L’enclave palestinienne subit un nettoyage ethnique pire que celui de 1948 : Ghaza ravive le traumatisme de la «Nakba»

 

Ce 76e anniversaire de la «Nakba» survient dans un contexte qui fait résonner avec fracas les massacres commis par l’Irgoun, la Haganah et autres milices sionistes qui ont intensifié leur action en Palestine dès l’adoption du plan de partage de l’ONU en 1947. Une véritable campagne de nettoyage ethnique qui a présidé à la naissance de l’Etat hébreu, tuant 15 000 Palestiniens et arrachant quelque 800 000 autres à leur terre. La guerre qui ravage Ghaza depuis plus de sept mois maintenant fait tragiquement écho à cet événement traumatique. Près de 70% de la population de Ghaza est constituée de réfugiés de 1948 ou de descendants de réfugiés, et donc des Palestiniens qui portent dans leur chair la mémoire douloureuse de la Nakba.

Les Palestiniens commémorent ce mercredi 15 mai le 76e anniversaire de la «Nakba». Le mot «Al Nakba» est synonyme de «catastrophe» en arabe, ou bien «désastre». Il réfère à l’entreprise coloniale de déracinement du peuple palestinien par les groupes paramilitaires sionistes, laquelle entreprise a été au cœur du processus de création de l’Etat hébreu. Celui-ci a été proclamé le 14 mai 1948.

Il a été, oui, érigé sur les terres spoliées des Palestiniens et leurs corps massacrés par l’Irgoun, le Haganah, le Lehi et autres milices juives qui semaient la terreur dans les villages arabes de la Palestine historique, dont le massacre de Deir Yassin, près de Jérusalem, le 9 avril 1948, qui avait tourné au nettoyage ethnique.

Ilan Pappé, figure des «nouveaux historiens» israéliens, s’est attelé à défaire rigoureusement le récit officiel israélien qui a voulu faire croire que les Palestiniens avaient abandonné leurs terres de leur plein gré en 1948. Le titre d’un de ses ouvrages est éloquent à ce sujet : Le nettoyage ethnique de la Palestine (La Fabrique éditions, 2006).

Ce 76e anniversaire survient dans un contexte qui fait résonner avec fracas le mot «Nakba» (qui, convient-il de le signaler, avait été mis en avant par l’intellectuel syrien et un des théoriciens du nationalisme arabe, Constantin Zureiq, dans un essai intitulé Maâna Al Nakba, Le Sens de la Nakba, écrit en 1948). De fait, la guerre qui ravage Ghaza depuis plus de sept mois maintenant, et qui a fait plus de 35 000 morts, ne peut que faire tragiquement écho à cet événement traumatique.

Les Ghazaoui ont le sentiment de vivre un remake de cette profonde déchirure, avec un niveau de violence et d’horreur encore plus accru qu’en 1948. Près de 70% de la population de Ghaza est constituée de réfugiés de 1948 ou de descendants de réfugiés, et donc des Palestiniens qui portent dans leur chair la mémoire douloureuse de la Nakba. Depuis le début de la guerre, ils sont 85% de déplacés selon l’ONU. De déportation en déportation, ils ont fini par s’entasser à Rafah.

Près de 1,5 million de personnes massées dans un mouchoir de poche. Avec l’offensive israélienne sur Rafah, ils sont de nouveau forcés à quitter leur refuge. « Près de 450 000 personnes ont été déplacées de force de Rafah depuis le 6 mai», a indiqué l’UNRWA hier dans un message posté sur le réseau X. Ils sont «épuisés, affamés, et constamment apeurés» alerte l’agence onusienne.

«Plus de 70 massacres commis en 1948»

«Il y a 76 ans, le mouvement sioniste a réussi à occuper la terre de Palestine, par le biais de crimes de génocide, de déplacements forcés et de nettoyage ethnique contre notre peuple, dans ce qui est connu sous le nom de Nakba. La Nakba, qui a coïncidé avec l’action des gangs sionistes commettant plus de 70 massacres contre notre peuple, a constitué une tragédie majeure qui a conduit au martyre de plus de 15 000 Palestiniens et au déplacement d’un million d’autres sur les 1,4 million qui résidaient dans la Palestine historique en 1948, selon les données du Bureau central des statistiques.

L’occupation israélienne continue de commettre les crimes les plus odieux contre notre peuple», écrit l’agence d’information palestinienne Wafa dans un article publié hier sous le titre «Israël reproduit la Nakba, le génocide et les déplacements».

«Après le 7 octobre 2023, Israël est entré dans une phase de reproduction de la Nakba, d’une manière qui a dépassé la première Nakba de 1948 en termes de niveaux de destruction, de déplacements forcés, de meurtres et de génocide», estime le chef du Département des affaires des réfugiés au sein de l’OLP, Ahmed Abou Houli, dans une déclaration à l’agence Wafa hier.

«La Nakba, observe-t-il, est un événement continu dans le temps et dans l’espace, et affecte l’ensemble de la présence palestinienne à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Et ce à quoi nous assistons aujourd’hui s’inscrit dans le cadre d’un plan de déplacement forcé, faisant que la vie du Palestinien dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, est impossible. Il le pousse à quitter sa patrie et sa terre.»

Le Département des affaires des réfugiés de l’OLP indique qu’ «environ 880 000 réfugiés vivent en Cisjordanie, dont 25% sont établis dans 19 camps officiellement reconnus par l’UNRWA, tandis qu’environ 75% de réfugiés vivent dans les villes et villages de Cisjordanie», rapporte Wafa. Dans la bande de Ghaza, «les réfugiés constituent 66% de la population totale, soit environ 1,7 million de réfugiés, et environ 620 000 d’entre eux vivent dans huit camps reconnus par l’UNRWA», ajoute la même source.

Le Bureau central palestinien des statistiques a affirmé de son côté, via un communiqué à l’occasion du 76e anniversaire de la Nakba, que «le nombre total de Palestiniens dans le monde a atteint 14,63 millions de personnes jusqu’à fin 2023», ce qui signifie que «leur nombre s’est approximativement multiplié par 10 depuis les événements de la Nakba de 1948».

Le même organisme précise que «sur les 1,4 million de Palestiniens qui résidaient dans 1300 villes et villages palestiniens en 1948, un million de citoyens ont été déplacés vers la Cisjordanie, la bande de Ghaza et les pays arabes voisins, en plus du déplacement interne de milliers de personnes sur les terres qui sont sous le contrôle de l’occupation israélienne depuis 1948». L’occupant «contrôlait 774 villes et villages palestiniens dont 531 ont été complètement détruits, tandis que le reste est soumis à l’occupation et à ses lois», nous apprend le Bureau palestinien des statistiques.

Le «Plan Daleth» ou le transfert forcé des Palestiniens

Les exactions contre les habitants de la Palestine historique vont se multiplier dès le lendemain de l’adoption par l’ONU du plan de partage de la Palestine le 29 novembre 1947. Ce plan qui obéissait à la résolution 181-11 prévoyait une solution à deux Etats, l’un arabe, l’autre juif. Le découpage des territoires était nettement plus favorable aux Israéliens, attribuant 56% de la Palestine historique à l’Etat juif et les 44% restants à l’Etat palestinien.

L’Encyclopédie interactive de la question palestinienne (palquest.org) précise que le déplacement forcé des Palestiniens s’est fait sur quatre étapes. «La première survient juste après l’adoption du plan de partage de l’ONU en 1947» assure l’encyclopédie. «On estimait que la population de l’Etat juif, approuvé par ce plan, atteindrait environ un million de personnes, dont 42% étaient des Arabes.

Les dirigeants sionistes ont donc décidé que la seule solution à leur problème de logement serait de déplacer les habitants, à majorité des citoyens arabes palestiniens. Dès lors, les opérations terroristes lancées par la Haganah et l’Irgoun se sont intensifiées en attaquant des villages et des localités arabes.» La deuxième phase «a commencé avec l’adoption par les dirigeants sionistes, le 10 mars 1948, du plan de nettoyage connu sous le nom de ‘‘Plan Daleth’’.

On est passé de l’exécution d’opérations offensives sporadiques contre la population palestinienne à de grandes opérations organisées dans le but de contrôler la plus grande quantité de terres avant la fin du mandat britannique». «La première de ces opérations a eu lieu le 1er avril 1948 et s’appelait ‘‘Opération Nahshon’’», soutient l’encyclopédie virtuelle palestinienne.

Cette action a été menée par la Haganah et des unités du Palmach, une autre milice paramilitaire. Les deux organisations ont fait une incursion «dans les plateaux ruraux des montagnes de Jérusalem», et «après une intense résistance palestinienne, ont occupé le village d’Al Qastal et pénétré le village de Deir Yassin, y commettant un massacre brutal au cours duquel plus d’une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants ont été tués. Elles ont occupé quatre autres villages voisins en expulsant leurs habitants», relate le site palestinien.

Et de noter : «La propagande sioniste a veillé à diffuser la nouvelle du massacre de Deir Yassin dans toute la Palestine afin de créer une atmosphère de terreur parmi les Palestiniens dans le but de les pousser à fuir.»

L’Encyclopédie poursuit : «La troisième étape du processus d’évacuation ethnique de la Palestine a eu lieu le 15 mai 1948, après la déclaration de l’Etat d’Israël, l’entrée des armées arabes en Palestine et le déclenchement de la guerre israélo-arabe. Aucun des 64 villages palestiniens n’est resté dans la zone s’étendant entre Tel-Aviv et Haïfa après les opérations de nettoyage ethnique des mois de mai et juillet 1948 à l’exception de deux villages : Al Faradis et Jisr Al Zarqa. Les massacres se sont poursuivis.

Le 22 mai, les forces israéliennes ont commis un carnage dans le village de Tantoura, qui est l’un des plus grands villages côtiers et habité par environ 1500 personnes. Selon certaines estimations, 230 personnes y ont été tuées.» La quatrième étape du processus «s’est achevée entre octobre 1948 et début 1949.

Le 21 octobre 1948, les forces israéliennes ont occupé la petite ville de Bir Sabaa, d’une population de 5000 âmes, et ont expulsé ses habitants sous la menace des armes vers Al Khalil. Le 29 octobre 1948, un autre massacre a été perpétré au cours duquel 455 personnes ont été tuées dans le village d’Al Dawayma, situé entre Bir Sabaa et Al Khalil pour contraindre ses habitants à partir».

«Israël a annexé 85% de la Palestine historique»

A la fin de la guerre en 1949, «plus de 400 villages palestiniens avaient été rasés et vidés de leurs habitants (…). L’Etat émergent d’Israël contrôlait désormais environ 77% de la superficie de la Palestine mandataire, d’où environ 90% de sa population arabe d’origine a été déplacée». L’Encyclopédie de la question palestinienne fournit de précieuses indications sur le «dispatching» des populations déportées.

«Certaines estimations indiquent qu’environ 280 000 Palestiniens ont été déplacés vers la rive ouest du Jourdain, 70 000 vers la rive est du Jourdain, 190 000 vers la bande de Ghaza, 100 000 vers le Liban, 75 000 vers la Syrie, 7 000 vers l’Egypte et 4000 vers l’Irak.» «Le reste était réparti entre d’autres pays arabes, et la destination choisie était toujours le lieu le plus proche de leur région d’origine», nous apprend la même source. «Par exemple, la plupart de ceux qui ont été déplacés vers le Liban étaient originaires de Akka et de Haïfa.

Ceux qui ont migré vers la Syrie venaient de Safed, Tibériade et Baysan, tandis que la plupart des habitants des villes de Lod et Ramla se sont établis en Cisjordanie. Et la majorité des habitants des villes du sud, comme Ashdod, Al Majdal et Bir Sabaâ, ont été déplacés vers la bande de Ghaza et la ville d’Al Khalil.»

Dominique Vidal, journaliste et historien spécialiste du Moyen-Orient, souligne que la Nakba ne s’est pas arrêtée après 1948. Dans un article publié sur le site de l’Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Iremmo) à l’occasion du 75e anniversaire de la Nakba, il écrit : «Aux 900 000 Palestiniens chassés alors se sont ajoutés, au cours de la guerre de 1967, quelque 430 000 autres.

Fin 2022, l’UNRWA en recensait 5,6 millions. Par ailleurs, depuis 1948, grâce à la ‘‘loi des absents’’ (1950), Israël a pris possession, dans son propre territoire, de 97% des terres : les Palestiniens, soit 20% de la population, n’en détiennent plus que 3%. Quant à Jérusalem-Est et à la Cisjordanie, avec 700 000 colons, il en contrôle plus de la moitié de la superficie. Bref, Israël a annexé de facto plus de 85% de la Palestine historique, au lieu des 56% alloués par le plan de partage de 1947.» 

Mustapha Benfodil


                                    D’une Nakba à une autre

 

Soixante seize  ans après le viol originel de ce 14 mai 1948, qui a vu  la proclamation de la création d’un Etat juif sur le sol palestinien, Benyamin Netanyahu se charge, depuis octobre dernier, de parachever par le sang et la dévastation massive la réalisation de ce fantasme fondateur d’une suprématie juive indiscutée.

La complicité et le renfort  jamais  démentis d’un Occident dissimulant de moins en moins son hostilité historique à l’encontre de l’être arabo-musulman derrière un galvaudé devoir de réparation aux victimes de la Shoah, offrent depuis près de huit décennies une protection qui ne fait qu’aggraver l’injustice en l’imposant comme un fait universel irréversible, sous peine de bouleverser les équilibres du monde.

Benyamin Netanyahu, 75 ans, a pratiquement le même âge que la sinistre proclamation ; il en porte également l’essentiel de la philosophie, incarne ses chantages, ses faits accomplis et ses prédilections aux impunités outrancières. Après avoir consacré une grande partie de sa carrière politique à saper toutes les perspectives de paix, dont les voies ténues ouvertes par les accords d’Oslo, il y a 30 ans, il  se pose aujourd’hui comme le dirigeant qui va mener et gagner la dernière confrontation avec les Palestiniens.

Dès les premières semaines d’hostilité,  il est apparu clairement que l’enjeu radical de la guerre déclenchée est à comparer avec celui de la toute première guerre «israélo-arabe», dans ses éléments de langage, ses implications historique, humaine et territoriale, ses traumatismes…

Il dépasse de loin l’objectif déclaré de l’assaut décisif contre une section de la résistance palestinienne, quelle que soit sa capacité de combat et d’organisation, en puisant sa vocation dans un néo-messianisme nourri à la haine raciale et religieuse et très peu regardant ses propensions génocidaires.

Elias Sanbar, poète et essayiste palestinien dont la famille a vécu le déplacement forcé lors de la Nakba de 1948, dans une récente interview largement partagée sur les réseaux sociaux, déplore qu’en plus de l’effroyable bilan des massacres perpétrés contre la population civile depuis sept mois, le conflit se retrouve dangereusement à la case départ, celle des lendemains directs de la proclamation de l’Etat d’Israël et de l’exode massif et éperdu des Palestiniens qui en a résulté. «Israël mène une guerre définitive… Il n’y a qu’une seule guerre qui ressemble à celle-là, dit-il, c’est la guerre fondatrice du conflit, la guerre originelle de 1948 qui a vu les Palestiniens expulsés en masse de leurs terres.»

Tel-Aviv, qui s’est doté de la ressource politique la plus «qualifiée» pour mener la guerre ultime, à travers l’intronisation d’une coalition d’extrême droite au gouvernement, assume ouvertement aujourd’hui de piétiner le droit international, les principes humanitaires et toutes les institutions dont l’humanité s’est armée pour les incarner et les défendre, voire d’entraîner ses alliés dans des équations diplomatiques à risque, pour arriver à ses fins d’occupation irrévocable, avec son corollaire de déplacement forcé des populations arabes.

Fin janvier dernier, un rassemblement politique, qui a vu la participation d’une douzaine de ministres du gouvernement, a prôné dans une transe toute religieuse le caractère «divin» des bombardements tuant par milliers des enfants à Ghaza et pavant le chemin vers la «reconquête de la terre promise».

C’est là le socle conceptuel et opérationnel sur lequel semble se construire l’offensive israélienne contre le dernier bastion de résistance palestinienne. 76 ans après la première, la deuxième Nakba se déroule à Ghaza, sous les yeux complices ou ahuris du monde, à rebours du mouvement de l’histoire.

Mourad Slimani


 Intensément bombardée: Rafah est devenue une «ville fantôme»

                        par Mohamed Mehdi

Mardi, 221e jour de l’agression contre Ghaza, le nombre de victimes des massacres sionistes a atteint 35.173 martyrs et 79.061 blessés, a annoncé le ministère de la Santé de l’enclave. La même source a précisé que les forces d’occupation israéliennes ont commis 8 massacres, durant les précédentes 24 heures, faisant 82 martyrs et 234 blessés.

Le ministère de la Santé a ajouté qu’un «grand nombre de victimes se trouvent toujours sous les décombres et sur les abords des routes», et que «les ambulances et les équipes de la protection civile sont dans l’impossibilité de les atteindre, en raison de l’intensité des bombardements».

De son côté, le porte-parole de la Protection civile à Ghaza estime à environ «10.000 personnes portées disparues sous les décombres» et appelle à faire pression sur l’occupation sioniste pour «l’autorisation d’amener du matériel lourd pour sauver la vie des personnes coincées sous les décombres et de récupérer les corps des martyrs».

Par ailleurs, la Protection civile affirme que «69 parmi les membres de nos équipages sont tombés en martyrs, en plus de 250 autres blessés». La Protection civile réclame l’intervention des Nations Unies pour obliger «Israël à nous fournir du carburant» pour faire fonctionner les ambulances et les quelques équipements de déblayages qui fonctionnent encore à Ghaza.

En outre, le bureau des médias du gouvernement à Ghaza a déclaré, mardi, qu’«aucun hôpital n’est en activité dans le nord de l’enclave et dans le gouvernorat de Ghaza». Ajoutant que des «centaines de milliers de blessés et de malades risquent de mourir en raison des restrictions imposées aux hôpitaux».

«L’armée d’occupation, qui poursuit ses massacres au milieu d’un silence international, ordonne aux personnes déplacées de quitter les centres d’hébergement sans leur préciser de destination sûre», affirme encore le bureau des médias du gouvernement.

Toujours concernant la situation des hôpitaux à Ghaza, l’ONG Medical Aid for Palestinians (MAP) a déclaré, lundi, que les forces israéliennes «ont donné l’ordre d’évacuer le personnel médical de l’hôpital koweïtien de Rafah, l’un des derniers hôpitaux de la région, qui ne dispose que de 16 lits». Ajoutant que «l’hôpital européen, près de Khan Younes, n’a déjà plus de carburant et est en panne d’électricité».

«Cinq points médicaux soutenus par la MAP, mis en place pour fournir des services de santé de base aux personnes déplacées, ont été contraints de suspendre leurs services et de se déplacer en raison de l’insécurité», a précisé l’ONG.

«Il y a un énorme problème de transport dû à l’accès au carburant, de sorte que même les points médicaux situés dans d’autres endroits ne sont pas facilement accessibles car les gens se déplacent par vagues loin de Rafah», affirme encore l’ONG MAP qui explique que la fermeture du poste frontière de Rafah signifie que les patients ne «peuvent pas être évacués pour des raisons médicales» et ce que cela «entraînera davantage de décès inutiles chez les patients».

«Les attaques militaires israéliennes se sont multipliées dans le nord de la bande de Ghaza, où l’équipe de la MAP distribue une aide médicale vitale et de la nourriture aux familles déplacées. Notre collègue qui dirige notre travail sur place a été contraint de fuir à nouveau sa maison, après avoir été déplacé à de multiples reprises», poursuit l’ONG.

Bombardements israéliens sur Nuseirat, Rafah et Khan Younes

Mardi, l’armée sioniste a mené d’intenses bombardements sur plusieurs régions de l’enclave, dont Nuseirat (centre de Ghaza), Rafah et Khan Younes (au sud), et Jabaliya (au nord).

La Protection civile a fait état d’un «massacre majeur» dans le camp de Nuseirat suite à plusieurs bombardements, dont l’un a ciblé une «maison de trois étages habitée par la famille Karaja», précise un correspondant d’Al Jazeera, et une école de l’UNRWA qui abrite des personnes déplacées. Le bilan provisoire de ces massacres était, vers 15h GMT, de 40 martyrs et de nombreux autres blessés. La Protection civile a fait état de «personnes disparues sous les décombres», mais également l’impossibilité pour ses équipes d’atteindre tous les endroits ciblés dans ces attaques «en raison des bombardements israéliens en cours».

Par ailleurs, le correspondant d’Al Jazeera a rapporté que des tirs d’artillerie et des frappes aériennes israéliennes ont ciblé le quartier d’Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Ghaza, et ainsi qu’une maison de l’école Al-Faluja, dans le camp de Jabaliya, au nord de la bande de Ghaza, provoquant le martyr d’une jeune fille et la blessure d’autres occupants. La même source a fait état également d’un bombardement, à la frontière palestino-égyptienne, au sud de Rafah, près de la porte Salah Eddine, fait un martyr et un blessé.

Toujours à Rafah, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a déclaré, mardi, que les familles s’étaient déplacées «plus à l’ouest» et «ont atteint les rives de la mer Méditerranée». «L’intérieur de Rafah est désormais devenu une ville fantôme», a ajouté l’agence onusienne qui a estimé à environ 450.000 le nombre de personnes déplacées de force depuis le 6 mai dernier, date du début de l’attaque terrestre de l’armée sioniste.

Attaque du véhicule de l’ONU : HRW appelle à une action internationale

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé, mardi, à une «action internationale pour empêcher de nouvelles atrocités à Ghaza» et «garantir la responsabilité».

«Les forces israéliennes ont mené au moins huit frappes contre des convois et des locaux de travailleurs humanitaires à Ghaza depuis octobre 2023, même lorsque les groupes humanitaires avaient fourni leurs coordonnées aux autorités israéliennes pour assurer leur protection», a déclaré HRW dans un communiqué.

«Les autorités israéliennes n’ont averti aucune des organisations humanitaires avant les frappes, qui ont tué ou blessé au moins 31 travailleurs humanitaires et leurs accompagnateurs. Plus de 250 travailleurs humanitaires ont été tués à Ghaza depuis l’attaque du 7 octobre en Israël, selon l’ONU», ajoute l’ONG.

«Les huit incidents révèlent des failles fondamentales dans le soi-disant système de déconfliction, censé protéger les travailleurs humanitaires et leur permettre de fournir en toute sécurité une aide humanitaire vitale à Ghaza», poursuit le communiqué qui dresse la liste des attaques contre les organisations humanitaires.

HRW estime que «cette série d’attaques, malgré une notification appropriée des autorités israéliennes, soulève de sérieuses questions sur l’engagement et la capacité d’Israël à se conformer au droit humanitaire international, sur lequel s’appuient certains pays (le communiqué cite le Royaume-Uni et les Etats-Unis), pour continuer à autoriser les exportations d’armes qui aboutissent en Israël.»

Pour l’ONG, les gouvernements qui «continuent de fournir des armes» à l’entité sioniste, «risquent de se rendre complices de crimes de guerre». «Ils devraient également user de leur influence, notamment par le biais de sanctions ciblées, pour faire pression sur les autorités israéliennes afin qu’elles cessent de commettre de graves abus et permettent la fourniture d’une aide humanitaire et de services de base à Ghaza, conformément aux obligations d’Israël en vertu du droit international et des récentes ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ) adressées à Israël dans l’affaire intentée par l’Afrique du Sud concernant des violations présumées de la convention sur le génocide», lit-on dans le communiqué.

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