Le silence marocain encourage l’occupation sioniste à persévérer dans ses tentatives d’effacer l’identité arabe, musulmane et chrétienne de la ville sainte.
Le Sommet arabe d’Alger a fait de la question palestinienne un facteur central de l’action arabe. La défense de l’arabité d’El Qods dans le cadre du projet «la terre contre la paix» adopté par l’ensemble des pays membres de la Ligue des États arabes, met ces nations dans l’obligation d’agir. Abdelmadjid Tebboune qui préside, actuellement, le Conseil de la Ligue arabe n’a pas fait dans la nuance dans son message lu en son nom par le ministre des Affaires étrangères à la Conférence de haut niveau en soutien à El Qods qui se tient au Caire. «Nous avons réitéré la détermination de poursuivre et d’intensifier nos efforts et nos démarches en vue de défendre El Qods occupée face à la répression sioniste systématique qui cible cette ville, sa population et ses lieux saints», a affirmé le chef de l’État.
Première Qibla de l’Islam, celle ville sainte est censée bénéficier automatiquement de la protection du Comité El Qods que préside le Maroc. Un État qui a fui ses responsabilités jusqu’à se taire face aux multiples profanations de la Mosquée El Aqsa par des hordes de juifs orthodoxes.
Le silence marocain encourage l’occupation sioniste à persévérer dans «ses tentatives d’effacer son identité arabe, musulmane et chrétienne» de la ville sainte, souligne le président Tebboune. Cette accusation directe que porte le président algérien à l’endroit d’Israël repose sur des faits que la communauté internationale n’ignore pas. Néanmoins, elle laisse faire une entité illégale qui essaie «de modifier son statut et de profaner ses lieux saints, dans le sillage des récentes provocations enregistrées», note le chef de l’État, estimant que les gesticulations sionistes autour des lieux saints de l’Islam «n’apporteront que des acquis illusoires en contradiction avec l’Histoire, la légalité et la démographie». Ces trois éléments feront reculer les desseins de l’occupation. Lesquels mettent «en péril la coexistence qui caractérisait cette ville au fil des siècles». Les folles ambitions d’Israël «compromettront (…) les perspectives de relance du processus de paix au Proche-Orient», soutient le chef de l’État, comme pour prendre à témoin l’opinion mondiale sur le gâchis historique culturel, cultuel et humain que cause l’occupation israélienne de la Palestine.
Le président Tebboune a transmis la détermination algérienne devant les responsables arabes. «Nous réitérons, en Algérie, notre attachement total au soutien du droit du peuple palestinien à l’établissement de son État indépendant sur les frontières du 4 juin 1967, avec El Qods Echarif pour capitale.» Plus qu’un souhait, l’Algérie en fait une promesse et les Algériens, qui ont eu à combattre avec succès une très longue colonisation de peuplement, savent que la volonté des peuples est imbattable. Ce soutien à la cause palestinienne est volontairement ostentatoire pour que nul n’oublie, ni n’ignore la lutte héroïque des Palestiniens. Une ostentation assumée, mais aussi adossée à un réel travail diplomatique. Cette mission a contribué à «l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies pour l’activation du rôle de la Cour internationale de justice (CIJ) dans la consécration des droits du peuple palestinien», a salué le chef de l’État. Cette victoire n’aura de sens que dans une réconciliation inter-palestinienne effective. En cela, «l’Algérie poursuit en coordination avec toutes les parties ses efforts visant à rassembler les rangs et à préserver l’unité nationale palestinienne», a informé le président de la République. Et de rappeler, à ce propos la «Déclaration d’Alger» qui a vu les Palestiniens exprimer «leur engagement à oeuvrer à la mise en oeuvre des échéances qui y sont prévues».
La libération de la Palestine, dont l’Algérie n’a pas de doute est conditionnée par «l’unification des rangs palestiniens», a assuré le chef de l’État. Cette conscience algérienne de l’urgence d’obtenir l’unité des rangs de la résistance palestinienne est mue par la conviction qu’il faut «parler d’une seule voix». C’est à ce prix et par ce seul moyen que les «aspirations légitimes du vaillant peuple palestinien», auront une réelle chance d’aboutir. Et la première de ces aspirations est bien entendu «son droit inaliénable à recouvrer sa liberté et sa souveraineté», a insisté le président de la République. Il est clair qu’évoquer l’indépendance de la Palestine dans le contexte international et régional du moment peut paraître illusoire. Mais les Palestiniens doivent y croire et les Algériens sont là pour les y aider.
Saïd BOUCETTA
Le Comité El Qods otage du Makhzen
Les travaux de la Conférence de haut niveau en soutien à la ville d’El Qods ont débuté, hier au Caire, au niveau du siège de la Ligue arabe, sous le thème «El Qods, résistance et développement», pour alerter sur la question d’El Qods l’opinion publique internationale et dévoiler les violations et les crimes systématiques de l’occupation sioniste visant à amputer la ville sainte de sa composante palestinienne ainsi qu’à judaïser la Mosquée Al-Aqsa. Organisée sous le thème «El Qods, Résistance et Développement», ce sommet s’inscrit dans le sillage des conclusions du Sommet arabe, tenu en novembre dernier à Alger. À la veille de cette conférence, la Ligue arabe a opéré une campagne d’information autour des violences auxquelles font face les habitants d’El Qods et des opérations de judaïsation de la ville sainte occupée par l’entité sioniste, au moyen de publications quotidiennes sur les pages officielles Twitter et Facebook du secrétariat général, ainsi que sur les crimes quotidiens de l’armée sioniste et les profanations systématiques des lieux saints musulmans et chrétiens.
Au regard de cette mobilisation devenue plus que nécessaire, tant l’arrogance et la barbarie des soldats sionistes et des colons juifs ont franchi toutes les limites, se pose avec acuité la question du Comité El Qods. Créé en 1975, à l’initiative de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), basée à Djeddah, en Arabie saoudite, il a été placé malencontreusement sous la présidence du roi du Maroc. Depuis, on n’entend plus parler de cette institution puisque le président en question, Mohamed VI, s’est constamment soustrait à sa responsabilité en la matière, laissant le soin à sa diplomatie de donner le change avec des tours dignes des plus alertes prestidigitateurs. La situation est plus que dramatique en Palestine, depuis plusieurs années maintenant, l’entité sioniste n’hésitant pas à assassiner de jeunes Palestiniens chaque jour, sous des prétextes mensongers. Pas un mot de condamnation ni même d’ « appel à la retenue», comme l’osent parfois les capitales occidentales, n’est venu du roi ou de son gouvernement dont les formules de courtoisie sont vite dissoutes au profit d’autres embrassades avec l’allié sioniste, désormais bien installé dans le royaume. Pire, des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien martyr, au Maroc, ont été interdites et violemment réprimées, comme en mai dernier, signe que le président du Comité El Qods n’entend pas mécontenter ses amis sionistes, quels que soient leurs crimes envers la ville sainte saccagée, judaïser et dépeuplée de ses habitants légitimes. En héritant ce titre de son père Hassan II, Mohamed VI a mis à profit toute la science des entourloupes pour rassurer son allié sioniste dans ce dossier encombrant. La preuve, deux réunions et seulement deux, ont eu lieu, depuis 2015! Un comble, la toute dernière remontant à 2014. Il est évident, aujourd’hui, que le silence du royaume marocain face au déferlement de la violence sioniste, soulignée par les médias internationaux et les réseaux sociaux malgré les tentatives de black-out et l’indifférence chronique de la communauté internationale, pose la question de la présidence du comité El-Qods, dans toute son acuité. Et puisqu’il est, aussi, évident que ce Comité semble un véritable boulet pour le Makhzen, au point qu’il s’oppose, au vu et au su de tous les pays membres, à toute réunion, pourtant plus que nécessaire face au péril sioniste, le temps est venu de rendre à Al Aqsa ce qui appartient à la Palestine.
Chaabane BENSACI
Mohammed VI : le roi du farniente
Face au déferlement de la violence sioniste contre les Palestiniens, le roi Mohammed VI, président du comité El-Qods, chargé de veiller sur les lieux saints de l’Islam, s’est totalement éclipsé. À chaque fois qu’un Palestinien tombe sous les balles assassines de l’entité sioniste, rallongeant la longue liste des martyrs, les indignations fusent de partout sur les réseaux sociaux: «Pourquoi le président du comité El-Qods ne condamne pas, ne dit-il pas un mot sur ces massacres? Où est-il passé?» Il se trouve à des milliers de kilomètres de Rabat. Il s’est retiré dans sa résidence de la Pointe-Denis, au Gabon. Un havre de paix fait de plages paradisiaques et de forêts vierges. Le farniente et le dépaysement sont garantis dans ce lieu où Mohammed VI apprécie les succulentes saveurs que lui offre son fidèle ami Ali Bango.
La semaine dernière, au moins trois avions marocains sont arrivés à l’aéroport de Libreville au Gabon avec un nouveau personnel de restauration et de service qui prendra le relais de ceux qui sont sur place depuis 39 jours! Tant pis si des Palestiniens tombent sous les balles de ses alliés israéliens. Mais est-il conscient de ce qu’il se passe dans son royaume? Sur le trône depuis
24 ans, Mohammed VI ne gouverne plus, son activité de roi est de plus en plus réduite. Au début de ce mois de février, il n’a pas reçu le chef du gouvernement espagnol dans le cadre d’une réunion de haut niveau annoncé en grande pompe par le Makhzen. Le monarque a remplacé l’audience royale par une conversation téléphonique avec le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez. Qu’attendre encore de ce roi en perpétuelle farniente? C’est trop lui demander que de prendre position sur les exactions israéliennes contre les Palestiniens. Mais les épisodes dramatiques que vivent depuis quelques jours les Palestiniens ne pouvaient pas tomber plus mal pour Mohammed VI dont l’image du royaume a été totalement salie. Chaque semaine, le Maroc est accablé de preuves supplémentaires dans le scandale de corruption impliquant des eurodéputés: le «Marocogate». L’affaire a fait grand bruit en Europe où le royaume marocain n’est plus fréquentable. Comme cet énorme scandale ne suffisait pas, un autre dossier a été ouvert par le Parlement européen. Le scandale Pegasus, révélé pendant l’été 2021. Il porte sur le piratage via le logiciel espion israélien Pegasus des téléphones personnels des milliers de personnalités dont celui du président français Emmanuel Macron. Un acte gravissime, et pour beaucoup d’analystes, ce n’est là que la face visible d’un immense iceberg de la corruption à la marocaine.