de la rhétorique en tant que telles et il ne souffre d’aucune ambiguïté, incohérence ou contradiction si minime soit-elle. La mélodie que sa récitation exerce sur les esprits n’a pas sa pareille» (p 22)

Avis : Enfin une traduction algérienne très fine et, surtout, accompagnée de notes explicatives. Un travail fabuleux qui mérite une lecture attentionnée. Destiné surtout aux francophones, croyants ou sceptiques… tout en espérant voir les annotations traduites… en arabe (si ce n’est pas déjà réalisé !)

Citations : «Le noble Coran, un océan sans rivages» (Abou-Hamid El Ghazali, théologien et soufi, cité p 12), «Le Coran a été préservé d’abord dans les cœurs et les mémoires et transmis de bouche à oreille, de génération en génération, avec la même attention et la même rigueur, avant de l’être par l’écriture» (p 19), «Le texte coranique est un sacrement : il apporte la grâce de le croire. Sa naissance fut un miracle» (p 24)

LectureS du Coran. Essai de Mohammed Arkoun. Editions Sedia, Alger 2016, 2 200 dinars, 567 pages (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel, extraits. Fiche de lecture complète in www.almanach-dz.com/culture/ bibliotheque d’almanach)

C’est un ouvrage paru initialement en 1982 puis republié en 1991. (…). La pensée de Mohammed Arkoun, foisonnante et tout en nuances, n’est pas d’un abord facile. Pour l’assimiler, il faut du temps et des instruments critiques que peu de personnes maîtrisent. Mohammed Arkoun avance à pas de loup dans un corpus des plus touffus.

À plusieurs reprises, dans son ouvrage, il se déclare conscient de l’inégalité du combat qu’il mène contre l’interprétation idéologique et politique de l’islam. Son objectif : restituer le Coran dans sa fonction d’élan religieux, après son dépouillement de ce que les sciences humaines peuvent légitimement s’approprier du texte, en tirant au clair son mode de production formel. Ainsi, l’islamologue espère rajeunir non pas le Coran, mais sa lecture et, tout en lui gardant son intégrité de Tout signifiant, introduire, pour le comprendre et l’analyser, un appareil critique lourd. Pour ce faire, il mobilise toutes les ressources de la linguistique, de la sémiotique, de l’histoire des mentalités, de la sociologie, de la critique littéraire… pour déconstruire le discours classique sur le Coran.

Ce faisant, il s’aventure dans «l’impensé et l’impensable» d’une interprétation figée au XIIIe siècle par «la fermeture des portes de l’ijtihad», réfractaire à toute nouveauté. Une fermeture qui a codifié et réorganisé le Coran, en a balisé la lecture, atrophiant par là même la raison, pour la plier à la littéralité du texte, l’obliger à accepter comme vérités ce qui n’est que termes de métaphore, à prendre pour sens propre ce qui n’est que sens figuré, etc. (…) La table des matières est, à elle seule, parlante : (…)

L’Auteur : Né à Taourirt Mimoun /Tizi Ouzou, le 1er février 1928, décédé en 2010 en France et inhumé au Maroc. Etudes à Oran et à Alger puis à la Sorbonne-Paris. Enseignant et conférencier à travers le monde. Un des islamologues les plus importants de l’époque contemporaine. Penseur exigeant et militant pour une refondation humaniste de l’Islam.(…)

Extraits : (…), «Du côté musulman, le vide intellectuel et scientifique est dû à la très faible présence, voire à la totale absence des sciences de l’homme et de la société, surtout dans les facultés ou les départements d’études islamiques. Et, quand il s’agit du Coran, il y a soit l’autocensure imposée par un environnement militant, soit le conformisme desséchant à une «orthodoxie» fixée dès l’époque de Tabari, mais plus que jamais rigidifiée par l’actuel «radicalisme islamiste» (p 13).

Avis : Une lecture croyante du Coran, mais libre, contemporaine, affranchie des diktats (notamment vestimentaires) et des commandements et interdits de tous ordres qui en alourdissent la lecture idéologique et politique.(…)

Citations : (…), «L’idée principale est qu’on constate une disproportion croissante entre la consommation idéologique et imaginaire du Coran au jour le jour et la prise en considération, par une pensée libre et critique, de tous les problèmes qu’il pose, aujourd’hui, non seulement aux musulmans, mais à tous les esprits soucieux de renouveler notre connaissance du phénomène religieux» (p 35)


PS : Ouvrage en arabe édité en Algérie. «La radio comme je l’ai vue et comme je la vois». Essai de Khelifa Benkara. Editions Saihi (2ème édition revue et augmentée), Alger 2016, 175 pages.La radio publique nationale : sa naissance, son développement, les radios nationales, la restructuration de la Rta, les radios spécialisées, les radios régionales, les nouvelles technologies, les nouvelles formes de la communication radiophonique…


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